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Gaby oh Gaby

Emmanuel Macron a accepté la démission du gouvernement Attal, qui restera chargé des «affaires courantes»

Le gouvernement Attaldossier
Après l’avoir refusée une première fois, Emmanuel Macron a finalement accepté, ce mardi 16 juillet, la démission de Gabriel Attal et de son gouvernement, qui va toutefois rester en place dans l’attente que la situation politique se décante.
Gabriel Attal et Emmanuel Macron à Paris, le 14 juillet 2024. (Albert Facelly/Libération)
par Noa Jacquet
publié le 16 juillet 2024 à 18h08

Fin de partie pour le gouvernement Attal. Plus d’une semaine après avoir remis, une première fois, sa démission à Emmanuel Macron, le Premier ministre a vu celle-ci acceptée par le président de la République, ce mardi 16 juillet en fin d’après-midi. Gabriel Attal sera resté 189 jours à Matignon – deuxième durée la plus courte pour un chef de gouvernement sous la Ve République, après Bernard Cazeneuve. Après cette dissolution surprise et la défaite du camp présidentiel, Attal était maintenu en poste par Macron, bien décidé à imprimer le tempo de cette séquence post-électorale. Le remerciant pour «les campagnes des élections européennes et législatives qu’il a menées», le président de la République avait ainsi demandé à son Premier ministre de rester en fonction «pour le moment» afin d’assurer la «stabilité du pays».

Même si cette démission est ce coup-ci acceptée, Attal et ses ministres ont encore le temps pour boucler leurs cartons. Dans sa lettre aux Français publiée le 10 juillet dans la presse régionale, le Président écrivait ainsi que «d’ici [à un accord]» entre forces politiques représentées à l’Assemblée, «le gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine». Ce qui peut durer un moment vu le morcellement de la Chambre basse issu du vote des 30 juin et 7 juillet. Jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron appelle un nouveau Premier ministre, le gouvernement actuel, démissionnaire, restera donc en fonction sans prendre, pour autant, de nouvelles décisions.

«Afin que cette période s’achève le plus rapidement possible, il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement autour de projets et d’actions au service des Françaises et des Français», exhorte toutefois l’Elysée dans son communiqué ce mardi.

Gabriel Attal a été nommé Premier ministre le 9 janvier 2024, à la suite de la démission d’Elisabeth Borne après l’adoption de la loi immigration et de fortes secousses au sein de la majorité, obligée d’accepter des mesures de droite dure, voire d’extrême droite pour faire passer le texte. A seulement 35 ans, il devenait alors le plus jeune Premier ministre de l’histoire républicaine. Laurent Fabius en était jusqu’à présent le recordman, nommé sous la présidence de François Mitterrand en 1984 à 37 ans.

Une ascension fulgurante pour celui qui avait fait son entrée en octobre 2018 au gouvernement comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans le gouvernement d’Edouard Philippe, pour lequel il est notamment chargé de mettre en place le Service national universel. En 2020, il est propulsé porte-parole du gouvernement de Jean Castex avant de connaître Bercy comme ministre délégué chargé des Comptes publics à la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. C’est au cours du remaniement de juillet 2023 qu’il succède à Pap Ndiaye comme ministre de l’Education nationale.

Inspiration «sarkozyste»

L’arrivée de Gabriel Attal à Matignon est très vite marquée par la fusion de plusieurs grands ministères en un comme le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, mais aussi le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Issu du Parti socialiste, Attal prend bien soin de ne jamais se placer à «l’aile gauche» de la macronie. En témoigne la composition très à droite de son gouvernement. Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, fustige notamment l’inspiration «sarkozyste» du gouvernement, avec le come-back de ministres tels que Rachida Dati au ministère de la Culture, ou de Catherine Vautrin au Travail et à la Santé.

Malgré l’objectif d’apaisement après l’année mouvementée du gouvernement Borne, très fragilisé par le passage en force de la réforme des retraites et les débats houleux sur le projet de loi immigration, le gouvernement Attal connaît des débuts compliqués : de crainte d’être renversé, le Premier ministre choisit de ne pas se soumettre à un vote de confiance des députés et ses premiers jours sont marqués par les déboires de sa successeuse, Amélie Oudéa-Castéra, enlisée dans des polémiques à répétition sur la scolarisation de ses enfants dans le lycée catholique et privé Stanislas.

De l’enfer de Matignon à la lumière de l’Assemblée

Loin de relancer le quinquennat d’Emmanuel Macron, son passage à Matignon aura marqué le début de la fin du macronisme : de la crise agricole début 2024 aux mauvais résultats économiques qui guettent, en passant par la réforme très contestée de l’assurance chômage – que le Premier ministre a finalement suspendue entre les européennes et les législatives –, l’ère Attal à Matignon se solde par deux défaites électorales.

Réélu dans les Hauts-de-Seine, le Premier ministre compte rebondir à l’Assemblée nationale une fois sorti de «l’enfer» de Matignon : il est désormais à la tête de la centaine de députés Renaissance, rebaptisés «Ensemble pour la République». Un groupe parlementaire plus fracturé que jamais.

Mise à jour : à 18h16, avec l’ajout de la déclaration de l’Elysée dans son communiqué.