Il ne savait pas. Depuis Belgrade, ce jeudi 29 août au soir, Emmanuel Macron nie absolument toute information concernant la venue en France de Pavel Dourov, le fondateur de la messagerie cryptée Telegram accusé par la justice française de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur sa messagerie. Le chef de l’Etat confirme qu’il n’était absolument «pas prévu» qu’il rencontre le PDG dans la capitale, ce dont s’était targué Dourov au moment de son arrestation samedi. Le président explique aussi «assumer totalement» l’octroi de la nationalité française au patron de Telegram, mis en examen et placé mercredi sous contrôle judiciaire après quatre jours de garde à vue à Paris.
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Cette décision de naturalisation fait partie d’une «stratégie totalement assumée», concernant «des femmes et des hommes» qui «font l’effort d’apprendre la langue française» et qui «rayonnent dans le monde», a défendu Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a par ailleurs démenti avoir procédé à «quelque invitation que ce soit» de Dourov, affirmant qu’il ignorait la venue du milliardaire franco-russe en France.
Moscou se dit inquiet
Personnalité énigmatique, Pavel Dourov fait face à de nombreux chefs d’accusation pour son refus de toute modération sur la messagerie Telegram, qu’il a cofondée et qui compte plus de 900 millions d’abonnés. Selon le parquet de Paris, Durov a notamment été mis en examen ce mercredi pour «refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi» et complicité de délits et de crimes organisés via la plateforme : trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée.
«Il est totalement absurde de penser que le responsable d’un réseau social puisse être impliqué dans des faits criminels qui ne le regardent pas, ni directement ni indirectement», a réagi l’avocat du milliardaire, Me David-Olivier Kaminski. A Moscou, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov a quant à lui averti ce jeudi que ces poursuites contre un «citoyen russe» ne devaient pas «se transformer en persécution politique».
Selon une source proche du dossier, Dourov et son frère Nikolaï, cofondateurs de Telegram, faisaient l’objet depuis mars de mandats de recherche émis par la justice française dans le cadre d’une enquête préliminaire. Une seconde enquête a par ailleurs été ouverte contre le PDG de Telegram pour des «violences graves» commises à Paris sur l’un de ses fils né en 2017, a indiqué une autre source proche du dossier.