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Libération
Sur un plateau

Emmanuel Macron mercredi soir sur TF1, les oppositions protestent

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Après avoir boudé la presse pendant son quinquennat, le président de la République s’entretiendra pour la deuxième fois en deux semaines avec des journalistes.
Allocution d'Emmanuel Macron, le 12 juillet. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 décembre 2021 à 10h52
(mis à jour le 13 décembre 2021 à 20h17)

Emmanuel Macron se serait-il réconcilié avec les journalistes ? Longtemps, le Président a fui les interviews face à la presse, préférant les allocutions solennelles, spécialement pour parler du Covid-19. A quatre mois du premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron semble désormais bien plus enclin à s’épancher dans la presse. Moins d’une semaine après sa longue conférence de presse à l’Elysée consacrée (officiellement) à la présidence française de l’Union européenne, le chef de l’Etat doit accorder ce mercredi soir un grand entretien à TF1 (sobrement) intitulé Emmanuel Macron, où va la France ?. L’émission, qui devrait durer près d’une heure trente, a été, d’après le Parisien, enregistrée dimanche à l’Elysée «dans les conditions du direct» selon la chaîne.

Il répondra aux questions d’Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, journaliste accusé de harcèlement sexuel lors de ses années à la RTS finalement mis «hors de cause» en avril par l’enquête suisse.

Après avoir boudé la presse pendant une bonne partie de son quinquennat, le président de la République se remet donc petit à petit aux traditionnels exercices de questions-réponses. Si la majeure partie de l’entrevue est consacrée à son bilan, Emmanuel Macron «abordera également sa vision de l’avenir», indique TF1 dans son communiqué. Un moyen de pour lui de mener une campagne qui ne dit pas son nom sans avoir besoin de se déclarer ? A 116 jours du premier tour de la présidentielle – comme le relève TF1 –, il ne fait aucun doute que c’est un président en campagne qui s’adressera aux Français.

L’événement politico-médiatique ne manque pas de relancer les spéculations sur une annonce formelle de la candidature de M. Macron à sa propre succession en avril. La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, l’a appelé à mettre fin sans attendre à un vrai-faux suspense. Car «les Français attendent de la franchise, de la transparence, il suffit de dire “je serai candidat à ma réélection”», a-t-elle déclaré sur RMC.

«Secret de Polichinelle»

Manuel Bompard, porte-parole du chef de La France insoumise et du candidat Jean-Luc Mélenchon, a également exhorté le chef de l’Etat à mettre fin à un «secret de Polichinelle».

Les oppositions de droite comme de gauche accusent déjà sans relâche Emmanuel Macron de faire campagne avec les deniers de l’Etat, des critiques déjà formulées à l’encontre des précédents présidents qui se sont représentés, comme Nicolas Sarkozy en 2012. Elles l’accusent également de mettre à profit la présidence française de l’UE, à partir de janvier, pour doper sa candidature et sa campagne.

De son côté, le camp macroniste s’est déjà mis en ordre de bataille, avec notamment la création du mouvement Ensemble citoyens !, sorte de «maison commune» des partis de la majorité, LREM et MoDem notamment. La montée de Valérie Pécresse dans les études d’opinion depuis son intronisation comme championne des Républicains pourrait pousser le président sortant à entrer formellement en lice sans tarder. Le chef de l’Etat comme la candidate LR convoitent l’électorat de la droite modérée, libérale et pro-européenne, considéré comme stratégique.

Longtemps dominé par l’hypothèse d’un duel Macron /Le Pen, un second tour Pécresse-Macron apparaît aujourd’hui très possible. Le camp de la candidate LR, qui ratisse jusque sur les terres de l’extrême droite en reprenant certaines propositions d’Eric Ciotti, n’a pas manqué de réagir vivement à l’annonce de l’entretien présidentiel sur TFI /LCI, alors qu’une émission était programmée avec elle sur BFMTV. La chaîne d’info en continu a indiqué que l’émission était reportée «en raison de l’interview d’Emmanuel Macron».

Pécresse saisit le CSA

La candidate LR a riposté en annonçant qu’elle saisissait illico le CSA. «On ne peut pas avoir un président candidat qui se fait ouvrir les chaînes de télévision à la demande et pendant des heures fait sa campagne, alors que ses adversaires doivent se contenter de cinq minutes de duplex pour lui répondre» a-t-elle tonné. «Ce n’est pas loyal d’un point de vue démocratique. Les candidats ne sont pas traités à égalité», a également dénoncé Manuel Bompard. «On sent que l’atmosphère électorale est en train de se réchauffer», a ironisé Jean-Luc Mélenchon, qui a lui-même demandé à débattre avec Valérie Pécresse.

Mise à jour : à 14 h 10 avec la précision sur l’enregistrement de l’émission. Et à 20 h15 avec les réactions des oppositions.