Il était censé se mettre en retrait après la séquence chaotique de la dissolution et la nomination du nouveau Premier ministre Michel Barnier. Emmanuel Macron a pourtant profité des commémorations du 80e anniversaire du Havre, pour évoquer ce jeudi 12 septembre dans la soirée une «ère nouvelle» avec un Parlement fragmenté, affirmant «espérer» que «les compromis se tisseront» entre les différentes forces politiques dans la constitution du futur exécutif. «C’est au gouvernement de porter des projets, de faire passer des textes de loi, mais aussi d’administrer. Le Président a ses compétences propres», a aussi fait remarquer le président de la République.
Le chef de l’Etat a aussi montré des signes d’ouverture sur la question du changement du mode de scrutin, alors que plusieurs familles politiques, comme le Rassemblement national ou au sein du Nouveau Front populaire, réclament la mise en place de la proportionnelle aux législatives. «Je pense que c’est un sujet institutionnel qui existe, qui n’est pas d’hier. Et je suis favorable à ce qu’on puisse se saisir de la question en demandant à des experts d’abord d’expliquer ce que ça veut dire, où cela irait, quel serait le schéma possible, pour que les formations politiques puissent s’exprimer dessus», a-t-il expliqué.
Au comptoir de Chez Pol
Il a aussi eu un mot pour le maire du Havre présent à ses côtés. «J’ai choisi Edouard Philippe il y a sept ans car j’ai confiance en lui. Il a été Premier ministre formidable à mes côtés», a loué Emmanuel Macron. Il n’a toutefois pas commenté la récente candidature à l’Elysée de son ancien Premier ministre, affirmant qu’ «on ne va pas se mettre en mode pause jusqu’en 2027». Le chef de l’Etat a ensuite affirmé être «surtout concentré sur ce qui se passe aujourd’hui» et «vouloir que le pays réussisse», assurant «voir loin» mais «essay (er) de faire les choses dans le bon ordre».
Edouard Philippe, installé derrière le même pupitre qui accompagne les déplacements présidentiels, avait peu avant «remercie sincèrement» Emmanuel Macron, de manifester par sa présence «l’importance que la Nation accorde désormais» à la libération du Havre du joug nazi en septembre 1944.
Les deux hommes ont ensuite entamé un bain de foule commun, saluant chacun de son côté les habitants venus suivre la cérémonie. Cette étape imprévue dans le cycle mémoriel de ce 80e anniversaire a été ajoutée car c’est «la première fois» que Le Havre organise «de grandes cérémonies», fait-on valoir à l’Elysée.
«Ami» politique
L’invitation remonte au printemps. Une éternité : c’était avant la dissolution de l’Assemblée nationale, cette dissolution «mal pensée, mal expliquée, mal préparée», par laquelle Emmanuel Macron «a tué la majorité présidentielle», selon les mots d’Edouard Philippe, d’une dureté rare venant d’un «ami» politique. C’était avant la défaite macroniste aux législatives, et la situation inextricable d’une Assemblée sans majorité. Et c’était avant l’annonce de la candidature du Havrais «à la prochaine présidentielle», le 3 septembre.
Le néo-candidat ne cache plus les divergences. Mercredi sur BFMTV, il a refusé de dire s’il se situe dans le «camp présidentiel». Surtout, il apporte un soutien enthousiaste à Michel Barnier, cet autre baron de la droite que le chef de l’Etat vient de nommer à Matignon et que les macronistes regardent avec circonspection.
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