«Votre nom devra s’inscrire aux côté de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain, pour la France et vous attendent : au Panthéon.» Le suspense aura été de courte durée. Au milieu de l’hommage qui lui était consacré ce mercredi 14 février place Vendôme à Paris, siège du ministère de la Justice où l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand porta l’abolition de la peine de mort, Emmanuel Macron a déclaré son intention de faire entrer Robert Badinter au Panthéon. L’avocat est mort vendredi 9 février à 95 ans. «Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau», a ajouté le président de la République faisant «le serment d’être fidèle à votre enseignement».
Disparition
Le Président avait promis la veille de s’exprimer sur l’éventualité de sa panthéonisation pour répondre à la demande du PS. Le premier secrétaire, Olivier Faure, avait en effet envoyé une lettre à l’Elysée, courrier révélé mardi soir par Libération. «Monsieur le président de la République, il est peu de figures qui soient en capacité d’unir la nation dans son ensemble, tant cela suppose d’avoir su incarner des combats qui font croître l’humanité tout entière. Robert Badinter est de ceux-là. Si la patrie est reconnaissante aux grands hommes, elle se doit de faire entrer Robert Badinter dans son Panthéon», disait la missive. «Avocat, écrivain, garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel, sénateur, Robert Badinter n’a jamais dévié de ses premiers engagements pour que la France continue de porter la promesse des Lumières et l’idéal républicain de Condorcet», argumentait aussi Olivier Faure, rappelant son combat pour la dépénalisation de l’homosexualité.
De son côté, Emmanuel Macron a clamé les autres combats de Robert Badinter : «Vous pourrez écouter nos voix couvrir celle des antisémites, des négationnistes, comme votre voix couvrait la leur […] Vous pourrez écouter des audiences, des plaidoiries, des lectures de jugement, chœur vibrant de l’Etat de droit, si souvent remis en cause au moment où vous partez».
«Le sujet est dans l’air. Il est normal que chacun y songe», avait expliqué mardi à l’AFP un membre de l’entourage du Président. «Mais c’est d’abord à la famille, en liberté, de prendre le temps qu’elle jugera nécessaire pour se prononcer», a-t-il ajouté. De nombreuses autres voix à gauche plaidaient pour cette entrée au Panthéon, de même que la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Cette annonce intervient aussi quelques jours avant l’entrée au Panthéon du poète résistant communiste Missak Manouchian. A la suite de la demande de nombreuses personnalités, y compris dans Libération, le chef de l’Etat avait accepté en mars 2022 que l’ouvrier arménien immigré en France entre dans le mausolée néoclassique de la montagne Sainte-Geneviève.