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Turnover
Macron est un gros consommateur… de ministres. Déjà plus d’une centaine de personnes sont passées au gouvernement depuis 2017. Jusqu’à la démission du gouvernement Elisabeth Borne lundi, seuls trois ministres étaient indéboulonnables et en poste depuis 2017 : Elisabeth Borne elle-même, Bruno Le Maire (à Bercy depuis le début de l’aventure macroniste) et Gérald Darmanin. La désormais ancienne Première ministre retrouvera-t-elle les bancs de l’Assemblée comme députée du Calvados ? Quant à Le Maire et Darmanin, qui ont fait campagne pour succéder à Borne à la tête du gouvernement, ils pourraient conserver leurs portefeuilles de l’Economie et de l’Intérieur.
Ça déménage
Elisabeth Borne a donc (été) démissionné(e) lundi, en reprenant dans sa lettre de démission les mots de Michel Rocard en son temps (ce qui en dit très long sur la qualité de sa relation avec Emmanuel Macron). Rocard, ce lointain prédécesseur socialiste qu’elle n’aura eu de cesse de citer pour justifier ses nombreux recours au 49.3, sans arriver toutefois à égaler son record en la matière (28 contre 23 pour Borne). Et si l’identité du nouveau chef de gouvernement (a priori, on en restera pour l’instant à deux Premières ministres dans l’histoire de France) ne doit être connue qu’en fin de matinée, le nom de Gabriel Attal semble quasi gravé sur la porte du bureau du locataire de Matignon. En attendant, et sans que l’on puisse certifier qu’il est là pour transporter les cartons d’Attal, un camion de déménagement s’activait au ministère de l’Education nationale avant le lever du soleil, comme l’a rapporté une journaliste bravant le froid sur place, à qui l’on adresse toutes nos pensées confraternelles.
Engagez-vous, qu’ils disaient
On ne prend pas les mêmes mais on recommence ? Le futur chef du gouvernement sera-t-il le sixième seulement de la Ve République à ne pas engager sa responsabilité devant l’Assemblée après son discours de politique générale ? La gauche demande en tout cas à ce que les députés puissent voter, ou non, la confiance au nouveau Premier ministre. «Seule question qui vaille : y aura-t-il un discours de politique générale du ou de la future Premier ministre, avec un vote de confiance ? Ce que Borne avait refusé de faire», a écrit sur X (anciennement Twitter) le député PS Jérôme Guedj. Une requête émise également par les insoumis, Jean-Luc Mélenchon en tête : «Sommes-nous encore une démocratie parlementaire ? Le nouveau Premier ministre va nous le montrer s’il demande un vote de confiance à l’Assemblée. On saura alors qui est gouvernemental. Sinon motion de censure et on saura qui est l’opposition. C’est comme ça dans toutes les démocraties.» «Sans ce vote de confiance, nous déposerons une motion de censure», a menacé la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot. En juillet 2022, Borne ne s’y était pas pliée, la faute à une majorité toute relative. Olivier Véran avait alors justifié : «La confiance ne se décrète pas a priori, elle se construit patiemment texte après texte.» L’opposition avait alors dénoncé, déjà, un «un aveu de faiblesse» et un «déni de démocratie».
Le chiffre : 60 %
Cela ne vous aura pas échappé : le nom qui revient avec le plus d’insistance pour succéder à Borne au poste de Premier ministre est celui d’Attal (Gabriel, le politique, pas Yvan, le cinéaste exhibitionniste). Fort d’un bilan assez remarquable après cinq mois à l’Education nationale, où l’on aura parlé de harcèlement (un peu), d’uniforme (beaucoup) et d’abaya (à la folie), il verrait ainsi son immense œuvre récompensée. C’est ça, la méritocratie ! Si Attal entre à Matignon – et rien n’est sûr en macronie tant que ce n’est pas fait – il le fera en étant jeune. Très jeune. Le plus jeune, détrônant Laurent Fabius, nommé au même poste à 37 ans. A 34 ans, Attal serait un chef du gouvernement plus jeune que 60 % de la population française, si l’on en croit les statistiques de l’Insee. En effet, sur les 68 millions de Français, 27,7 millions ont moins de 35 ans, soit un peu plus de 40 %. Mais, comme le dit Rodrigue dans le Cid, de Corneille (Pierre, l’auteur, pas le chanteur) «aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années». Et Attal est bien né, personne ne le niera.
Arretoutou
Il n’y a pas que le remaniement dans la vie politique. Il y a aussi la politique locale. Qui peut être parfois tout aussi surprenante que la politique nationale. Ainsi, France 3 Normandie a révélé que le maire de Poses dans l’Eure avait publié, fin 2023, un étonnant arrêté. Son objet ? Réduire les nuisances sonores et notamment les aboiements de chiens. L’arrêté stipule que «les propriétaires, gardiens ou détenteurs d’animaux à quelque titre que ce soit, sont tenus de jour comme de nuit de prendre toutes les mesures propres à préserver la tranquillité du voisinage». Il est donc interdit de «laisser un chien dans un enclos sans que son gardien ne puisse à tout moment faire cesser ses aboiements prolongés ou répétés» et «de jour comme de nuit de tenir enfermé à l’intérieur d’un appartement ou dans une maison d’habitation un chien dont le comportement trouble la tranquillité publique». Ouarf.