Et si les consultations commençaient seulement ? L’Elysée a annoncé ce lundi 9 décembre convier mardi 10 décembre à 14 heures «l’ensemble des partis» hors LFI et RN. L’idée de cette réunion multilatérale étant, selon nos informations, de prendre acte des signes d’ouvertures formulées lors des entretiens du chef de l’Etat avec les différentes familles politiques en vue de constituer, au mieux, un «gouvernement d’intérêt général», a minima, un accord de non-censure. Plus tôt dans la matinée, à leur sortie de l’Elysée, les dirigeants écologistes Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard avaient vendu la mèche, affirmant qu’Emmanuel Macron, toujours en quête d’un Premier ministre, leur avait proposé une «réunion des différentes forces politiques». Autrement dit, réunissant tous ceux qui ont accepté de le rencontrer en bilatérale ces derniers jours.
«Le président de la République a compris qu’il devait arrêter d’en faire qu’à sa tête et de se précipiter dans des nominations», s’était réjouie la secrétaire nationale des Ecologistes. D’autant plus que, selon elle, pour le chef de l’Etat, «la solution ne [peut] plus reposer sur un accord avec le RN». «Il a été très clair sur le fait que le Rassemblement national, pour lui, n’était pas dans le périmètre des partis qui souhaitaient discuter», avait ajouté l’élue municipale d’opposition à Hénin-Beaumont. Une réunion perçue par les Verts comme «un premier pas pour pouvoir travailler en confiance».
«J’ai eu l’impression qu’il cheminait au fil du rendez-vous et qu’il testait son idée auprès de nous, avait remarqué Marine Tondelier auprès de Libé dans l’après-midi. L’idée n’était pas forcément la même au début et à la fin. Il est possible qu’elle évolue encore au fil de la journée.» Les écolos se tenaient donc prêt à s’y rendre tout en attendant toutes les informations pour confirmer leur participation. Et notamment la liste des participants. «Ça n’a d’évidence que si le périmètre est cohérent», soufflait la secrétaire nationale des Ecologistes qui tenait à rassurer ses troupes : «Ça ne veut pas dire qu’on va au gouvernement tous ensemble !» Car au sein du parti, tout le monde n’est pas ravi de voir la direction prendre part à des rendez-vous élyséens. «Il n’y a rien à négocier avec Emmanuel Macron. Le déni de démocratie et le blocage c’est lui, ce n’est pas à nous de faire un pas», grince un élu. «Ça fait sept ans qu’on le fréquente, on sait comment il fonctionne, abonde la députée de Paris Sandrine Rousseau. Je ne pense pas un instant qu’il est prêt à tendre la main à la gauche. Je ne voudrais pas que nous laissions à penser qu’on est dupe de son petit jeu.»
«Un Premier ministre de gauche préférable»
Avant les écologistes, les communistes avaient eux aussi été reçus à l’Elysée dans la matinée pour un échange d’environ une heure et demie, entre le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, les présidents de groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat, André Chassaigne et Cécile Cukierman et le chef de l’Etat. Les rouges avaient à cœur de montrer au Président leur «volonté de trouver des solutions» comme l’a expliqué l’ancien candidat à la présidentielle à la sortie de l’entrevue. «Nous ne sommes pas venus en lui disant que nous voulons mettre en œuvre tout notre programme, rien que notre programme», avait insisté Roussel pour se distinguer des insoumis. Mais si elle est prête à un compromis, la direction du PCF a des exigences programmatiques comme la question du pouvoir d’achat, des plans sociaux ou celle des retraites. A ce sujet, les communistes se disent désormais ouverts à l’idée d’une conférence de financement avec les partenaires sociaux comme l’a suggéré Olivier Faure la semaine dernière. Sans entrer dans les questions de casting, les représentants PCF ont expliqué au Président qu’il était «préférable qu’il y ait un Premier ministre de gauche». Ou a minima de «sensibilité de gauche». Tout en précisant que ce n’était pas «un préalable», affirme Roussel.
Interview
Egalement invités par le chef de l’Etat, les insoumis ont, eux, refusé de se rendre à l’Elysée. «Nous n’acceptons pas le coup de force du président de la République», a justifié le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, vendredi soir dans un communiqué, rappelant qu’Emmanuel Macron refuse de «reconnaître le résultat des législatives» en ne demandant pas au NFP de gouverner. A l’inverse des autres partis de la coalition, le mouvement mélenchoniste refuse tout compromis avec les macronistes. «Nous ne braderons pas le programme sur lequel tous les députés du NFP ont été élus pour participer à un gouvernement», insiste le député des Bouches-du-Rhône. Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon en a remis une couche, sur son blog, en accusant le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, «de [vouloir] être absolument Premier ministre.» «Peu lui importe de qui et comment ? Il a bloqué la discussion du NFP cet été quatre jours sur ce thème. Le reste est un marchandage interne au PS entre courants et sous-courants.», accuse-t-il. Seule une démission du Président, et donc une présidentielle anticipée, permettrait de sortir de la crise, martèlent les mélenchonistes.
Alors qu’une réunion de plusieurs partis devrait avoir lieu dans les prochains jours, Marine Tondelier espère faire que les insoumis reverront leur position en acceptant de s’asseoir autour de la table. «On aura besoin d’eux […] Plus on sera nombreux, plus on pèsera», affirme l’écologiste. Mais pas sûr que cela suffise. «Seuls résultats du ralliement de Faure, Roussel et Tondelier à la table de négociation d’une plateforme de gouvernement : effacer la victoire du NFP de juillet dernier, donner du temps à Macron alors que le compte à rebours de son départ est enclenché», grince le député du Val-d’Oise Paul Vannier. Difficile de faire changer d’avis un insoumis.
Mise à jour à 15 heures, à 17 heures 30 puis à 19 heures 20 avec l’officialisation de la réunion.