Elle était verte, la présidence du Nord-Pas-de-Calais, en ce début de printemps 1992, et de surcroît, tenue par une femme. Double première à la tête d’un conseil régional en France. L’heureuse élue, souriante et un peu gauche sur les photos d’époque, s’appelle Marie-Christine Blandin, une prof de collège que rien ne destinait au poste, choisie au terme d’un imbroglio de légende. Aujourd’hui, à 68 ans, elle publie ses mémoires politiques, sur ses expériences à la présidence de région, et au Sénat, un livre intitulé La Restitution (1). Elle n’avait pas prévu de le faire paraître au moment des régionales, «mais c’est un beau clin d’œil», sourit-elle, alors qu’une liste d’union de la gauche est candidate dans les Hauts-de-France, emmenée par Karima Delli, EELV, son ancienne attachée parlementaire, restée une proche.
Casse-tête arithmétique
Marie-Christine Blandin, sénatrice jusqu’en 2017, balance (un peu) sur les éléphants socialistes de l’époque, qui l’ont préférée à une victoire de la droite, mais lui en ont gardé rancune. Il y a désormais prescription, c’était au temps d’avant la fusion avec la Picardie pour créer les Hauts-de-France. Et déjà, le monopole de gauche tremblait. 22 mars 1992, les urnes donnent leur verdict, un casse-tête arithmétique, avec une symétrie des forces en présence : le parti socialiste obtient 27 sièges, le même nombre que l’Union pour la France (une alliance à droite du RPR et de l’UDF), les communistes sont 15, comme les élus du Front national. Au centre, une