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Libération
Et bonne année

Avant Macron, Le Pen et Roussel opposent leurs propres vœux

Les yeux rivés sur les élections européennes de juin, la candidate d’extrême droite tente, grossièrement, de présenter le RN comme étant «désormais une force de gouvernement». Le communiste parle, lui, «d’amour» et de «fraternité».
Fabien Roussel en septembre et Marine le Pen le 29 décembre. (Denis Allard Libération/Sarah Meyssonnier.REUTERS)
publié le 31 décembre 2023 à 15h24

Vite, vite, parlons avant le Président… Autre tradition du 31 décembre, une partie des dirigeants de l’opposition ont dégainé leur petite vidéo de «vœux aux Français» avant l’allocution officielle, à 20 heures, d’Emmanuel Macron. Cette année, peu (ou pas du tout) d’originalité pour tenter de se faire remarquer. Vu les guerres en cours (Gaza, Ukraine…) et les tensions en France (un enseignant tué à Arras, réforme des retraites, émeutes après la mort de Nahel à Nanterre, surenchère identitaire après celle du jeune Thomas à Crépol, crise dans la majorité avec l’adoption de la loi immigration…), les chargés de communication des différents partis ont apparemment déconseillé le LOL pour cette fournée 2024…

Le mot d’ordre est donc «sobriété». Comme le bureau blanc, sans aucune photo, drapeau ou affiche pour Marine Le Pen et le Rassemblement national. Ou encore le fond rouge choisi par le communiste Fabien Roussel. Le député du Nord a tout de même gardé un poil d’humour en «virant» – avec un geste sur son téléphone – l’arrière-plan «Noël» kitsch, en image de synthèse, pour préférer la couleur de sa formation. «2023, c’est l’année de la surchauffe, l’année dont on se serait bien passé», dit-il d’emblée. Le secrétaire national du PCF égrène «la guerre, le réchauffement climatique, les attentats, la vie chère et l’inflation, la réforme des retraites, la loi immigration…» «Rien ne nous aura été épargné», affirme-t-il dans cette courte vidéo d’un peu plus de deux minutes.

Puis, se projetant sur 2024, il lance, faussement candide : «L’intelligence, la raison, la justice, la fraternité, n’ont pas disparu. Tout est là, à notre disposition, à nous d’en user, sans modération.» Revendiquant, comme dans sa campagne présidentielle de 2022, le «droit au bonheur» et aux «jours heureux», Roussel reste finalement peu politique – «ce soir, on ne pense qu’à s’aimer, à profiter ensemble» – avant de penser à «après-demain» : les «combats» pour, notamment la «justice» et la «paix».

Cap sur les européennes

Marine Le Pen a choisi, elle, une intervention bien plus politique. La patronne de l’extrême droite française a été la première à diffuser sa vidéo dimanche matin. Cinq grosses minutes de «bilan» et «perspectives» assez ennuyeuses et grossièrement coupées à plusieurs reprises. «C’est avec satisfaction que je me retourne aujourd’hui sur le chemin accompli depuis un an, à votre service», se félicite-t-elle, deux semaines après l’adoption de la très controversée loi immigration qualifiée de «victoire idéologique» par le RN.

Marine Le Pen voit dans ses troupes au Parlement (pourtant peu actives malgré leur «stratégie de la cravate») la preuve que le RN «incarne désormais une force de gouvernement». Le Pen se réjouit également – merci la loi immigration de Gérald Darmanin dont elle estime avoir carrément «imposé» son «évolution» – du fait que «jamais [ses] idées n’ont été autant validées, à la fois par nos adversaires […] mais aussi malheureusement par les faits», soit «l’insécurité» et la «paupérisation».

Prenant appui sur les «enquêtes d’opinion», la triple candidate à la présidentielle estime que le RN est «entré dans le cœur des Français» et se projette déjà sur les européennes du 9 juin où elle espère voir son dauphin, Jordan Bardella, faire encore mieux qu’en 2019 (23,3 %). Déclinisme, souverainisme, refus de «cette Europe fédérale construite dans le dos des peuples»… Son vœu pour 2024 : «refaire de la France une terre de prospérité, de sécurité, d’ambition et de grandeur, une nation où il fera à nouveau bon vivre» et «que vive enfin, après cet interminable hiver technocratique […] notre nouvelle espérance française». Si le cadre était sobre, le contenu était, on va dire, pompeux.