En résumé :
- François Bayrou a tenu une conférence de presse ce lundi 25 août, pendant un peu plus d’une heure. Après sa présentation mi-juillet, il a de nouveau défendu son plan de rigueur de 44 milliards d’euros pour le budget 2026, face au «danger immédiat» que représente pour la France le «surendettement».
- Pour parvenir à une «clarification», le Premier ministre a annoncé qu’il «engagera la responsabilité de son gouvernement» lundi 8 septembre, avec un vote de confiance à l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire.
- Dans la foulée, la France insoumise, le Parti communiste français, les Ecologistes, le Rassemblement national et les Ciottistes ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de faire tomber le gouvernement Bayrou. Le Parti socialiste ne compte pas non plus voter la confiance le 8 septembre.
Si les députés refusaient de voter la confiance le 8 septembre, le Palois serait le premier chef de gouvernement de la Ve République à chuter lors d’une telle entreprise. Depuis 1958, ce sont 41 Premier ministres qui ont sollicité la confiance de l’Assemblée nationale, et ont obtenu à chaque fois la majorité absolue des suffrages exprimés. Le dernier en date est Jean Castex, le 15 juillet 2020. A l’issue de son discours de politique générale, 345 députés avaient voté la confiance, et 177 contre.
Pour le Rassemblement national et les partis de gauche, dont le Parti socialiste, le vote annoncé par François Bayrou le 8 septembre correspond peu ou prou à une démission. Notre article à lire ici.
Le Premier ministre a décidé de recourir à l’article 49 alinéa premier de la Constitution. Si la confiance n’était pas accordée, elle entraînerait la chute du gouvernement, la première par ce biais depuis 1955. A lire ci-dessous :
Checknews
Les confédérations syndicales se réuniront vendredi 29 août au matin pour parler de leurs actions pour la rentrée sociale, et non lundi 1er septembre comme prévu initialement, a fait savoir ce lundi soir le secrétaire général de Force ouvrière (FO) Frédéric Souillot. Le dirigeant syndical a précisé que la décision d’avancer cette réunion avait été prise après la conférence de presse de François Bayrou, qualifiée «d’irréelle» par FO. Face aux projets budgétaires annoncés à la mi-juillet par le chef du gouvernement, l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE /CGC-CFTC-Unsa-Solidaires aura notamment à se positionner par rapport à l’appel à «bloquer le pays» le 10 septembre, lancé sur les réseaux sociaux et que certaines fédérations et unions départementales de la CGT et de Solidaires ont appelé à rejoindre.
A première vue, on peut croire à une forme de panache dans cette initiative qu’il vit comme son moment Mendès France, surtout de la part de quelqu’un qu’on décrivait comme obsédé par l’idée de durer à Matignon. Mais, en vérité, face à une équation parlementaire impossible, François Bayrou, droit dans ses bottes et peu disposé à négocier, joue d’abord une carte personnelle censée, dans son esprit, lui conférer un statut d’homme assumant de dire la vérité. A lire ci-dessous :
Le patron du PS Olivier Faure juge «inimaginable que les socialistes votent la confiance à François Bayrou», qui «a fait le choix de partir», considère-t-il dans un entretien au Monde publié ce lundi soir. Le premier secrétaire du Parti socialiste estime que la décision de François Bayrou de demander la confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre «est une autodissolution. Il pense le faire avec le panache de quelqu’un qui envisage une autre étape de sa vie politique». Au micro du JT de 20 heures de TF1 quelques minutes plus tard, Olivier Faure a enfoncé le clou : «Sans suspens aucun, nous ne voterons pas la confiance au Premier ministre».
Après l’annonce de François Bayrou de solliciter un vote de confiance, les matinales vont être chargées ce mardi. Certains seront là pour le défendre : la présidente macroniste de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sera sur TF1 à 7 h 35, presque en stéréo avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur RTL à 7 h 40, puis le ministre de l’Economie Eric Lombard sur France Inter à 7 h 50, avant le ministre chargé des Relations avec le Parlement Patrick Mignola sur France Info à 8 h 30. D’autres seront moins tendres : le vice-président du RN Sébastien Chenu sera sur CNews /Europe 1 à 8 h 10 et le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon sera au micro de France Inter à 8 h 20.
Sacha Houlié, ancien vice-président macroniste de l’Assemblée nationale et désormais députés Place publique, a regretté un «incompréhensible et irresponsable coup de poker du Premier ministre». «A quoi bon faire des grands discours sur la dette si c’est, par des décisions politiques hasardeuses et brutales, pour aggraver l’instabilité politique et budgétaire par un départ inéluctable ?», a ajouté l’élu, sur X.
Le Premier ministre a annoncé ce lundi sa volonté «d’engager la responsabilité de son gouvernement» devant l’Assemblée nationale le 8 septembre. Mais une grande partie des oppositions ayant déjà pris position, son sort semble scellé. Libération vous propose de constituer vos propres coalitions grâce à son simulateur en cliquant sur le lien ci-dessous :
Sur LCI, Arthur Delaporte assure que «François Bayrou n’a rien fait pour sauver sa peau.» «Il s’est emmuré cet été à fabriquer des châteaux de carte avec son budget de pacotille», dénonce le député socialiste du Calvados, qui fustige la «bravade pathétique» du jour de la part d’un Premier ministre «sans majorité absolue». «A l’heure où je vous parle, j’ai du mal à voir comment voter la confiance à ce gouvernement qui ne veut que partir. J’ai vu François Bayrou préparer son départ, assure le député du Calvados. Je ne l’ai pas vu en train de chercher à tendre la main. Il ne nous a jamais appelé et n’a jamais cherché à construire du consensus.»
Le député PS de l’Eure assure auprès de RTL qu’il votera «à titre personnel» contre la confiance au gouvernement de François Bayrou. Philippe Lebrun a par ailleurs souligné que les députés socialistes ont prévu de se réunir avant le 8 septembre afin de s’accorder sur une décision commune.
Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, le PS ne lui accordera pas sa confiance, d’après le député du Calvados, Arthur Delaporte. «Je ne vois pas comment nous pourrions voter la confiance» si la proposition de budget du Palois restait la même d’ici au 8 septembre, affirme l’élu socialiste devant les journalistes. «Il reste 15 jours à ce Premier ministre pour changer d’avis, de position mais je ne crois pas. Je crois qu’il est en train de préparer sa sortie, de dire qu’il préfère être le martyr d’une prétendue cause qu’il ne fait que desservir», estime Arthur Delaporte après la conférence de presse du chef du gouvernement, ce lundi.
«Oui, la France doit réduire son déficit», argumente le député Debout de la Somme François Ruffin dans un message posté sur X. Sauf que selon lui, la méthode prônée par François Bayrou pour réduire le déficit du pays n’est pas la bonne. «La fin des cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes firmes, que Macron a augmenté comme jamais», est plutôt la piste à suivre pour François Ruffin. Et d’ajouter : «C’est à eux de payer d’abord. Pas aux salariés, aux retraités.» Sans surprise, il annonce qu’il refusera «évidemment la confiance» à François Bayrou.
La cheffe de file des Ecologistes n’a que peu gouté le discours du chef du gouvernement. Dans un message posté sur X, Marine Tondelier a annoncé sans surprise que son groupe allait voter contre la confiance le 8 septembre. «Ce vote de confiance (qu’il n’a pas fait en arrivant) est de fait une démission, affirme Marine Tondelier. Les Écologistes n’ont pas confiance dans ce PM qui porte un projet irresponsable aussi bien socialement qu’environnementalement. Nous voterons contre.»
La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale assure que son parti votera bien «contre la confiance» le 8 septembre. «Nous voterons évidemment contre la confiance au gouvernement de François Bayrou. Seule la dissolution permettra désormais aux Français de choisir leur destin, celui du redressement avec le Rassemblement national», écrit Marine Le Pen dans un message posté sur X. Au passage, elle fustige le discours du chef du gouvernement et des Français face à la crise économique et financière. «C’est justement parce qu’ils ont compris la gravité de la situation que nos compatriotes refusent les mesures du Premier ministre, aussi injustes qu’inefficaces», dénonce la député du Pas-de-Calais qui appelle à une dissolution du gouvernement.
La Bourse de Paris recule nettement ce lundi en fin d’après-midi, perdant près de 1,50 %, dans la foulée de l’intervention de François Bayrou devant la presse sur le budget, lors de laquelle il a annoncé vouloir solliciter le 8 septembre prochain un vote de confiance devant l’Assemblée nationale. Vers 17 h 20, le CAC 40 perdait 1,49 % à 7 850,68 points, soit un recul de 119,01 points par rapport à la veille. Avant l’intervention du Premier ministre, il évoluait en légère baisse. Le taux d’intérêt à dix ans de la dette française était en hausse, à 3,49 %, contre 3,42 % la veille.
Comme son allié Jordan Bardella, Eric Ciotti annonce que les députés de son parti, l’UDR, n’accorderont pas leur confiance au gouvernement de François Bayrou. «Il est naturellement inenvisageable d’accorder la confiance à un gouvernement et une majorité macroniste qui ont conduit depuis tant d’années la France sur le chemin de la faillite», écrit l’ancien président des Républicains et député des Alpes-Maritimes sur X, après la conférence de presse du Premier ministre.
Que se passerait-il si les députés ne votaient pas la confiance le 8 septembre ? François Bayrou a estimé que cela ne mènerait pas à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. «J’ai cru entendre dire par des bruits qui me paraissent fondés, que le président de la République avait déjà essayé la dissolution et qu’il en concluait que ça ne clarifie pas les choses», a ironisé le Premier ministre.
Analyse
«François Bayrou vient d’annoncer la fin de son gouvernement, miné par son immobilisme satisfait», a souligné Jordan Bardella, le président du RN. «Jamais le RN ne votera la confiance à un gouvernement dont les choix font souffrir le peuple français», a-t-il ajouté, sur X.