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Budget 2026 : le Parti socialiste va se doter d’un «plan dissolution»

Au lendemain de la présentation du Premier ministre de ses orientations budgétaires pour l’année prochaine, les oppositions dénoncent à l’unisson l’extrême rigueur de ces propositions.
Le secrétaire général du Parti socialiste Pierre Jouvet, à Valence, le 17 avril 2025. (Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)
publié le 16 juillet 2025 à 8h24
(mis à jour le 16 juillet 2025 à 20h51)

En résumé :

  • François Bayrou a présenté mardi après-midi en conférence de presse un paquet de mesures drastiques pour réduire le déficit public et faire 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026. L’ensemble de ces propositions doivent encore être débattues au Parlement cet automne, dans le cadre du vote sur le projet de loi de finance.
  • Le Premier ministre a notamment mis sur la table la suppression de deux jours fériés (lundi de Pâques et 8 mai), une «année blanche» sur les prestations sociales ou encore le doublement de la franchise sur le remboursement des médicaments.
  • En réaction, les oppositions ont immédiatement brandi la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, en particulier le RN, qui avait jusqu’à présent refusé de voter sa chute après avoir précipité celle de Michel Barnier.
  • Vous pouvez retrouver ici l’essentiel du discours de François Bayrou mardi.
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«Impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement», répète Marine Le Pen. Dans un entretien accordé au Parisien et paru ce mercredi, la présidente du groupe d’extrême droite à l’Assemblée, a redit ce qu’avait dit son parti dans la foulée des annonces de François Bayrou. A savoir qu’«en l’état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement. Il faudrait que François Bayrou inverse quasiment totalement les grandes masses qu’il a annoncées», expose Marine Le Pen, qui croit «peu» en cette perspective.

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En cas de dissolution, le PS se prépare à pouvoir présenter des candidats partout. A gauche, on anticipe un éventuel séisme politique : le Parti socialiste va se doter d’un «plan dissolution» pour être en mesure de présenter des candidats dans l’ensemble des 577 circonscriptions, en cas de nouvelles élections législatives à la fin de l’année, assure le secrétaire général du PS Pierre Jouvet. «Les annonces faites hier par le Premier ministre laissent présager d’une probable censure à l’automne. Et depuis le 7 juillet, le président de la République peut de nouveau dissoudre l’Assemblée nationale. Connaissant son cynisme, nous devons être prêts», a dit l’eurodéputé, proche du premier secrétaire Olivier Faure. En cela, le PS s’inspire de ce qu’avait fait Lionel Jospin en 1996. «Quand Chirac a appuyé sur le bouton de la dissolution (en avril 1997), tout était prêt sur le terrain». La gauche plurielle avait alors emportée les élections législatives.

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Le gouvernement ferme la porte à un impôt sur les ultra-riches. L’exécutif a dit non à l’instauration d’un impôt minimum sur le patrimoine des plus riches en France sur le modèle de la «taxe Zucman», estimant qu’une telle mesure, «très injuste», nuirait à l’économie et à l’attractivité du pays. «Cette taxe impliquerait en effet pour beaucoup d’entrepreneurs de devoir vendre tout ou partie de leur entreprise pour s’acquitter de l’impôt», a défendu la porte-parole du gouvernement Sophie Primas après le conseil des ministres. Le Sénat avait rejeté en juin une proposition de loi soutenue par la gauche et inspirée par l’économiste français Gabriel Zucman, pour s’assurer que les contribuables dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros payent bien au moins 2 % de leur fortune en impôt.

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La ministre des Comptes publics défend «un effort assez inédit». «Les économies sont là pour dégager des marges de manœuvre pour des priorités qui sont celles de notre pays, des Français, et qui sont celles qui sont absolument vitales pour notre avenir», a déclaré Amélie de Montchalin à l’issue du conseil des ministres. Parmi ces «priorités», elle a cité la défense, la sécurité, la formation des enseignants, la recherche et la transition écologique, qu’elle a qualifiée d’«essentielle et peut-être même existentielle». La ministre a aussi promis que les investissements en lien avec le dérèglement climatique allaient se poursuivre : «Dans l’Hexagone, dans les outre-mer, on a vu ces derniers mois des cyclones, des canicules, des inondations. Nous ne pouvons pas détourner le regard et arrêter d’investir sur ces sujets.»

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Attal concède que certaines mesures annoncées ne sont «pas très populaires». Sur un post diffusé sur X mercredi, le patron du parti macroniste Renaissance juge qu’il «est indispensable d’agir sans anathèmes ni faux semblants» sur la question du déficit public. Gabriel Attal admet toutefois que certaines propositions avancées par Bayrou pour le prochain budget ne sont «pas très populaires». «Certains sujets restent à débattre, à préciser ou à corriger», estime-t-il.

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Macron appuie encore son soutien au budget de Bayrou. Après avoir déjà salué «le courage et la lucidité» du plan présenté par son Premier ministre plus tôt dans la journée, le président a enfoncé le clou en marge d’un déplacement à Lourdes. «François Bayrou a eu raison de donner le cap», a-t-il approuvé, défendant «une stratégie solide, claire […] et dont le pays a besoin», qui consiste d’après lui, «à accroître la production» et à «continuer à accompagner la juste rémunération du travail». «J’attends de toutes les forces politiques qu’elles proposent d’autres idées. Si d’autres ont des idées plus intelligentes pour accroître l’activité et pour baisser les économies, le Premier ministre les recevra», a par ailleurs fait savoir Emmanuel Macron.

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Chez LR, un groupe de travail pour plancher sur «les angles morts» du budget de Bayrou. Dans un communiqué diffusé mercredi, le parti annonce la création «dans les prochains jours» d’un groupe de travail «associant nos députés, nos sénateurs, et l’équipe dirigeante de notre parti […] afin qu’ensemble, nous portions des propositions solides et crédibles au Parlement» à la rentrée. Tout en reconnaissant que la «vision» du Premier ministre «est globalement la bonne», la droite estime que des «angles morts importants restent à combler pour que l’effort demandé soit véritablement puissant et juste». Est cité en exemple le cas des retraités qui selon LR, «ne peuvent être mis à contribution deux fois : à travers l’année blanche et la suppression des 10 % d’abattement dont ils bénéficient». Le gouvernement propose de remplacer l’abattement fiscal de 10 % aujourd’hui applicable sur les retraites par un forfait de 2 000 euros.

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Retailleau prévient que la droite présentera ses propres «propositions». Le patron des Républicains a affirmé mercredi qu’un parti de gouvernement comme le sien ne pouvait pas «se défausser» sur le budget, et allait dévoiler ses «propositions» à l’automne pour que le projet de loi de finances soit «plus conforme» à leurs «aspirations». «Il ne fait absolument aucun doute que la France est menacée» par la crise financière, a estimé le ministre de l’Intérieur, lors d’un déplacement à Lognes (Seine-et-Marne), en se déclarant notamment favorable à la mise en place d’une «franchise» sur l’Aide médicale d’Etat (AME) pour les étrangers.

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«Aucune réforme structurelle des politiques publiques» critique Edouard Philippe. Le Normand, qui n’a jamais été un grand fan du Béarnais, n’est pas tendre avec la feuille de route budgétaire présentée mardi. Dans une interview au Parisien mercredi, l’ancien locataire de Matignon concède son accord sur l’orientation générale affichée par François Bayrou dans sa lutte contre la dette : «je préfère un plan d’urgence proposé par le Premier ministre qu’un plan d’urgence imposé par le FMI». Pour ensuite aussitôt cibler ce qui constitue selon lui la grande limite du projet présenté par le centriste. «Ce n’est qu’un plan d’urgence. Il ne propose aucune réelle transformation, aucune réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus», tacle celui qui est ouvertement candidat pour la présidentielle en 2027.

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Le gouvernement ne veut pas d’impôt sur les ultra-riches. Les Français doivent faire des efforts… mais les plus favorisés des favorisés ne doivent pas trop les sentir non plus. «Nous devons renforcer notre attractivité […] Cela implique de ne pas augmenter de manière unilatérale et massive les taxes sur le patrimoine productif, ce qui est le cas de la taxe Zucman», a écarté la porte-parole de l’exécutif, Sophie Primas. Ladite taxe, soutenue par la gauche dans une proposition de loi rejetée au Sénat, visait à s’assurer que les contribuables avec un patrimoine de plus de 100 millions d’euros paient bien au moins 2 % de leur fortune en impôt. Fiscalité jugée «très injuste» par le gouvernement, qui nuirait à l’économie française - le 7 juillet, sept prix Nobel d’économie avaient pourtant appelé la France à instaurer un tel impôt minimum.

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Coquerel attend les socialistes «au rendez-vous» de la censure. Un petit coup de pression au Parti à la rose par le président de la commission des Finances de l’Assemblée. Eric Coquerel, aussi député LFI, «espère» que les socialistes «n’iront pas» aux discussions budgétaires avec le gouvernement, a-t-il fait savoir en conférence de presse ce mercredi au Palais Bourbon. Une réponse à Olivier Faure, qui a certes déclaré que la censure était «la seule perspective possible» à l’heure actuelle, tout en reconnaissant être «toujours ouvert au compromis».

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A lire aussi. Conscient de sa faiblesse politique, le Premier ministre a fait tapis, en présentant sa sévère ordonnance budgétaire. Il savait très bien qu’à gauche, à droite et à l’extrême droite, sa copie allait être très mal reçue. Et elle l’a été, l’exposant en l’état à une censure quasi certaine à l’automne.

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«Un effort assez inédit», défend la ministre des Comptes publics. L’exécutif a «le devoir de trouver un compromis» dans le budget, «vital pour le pays» : au sortir du Conseil des ministres, Amélie de Montchalin, chargée des Comptes publics, a tenu à insister à son tour sur l’«effort assez inédit» voulu par François Bayrou pour dégager des économies. Des «marges de manœuvre» essentielles pour financer des «priorités» comme la défense, la sécurité, la formation des enseignants, la recherche et la transition écologique. Ce dernier point était d’ailleurs l’un des grands absents du discours du Premier ministre hier.

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Les insoumis dénoncent une «déclaration» de guerre… et mettent le PS sous pression. Un premier coup contre le gouvernement, et un deuxième contre les socialistes. La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot dénonce «une véritable déclaration de guerre sociale faite au peuple de France» juste avant de cibler ses anciens alliés : «si nous avons ce budget, c’est parce que le PS a refusé par 6 fois de censurer Bayrou et son gouvernement et le RN, par 8 fois». Une façon de mettre dos à dos les deux partis, quelques mois après la publication d’une affiche polémique suggérant une alliance entre Olivier Faure et Marine Le Pen, qui avaient alors choisi la non-censure ? «Non, nous n’avons jamais mis dos à dos PS et RN», assure la députée, qui se félicite que «le PS ait retrouvé la raison» en votant la dernière censure. Alors que les socialistes ont décidé de ne pas «censurer a priori» le budget tout en l’étrillant, voulant se laisser la possibilité de négocier, les insoumis mettent leurs ex-partenaires sous pression. «J’ai entendu Olivier Faure dire que dans l’état actuel, il y aurait censure mais qu’il était prêt à discuter et là, on n’est pas d’accord vu l’énormité de ce budget, affirme Eric Coquerel, le président de la commission des Finances. Il faut censurer, et nous attendons les socialistes au rendez-vous». Interrogés sur l’éventualité de présenter des candidats face aux sortants socialistes qui n’auraient pas voté la censure en cas de dissolution, comme avait menacé Jean-Luc Mélenchon, les insoumis éludent : «Laissez-nous le temps de nous organiser». Par Charlotte Belaïch.

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L’ironie de la BBC sur les jours fériés français. Sur le podcast matinal de la radio BBC World Service, qui se présente comme la voix de la Grande-Bretagne à travers le monde, la présentatrice consacre ce mardi un long développement au «remède de cheval» du «French Prime Minister François BayROO». Le point saillant à ses yeux ? La proposition de supprimer deux jours fériés – un choc dans un «pays qui prend ses vacances très au sérieux» – et une aubaine pour un peu de Frenchbashing. «Il n’y a rien dans la Bible sur le lundi de Pâques» et «la mémoire du 8 mai s’évanouit», ironise en écho le correspondant de la station à Paris. Mais ce dernier n’y croit pas : «Ça va se dégonfler comme un ballon de baudruche», car même «le premier parti d’opposition, la droite populiste, [l’extrême droite, ndlr] est contre». En revanche, il juge le speech «audacieux» et «très important». «The chickens come home to roost», conclut-il. L’expression idiomatique traduit l’idée d’un retour de bâton – et sans doute l’inquiétude croissante de nombre de nos voisins européens face à l’envolée de la dette française. Par Anne-Laure Barret.

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Emmanuel Macron défend le plan de son Premier ministre. Le plan d’économies présenté par François Bayrou mardi a «la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité», a salué le chef de l’Etat en Conseil des ministres mercredi, selon la porte-parole du gouvernement. Le président de la République a également estimé que ce budget avait la qualité «de regarder les objectifs d’investissement auxquels la France doit faire face», a rapporté Sophie Primas. «Il a remercié le Premier ministre, encouragé le gouvernement et rappelé que le nerf de notre nation, c’était bien sûr la croissance», estimant que «les dispositions […] prises vont dans le sens de la croissance», a-t-elle poursuivi.

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Le gouvernement défend «une feuille de route claire et ambitieuse». «Le gouvernement a une feuille de route claire et ambitieuse. On peut le faire», a affirmé ce mercredi sa porte-parole Sophie Primas en sortie du conseil des ministres, assurant que le projet présenté par le Premier ministre la veille est «réaliste, crédible et juste». Elle a également souligné la nécessité de ce «sursaut budgétaire» car la France est «au pied du mur de la dette». «Nous devons le faire, nous pouvons le faire et nous allons le faire», a-t-elle poursuivi, précisant que «mettre de l’ordre dans nos comptes, c’est redonner de l’espoir aux jeunes générations de notre Nation.»

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«Un aveu d’impuissance» : au Palais-Bourbon, le blues d’un député. Au lendemain des annonces du Premier ministre, un député Liot croisé ce matin dans les couloirs d’une Assemblée vide, fin de la session extraordinaire oblige, ne goûte pas franchement à la «purée bercyenne» concoctée au ministère de l’Economie et des Finances. Il pointe le peu d’imagination de la recette budgétaire : «La facilité et François Bayrou… C’est un pléonasme.» Les mesures, elles, toucheront en priorité les plus modestes, assure ce député, notamment le gel des prestations sociales, des retraites et les hausses d’impôts via le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Quant à faire avaler la potion aux Français… «La métaphore de l’Himalaya, critique-t-il, c’est un aveu d’impuissance.» Bayrou passera-t-il le budget ou sera-t-il censuré ? Pour ce député, aucun doute, Marine Le Pen a intérêt à «bordéliser» la situation et donc à appuyer sur le bouton de la censure. Rendez-vous à l’automne. Par Victor Boiteau.