En résumé :
- Dans un communiqué publié lundi soir, Emmanuel Macron a «pris acte» de la chute du gouvernement. En début de soirée ce mardi, Sébastien Lecornu a été désigné Premier ministre par le chef de l’Etat. La passation de pouvoir doit se tenir mercredi à 12 heures à Matignon.
- Lundi, François Bayrou n’était pas parvenu à obtenir la confiance de l’Assemblée nationale. Avec 194 suffrages en sa faveur et 364 députés qui se sont prononcés contre lui, il a même été très loin du compte.
- Emmanuel Macron va faire face mercredi au lancement du mouvement de protestation «Bloquons tout» qui précédera la mobilisation syndicale du 18 septembre, avec entre les deux la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française et engendrer des turbulences sur les marchés financiers.
- Retrouvez ici le live de la journée de lundi, qui a vu François Bayrou être emporté par l’article 49-1 de la Constitution qu’il avait lui-même invoqué.
Sur X, le président du Rassemblement national fait mine de s’interroger : «Comment un fidèle du Président pourrait-il rompre avec la politique qu’il conduit depuis huit ans ?» Il promet être à la disposition de Sébastien Lecornu pour lui rappeler les «principes» du RN, «au nom des millions de Français qui attendent et espèrent une alternance».
Venu de la droite, le macroniste d’adoption, qui a survécu à sept remaniements depuis 2017, a été nommé mardi 9 septembre à la tête du gouvernement.
Quelques heures après avoir accepté la démission de François Bayrou mardi 9 septembre, le Président a choisi l’un de ses plus fidèles à Matignon, souvent pressenti comme Premier ministre mais jamais nommé. Une décision accueillie avec froideur par la gauche, l’extrême droite mais aussi une partie du camp présidentiel.
Dans un message publié sur X, le nouveau Premier ministre a remercié le président Macron pour la confiance témoignée. «Le Président de la République m’a confié la tâche de construire un Gouvernement avec une direction claire : la défense de notre indépendance et de notre puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l’unité du pays», écrit l’ancien ministre des Armées. Avant un petit message pour le futur ex locataire de Matignon : «Je salue François Bayrou pour le courage dont il a fait preuve en défendant ses convictions jusqu’au bout.»
Dans un communiqué, le PS dit prendre «acte de la décision du président de la République de nommer à Matignon Sébastien Lecornu, hier encore ministre du gouvernement Bayrou renversé» et note qu’«Emmanuel Macron s’obstine donc dans une voie à laquelle aucun socialiste ne participera. Celle qui a conduit à l’échec et au désordre et qui aggrave la crise, la défiance et l’instabilité». Le parti met en garde : le chef de l’Etat prend selon lui «le risque de la colère sociale légitime et du blocage institutionnel du pays».
Le député de la Somme François Ruffin n’a pas manqué de critiquer le choix de Sébastien Lecornu pour Matignon. «Avec Sébastien Lecornu, Macron mise un de ses pions. Le forcené de l’Élysée s’enferme toujours plus dans son Palais. Les mêmes causes produiront les mêmes effets ! Et si on demandait aux Français ?», s’interroge le président de Debout ! «Qu’ils tranchent, qu’ils fixent le cap, l’horizon. Demain, faisons-nous entendre dans la rue !», poursuit-il.
Sur TF1 Edouard Philippe a salué la nomination d’«un homme qui a pris beaucoup de densité au ministère des Armées, mais qui sait discuter» : «Il va avoir besoin de ce talent de discussion et d’écoute pour trouver un accord dans des circonstances dont il faut bien reconnaître qu’elles sont compliquées.» Rappelant l’absence de majorité à l’Assemblée et la nécessité d’aboutir rapidement à un budget, l’ancien Premier ministre observe qu’il est temps pour les partis «acceptent de se parler» : «Les Français ne comprennent pas pourquoi on est infou... infichus de s’entendre et de vouloir travailler ensemble.» Avant d’enfoncer le clou : «La geste politique, aujourd’hui, que ce soit sur les plateaux de télévision ou à l’Assemblée est marqué par des invectives permanentes, par des insultes permanentes, par la recherche systématique de tout ce qui oppose. On ne redresse pas un pays sans le rassembler. [...] On le redresse en fixant un cap clair, en se retroussant les manches et en acceptant l’idée qu’on va devoir y mettre tous un effort.»
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal a salué la nomination de Sébastien Lecornu dans un message publié sur X : «Tous mes vœux de succès à Sébastien Lecornu». «Dans cette période si critique pour le pays, il est essentiel que les forces politiques se mettent autour de la table pour donner un budget à la France, assurer une stabilité pour les 18 prochains mois, et garantir le respect de l’ordre dans notre pays», poursuit le Secrétaire général de Renaissance.
Le chef des Républicains et ministre de l’Intérieur sortant Bruno Retailleau s’est dit prêt mardi soir à travailler avec le nouveau Premier ministre – issu de son parti – afin de bâtir une «majorité nationale». «Je souhaite que nous trouvions des accords. Je crois qu’il y a la possibilité de construire un projet qui satisfasse ce que j’appelle la majorité nationale», a-t-il dit à la sortie d’un bureau politique de LR en se «félicitant» qu’un Premier ministre socialiste n’ait pas été nommé.
Ministre des Armées depuis 2022, fidèle du chef de l’Etat venu de la droite, Sébastien Lecornu, 39 ans, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron ce mardi 9 septembre. Notre article.
Réclamant une nouvelle fois le départ d’Emmanuel Macron, le leader insoumis s’insurge sur X contre la désignation de Lecornu : «Seul le départ de Macron lui-même peut mettre un terme à cette triste comédie du mépris du Parlement, des électeurs et de la décence politique». Pour sa part, la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a dénoncé sur BFMTV une «provocation» et «un non respect total des Français». Pour elle, «tout ça va mal se terminer».
Marine Le Pen fustige la nomination de Sébastien Lecornu au poste de premier ministre. Dans un message publié sur le réseau social X, elle écrit que «le président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkerisé avec son petit carré de fidèles». Enfin, elle prédit d’«inéluctables futures élections législatives» et que le «premier ministre s’appellera Jordan Bardella».
Selon les services de Matignon, la passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu se tiendra mercredi à midi. La date coïncide avec une journée de mobilisation pour bloquer le pays initiée par divers mouvements. Lecornu devient le septième Premier ministre d’Emmanuel Macron, et le cinquième depuis le début de son second quinquennat en 2022. Du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité mais entrée dans une crise sans précédent depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.
A 39 ans, l’ex-sénateur normand, inamovible au gouvernement depuis 2017, a grimpé les échelons jusqu’à devenir ministre des Armées, un portefeuille ultrasensible en temps de guerre en Ukraine, et s’est imposé comme un fidèle et un intime du chef de l’Etat. Déjà en décembre dernier, Emmanuel Macron avait voulu nommer Sébastien Lecornu à Matignon, mais son allié historique François Bayrou avait fini par s’imposer à lui.
Interrogé par des journalistes, l’ancien Premier ministre Michel Barnier a tenu à saluer l’action politique menée par ses collègues du parti LR au sein du gouvernement de François Bayrou. A l’instar de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et d’autres, qui «ont été de très bons ministres et montrés leur sens des responsabilités». Après l’annonce de la nomination de Sébastien Lecornu, Michel Barnier a souhaité le maintien à leur poste des ministres LR : «Je sais que s’ils en ont les moyens techniques et financiers, ils continueront à prendre leurs responsabilités dans l’intérêt du pays».
Emmanuel Macron a chargé Sébastien Lecornu «de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois, indique l’Elysée dans son communiqué. A la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un gouvernement au président de la République.»
Quelques heures après la démission de François Bayrou, Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de former un nouveau gouvernement. Agé de 39 ans et issu des rangs de LR, Lecornu a rejoint Emmanuel Macron en 2017. Il était ministre des Armées depuis mai 2022 et a participé aux gouvernements Borne, Attal, Barnier et Bayrou. «L’action du Premier ministre sera guidée par la défense de notre indépendance et de notre puissance, le servie des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l’unité du pays», précise le communiqué de l’Elysée.
Le CAC 40 a terminé en légère hausse mardi, ignorant la situation politique française après que l’Assemblée nationale a renversé le Premier ministre François Bayrou, qui a échoué à obtenir la confiance des députés. L’indice vedette de la Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,19%, soit un gain de 14,55 points, pour s’établir à 7.749,39 points. Lundi, le CAC 40 avait gagné 60,06 points (+0,78%) pour s’établir à 7.734,84 points à la clôture.
Plusieurs organisations patronales ont indiqué espérer l’arrivée rapide d’un nouveau gouvernement, qui se préoccupe de la bonne santé des entreprises. A l’instar de la CPME, qui représente les petites et moyennes entreprises. L’organisation «demande qu’il y ait un gouvernement rapidement nommé, et qu’au-delà du casting qui n’est pas notre sujet, on ait un compromis sur la défense de nos entreprises et de notre économie». David Cluzeau, président de l’UDES (employeurs de l’économie sociale et solidaire - ESS), a estimé de son côté qu’avec la chute du gouvernement Bayrou, le pays «entrait à nouveau dans une période d’incertitude qui doit cesser au plus vite car elle est néfaste pour notre économie, nos entreprises et en particulier pour l’économie sociale et solidaire».
Selon un sondage piloté par l’institut Elabe pour BFMTV, au moins 64% des Français interrogés sont favorables à une démission du président Macron. Un chiffre supérieur de 20 points par rapport à la chute de Michel Barnier. La démission de François Bayrou a satisfait 74% des personnes interrogées, précise l’étude.
Renversé par les députés, le gouvernement de François Bayrou est devenu démissionnaire et dispose désormais d’un pouvoir restreint pour gérer les affaires courantes en attendant la nomination d’un successeur. Les affaires courantes recouvrent d’un côté les «affaires ordinaires» qui participent à «la marche normale de l’Etat» et ne nécessitent «aucune appréciation de nature politique». Et de l’autre les «affaires urgentes», dont l’adoption est dictée par «une impérieuse nécessité», comme un état d’urgence, une catastrophe naturelle, un trouble à l’ordre public…
Pour ce qui est des projets de loi, aucun gouvernement en affaires courantes n’en a présenté sous la Ve République parce que, d’une part, toute mesure législative est tenue «pour importante et politiquement sensible» et d’autre part, «il peut sembler inadéquat de saisir le Parlement alors même qu’il est privé de sa prérogative la plus forte, à savoir la possibilité de renverser le gouvernement», explique une note du secrétariat général du gouvernement (SGG) datée du 2 juillet 2024.
Le gouvernement de Gabriel Attal était resté près de huit semaines démissionnaire, du 16 juillet 2024, quand le président a accepté sa démission remise au lendemain des législatives anticipées, jusqu’au 5 septembre, jour de la nomination de son successeur Michel Barnier. Cette période d’affaires courantes comprenait la durée des Jeux Olympiques de Paris 2024, du 26 juillet au 11 août. Michel Barnier est resté moins longtemps démissionnaire, une grosse semaine, puisqu’il a été censuré le 4 décembre, et François Bayrou nommé le 13.