En résumé
- Ayant promis un «rendez-vous avec la Nation» ce mois-ci et cinq jours après la nomination de son nouveau gouvernement mené par Gabriel Attal, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse ce mardi 16 janvier. Entamée à 20h15, elle a duré un peu plus de deux heures et quinze minutes.
- Pour donner corps à son concept de «réarmement», le Président a multiplié les nouvelles pistes, sans toutefois donner beaucoup de détails. Plusieurs ont concerné l’éducation : régulation de l’usage des écrans, «refondation» de l’instruction civique, possible généralisation de la «tenue unique» à l’école en 2026, théâtre obligatoire au collège…
- Sur le plan sociétal, Emmanuel Macron a évoqué le déploiement d’opérations «place nette» contre le trafic de drogue, la mise place d’un «congé de naissance» et d’un «plan fertilité» pour relancer la natalité ou encore le doublement des franchises médicales.
- Interrogé sur les critiques d’Amélie Oudéa-Castéra visant l’école publique, le chef de l’Etat a reconnu son propos «maladroit», estimant qu’elle a eu «raison de s’excuser». En revanche, Macron a affirmé n’avoir «aucun regret» d’avoir défendu la «présomption d’innocence» de Gérard Depardieu.
Sur les violences faites aux femmes, l’aveugle satisfecit : Après s’être autoproclamé «inattaquable» sur le sujet des violences faites aux femmes, par deux fois érigées grande cause du quinquennat, le 20 décembre dernier sur France 5, Emmanuel Macron poursuit son aveugle satisfecit, martelant que «depuis le premier jour et même avant, ce sujet a été une priorité». «Nous avons multiplié comme jamais les crédits aux associations», a-t-il entamé, soulignant avoir multiplié par deux et demi le nombre d’ordonnances de protection ou porté à 10 000 le nombre de places d’hébergement dédiées, contre 5000 auparavant… Sans réaliser que les moyens ne sont toujours pas à la hauteur des besoins, comme ne cessent de le rappeler les associations. Si une augmentation de 25 % des crédits dédiés à l’égalité est prévue pour 2024, au regard de la hausse des signalements de violences, le budget de l’Etat pour chaque victime accompagnée par une structure a baissé de plus de 25 % entre 2019 et 2022, estime ainsi la Fondation des femmes. Du côté de l’hébergement, il faudrait au moins 15 000 places pour respecter les standards de la Convention d’Istanbul, comme le rappelait récemment la Fédération nationale solidarité femmes. La Cour des comptes a elle aussi récemment étrillé la politique gouvernementale en la matière, dans un rapport implacable, estimant que «dans de nombreux cas, les mesures visées n’ont été assorties ni de moyens, ni de calendrier de réalisation, ni d’indicateurs de résultats, ni de cibles, ce qui rend leur évaluation impossible.» Par Virginie Ballet
Défense européenne et mer Rouge pour finir. La dernière question a porté sur les forces armées françaises. «La France a décidé de ne pas se joindre à une coalition contre les Houthis sur leur sol car nous avons une posture qui cherche à éviter toute escalade», a argué Macron, même si l’armée avait malgré tout été présente «pour interrompre missiles et drones qui allaient frapper des navires norvégiens. Ce n’est pas un sujet militaire mais diplomatique», a-t-il précisé, avant de rappeler l’arrivée d’une deuxième loi de programmation militaire. Et de conclure après près de 2h20 d’émission : «Nous devons développer une défense européenne en ayant une culture militaire plus intime avec nos partenaires.»
La fibre européenne. Face à «un monde déréglé», Emmanuel Macron répond par l’Europe, l’Europe et rien que l’Europe. «Une Europe plus forte, plus souveraine, qui assume d’avoir un allié, les Etats-Unis d’Amérique, mais qui ne veut pas en dépendre», a dit le président de la République lors de sa conférence de presse. L’Europe pour faire face à la Russie dans son agression contre l’Ukraine, mais aussi pour peser comme un «troisième pôle» face à «la tension structurante sino-américaine». Quant au risque de voir Donald Trump revenir à la tête de la première puissance mondiale en octobre prochain, le président français ne s’en émeut pas outre mesure : «Je prends les dirigeants que les peuples me donnent.» Raison de plus, insiste-t-il, pour avoir une Europe «qui ne dépende pas des autres». Par Benjamin Delille
Macron n’a «pas de regret» d’avoir défendu Depardieu. Interrogé sur son soutien à l’acteur pris dans la tempête après la diffusion des images de son périple en Corée du Nord où il sexualisait notamment une enfant sur un poney, le Président n’a pas jugé utile de revenir sur son indéfectible plébiscite : «Je n’ai aucun regret… d’avoir défendu la présomption d’innocence». Ce n’était pas tout à fait le sujet en réalité car lors de sa prise de parole le 20 décembre dernier sur le plateau de «C à vous», Macron avait clairement établi que Depardieu «rend fière la France», évoquant alors «une chasse à l’homme» et doutant même de la réalité des images diffusées qui ont fini par être expertisées par un notaire. Que la star Depardieu puisse être tenu pour un motif de fierté nationale en dépit de tout ce qui avait été documenté sur lui - exilé fiscal en Belgique, proximité avec le tyran Vladimir Poutine, plainte pour viol en 2020 - est resté comme une énigme politique et morale, y compris dans le camp présidentiel, des «propos odieux et inacceptable», selon Aurore Bergé, ou encore Olivier Véran qui s’était dit «choqué». La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, annonçant la procédure de retrait de la légion d’honneur à la star au lendemain de la révélation des images du film tourné par Yann Moix, a été depuis éjectée. Par Didier Péron
«Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner». Pour Emmanuel Macron, «le plus grand risque» est «l’agression russe en Ukraine. Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner. Ce serait accepter que les règles internationales peuvent ne plus être respectées», a-t-il rappelé, alors que le front ukrainien semble enlisé et que les bombardements russes se sont intensifiés ces dernières semaines. La France est en train de finaliser un accord bilatéral avec l’Ukraine, à la suite de Londres et de Washington. Des nouvelles livraisons d’armes sont prévues : une quarantaine de missiles Scalp et plusieurs centaines de bombes, ainsi que des César. «Nous allons continuer à aider l’Ukraine pour tenir sur le front et protéger son ciel», a martelé Macron, en annonçant qu’il se rendra à Kyiv en février. Par Veronika Dorman
Un hommage aux victimes du Hamas le 7 février. «La France a perdu 41 de ses enfants dans les attaques terroristes du 7 octobre dernier, l’acte terroriste le plus meurtrier depuis Nice», a rappelé Macron, en annonçant un hommage aux victimes du Hamas le 7 février aux Invalides. «Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar qui a un rôle décisif en la matière, pour les libérer. Aucune annonce mais nous nous battons, nous ne lâcherons rien. Et j’espère que dans les prochaines semaines nous obtiendrons leur libération». Le président a insisté sur l’aide apportée par la France à la bande de Gaza, soumise à «plus de 100 jours de bombardements sans trêve» : Dixmude, livraison de rations alimentaires, de médicaments.
Sur l’immigration, Macron persiste et signe. La loi qui a fait couler de l’encre et déchiré la macronie ? La question est arrivée près de deux heures après le début de la conférence de presse. Emmanuel Macron refuse la comparaison avec le RN et les accusations de «préférence nationale». Rallonger le droit aux prestations sociales pour les étrangers ? Ça ne «choque pas» le président de la République. Il a argumenté de cette manière : «Je défends la justice sociale, je ne fais pas de préférence nationale comme le Front National. En ce moment, nous avons augmenté les hébergements d’urgence, pour abriter des familles qui pour la plupart n’ont pas de papiers.» Comprendre : la comparaison avec Marine Le Pen ne marche pas parce qu’elle ferait pire que lui. Il l’a répété à plusieurs reprises : «Je revendique de lutter contre l’immigration clandestine dans notre pays.» Par Rachid Laïreche
Un futur référendum ? Interrogé sur les outils de la Constitution à sa main, comme le référendum, Macron a d’abord assuré que son gouvernement a «beaucoup innové» quant aux pratiques démocratiques. Il a cité le «Grand débat national» après la mobilisation des gilets jaunes, la Convention citoyenne sur le climat ou la réforme du Conseil économique, social et environnemental (CESE). «On a beaucoup modernisé notre démocratie», se targue le chef de l’Etat. Sur le référendum en lui-même, Macron l’assure : «Oui, je le ferai, mais je n’ai pas d’annonce aujourd’hui sur le sujet.» Quant à l’élargissement du champ des questions pouvant être soumises au référendum, le Président regrette l’absence de «consensus» constaté après sa rencontre avec les oppositions à Saint-Denis. «J’aurai aimé l’ouvrir [le référendum] aux questions sociétales, mais le consensus n’est pas là». Par Victor Boiteau
Oui, «on continuera à vivre à Dunkerque». Dans ses réponses aux questions de deux journalistes sur le changement climatique, Emmanuel Macron a rétorqué : «On doit s’adapter. Qu’est-ce que ça veut dire ? On va devoir changer nos vies, nos paysages.» Et le président de mentionner, en ville, «la végétalisation», remède connu permettant de lutter contre «les îlots de chaleur» en temps de canicule. Pour les zones de basses terres du Pas-de-Calais marqué par les inondations, il a refusé la «fatalité», assurant «on continuera à vivre à Dunkerque» même si certains devront sans doute abandonner leurs maisons construites sur des terrains inondables. «Il y a peut-être des endroits où on devra mettre des interdictions», a-t-il lâché. Réentonnant son refrain du «c’était mieux avant», il a fait mine de regretter le temps où on «curait les cours d’eau», reprenant une critique faite par le syndicat agricole FNSEA et par le président LR des Hauts-de-France. Une critique rejetée par de nombreux experts, géographes ou hydrogéologues, qui rappellent qu’il peut être contre-productif de «faciliter l’écoulement de l’eau vers la mer» comme le préconise le Président. A leurs yeux, il serait encore plus urgent de restaurer les zones humides. Par Coralie Schaub
Macron défend Rachida Dati, nouvelle ministre de la Culture mise en examen. Une volte-face concernant la jurisprudence voulant qu’un ministre mis en examen démissionne ? Que nenni ! Devant la presse, le chef de l’Etat défend Rachida Dati nommée à la Culture malgré une mise en examen dans l’affaire Renault-Nissan : «Je me suis appuyé sur un changement des règles simple. […] Depuis dix ans dans notre pays, il n’y a plus d’instruction individuelle dans les dossiers.» Donc, selon lui, «il n’y a pas de règle qui fait qu’un ministre mis en examen devrait quitter [le gouvernement]». «Il n’y a pas de changement de règle, il y a juste une forme de bon sens.» Et le Président de louanger sa nouvelle recrue, venue de la droite : «Son énergie, son talent, sa liberté, [parce qu’] elle ne se réduit pas à une appartenance politique, sont utiles à la Culture, à ouvrir des portes à mettre fin à cette France du ‘‘C’est pas fait pour moi’’». Y a-t-il eu un deal favorisant Dati pour la course à la mairie de Paris en 2026 ? «Nous n’avons pas parlé [des municipales 2026] de Paris, jure Macron. Vous aurez du mal à le croire quand je vous dis cela, mais c’est vrai.» Et tant pis si la maire du VIIe arrondissement a affirmé le contraire devant les élus de son groupe Changer Paris. Le chef de l’Etat se dit seulement ouvert à un changement du mode de scrutin dans les villes de Paris-Lyon-Marseille. Sur les chaises où patiente le gouvernement, Dati a bu ses paroles. Par Victor Boiteau
Loi immigration ? Dans Libé des immigrés et leurs descendants accusent le Président d’avoir orchestré un débat qui les stigmatise. Emmanuel Macron a-t-il mesuré les conséquences de la loi immigration ? «Cher Emmanuel, […] tu as perdu la mémoire en nous trahissant», tançait il y a quelques jours le journaliste et écrivain Nadir Dendoune dans Libé. Le texte, qui intervient après «quarante ans de saturation de l’espace politique et médiatique par le thème de l’immigration», fait des immigrés et de leurs descendants des boucs émissaires faciles : «Après le climat nauséabond du débat […], nous sommes renvoyés à notre couleur de peau», écrit un collectif. Signe de la droitisation du débat politique : «Depuis quelques jours, je ne peux plus m’empêcher de penser qu’en votant un texte dont Marine Le Pen revendique la tutelle idéologique, Emmanuel Macron et les siens ont durablement annihilé ce qui distingue les républicains de ceux qui ne le sont pas», explique le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, qui se demande comment le Président peut défendre en même temps une telle loi et la panthéonisation des époux Manouchian, autre sujet sur lequel le chef de l’Etat s’exprimera peut-être.
Macron nie tout «conflit» entre école privée et publique. Alors que sa nouvelle ministre de l’ducation Amélie Oudéa-Castéra s’est pris les pieds dans le tapis dès le lendemain de sa nomination, en déclenchant une polémique sur la scolarisation de ses enfants dans l’établissement privé Stanislas, et continue de s’embourber depuis une semaine, Emmanuel Macron a récusé tout «conflit» entre école privée et école publique. «Moi, je suis un enfant des deux écoles, comme disent les grands auteurs. J’ai été à la laïque et à l’école privée sous contrat, j’y ai vu des professeurs engagés à qui je dois beaucoup», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse, en assurant que «la République est forte de ces deux systèmes», refusant de «juger les gens sur leurs choix individuels».
Le RN, c’est mal parce que c’est l’extrême gauche. C’est en substance le propos d’Emmanuel Macron, invité à commenter l’essor du parti lepéniste sous sa propre présidence. «C’est le parti de l’appauvrissement collectif […] le parti du programme qu’il a complètement piqué à l’extrême gauche», s’est emporté le chef de l’Etat, citant les propositions du RN «sur le plan économique et social», notamment en matière de retraite – Marine Le Pen défendait une retraite à 60 ou 62 ans selon les cas lors de la dernière présidentielle. C’est peu ou prou la ligne de la droite, qui reproche essentiellement au RN son programme économique et son insuffisance technique. Pas un mot de Macron, en revanche, sur le caractère xénophobe du parti, sur les mots et les actes racistes reprochés à certains de ses cadres, sur ses liens avec des groupes d’extrême droite radicale… On est très loin des termes de Jacques Chirac, en 2007, qui implorait les Français de «ne composer jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre». Par Dominique Albertini
Les baisses d’impôts à nouveau confirmées pour plus tard. Les deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes que le président de la République avait annoncée il y a près de neuf mois à un 20 heures de TF1 devrait – enfin – finir par voir le jour. L’année prochaine. Il l’a réannoncé ce mardi : «On aura entre autres, dans notre trajectoire financière, deux milliards de baisses d’impôts sur nos compatriotes qui sont dans ces catégories en 2025». Elle était prévue pour cette année avant que Bercy ne temporise par souci de rétablissement des comptes publics, la repoussant en même temps que la suppression totale de la cotisation de la valeur ajoutée (CVAE) pour les entreprises. Le budget pour 2025 devrait être pourtant encore plus compliqué à boucler que celui pour 2024. Pour réaliser des économies, le gouvernement ne pourra en effet plus compter sur la fin des dispositifs exceptionnels pour amortir la hausse des prix de l’énergie. Il devra trouver cette fois au moins 12 milliards d’euros, a rappelé le ministre de l’Economie et des finances Bruno Le Maire en présentant ses vœux aux forces économiques la semaine dernière. Par Anne-Sophie Lechevallier
Vers le SNU pour tous à l’entrée au lycée. «Nous irons vers la généralisation du Service national universel en seconde», a par ailleurs annoncé Emmanuel Macron, précisant que le gouvernement reviendrait sur le sujet «dans les prochaines semaines». Revenant sur les émeutes après la mort du jeune Nahel tué par un policier, il a évoqué «le réengagement» des familles et l’accompagnement des familles monoparentales «pour les aider», plaidant aussi pour «une réponse plus adaptée dans le système scolaire», et «une réponse pénale plus claire». «C’est un ensemble», a-t-il argumenté, ajoutant que «oui, le Service national universel fait partie de la réforme».
Des élèves bientôt en burn-out ? Aux actuels cours de musique et d’arts plastiques vont s’ajouter des cours de théâtre, annonce Emmanuel Macron. L’idée paraît séduisante. Mais concrètement : avec quels profs ? Sur quel volume horaire ? A la place de quels cours ? Car les semaines des élèves ne sont pas extensibles à l’infini. D’autant qu’a déjà été évoquée l’idée d’augmenter d’une demi-heure le temps de cours hebdomadaire des collégiens afin de permettre le doublement des heures d’éducation morale et civique, annoncé l’été dernier. En matière d’éducation, il est souvent question d’ajouter (plantation d’arbres en 6e, trente minutes de sport quotidiennes en primaire…), mais les annonces se font plus discrètes sur ce que cela imposera d’ôter. Par Elsa Maudet
Les limites du «redéploiement du nucléaire» prôné par Macron. «On redéploie du nucléaire et du renouvelable. Il y a six ans personne ne voulait entendre parler du nucléaire. J’ai annoncé les sites des six nouveaux réacteurs». Alors que le Président a une nouvelle fois ce mardi soir affirmé son attachement à l’atome, plusieurs leaders Ecologistes Yannick Jadot, Marine Tondelier, Eric Piolle ou encore Sandra Regol appelaient récemment dans une tribune à Libération la France à ne pas s’enferrer de nouveau dans la dépendance coûteuse et dangereuse à cette énergie : «Monsieur le Président, affirmer que le nucléaire sauvera le climat est un mensonge».
Tribune
Mauvaise nouvelle pour les assurés sociaux. Emmanuel Macron donne son feu vert au doublement des franchises médicales sur chaque boîte de médicament remboursé et acte paramédical (qui passerait de 0,5 à 1 euro) d’une part, mais aussi sans doute puisque dans l’esprit de Bercy, les deux mesures vont de paire, de la participation forfaitaire sur la consultation médicale (qui passerait de 1 à 2 euros). «On consomme trop de médecine, insiste le chef de l’Etat. Mais il n’y a pas d’argent magique […]. Quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour des forfaits téléphoniques, se dire qu’on va passer de 50 centimes à 1 euros sur une boîte de médicament, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible», estime-t-il. Alors même qu’il avait renoncé à inscrire la hausse des franchises dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 de crainte d’essuyer une bronca parlementaire, l’exécutif va donc pouvoir la faire passer par décret. De quoi dégager quelque 800 millions d’euros d’économies sur les 12 milliards que Bruno Le Maire entend trouver. «Cela responsabilise, c’est une bonne mesure», s’autocongratule Macron, pour qui le maintien d’un reste à charge plafonné à 50 euros suffit à protéger les malades en affection longue durée (ALD), ce qui suppose des prescriptions régulières. «On va faire quelque chose de juste, je crois», estime le président, oubliant de préciser qu’avec la hausse des franchises, la totalité des patients en ALD, plus représentés dans les couches sociales défavorisées, en seront de leur poche de 50 euros au titre de l’achat de médicament et 50 autres euros au titre des consultations médicales. Juste, vraiment ? Par Nathalie Raulin
Macron brouillé sur les écrans. Dans son propos liminaire, Emmanuel Macron a annoncé avoir réuni des experts il y a une semaine à l’Elysée, afin de préparer des mesures pour «déterminer le bon usage des écrans» pour les plus jeunes. À partir de quel âge ? De quelle façon ? En association avec les opérations téléphoniques ? Si, comme le journaliste qui a posé la question, vous auriez aimé avoir des précisions sur ce qui ressemble vaguement à une annonce au milieu d’un océan de mesures déjà connues, tant pis pour vous. Après un long laïus, destiné, semble-t-il, à gagner du temps, le président a fini par admettre : «A quel âge faut-il les interdire ? Moi je ne peux pas vous répondre aujourd’hui». «Il y aura peut-être des interdictions, peut-être des restrictions», dit-il aussi. Ou peut être pas. Par Lucie Alexandre
Derrière les coups de menton sur les absences des profs. A l’école, le Président se félicite d’avoir pris à bras-le-corps le problème des absences de moins de quinze jours non remplacées. Comment ? D’abord en décidant de déplacer la totalité des formations des enseignants hors du temps de classe. Or, la Cour des comptes signalait, fin 2021, que la formation continue expliquait 7,86 % des demi-journées d’absences en 2017-2018. Loin derrière les congés maladie et maternité. Son autre solution, le «remplacement de courte durée», est séduisante sur le plan de la communication, moins dans la réalité. Car si un professeur de physique-chimie est absent, les élèves pourront se retrouver avec un cours d’histoire-géo à la place. Ça fait plaisir aux parents, mais au bout du compte, l’élève aura toujours une heure de physique en moins. Rappelons enfin que les enseignants sont moins absents que les autres travailleurs, du public comme du privé. Par Elsa Maudet