En résumé :
- Après sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale ce mardi 14 janvier, François Bayrou a déroulé son discours au Sénat ce mercredi. La veille, dans un discours de plus d’une heure trente, il a renvoyé la question des retraites à une conférence sociale, pris la défense des agriculteurs, maintenu l’ambition nucléaire du gouvernement pour accompagner la transition écologique et revu à la baisse les prévisions de croissance.
- La présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a déposé ce mardi une motion de censure contre le gouvernement, signée par 57 autres députés, issus de ses rangs mais aussi des groupes communiste et écologiste. Avec une question centrale : la motion, examinée jeudi 16 janvier, sera-t-elle votée par le PS ? Le parti socialiste, visiblement peu convaincu par les précisions du Premier ministre, s’est réuni jeudi à la mi-journée, sans aboutir à une position commune.
- Matignon a confirmé la tenue d’une réunion avec les partenaires sociaux vendredi, pour lancer les négociations autour d’une alternative à la réforme des retraites. François Bayrou a assuré devant les parlementaires qu’un accord complet serait traduit dans la loi, que des accords partiels seraient débattus au Parlement. Et qu’en cas d’échec, «nous resterons au texte antérieur».
Bayrou aussi «prêt» à lâcher du lest sur l’éducation. Tout pour éviter la censure. La pression monte du côté de Matignon, alors que la position des socialistes n’est toujours pas claire sur la motion qui sera débattue demain dans l’Hémicycle. Ainsi, en réponse au chef de file des sénateurs PS, François Bayrou s’est dit «prêt à renoncer» à la suppression envisagée par son prédécesseur de 4 000 postes dans l’Education nationale. Tout en soulignant qu’il y avait «un gros travail à faire sur l’attractivité» car «les postes que nous mettons au concours, nous n’arrivons pas à les remplir».
Les socialistes se réuniront jeudi à midi. Votera ou votera pas la censure ? Le Parti socialiste oscille toujours et se réunira demain à 12 heures. Juste avant l’examen de la motion de censure déposée par les autres membres du Front populaire. Car le Premier ministre n’a pas convaincu lors de son discours de politique générale hier, ni aujourd’hui lors de ses précisions devant le Sénat ou pendant les questions au gouvernement. Pourtant, comme l’a rappelé Olivier Faure dans l’Hémicycle cet après-midi, la question des retraites «conditionne» la réponse de son parti à la motion de censure qui sera débattue jeudi. On comprend donc que la position n’est pas encore décidée dans le parti à la rose. Et qu’elle ne devrait pas l’être d’ici demain midi.
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Le chef des sénateurs centristes appelle au «dialogue avec la gauche républicaine». Pour ne plus «dépendre du RN», Hervé Marseille, le patron de l’Union centriste au Sénat, appelle à son tour à ouvrir le «dialogue avec la gauche républicaine». «C’est avec [eux] qu’il nous faut dialoguer pour trouver des compromis.» Et ainsi régler les questions les plus prioritaires, selon lui : «donner un budget» à la France, «annexer le barème des impôts sur le revenu», ou encore «reconstruire Mayotte et plus largement aider les [départements] d’Outre-mer.»
Sur les retraites, «le compte n’est y pas» non plus pour Olivier Faure. Même éléments de langage chez les socialistes au Sénat et à l’Assemblée. La réponse est la même sur les propositions de François Bayrou sur la réforme des retraites et la réunion qui doit se tenir vendredi entre les représentants syndicaux et patronaux à Matignon. Comme Patrick Kanner, le chef de file PS au Sénat, le premier secrétaire du patri appelle à un vote au Parlement si les partenaires sociaux ne parviennent pas à un accord. «Pour nous, le statu quo n’est pas possible», a insisté Olivier Faure dans l’Hémicycle. «Le compte n’y est pas», pointe-t-il, utilisant la même la formule que le sénateur socialiste. Avant de rappeler que «cette question conditionne[ra] notre réponse demain à la motion de censure.»
Les sénateurs socialistes pas convaincus par la position de Bayrou sur les retraites. Les précisions du Premier ministre au Sénat n’ont visiblement pas permis de trancher la position du PS. «Le compte n’y est pas», a lancé Patrick Kanner, chef des sénateurs socialistes, après la prise de parole de François Bayrou. «Sur la méthode, oui il faut replacer les partenaires sociaux au centre des discussions», a-t-il concédé, référence à la réunion qui se tiendra vendredi à Matignon. Mais s’ils «ne parvenaient pas à un accord [...] il serait intolérable de revenir à la réforme de 2023. Le Parlement devra impérativement avoir le dernier mot et débattre de toutes les options mises sur la table, en particulier l’âge légal de départ et la durée de cotisation.»
“Je suis fier d’appartenir à une famille politique qui n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir des progrès pour ses concitoyens”, affirme @PatrickKanner (PS) qui appelle à remettre en cause la réforme des retraites, même sans accord entre les partenaires sociaux. pic.twitter.com/RZR2rIU7cb
— Public Sénat (@publicsenat) January 15, 2025
Pour les sénateurs LR, «ni rejet a priori, ni soutien inconditionnel». Les Républicains «jugeront sur pièces.» Après le discours de François Bayrou, le président du groupe LR au Sénat a rappelé la position qu’entend tenir son parti : «ni rejet a priori, ni soutien inconditionnel». «Seules des réponses efficaces aux grandes priorités que nous défendons sauront nous convaincre», prévient Mathieu Darnaud. Il se défend d’avoir des «lignes rouges», plutôt des «convictions». Et notamment, surtout pas de hausses d’impôts.
Les précisions de Bayrou sur la réforme des retraites. Dans son discours au Sénat, mercredi après-midi, le Premier ministre apporte des précisions sur sa DPG de la veille, qui avait plongé les socialistes dans la confusion s’agissant de sa position sur l’avenir de la réforme des retraites votée en 2023. Croyant «probable» que les partenaires sociaux, qu’il réunira vendredi à Matignon, «trouvent des voies d’amélioration du texte», il assure qu’un accord complet sur la réforme sera traduit dans la loi. En cas d’échec, «nous resterons au texte antérieur», prévient le Béarnais, qui répond au passage aux critiques sur le Medef : «J’ai en tête que certains courants politiques disent que les organisations patronales voudront faire échouer ces négociations. Je ne le crois pas.» Et de conclure en ouvrant la voie à une solution médiane : «Si on se trouvait avec une négociation et des discussions qui débouchent non sur un accord complet mais des accords partiels, nous les reprendrions dans des textes que nous soumettrons à l’Assemblée nationale et au Sénat.»
Pendant ce temps-là, au Sénat. Après avoir assisté à une partie des questions au gouvernement à l’Assemblée, François Bayrou s’adresse depuis quelques minutes aux sénateurs, à qui il déclame sa déclaration de politique générale.
Confusion au PS. Si François Bayrou pensait convaincre illico les socialistes de ne pas voter la censure en avançant un troisième scénario sur les négociations sur la retraite, c’est raté. La proposition du Premier ministre semble plutôt avoir ajouté du flou à la situation. «C’est dur à comprendre et pas ce qu’on demandait», souffle un élu à Libé. «On est loin de la clarté jospiniste que j’ai connu dans ma jeunesse», abonde le député Laurent Baumel reconnaissant ne pas avoir compris ce que voulait dit le Béarnais. Par Sacha Nelken
S’il y a des «progrès» entre partenaires sociaux mais pas d’«accord général» sur les retraites, un texte sera soumis au Parlement, promet Bayrou. S’il y a des «progrès» entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites mais pas d’«accord général», un texte sera soumis au Parlement, a promis François Bayrou, répondant au patron du PS Olivier Faure qui veut que le Parlement soit saisi même en cas de désaccord. «Il est peut-être probable qu’il se produise une situation dans laquelle des marges de progression, de mouvement, de changement, d’adaptation auront été identifiées sans qu’il y ait un accord général. Si c’est le cas, nous proposerons un texte qui reprendra ces adaptations et ces progrès et nous le soumettrons à l’Assemblée», a affirmé le Premier ministre devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement.
C’est parti pour les QAG, en attendant le discours de François Bayrou au Sénat. Le Premier ministre, François Bayrou, ainsi que les autres membres du gouvernement sont actuellement à l’Assemblée nationale pour une séance de questions au gouvernement attendue. Dans la foulée, François Bayrou donnera un discours au Sénat avec pour objectif de rassurer les Socialistes sur la question de la réforme des retraites.
A gauche, la partition délicate du PS. Vous ne comprenez pas grand chose aux tiraillements du PS ? Aux concessions «remarquables» finalement accordées par le gouvernement ? Abandon de la suppression de 4 000 postes d’enseignants, création de 2 000 postes d’AESH, des baisses d’économies pour les collectivités locales, taxe sur le patrimoine, conférence sociale sur les retraites… les socialistes ne pensaient pas avoir échangé leur non-censure pour un plat de lentilles. Mais le discours de François Bayrou les a refroidis, y compris sur les retraites. Les explications juste ici.
Censure ou non-censure ? Le discours de politique générale à l’Assemblée nationale ayant suscité un bien pauvre enthousiasme dans les rangs socialistes, celui au Sénat va-t-il remettre les pendules à l’heure ? Le Premier ministre entend en tout cas que sa déclaration à la Chambre haute, ce mercredi à 15 heures, ait l’effet de «rassurer» les socialistes, a annoncé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas qui a assuré, en sortie du conseil des ministres, qu’il apporterait des «précisions» sur les modalités de la nouvelle discussion sur les retraites. Dans son compte-rendu, la porte-parole a également fait savoir que «sans accord entre partenaires sociaux, la réforme [Borne] continuerait à s’appliquer. «Je crois que la réponse à la question posée par Olivier Faure est claire, a commenté sur X le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard, remettant la pression sur la nécessité pour le PS de marquer leur opposition au gouvernement. Jeudi, tous les parlementaires du NFP doivent censurer le gouvernement.»
Conférence sociale sur les retraites. Fin de l’embrouillamini. La réunion avec les partenaires sociaux destinée à entamer les discussions pour une alternative à la réforme des retraites menée par le gouvernement Borne aura finalement bien lieu à 11 heures ce vendredi, fait savoir une source proche du gouvernement. Elle sera présidée par le Premier ministre.
Le PS doit trancher sa position sur la censure cet après-midi. Censurer ou ne pas censurer ? La question qui taraude encore les socialistes devrait être tranchée cet après-midi. Après la séance de questions au gouvernement, les députés roses se retrouveront pour une réunion de groupe avec l’objectif d’arrêter une position. «Il faut qu’on ait une position commune, insiste un élu. C’est une priorité car si on apparaît divisés, on envoie le signal au gouvernement et à Jean-Luc Mélenchon qu’ils peuvent faire le courses chez nous.» En cas d’absence de consensus, l’histoire pourrait se régler par un vote. Par Sacha Nelken
Conférence sociale sur les retraites. Les partenaires sociaux se réuniront-ils vendredi ? Dans un message consulté par Libération, le ministère du Travail et de la Santé précise que Matignon donnera dans la journée des précisions sur le premier couac calendaire du gouvernement Bayrou. La précision semble nécessaire : contactée par Libé, la CFDT ne comprenait pas davantage si le vendredi était la date de la réunion ou la date d’envoi du courrier aux partenaires sociaux.
Au programme cet après-midi. Après la DPG c’est encore la DPG. Le Premier ministre François Bayrou ne chômera pas cet après-midi, puisqu’il est attendu au Sénat pour y prononcer sa déclaration de politique générale, à 15 heures. Une déclaration qui sera suivie, comme à l’Assemblée la veille, de discours de chaque président des groupes qui constituent la Chambre haute. Auparavant, le Premier ministre assistera aux questions au gouvernement à l’Assemblée, à 14 heures. Deux débats sont prévus : le premier sur le bilan pour les agriculteurs, un an après leur mobilisation ; le second sur la souveraineté européenne après l’élection de Donald Trump. Reprise des débats à 21h30, cette fois sur la santé mentale des jeunes.
La bagarre. «Les Insoumis, je les respecte. Je respecte toutes les forces politiques sauf le Rassemblement national. C’est ma position. Je ne respecte pas ceux – pas tous, heureusement – qui portent des discours de haine et d’exclusion de l’autre. C’est pas ma tasse de thé.» Invité de BFM mardi soir, le nouveau ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen a relevé le gant face à Jordan Bardella, lequel y a vu une marque de mépris pour les «11 millions de Français électeurs du Rassemblement national». Réponse pas gênée de l’ancien socialiste sur X : «Je respecte chaque Français. En revanche, je ne respecte pas les idées du RN. Je les combats.»
Les calculs sont pas bons. Il y en a un qui a écouté, mardi 14 janvier, la déclaration de politique générale de François Bayrou avec attention. Et il n’est pas content. «Surpris par l’imprécision et l’inexactitude» des affirmations du Premier ministre concernant l’augmentation de la dette sous son gouvernement, Lionel Jospin tient à faire savoir à Libération que, pendant ses 5 années à Matignon, le déficit des finances publiques est passé au-dessous de 3 % et que le poids de la dette a diminué (en % du PIB). A lire dans Chez Pol
La méthode Coué de François Bayrou sur les retraites. Le Premier ministre s’est dit «persuadé» que les partenaires sociaux vont arriver à un accord sur les retraites, et donc qu’il y aura une loi à voter à l’issue comme le réclament les socialistes, a appris l’AFP dans l’entourage du locataire de Matignon ce mercredi. «A l’issue des travaux du conclave, on est persuadés qu’ils vont y arriver et donc il y aura à légiférer», a poursuivi la rue de Varenne. Les socialistes ont cependant demandé, comme prix de leur non-censure du gouvernement, que le Parlement soit saisi même en cas d’échec des négociations sociales.