En résumé :
- Ce mardi midi, le président des Républicains, Eric Ciotti, a annoncé souhaiter une alliance avec le Rassemblement national. Peu après, le chef des députés LR, Olivier Marleix, a estimé qu’Eric Ciotti «n’engage que lui» et «doit quitter la présidence de LR». Au 20 heures de France 2, Jordan Bardella a annoncé que le RN investira «des dizaines de candidats LR, dont des (députés) sortants».
- Les partis de gauche, les Ecologistes, les insoumis, le Parti communiste et le PS, Place Publique et Générations se sont mis d’accord lundi soir sur le principe d’un «nouveau Front populaire» et des «candidatures uniques dès le premier tour» sous l’ovation de centaines de jeunes venus sous les fenêtres du parti les Ecologistes à Paris où se tenaient les négociations.
- La conférence de presse d’Emmanuel Macron, initialement prévue ce mardi après-midi, se tiendra finalement demain, mercredi après-midi. Gabriel Attal sera, lui, au 20 heures de TF1, ce mardi soir.
- Retrouvez l’essentiel de l’actualité du lundi 10 juin sur la dissolution de l’Assemblée nationale et les prochaines élections législatives dans notre direct de la journée.
Place de la République : «Le barrage contre l’extrême droite reste crucial.» Un petit groupe de drapeaux verts se distingue dans la masse. Parmi ces militants des Jeunes écologistes, Antoine, élève ingénieur, se désole : «Déjà que Macron n’a pas fait grand chose de concret pour le climat, si l’extrême droite passe, on peut être sûr que leurs ministres niqueraient le peu de politiques publiques élaborées sur le sujet… Alors que la France doit être un modèle pour la transition écologique.» Si l’écolo ne se reconnaît pas dans les Insoumis, il ne voit pas d’autres solutions que l’union avec eux : «Le barrage contre l’extrême droite reste crucial.» Dans le même temps, la foule commence à disperser dans le calme. Reste seulement un petit noyau de manifestants qui reprend les slogans lancés par un groupe dominant la foule depuis les hauteurs de la statue de la République. Les forces de l’ordre observent le ballet militant de loin. Plus la foule s’éloigne, plus elle laisse apparaître les graffitis sur le monument. On y lit : «Police nationale, milice du capital», «Free Gaza», et le désormais inévitable «Merdella casse-toi». Par Margot Mac Elhone et Flavia Stabile
Deux recours déposés devant le Conseil Constitutionnel. Et de trois. Après celui de LFI, deux autres recours ont été déposés mardi devant le Conseil Constitutionnel contre le décret organisant le scrutin des élections législatives et La France Insoumise a annoncé en déposer prochainement un troisième, protestant «contre le gel des listes électorales». «Ce qui est reproché, ce sont des problématiques de délai qui vont rendre les élections trop courtes», explique Jean-Baptiste Soufron, membre de l’Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico), portant le premier recours. La loi dispose que la dissolution de l’Assemblée nationale et le premier tour du scrutin doivent être séparés de 20 jours minimum. En l’état, le premier tour doit se tenir le 30 juin en France métropolitaine. La dissolution, elle, a été effective le 9 juin. Or, un vote anticipé est prévu dans certaines circonscriptions, notamment en Outre-Mer et à l’étranger. Ces scrutins ne respecteraient donc pas les 20 jours de délai. «Le choix d’organiser le premier tour le dimanche 30 juin porte gravement atteinte à la sincérité du scrutin», établit le recours de l’Adelico. Le deuxième recours, déposé par Olivier Taoumi, porte sur le même décret.
Place de la République : «La situation est trop grave pour s’abstenir. Je n’ai jamais vu ça de mon vivant.» A Paris, place de la République. Institutrice à la retraite, Marie embrasse du regard la jeune foule qui occupe la place. «La situation dans laquelle on est là, on peut dire que notre bon président l’a bien préparée ! Alors, si on n’a pas une gauche unie, on est fichus», soupire-t-elle. Avant d’ajouter : «Encore plus vous que moi car vous êtes jeunes !» C’est son combat : inciter la jeunesse à voter. «La situation est trop grave pour s’abstenir. Je n’ai jamais vu ça de mon vivant, l’extrême droite aux portes du pouvoir.» Par Margot Mac Elhone et Flavia Stabile
Darmanin veut laisser le champ libre aux LR opposés à l’alliance avec le RN. Le ministre de l’Intérieur a proposé mardi de ne pas investir de candidats Renaissance face aux députés LR qui refusent l’alliance avec le Rassemblement national défendue par Eric Ciotti. «Quiconque refuse chez les députés LR l’ignoble contrat qu’a signé M. Ciotti (...) ne devrait pas avoir de candidat de notre famille politique contre eux», a lancé Gérald Darmanin lors du lancement de sa campagne aux élections législatives à Halluin (Nord). «On ne leur demande pas de rejoindre la majorité présidentielle» et «je ne demande rien en échange», a-t-il ajouté. «On doit les aider. Et ils garderont leur indépendance d’esprit.»
Reportage
«LA HONTE» : c’est la une de Libé ce mercredi.
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Place de la République : «Ma pancarte est bancale, comme le programme du RN.» Lycéens, Gabriel et Oriol, 16 ans, ne sont pas encore en âge de voter, mais veulent apporter leur pierre à l’union des gauches. L’un tient une pancarte ironique : «Ma pancarte est bancale, comme le programme du RN.» L’autre : «Meurice licencié, le RN déjà au pouvoir», en référence au licenciement de l’humoriste de France Inter pour ce que le duo voit comme une «blague légale». Hyper politisés, ces ados se muent en analystes lorsqu’on évoque le cas d’Eric Ciotti, qui souhaite une alliance entre les Républicains et le RN : «C’est flippant : historiquement, les Républicains, c’était la droite gaulliste alors que le RN, par définition, n’est pas républicain ! Mais bon, Ciotti était déjà plus proche du RN que de son propre parti...» En fond sonore, une fanfare entame «La Portugaise», hymne lusitanien à la fraternité cher aux républicains - mais pas dans le sens où l’entend Ciotti. Par Margot Mac Elhone et Flavia Stabile
Bruno Le Maire estime qu’une «crise de la dette» est possible si le RN applique son programme. Le ministre de l’Economie tenait une réunion de lancement de la campagne électorale à Pacy-sur-Eure ce mardi, dans son ancien fief électoral de l’Eure. «Jamais» depuis 2017, date de l’arrivée de Bruno Le Maire à son poste, hormis pendant la pandémie de Covid, «nous n’avions vu bondir l’écart de taux (d’emprunt, ndlr) entre la France et l’Allemagne aussi brutalement. Si le RN applique son programme, une crise de la dette est possible en France», s’est notamment inquiété Bruno Le Maire.
Xavier Bertrand exige l’exclusion de Ciotti et un vote des militants. Le président de la région des Hauts-de-France était ce mardi soir l’invité de TF1. Il a estimé que la proposition d’alliance entre les Républicains et le RN formulée par Eric Ciotti ce midi relève de la «trahison». Selon Xavier Bertrand, le président de son parti a fait le choix de la «collaboration». Il appelle à la démission d’Eric Ciotti et à son exclusion des Républicains, ainsi que pour tout autre cacique du parti qui serait tenté de faire de même, «les choses ne [pouvant] pas rester en l’état ce soir». L’ancien ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy a par ailleurs formulé le souhait d’un vote sur l’assentiment des militants LR au regard de la proposition d’Eric Ciotti. «L’avenir de la droite républicaine implique de rester fidèle à nos valeurs», a déclaré Xavier Bertrand. Selon lui, les députés Républicains n’avaient pas à être les «supplétifs» du Rassemblement National.
Place de la République à Paris : «Tout le monde déteste les fachos !» Dans la jungle des pancartes, une affiche détonne : on y voit Vincent Bolloré entouré de figures médiatiques et d’invités récurrents de ses chaînes, à l’instar de Cyril Hanouna, Pascal Praud et Meyer Habib caricaturés façon Trois Petits Cochons. Emanuele, étudiant en école d’ingénieur, la brandit fièrement : «C’est ma façon de dénoncer l’unilatéralité des médias de Bolloré. Si je ne le fais pas ici, je ne sais pas où le faire...» A ses côtés, Nour, étudiante en communication culturelle, explique qu’elle a fait le tri dans ses amis et ses abonnements sur les réseaux sociaux depuis quelques jours : «Je suis Rebeu, alors, si tu votes RN, c’est fini. Je préfère perdre des amis qu’accepter ça.» Elle se dit très inquiète par la perspective de l’«union des droites» rêvée par Ciotti, tandis qu’Emanuele se dit «pas choqué, même si toujours déçu», car il voyait ce processus se dessiner. Autour d’eux, les slogans, pas forcément sophistiqués, fusent - de «Nique Macron !» à «Merdella, casse-toi !», pendant que la foule reprend «tout le monde déteste les fachos !». Par Margot Mac Elhone et Flavia Stabile
Pour Renaud Muselier, Ciotti est «un parjure» et «un traitre». Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur - ancien LR - estime que le président des Républicains a choisi de proposer une alliance LR/RN dans le but de conserver sa circonscription de Nice à l’issue des législatives.
Eric Zemmour ne sera pas candidat aux législatives. Le président du parti d’extrême droite Reconquête! a déclaré ne pas vouloir «faire barrage» au député RN sortant Philippe Lottiaux dans sa circonscription du Var.
Gabriel Attal : «C’est moi qui mènerai cette campagne» pour la majorité. Constat du Premier ministre ce mardi soir au 20 Heures de TF1 après la dissolution de l’Assemblée nationale. «Tous les députés se remettent en campagne.» Et pas que. Il l’assure : «C’est moi qui mènerai cette campagne» pour la majorité. S’il concède que le choix d’Emmanuel Macron est «une décision qui est lourde», il la défend : «Elle a été prise parce que notre mandat, c’est d’agir». Attal invoque un «risque de blocage» qu’il fallait «éviter» après la défaite aux européennes, qui est «la deuxième raison» qui a entraîné la dissolution. Le Premier ministre affirme que le «Président [voulait] redonner la parole aux Français». Le Premier ministre, bel et bien en campagne, n’oublie pas de taper sur l’opposition. Le «bloc RN», lui, est synonyme de la «ruine du pays». Il y a aussi «le bloc de l’extrême gauche» qui n’est que «chaos», «violence». «Et puis il y a nous», à savoir la majorité. Et de dérouler ses «priorités»: «Les grands services publics que sont la santé, l’école, le pouvoir d’achat et l’emploi, l’écologie.»
A République, la manifestation prend doucement forme. On converge vers l’emblématique statue, où un drapeau palestinien cohabite avec l’étendard des écologistes. Un petit groupe se dessine autour d’un drapeau mauve de la France Insoumise à quelques mètres. Aaricia, 24 ans, un bob rouge sur la tête et une bière à la main, se distingue par ses chaussettes colorées. Membre d’une association d’éducation populaire, elle voit dans sa présence, et celle de ceux qui l’entourent, le début de «quelque chose» : «une putain d’alliance de la gauche… On ne veut pas du RN !» Thomas, 30 ans, collaborateur d’élus en reconversion, drapeau de la Nupes à la main, explique : «Ciotti, c’est la théorie de l’union de droite qui se concrétise. Voilà pourquoi il faut être ici ce soir.» Aaricia renchérit : «C’est frustrant parce que le RN, c’est vraiment «la couillonnade des pauvres» comme le disaient les Pinçon-Charlot. Mais c’est difficile de le faire comprendre aux gens.» Elle se fait soudain nostalgique, dans un éclat de rire : «J’ai écouté du Diams (autrice de fameuses rimes anti-Sarkozy, ndlr) en arrivant sur mon vélo, ça semble loin cette époque.» A côté, des voix s’élèvent, le chant «Paris, Paris, antifa !» retentit et la foule rejoint la clameur en tapant dans leurs mains. Par Margot Mac Elhone et Flavia Stabile
«Les prises de position d’Eric Zemmour (...) ont rendu les conditions d’un accord» avec Reconquête «caduques», estime Bardella. Questionné sur la perspective d’une union - avortée depuis selon Marion Maréchal - avec Reconquête !, laquelle dénonce «un revirement» de la part de Bardella, ce dernier confirme avoir «discuté» avec l’eurodéputée zemmouriste. Discussions qui n’ont effectivement «pas abouti». Bardella s’explique : «Il faut de la confiance, hors j’estime que les prises de position d’Eric Zemmour tout au long de la campagne européenne, que les invectives qu’il a multipliées à l’égard du Rassemblement National et les positions parfois très excessives qu’il peut prendre ont rendu les conditions d’un accord caduques.»
«Plusieurs dizaines» de députés LR «sortants ou investis» qui seront soutenus par le RN, selon Bardella. «Je vous confirme ce soir qu’il y aura un accord dans ces législatives entre le RN et LR», assure le chef de file RN sur France 2. Jordan Bardella précise qu’il y aura «plusieurs dizaines» de députés LR «sortants ou investis» qui seront soutenus par le RN, confirme Jordan Bardella sur France 2. «Il y a des divergences de sensibilité qui peuvent exister sur beaucoup de sujets», admet Bardella. «Mais ma priorité comme chef du gouvernement sera de traiter l’urgence : le pouvoir d’achat, la réforme des retraites viendra dans un second temps», souligne celui qui ambitionne de devenir Premier ministre.
Ciotti, «c’est quelqu’un qui a de l’honneur, qui ne pourra pas rester», estime David Lisnard. Invité au 20 heures de France 2, le maire LR de Cannes est revenu sur ce coup de tonnerre provoqué par Eric Ciotti. «On a appris la rumeur quelques minutes avant» l’annonce de Ciotti. «C’est une décision qui lui est personnelle. (…) Je le connais, c’est quelqu’un qui a de l’honneur, qui ne pourra pas rester», estime le maire LR de Cannes. Pour sortir de cette «spirale infernale» il faut de la «constance» ajoute-t-il. Selon lui, la solution «n’est pas dans la macronie», ni dans l’extrême gauche «avec des gens qui sont pour le chaos», ni le RN qui «propose la retraite à 60 ans, c’est-à-dire une surdépense de 45 milliards, c’est quatre fois le budget de la justice».
«Je ne sais pas si Macron a pensé à toute l’organisation que cela engendre pour les maires.» Pénurie d’assesseurs, absence des salariés de mairie, locaux non disponibles pour servir de bureau de vote… Les maires des communes rurales s’inquiètent de l’organisation des législatives anticipées en un temps si resserré et en pleine période estivale.
Scrutin
Catherine Vautrin fulmine contre Ciotti. La ministre du Travail Catherine Vautrin - ancienne élue LR - a estimé sur FranceInfo ce mardi soir qu’Eric Ciotti «est en train de tuer ce qu’il restait des Républicains». «C’est une digue énorme qui vient de sauter. Franchement, c’est dramatique d’en arriver là», a-t-elle ajouté au micro.
L’alliance potentielle LR-RN ? Un «tremblement de terre (...) prévisible depuis longtemps», dit François Bayrou. C’est ce qu’a déclaré ce mardi soir sur BFMTV le haut-commissaire au plan. Bayrou juge en outre qu’il n’y a que trois choix pour ces élections législatives : celui de l’extrême droite, celui de l’extrême gauche et celui du centrisme.
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— BFMTV (@BFMTV) June 11, 2024
"C'est un tremblement de terre": François Bayrou réagit à la proposition d'alliance LR-RNhttps://t.co/leapXSuPyT pic.twitter.com/LB8p1tR15Z
Gel des listes électorales : LFI dépose un recours au Conseil constitutionnel. Les personnes non inscrites sur les listes électorales avant le 10 juin, date de publication du décret présidentiel, ne pourront pas voter lors des élections législatives anticipées, a indiqué mardi le ministère de l’Intérieur. Cette décision est «un grave problème démocratique alors que notre pays compte 11 millions de gens non et mal-inscrits sur les listes électorales. Principalement des jeunes et des précaires», s’émeuvent les insoumis, qui annoncent avoir saisi la plus haute juridiction française. «Ce gel des listes électorales est aussi dangereux. Emmanuel Macron prive ainsi des millions de personnes de leur droit de vote alors que seule la mobilisation populaire peut battre l’extrême droite.»