En résumé :
- Après avoir repoussé – et raccourci – de vingt-quatre heures son déplacement, le Premier ministre est finalement arrivé à Mamoudzou à 5 h 40, heure locale (3 h 40 à Paris), en compagnie de ses ministres d’Etat Elisabeth Borne (Education nationale) et Manuel Valls (Outre-mer), mais aussi de Valérie Létard (Logement), Yannick Neuder (Santé) et Thani Mohamed Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux).
- Au programme de la journée de François Bayrou : ce matin, visite de l’usine de dessalement de Petite-Terre, suivie de celle du collège de Kaweni 2 à Mamoudzou et de l’hôpital de campagne installé après le cyclone. Puis, en milieu d’après-midi, plusieurs rencontres avec les acteurs économiques, du monde de l’éducation, les forces de sécurité et les élus locaux, ainsi qu’une cérémonie d’hommage au capitaine de gendarmerie Florian Monnier, mort en intervention après le passage du cyclone.
- A l’issue de sa visite, François Bayrou s’est exprimé, à 18 h 30 locales (16 h 30 heure de Paris), au conseil départemental. Il se rendra dans la soirée sur l’île de la Réunion, importante base logistique pour l’aide à Mayotte, située à 1 435 kilomètres, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner la métropole.
Borne tourne le dos à des profs, réactions chez les politiques. Dans une séquence tournée par BFMTV vue déjà plus d’un million de fois sur les réseaux, on voit Elisabeth Borne tourner le dos à des enseignants qui affirment que «dans tous les bidonvilles ici […], personne n’est venu». Une réaction qui suscite de nombreux commentaires. «Quelqu’un pour expliquer à Elisabeth Borne que le le 49.3 ça ne peut marcher qu’à l’Assemblée nationale et pas face a des enseignants en détresse ?» demande ainsi sur X le député NFP Benjamin Lucas quand le député ex-LR du Lot, Aurélien Pradié, affirme que «ce mépris n’est pas un détail. Il est le cœur d’une vision du pays».
Une école incendiée selon Borne. En déplacement à Mayotte avec le Premier ministre, la nouvelle ministre de l’Education dénonce l’incendie d’une «école à Kaweni», près de Mamoudzou. «L’heure est à la reconstruction de nos écoles, pas à leur destruction. Je condamne cet acte avec une extrême fermeté», écrit Elisabeth Borne sur X
Au moment où nous annonçons avec @bayrou le Plan « Mayotte Debout », une école à Kaweni a été incendiée.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) December 30, 2024
Tout mon soutien aux agents, aux enseignants et au maire.
L’heure est à la reconstruction de nos écoles, pas à leur destruction. Je condamne cet acte avec une extrême… pic.twitter.com/hp2D0aFiOs
L’aéroport de Mayotte devrait rouvrir le 1er janvier. Parmi les annonces de François Bayrou, celle de la réouverture de l’aéroport Marcel-Henry, situé en Petite-Terre, qui devrait rouvrir ses pistes aux vols commerciaux dans deux jours. Le Premier ministre a également annoncé la réfection de la tour de contrôle de l’aéroport «pour le rétablissement puis le renforcement du trafic».
Une «intervention de l’armée» pour aider à rétablir l’eau. Point central dans la crise que connaît Mayotte depuis plusieurs années, la question de l’eau est au cœur du plan «Mayotte debout». François Bayrou a annoncé une «intervention de l’armée» pour aider les équipes locales à la réparation des réseaux de distribution. «Avant la fin de la semaine, le volume de production d’eau potable obtenu avant Chido», soit 38 000 m3 par jour, «sera atteint» s’est engagé le Premier ministre. Insuffisant pour l’île, ce volume devrait atteindre 40 000 m³ avant le 30 juin 2025, a ajouté le chef du gouvernement. Les 60 millions d’euros prévus en 2025 par le plan «Eau Mayotte», lancé en septembre, devraient être «sanctuarisés». Une aide qui sera étoffée par le projet de loi, qui devrait être voté au printemps, prévoyant «une deuxième usine de dessalement» et «l’accélération de la création de la troisième retenue collinaire», un projet de retenue d’eau dans le sud de l’île.
Pour rétablir les télécommunications, Bayrou fait appel à Starlink. Afin de rétablir au plus vite un large accès aux télécommunications, le Premier ministre a annoncé dans son plan le déploiement de 200 antennes Starlink, qui permettent d’accéder à Internet via un réseau satellitaire. L’annonce n’est pas tout à fait nouvelle, même si le nombre d’antennes a doublé : il y a quelques jours, la préfecture de Mayotte avait déjà annoncé que 100 antennes de l’entreprise d’Elon Musk avaient été commandées «pour couvrir les points stratégiques du territoire». Les quatorze premières antennes devaient être installées dès ce lundi dans les mairies des communes de Grande-Terre.
Un projet de «loi d’urgence» sera présenté en Conseil des ministres vendredi. La «loi d’urgence» pour la reconstruction de Mayotte sera présentée le 3 janvier en Conseil des ministres, a annoncé François Bayrou, texte qui sera présenté puis débattu au Parlement «sous quinze jours». Alors que le Premier ministre souhaite que l’île soit reconstruite en deux ans, cette loi vise à contourner plusieurs règles d’urbanisme et de fiscalité pour accélérer les travaux. Elle avait été annoncée par Emmanuel Macron le 19 décembre, lors de sa visite de Mayotte, comme ce qui avait pu être mis en place pour la reconstruction de Notre-Dame ou l’organisation des Jeux olympiques. Un projet de «loi programme de refondation» de l’archipel «préparé et conçu avec les élus de Mayotte, sera mis au point dans les trois mois», a ajouté le maire de Pau.
François Bayrou évoque une rentrée dès le 13 janvier pour certains établissements. Lors de la présentation de son plan «Mayotte debout», le Premier ministre a longuement évoqué la question de l’école. En plus d’un volet sécuritaire, François Bayrou a évoqué une rentrée qui «aura lieu selon les modalités adaptées établissement par établissement à partir du 13 janvier». La date du 20 janvier a elle aussi été évoquée, et une priorité devrait être donnée aux élèves «dans les classes ayant un examen final comme le bac, le brevet ou le CAP», a poursuivi François Bayrou. «Une scolarisation temporaire dans l’Hexagone» sera également accessible aux personnes qui le désirent et «des tentes écoles pourront être fournies cette semaine». Pour que les élèves aient des enseignants devant eux, le Premier ministre a également évoqué la possibilité d’appeler en renfort des «enseignants solidaires», notamment en faisant appel à des retraités ou à des étudiants.
«Interdire et empêcher les bidonvilles», fausse bonne idée ? Quelques jours avant les annonces du Premier ministre, les architectes Cyrille Hanappe et Dominique Tessier expliquaient dans une tribune à Libération combien il est illusoire de vouloir raser ces zones. Ce choix gouvernemental, qui pourrait s’avérer aussi cruel et destructeur que la tempête elle-même, est opposé aux méthodes qui ont fait leurs preuves dans plusieurs pays d’Amérique latine : privilégier l’amélioration progressive de l’existant.
Bayrou veut un «plan» mobilisant armée et gendarmerie pour protéger les écoles. François Bayrou a annoncé lundi le lancement d’un «plan vigilance» à Mayotte associant armée et gendarmerie pour «surveiller» les établissements scolaires. «On ne peut pas laisser les écoles, les collèges et les lycées être chaque jour pillés ou pire encore, brûlés, puisque c’est le cas de ce que nous avons vu aujourd’hui», a déclaré le Premier ministre en présentant depuis Mamoudzou des mesures pour reconstruire l’archipel dévasté par le cyclone Chido. Quelques minutes auparavant, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila avait déploré que l’on ait «brûlé une école de la République», transformée depuis quinze jours en centre d’hébergement d’urgence.
L’Etat et les pouvoirs publics locaux s’engagent à «empêcher la reconstruction des bidonvilles», affirme Bayrou. Le Premier ministre a affirmé lors de sa prise de parole que l’Etat et les pouvoir publics locaux s’engageaient à «empêcher la reconstruction des bidonvilles» à Mayotte. François Bayrou a précisé que ces dispositions pourront être «inscrites dans la loi». «L’Etat et les pouvoirs publics locaux s’accordent pour interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles», a déclaré le chef du gouvernement, appelant également à un «recensement général et précis de la population».
Bayrou annonce une aide aux familles mahoraises via des prêts garantis par l’Etat. Le Premier ministre a annoncé dans son plan «Mayotte debout» qu’«un financement par des prêts garantis par l’Etat» serait mis en place à destination des Mahorais. Ces prêts seront «assumés par la Banque des territoires, dans des conditions exceptionnelles réservées aux catastrophes naturelles de grande ampleur comme Chido». «La gravité du sinistre étant analysée, des taux d’intérêt seront bonifiés avec cinq années de différés d’amortissement, c’est-à-dire zéro euro par mois pendant cinq ans, et ensuite vingt-cinq années de remboursement», a-t-il expliqué.
François Bayrou annonce que «l’électricité doit être rétablie dans chaque foyer fin janvier». A l’issue de sa visite ce lundi, le Premier ministre François Bayrou s’est exprimé au conseil départemental, et a annoncé que l’électricité devrait «être rétablie dans chaque foyer» à la fin du mois. Il a évoqué pour cela des «des moyens humains et logistiques considérables», en annonçant «un renfort de 200 agents pour atteindre cet objectif» et l’envoi au total par EDF de «200 groupes électrogènes, une dizaine par commune» pour faire fonctionner les «équipements indispensables».
Cinq millions d’euros de dons récoltés par la Croix-Rouge française. La Croix-Rouge française a déjà reçu cinq millions d’euros de dons de particuliers pour financer une aide d’urgence à Mayotte, a indiqué ce lundi 30 décembre son président Philippe Da Costa. «Nous avons pu mobiliser depuis 15 jours près de trois millions d’euros d’achats de matériel», a-t-il dit sur franceinfo. Sur place, la Croix-Rouge française se consacre en priorité à «améliorer l’accès à l’eau potable», «renforcer la prévention sanitaire et l’accès aux soins», «surveiller les épidémies et évaluer les besoins en santé» et «renforcer l’approvisionnement en produits de santé essentiels», a indiqué l’organisation à l’AFP. Trois unités de traitement d’eau ont été installées, permettant de fournir chacune jusqu’à 40 000 litres d’eau par jour, et seront opérationnelles d’ici à 48 heures, a-t-elle précisé.
Une ministre de l’Education nationale dans l’évitement. Dans une séquence tournée par BFMTV, Elisabeth Borne est interpellée par deux professeurs à Kaweni, dans le nord-est de Mayotte. Evoquant le sujet des secours sur place, un premier professeur affirme que «dans tous les bidonvilles ici […], personne n’est venu». «La réalité est qu’il y a eu des distributions», répond l’ancienne Première ministre, reprise immédiatement. «Pour atteindre le point relais, c’est 10 kilomètres aller-retour à pied, en plein cagnard, sans eau et sans nourriture. C’est impossible !» lui rétorque un deuxième professeur. Sourire de Borne, qui tourne le dos et part. «Une honte !» lâchent ses interlocuteurs, sans qu’on ne voie toutefois l’entièreté de la séquence.
"Personne n'est venu" dans les bidonvilles: un professeur interpelle Élisabeth Borne, en visite à Mayotte pic.twitter.com/PsKvfVCSuv
— BFMTV (@BFMTV) December 30, 2024
Bilan. Dévasté par le cyclone Chido, le département où se rend ce lundi et mardi François Bayrou est le théâtre de multiples déplacements d’Etat depuis la catastrophe. Mais depuis plus d’un an, les apparitions et les promesses – pas toujours tenues – se succédaient déjà.
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François Bayrou s’exprimera à 18 h 30 locales. Le Premier ministre, François Bayrou, s’exprimera comme prévu depuis le Conseil départemental de Mayotte à 18 h 30 locales, soit 16 h 30 heure de Paris.
Bruno Retailleau rend hommage au capitaine Florian Monnier. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a rendu hommage au capitaine de gendarmerie Florian Monnier, 50 ans, mort après un malaise alors qu’il était en intervention à Mayotte il y a dix jours. A Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne, le ministre a salué un gendarme «volontaire», «fort» et «vrai», dont la carrière a été «un exemple» d’engagement au service des autres. Il a aussi qualifié le capitaine «d’homme sûr».
Mon capitaine,
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) December 30, 2024
La gendarmerie n'a nul besoin de surhommes, elle a besoin d'hommes sûrs. Vous étiez l'un d'entre eux. Et c'est en hommage à votre engagement que les honneurs militaires vous sont aujourd'hui rendus. pic.twitter.com/XT2Fn994Wd
«Tourisme ministériel». La visite de François Bayrou à Mayotte ne suscite «aucun espoir» pour le président du collectif des citoyens de Mayotte. Qualifiant la visite d’une partie du gouvernement à Mayotte de «tourisme ministériel», Fatihou Ibrahim affirme au micro de france info que le Premier ministre «vient pour essayer de rattraper la bourde qu’il a commise puisque quand Mayotte était en deuil» après le passage du cyclone Chido, «il a préféré aller à Pau» pour assister à un conseil municipal, fustige-t-il.
Près d’un million de litres d’eau distribués. La préfecture de Mayotte affirme que 948 800 litres d’eau ont été distribués dimanche 29 décembre. Par ailleurs, 978 personnes ont été accueillies à l’hôpital de campagne depuis son ouverture le 24 décembre.
#CHIDO | Retrouvez le bilan du jour du rétablissement des besoins vitaux ⬇️ pic.twitter.com/WOHUcFhiHv
— Préfet de Mayotte (@Prefet976) December 29, 2024
Vu de Mayotte.