En résumé :
- Alors que le gouvernement se fait toujours attendre, le Premier ministre a invité les présidents des deux chambres ainsi que les chefs de partis et de groupes parlementaires, hors LFI et RN, à Matignon, jeudi 19 décembre à 14 heures.
- Après trois entretiens avec Emmanuel Macron mardi et mercredi, François Bayrou a continué ses consultations en vue de former son gouvernement. Il a reçu aujourd’hui la présidente du parti radical, Nathalie Delattre, et l’ancien président des Républicains et actuel patron de l’Union des droites pour la République, Eric Ciotti.
- Après une première intervention chahutée à l’Assemblée en raison de son départ à Pau lundi soir pour un conseil municipal plutôt qu’à la réunion de crise consacrée à Mayotte, François Bayrou a annoncé mardi qu’il se rendrait dans le 101e département français, dès que «[s] on gouvernement sera formé».
- Retrouvez toutes les informations de la journée du mardi 17 décembre ici.
Après la dégradation de sa résidence du Loiret, Jean-Luc Mélenchon dénonce une «attaque politique». Dans une note de blog publiée mercredi 18 décembre, Jean-Luc Mélenchon est revenu sur les dégradations dans sa résidence du Loiret, où plusieurs tags et une croix gammée ont été découverts. L’insoumis dénonce : «J’y retrouve le vocabulaire de ces racistes qui attaquent nos prises de position contre le génocide à Gaza. Oui, l’attaque est politique sinon pourquoi ces slogans ?» Par Jérémy Savignac
Gouvernement Bayrou : que sait-on de la liste classée «très confidentiel» circulant sur les réseaux sociaux ? Bruno Retailleau reste à Beauvau, Gérald Darmanin hérite du Quai d’Orsay, Elisabeth Borne s’empare des Armées, et Xavier Bertrand est propulsé à la Santé. A en croire une liste qui circule en ligne depuis mardi 17 décembre, les jeux sont déjà faits pour le futur gouvernement de François Bayrou. Pourtant, le Premier ministre assure que rien n’a encore été décidé et poursuit ses consultations. Par Elsa de la Roche Saint-André
Aux origines de la mansuétude du RN envers Bayrou. Les plus candides y verront l’esprit de Noël. Les moins naïfs, un renvoi d’ascenseur. Marine Le Pen, elle, préfère ironiser sur son «optimisme béat» pour expliquer la déconcertante indulgence dont elle-même et ses ouailles font preuve à l’égard du nouveau Premier ministre. Interrogée dans le Parisien, ce mercredi 18 décembre, sur l’opportunité pour François Bayrou d’avoir présidé lundi le conseil municipal de sa ville de Pau en pleine crise humanitaire à Mayotte, la cheffe de file du Rassemblement national à l’Assemblée refuse de parler de «faute politique». «Je ne veux pas porter de jugements aussi définitifs», répond la clémente députée du Pas-de-Calais, qui dit «comprendre ce qui a pu le pousser à faire ça, l’idée étant de lancer un signal aux Français qu’il reste élu local»… Même si elle reconnaît que «compte tenu de la catastrophe, ça rendait la séquence un peu baroque». Par Nicolas Massol
Sacha Houlié ne s’interdit pas de s’opposer à Bayrou. Est-ce enfin l’heure de l’affranchissement pour l’aile gauche de la macronie ? Son principal représentant, qui ne siège d’ailleurs plus avec le groupe EPR, Sacha Houlié, qui n’avait pas voté la censure de Michel Barnier pourrait se positionner autrement en fonction de la composition du futur gouvernement. Ainsi la présence de Bruno Retailleau à l’Intérieur, qui semble voulue par François Bayrou, serait de nature à le faire basculer : «Si François Bayrou renommait des gens comme Bruno Retailleau et s’il s’engageait à faire à nouveau une loi immigration, alors je serais de nouveau dans l’opposition», a-t-il indiqué sur France Info ce mercredi.
Tondelier juge que Bayrou est «la risée des Français». Invitée de BFM ce mercredi soir, la patronne de Ecologistes Marine Tondelier n’a pas précisé si elle se rendrait à l’invitation de François Bayrou, jeudi après-midi à Matignon, dont elle assure n’avoir pas encore reçu le courrier du Premier ministre. L’élue de Hénin-Beaumont a indiqué devoir consulter les «instances internes» de son parti et ses «partenaires politiques» du Nouveau Front populaire pour entériner sa décision. Elle a toutefois profité de la tribune pour tirer à boulets rouges sur le nouveau Premier ministre, jugeant qu’il était «la risée des Français» après une succession de «faux pas, de fautes politiques». «Il n’est pas crédible», a-t-elle poursuivi, estimant que le centriste était «en train de paver le chemin de sa propre censure».
Ca consulte, ça cafouille. Matignon «dément formellement» une dépêche de l’AFP affirmant que François Bayrou aurait rendu ce mercredi après-midi une «copie» à Emmanuel Macron sur la composition de son gouvernement. En revanche l’entourage du Premier ministre vient de communiquer à la presse une lettre invitant des chefs de partis à une réunion à Matignon ce jeudi à 14 heures. «Avant de proposer au président de la République une composition de gouvernement, je veux vous rencontrer pour vous éclairer et vous entendre sur les orientations que nous devrons suivre», leur écrit-il. Sont conviés «l’ensemble des partis qui ont exercé des responsabilités sous la Ve République. Donc ni RN, ni LFI, ni alliés du RN», précise un conseiller du Premier ministre. Le petit groupe Liot aura son rond de serviette, indique-t-on de même source. Le casting de cette réunion rappelle celle convoquée par Emmanuel Macron à l’Elysée le 10 décembre. En nommant Bayrou vendredi dernier, le Président lui avait demandé d’en organiser une à nouveau sur ce «format Elysée». Le Premier ministre avait préféré recevoir les différentes familles politiques une par une de lundi à ce mercredi. Bayrou se plie donc enfin, avec une petite semaine de retard, au souhait présidentiel : «Quand on vous dit que tout va bien», se réjouit-on à l’Elysée avec une pointe d’ironie. Par Jean-Baptiste Daoulas
Pas invitée, LFI n’apprécie pas le distinguo de Bayrou. Coutumière des non-invitations à Matignon depuis le début de la crise politique qui secoue le pays, la France insoumise n’en est pas moins agacée par le dernier communiqué du centriste, qui ne souhaite pas les recevoir à Matignon dans le cadre de ses consultations - tout comme le RN. Et c’est le député Paul Vannier qui s’y colle dans un message sur X : «Nous n’y serions pas allés, par refus de la grande coalition et par respect pour les électrices et électeurs du NFP, mais il est sidérant de constater qu’un parti ayant eu un secrétaire d’Etat il y a 60 ans est pour Bayrou légitime à gouverner maintenant.»
Bayrou va réunir Braun-Pivet, Larcher, les chefs de groupes et de partis hors RN et LFI. Alors que le gouvernement se fait toujours attendre, le Premier ministre s’est fendu d’un courrier, mercredi 18 décembre. Destinataires de cette invitation à une réunion qui aura lieu jeudi 19 décembre à 14 heures : la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, le président du Sénat Gérard Larcher, les chefs de partis politiques et présidents de groupes parlementaires «qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à une autre de la Ve République». Comprendre : ni LFI, ni le RN et ses alliés ciottistes ne sont invités. Reste à savoir si les autres formations du NFP (les Ecologistes ont eu des ministres sous Lionel Jospin puis sous François Hollande, tout comme les communistes qui étaient au gouvernement sous François Mitterrand) seront de la partie.
Gouvernement proposé ou pas ? Alors que les esquisses du gouvernement Bayrou, troisième équipe exécutive de l’année, semblaient s’épaissir, un proche du Premier ministre assurant à l’AFP que François Bayrou avait rendu sa copie au Président, une autre source proche du Béarnais a démenti «formellement» l’information dans un message consulté par Libération. François Bayrou et Emmanuel Macron se sont de nouveau entretenus ce mercredi après-midi pour avancer sur la composition du gouvernement.
François Bayrou sèche le prochain conseil communautaire de Pau. Chat échaudé craint l’eau chaude. Pointé du doigt aussi bien par son opposition locale que par la présidente de l’Assemblée nationale, pour son passage au conseil municipal de Pau en pleine catastrophe naturelle à Mayotte, François Bayrou a annoncé qu’il ferait l’impasse sur le prochain conseil communautaire de l’agglomération de Pau-Béarn-Pyrénées, dont il est le président élu. «Retenu par ses fonctions ministérielles», annonce l’agglo dans un communiqué, François Bayrou sera représenté par la vice-présidente de la collectivité, Monique Sémavoine. Comme le relevait son opposant PS Jérôme Marbot, le Premier ministre, outre son mandat de maire de Pau, est donc président de l’agglomération suscitée, président du Centre communal d’action sociale, du conseil de surveillance de l’hôpital, de l’office HLM et de la société d’économie mixte Pau-Pyrénées.
Après l’adoption de la loi spéciale, le Sénat appelle à voter un budget au plus vite. Après avoir voté la loi de finances «spéciale» à l’unanimité des 345 votants, sans modifier la version votée lundi par l’Assemblée, le Sénat écarte toute perspective de «shutdown». Sa promulgation in extremis avant le 31 décembre est assurée. «Cette loi spéciale donne tout ce qu’il faut à l’Etat pour assurer ses fonctions essentielles au début de 2025, mais rien de plus. Elle devra être complétée le plus rapidement possible» par un budget, a déclaré le rapporteur général de la commission des finances au Sénat, le LR Jean-François Husson, à l’issue du vote.
Le Sénat adopte la loi spéciale. Après l’Assemblée lundi, la loi spéciale permettant de maintenir l’activité de l’Etat début 2025 en l’absence de budget a été désormais approuvée par le Sénat. Ne reste désormais plus qu’à la promulguer avant le 31 décembre pour qu’elle pallie officiellement à l’absence de budget au 1er janvier 2025. Les détails sur cette loi sont à retrouver juste ici.
Bayrou à l’Elysée. Le président de la République reçoit en ce moment même François Bayrou à l’Elysée.
Le Sénat débute l’examen de la loi spéciale. Les sénateurs ont commencé à examiner la loi spéciale ce mercredi après-midi. Le texte est destiné à maintenir l’activité de l’Etat début 2025 en l’absence de budget. Avant ce passage au palais du Luxembourg, la loi spéciale a été adoptée à l’unanimité lundi à l’Assemblée nationale. Sauf immense surprise, le Sénat devrait en faire de même et l’approuver sans le modifier, ce qui mettra fin à son parcours parlementaire et permettra sa promulgation in extremis avant le 31 décembre.
Point d’étape. Le Premier ministre François Bayrou continue ses consultations ce mercredi en vue de former un gouvernement, une tâche qui se complique d’heure en heure entre les exigences de la gauche et du RN et la menace des Républicains de ne pas y rentrer. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, parlant au nom de son parti, a expliqué que LR «essaiera de voir dans les jours prochains si un certain nombre d’obstacles sont levés» pour y participer. «Ce serait un comble que le gouvernement tire à gauche alors que la France, elle est à droite», a-t-il prévenu. A gauche justement, la patronne des Écologistes, Marine Tondelier a estimé que François Bayrou, «jour après jour, heure après heure, est en train d’écrire le récit de sa propre censure». Même son de cloche, peu ou prou, du côté de l’extrême droite : Eric Ciotti (UDR, allié du RN) a insisté à sa sortie de Matignon ce mercredi sur la possibilité d’une censure «si demain, il y avait un budget» alourdissant la fiscalité des entreprises et des particuliers.
François Bayrou retourne à l’Elysée cet après-midi pour discuter de la composition de son gouvernement avec Emmanuel Macron. C’est leur troisième tête à tête en deux jours, après leurs deux rendez-vous de mardi matin et mardi soir. Selon une source à l’Elysée, la liste ne devrait pas être annoncée avant le départ du président de la République à Bruxelles ce mercredi en fin d’après-midi. Le socle parlementaire de Bayrou reste flou. Le nouveau Premier ministre termine ce mercredi ses consultations des groupes politiques à l’Assemblée et au Sénat.
Le Parti socialiste ne participera pas au gouvernement selon François Hollande. L’ancien Président a soutenu que le PS faisait partie de l’opposition et qu’il y resterait. Les socialistes ne feront donc pas partie des futurs ministres de François Bayrou. Pour l’ancien chef de l’Etat, le prochain gouvernement «va sans doute ressembler beaucoup au précédent» dans sa composition. «Nous ne participerons pas parce que nous ne partageons pas leurs convictions politiques», a justifié François Hollande.
Il n’y a «aucun argument pour ne pas voter la censure», selon Marine Tondelier. La cheffe des écologistes, invitée sur Public Sénat ce mercredi matin, a estimé que si elle était parlementaire, elle n’aurait «aucun argument pour ne pas voter la censure» du futur gouvernement Bayrou. Le potentiel maintien de Bruno Retailleau à l’Intérieur fait notamment figure d’épouvantail : «Je vois bien ce que ça veut dire. Comment voulez-vous que nous soutenions un gouvernement qui mène la politique de l’extrême droite sur l’immigration ?», a déclaré Marine Tondelier. Au passage, l’élue d’Hénin-Beaumont a taclé le nouveau locataire de Matignon déplorant «le choix de ce Premier ministre [qui] est un outrage, il a d’ailleurs dû se rouler dans le bureau du Président de la République pour être nommé, ce qui en dit beaucoup», a-t-elle lâché.
François Hollande estime qu’il faut des garanties et des avancées pour qu’il n’y ait pas de censure des socialistes. L’ancien président de la République était interrogé, ce mercredi matin, sur France Info au sujet du nouveau Premier ministre, François Bayrou et de son futur gouvernement. Si LFI a annoncé une censure automatique, François Hollande a estimé que les insoumis «se sont isolés, c’est leur droit, ils veulent censurer c’est leur liberté. Mais les socialistes, ils doivent se déterminer souverainement». L’ancien chef de l’Etat a souligné que le gouvernement devrait présenter «des garanties sur l’état de droit, la justice fiscale, et puis des avancées des gestes sur les retraites, sur l’éducation nationale», pour que les socialistes ne le censurent pas.
Sébastien Chenu (RN) agite la menace de censure contre Bayrou. Le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu a menacé ce mercredi François Bayrou de censure. «Si François Bayrou ne tient pas compte des erreurs qu’a pu commettre Michel Barnier, tant sur la forme que sur le fond, il se dirigera lui aussi vers les mêmes conséquences, c’est-à-dire tôt ou tard vers une censure», a affirmé sur Europe 1-Cnews le député du Nord. «Le sablier est retourné, nous lui dirons au moment où les derniers grains s’écouleront, s’il a rempli sa mission ou s’il mérite lui aussi de partir», a-t-il tranché. Quelles seraient les conditions pour qu’il ne fasse pas l’objet d’une motion de censure ? «S’il nous écoute, s’il nous entend, s’il retient des propositions» du parti d’extrême droite.
«Les conditions ne sont pas réunies» pour une entrée de LR au gouvernement. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui va rencontrer François Bayrou mercredi matin pour en discuter, considère que les conditions ne sont pas réunies pour que le LR entre au gouvernement. «Je ne pourrai rester au gouvernement que si je suis en mesure de mener la politique que veulent la majorité des Français, c’est-à-dire de restaurer l’autorité, la fermeté, l’ordre public, aussi bien dans la rue qu’à nos frontières», a-t-il affirmé sur BFMTV-RMC au sujet de son cas personnel.
Marc Fesneau comprend l’émotion suscitée par l’aller-retour de Bayrou à Pau. Le patron des députés Modem à l’Assemblée nationale reconnaît sur TF1 ce mercredi que le voyage à Pau du Premier ministre a «suscité pas mal d’émotions et d’interrogations», mais espère «qu’on va passer à autre chose.» Par ailleurs, Marc Fesneau, très proche du Premier ministre François Bayrou, a évoqué «des échanges très avancés» sur la composition du gouvernement, sans s’engager sur une date pour sa nomination.
Une élection présidentielle en 2025 pas souhaitable pour Fabien Roussel. Invité sur RTL ce mercredi, le patron du parti communiste considère qu’une élection présidentielle anticipée «n’améliorerait pas la situation» car elle mettrait «l’économie à l’arrêt». Pour Fabien Roussel, Macron ne doit donc pas démissionner, il doit «surtout écouter les Français». «Macron se prend pour Dieu, il marche sur l’eau mais il ne multiplie pas les petits pains, et les Français ont faim. Entre Dieu d’un côté et Henri IV de l’autre, on est mal», a-t-il ironisé.
"Avoir une élection présidentielle en 2025 n'améliorerait pas la situation"@Fabien_Roussel dans #RTLMatin avec @ThomasSotto pic.twitter.com/JWNQQRfV4B
— RTL France (@RTLFrance) December 18, 2024
Pour Marine Le Pen, «Emmanuel Macron, c’est fini ou presque». La cheffe des députés Rassemblement national raille dans une interview au Parisien «la fragilité d’Emmanuel Macron», illustrant son propos en revenant sur la nomination de François Bayrou à Matignon, au prix d’un bras de fer du centriste avec le chef de l’Etat. «Une scène de ménage», ironise-t-elle. De quoi faire dire à Marine Le Pen qu’«Emmanuel Macron, c’est fini ou presque», étant donné le «peu de leviers institutionnels qu’il lui reste». A l’instar de Jean-Luc Mélenchon, elle dit se préparer à «une présidentielle anticipée, par précaution». Interrogée sur la polémique entourant le choix de François Bayrou d’assister lundi soir au conseil municipal de Pau, dont il est maire, en pleine crise à Mayotte, la patronne du parti d’extrême droite a jugé «la séquence un peu baroque». Avant de nuancer : «Je peux comprendre ce qui a pu le pousser à faire ça, l’idée étant de lancer un signal aux Français qu’il reste un élu local».
La Une de Libération ce mercredi.
Bayrou : le cumul des couacs. C'est la une de @Libe mercredi.
— Libération (@libe) December 17, 2024
Polémique sur le cumul des mandats après son déplacement à Pau, lapsus sur Mayotte : les premiers pas à Matignon sont laborieux. Et ses discussions avec LR et le NFP s’annoncent plus que compliquées… pic.twitter.com/sOky6IQea9