En résumé :
- Après de longs jours de négociations et d’atermoiements, le gouvernement de François Bayrou a été annoncé lundi 23 décembre dans la soirée. Il comprend 35 membres, dont une partie de vieux de la vieille.
- Dans la foulée, le Premier ministre a fait le service après-vente sur le plateau de BFMTV pour expliquer la composition de son équipe et esquisser les grandes lignes de son action à la tête du gouvernement.
- Les passations de pouvoir dans les ministères ont commencé dès lundi soir, avec le nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard, ancien directeur de la Caisse des dépôts, à Bercy. Manuel Valls, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne ont notamment pris leurs fonctions ce mardi.
- Revivez la journée de lundi dans ce live.
En route vers la censure ? Le Premier ministre reste persuadé qu’il peut éviter de connaître le même sort que Michel Barnier. Sauf que les socialistes, compte tenu du casting gouvernemental et de l’absence de changements de politiques, sont partis pour voter une motion de censure. Reste à savoir ce que fera le RN.
Sur un fil
Marie Barsacq, ex-pièce maîtresse de Paris 2024 et nouvelle ministre des Sports. La juriste de formation, en charge du volet héritage au Comité d’organisation des Jeux, a succédé ce 24 décembre à Gil Avérous. Elle aura pour mission de faire fructifier le legs des Jeux et de gérer le dossier brûlant des olympiades d’hiver en 2030 dans les Alpes françaises. Son profil.
«Si on veut mettre les gens en colère, on ne s’y prend pas autrement». Il en fallait plus que le retour de Manuel Valls, Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin au gouvernement pour bousculer les habitudes des habitants du Puy-en-Velay ce mardi 24 décembre au matin. A la veille de Noël, dans le froid hivernal, la place de la mairie et les rues de la vieille ville sont bondées de Ponots qui effectuent leurs derniers achats pour les fêtes de fin d’année, au milieu des décorations. Comme Marie-Christine, retraitée, qui se rend au marché pour préparer son repas du réveillon : «Ce nouveau gouvernement c’est bonnet blanc et blanc bonnet», souffle-t-elle. La suite de notre reportage en Haute-Loire est à consulter ici.
La participation au gouvernement Bayrou, un dilemme chez les LR. Deux logiques s’affrontent désormais chez Les Républicains, entre des ministres sortants ou entrants soucieux de redonner de la crédibilité à leur camp, et des parlementaires critiques de l’équilibre général du gouvernement de François Bayrou. Un schisme appelé à se creuser ?
Droite
Quand le ministre des Transports apprend sa nomination à la télévision. Parmi les Français qui ont découvert la composition du nouveau gouvernement en direct, lundi soir, se trouvait Philippe Tabarot, le nouveau ministre délégué chargé des Transports. Le sénateur des Alpes-Maritimes a admis, ce mardi sur LCI, qu’il savait «que son nom avait circulé, mais [il n’avait] eu aucune confirmation». Le sénateur LR dit avoir appris sa nomination en regardant «comme des millions de Français, Alexis Kohler annoncer la liste du gouvernement sur le perron de l’Élysée». Le nouveau ministre a donc dû «rapidement s’organiser, pour être présent», le lendemain, à Paris pour la passation de pouvoirs. Par Arthur Louis
Philippe Tabarot, nouveau ministre des Transports et ex-assistant de sa sœur à 100 000 euros par an. Sur la base de sa déclaration à la HATVP, CheckNews a reconstitué les rémunérations obtenues par l’ancien collaborateur de Michèle Tabarot, dans le cadre d’un cumul qui n’a rien à envier à celui de l’ex-femme d’Eric Ciotti.
CheckNews
Le porte-parole du MoDem avance «l’article 16 en cas de blocage institutionnel grave» pour que Macron gouverne seul. La suggestion est osée. A l’évocation d’une possible censure et des partis - dont la France insoumise et le RN - qui poussent pour une démission d’Emmanuel Macron, Bruno Millienne a avertit ce mardi sur BFMTV qu’il «[restait] l’article 16 dans la Constitution dont peut se saisir le Président en cas de blocage institutionnel grave pour gouverner tout seul». Le porte-parole centriste précisant toutefois : «Je ne suis pas sûr que le Président utiliserait cet article». Une déclaration qui intervient alors que le tout nouveau gouvernement Bayrou est déjà menacé de subir le même sort que le précédent, censuré le 4 décembre dernier. Par Arthur Louis
Des critiques contre l’absence de ministre chargé spécifiquement de l’Enfance. La ministre déléguée sortante chargée de la Famille et de la Petite enfance, Agnès Canayer, n’a pas été reconduite et la question de l’enfance ne figure pas dans l’intitulé du «super ministère» du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles dirigé par Catherine Vautrin. Alors que «11 % des Français sont touchés par l’inceste», combien de temps encore allons nous attendre avant de vraiment se pencher sur une protection immédiate des enfants et un accompagnement des victimes ?», a déploré l’association Face à l’inceste sur X. De son côté, le président de l’association Les Papillons Laurent Boyet, a estimé que «les enfants sont sûrement moins importants que l’intelligence artificielle qui a encore une fois droit à sa ministre». L’Unicef France avait réagi dès lundi soir pour déplorer «l’absence d’un ministère de l’Enfance, ni même d’un ministre délégué spécifiquement chargé de ces questions.»
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Sébastien Lecornu est resté à son poste pour «mener à bien l’effort de réarmement». Parmi les ministres qui ont résisté au changement de Premier ministre, Sébastien Lecornu reste en charge des Armées, une fonction qu’il occupe depuis mai 2022. Dans un message publié sur X, ce mardi, il explique avoir «accepté de poursuivre avec un objectif unique : mener à bien l’effort de réarmement que nous avons engagé». Sébastien Lecornu estime que «la vie politique et parlementaire devra bien tenir compte des menaces qui s’accumulent sur notre pays, tant intérieures qu’extérieures». «Le nouveau Gouvernement aura des compromis à trouver, mais aussi et surtout des choix courageux à faire», souligne encore ce très proche d’Emmanuel Macron qui a fait partie de tous les gouvernements depuis 2017 et régulièrement pressenti à Matignon.
La question de la sécurité est «centrale», selon la nouvelle ministre déléguée à la Ville. Comme son collègue de droite aux Transports, Juliette Méadel a qualifié la «question de la sécurité» de «centrale» en matière de rénovation urbaine, «surtout dans les quartiers difficiles», ce mardi lors de la cérémonie de passation de pouvoir au ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation ce mardi. «Il s’agit de travailler sur les problématiques d’accès aux services publics […] pour changer la vie et améliorer le quotidien» des Français, a ajouté la nouvelle ministre déléguée à la Ville. L’ancienne élue de gauche a précisé l’importance pour elle de «réaménager et faciliter l’accès à la santé, aux transports, à l’emploi, à l’éducation» dans les «quartiers politique de la ville».
Pas de planète B pour APR. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runnacher, reconduite dans ses fonctions dans le nouveau gouvernement de François Bayrou, a réaffirmé ce mardi lors de la passation de pouvoir à l’hôtel de Roquelaure à Paris que «le contexte politique et budgétaire» de la France ne devait «effacer l’urgence climatique». «Il n’efface pas l’effondrement de la biodiversité. Il n’efface pas la fonte des glaciers, l’érosion des littoraux, la hausse du niveau de la mer. Il n’efface pas les catastrophes naturelles à répétition qui, en seulement trois mois ont frappé notre pays», a-t-elle ajouté. Pour Agnès Pannier-Runacher, «l’urgence, ce n’est pas seulement agir sur les conséquences du dérèglement climatique, c’est agir sur les causes».
Solutions
Les associations féministes fustigent l’arrivée de Gérald Darmanin au ministère de la Justice. Déjà critiqué au ministère de l’Intérieur, il avait été accusé par une femme de l’avoir violé en 2009, une affaire dont il est sorti blanchi en février. Sur Instagram, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique dénonce avec cette nomination «une déconnexion terrible et affligeante», peu de temps après la fin du procès des viols de Mazan. De son côté, Amy Bah, ex-candidate du Nouveau Front populaire aux législatives dans le Nord, et militante Nous Toutes, a donné dans l’ironie grinçante, sur X : «Continuez à mépriser les féministes en disant qu’on n’a pas besoin de se plaindre puisqu’on est bien loties en France. Continuer à saluer le courage de Gisèle Pelicot en nommant Gérald Darmanin ministre de la Justice.» Par Axelle Debaene
Le nouveau ministre des Transports critique le «détournement» du droit de grève. Partisan d’une ligne dure en matière sécuritaire, Philippe Tabarot, sénateur LR, s’est fait remarquer ces derniers mois pour sa proposition de loi visant à améliorer l’arsenal de sécurité dans les transports, largement adoptée au Sénat mais jugée inapplicable et liberticide par la gauche. Ce texte est «l’un de ceux que je compte porter en priorité, parce qu’on sait que la sûreté dans les transports, c’est la première préoccupation» des usagers, a estimé le nouveau ministre délégué. «Je suis très ouvert au dialogue» avec les partenaires sociaux, a également déclaré Philippe Tabarot, rapporteur au Sénat d’un texte clivant pour limiter le droit de grève dans le ferroviaire, qui a suscité l’ire des syndicats avant les Jeux olympiques. «Pour autant, je réaffirme qu’il y a eu, à certaines périodes, certaines années, un droit de grève qui a pu être détourné», a poursuivi le sénateur de droite.
«Il nous faut redéfinir la relation entre l’Hexagone» et les outre-mer, soutient Manuel Valls. L’ancien Premier ministre de François Hollande a pris ses fonctions, ce mardi, au ministère des Outre-mer. Après le discours du ministre sortant, François-Noël Buffet, Manuel Valls a commencé par un mot sur Mayotte. «Tout le gouvernement est engagé pour répondre à la détresse de celles et ceux qui ont subi la violence [du] cyclone», a-t-il affirmé. «Je mesure la tâche qui m’est donnée, la responsabilité qui est la mienne», a poursuivi Manuel Valls, soulignant qu’«urgences et défis sont souvent les mots qu’on utilise pour évoquer les départements et les régions ultramarins», alors qu’il devra aussi gérer la situation en Nouvelle-Calédonie. Le nouveau numéro trois du gouvernement a expliqué qu’il «nous faut bien définir ou redéfinir la relation entre l’Hexagone» et les outre-mer. Par Arthur Louis.
Darmanin «main dans la main» avec Retailleau. Dans sa première allocution comme garde des Sceaux, Gérald Darmanin a prévenu qu’il comptait bien poursuivre, place Vendôme, ce qu’il avait commencé place Beauvau : «Nous sommes là pour les Français et c’est pourquoi nous allons travailler main dans la main avec le ministre de l’Intérieur pour la sécurité et le respect des libertés de nos compatriotes.» Se plaçant «toujours du côté des victimes et de ceux qui les aident», «jamais du coté des délinquants et des criminels définitivement condamnés» (l’inverse aurait été très étonnant), il a annoncé vouloir «répondre à l’incompréhension grandissante de nos concitoyens qui voient des actes de violence du quotidien pourrir leu vie et douter dans notre démocratie». «Aussi dans les tous prochains jours, a-t-il déclaré, les procureurs […] recevront des instructions générales de politique pénales très claires et très fermes pour engager systématiquement des poursuites contre les violences faites aux personnes et singulièrement contre les femmes et les enfants». Darmanin a dit également vouloir s’engager «contre le séparatisme islamiste et les extrémismes violents qui veulent atteindre notre démocratie et notre République» et faire de la lutte «contre le narcobanditisme et le trafic de drogue […] la priorité absolue de [son] mandat».
… et rappelle que le ministre de la Justice doit défendre les femmes. Avant cette leçon, Didier Migaud a rappelé le «débat auquel [il a lui] même pu contribuer en relançant la question de la nécessaire prise en compte du consentement». Un sujet sensible pour Darmanin accusé par une femme de l’avoir violé en 2009, une affaire dont il est sorti blanchi après une ultime décision de la Cour de cassation en février. «Même si cette question est sensible, difficile, voire périlleuse juridiquement parlant, mais je le redis car j’y crois, les temps ont changé et le XXI siècle ne peut plus, ne doit plus être celui de la domination des hommes sur les femmes». Le nouveau ministre de la Justice est régulièrement critiqué par les associations féministes dans les manifestations.
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Migaud fait la leçon à Darmanin… Trois mois et puis s’en va. Avant de laisser la place à Gérald Darmanin place Vendôme, l’ancien socialiste Didier Migaud s’est permis quelques rappels à l’ex-ministre de l’Intérieur, adepte des coups de communication et aux fortes ambitions politiques. Certes, il lui a souhaité un «plein succès» et de «durer plus longtemps» que [lui] mais l’ancien président de la Cour des comptes puis de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a prévenu son successeur qu’être à Vendôme nécessite de ne pas reproduire ce qu’il faisait à Beauvau : «Etre garde des Sceaux c’est ne pas pouvoir s’exprimer publiquement, dans un grand nombre de cas», c’est «garder pour soi ses opinions, ses réactions, ses émotions, car la neutralité, l’impartialité et l’indépendance doivent primer par-dessus tout», a ainsi insisté Didier Migaud. «Etre garde des Sceaux, a-t-il poursuivi, c’est enfin être garant de l’Etat de droit, protecteur des libertés publiques, ministre des victimes, aussi, c’est décider de la politique pénale de la Nation sans la moindre intervention dans les affaires individuelles.»
La passation de pouvoir commence pour Manuel Valls. François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer du gouvernement Barnier, cède sa place à l’ex-Premier ministre socialiste, ce mardi. Avec ce maroquin, l’ancien membre du PS récupère un ministère d’Etat mais aussi la gestion de dossiers chauds comme la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Un contexte qui a fait placer le ministère des Outre-mer en troisième position du gouvernement. Par Arthur Louis.
La nouvelle ministre des Sports veut utiliser la méthode de Tony Estanguet. Gil Avérous a laissé sa place, ce mardi matin, à Marie Barsacq, la nouvelle ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Dans son discours de passation, celle qui était directrice de l’impact et de l’héritage au sein du comité d’organisation des JO de Paris a expliqué vouloir utiliser la méthode apprise «aux côtés de Tony Estanguet». Elle l’a résumé comme un mélange d’audace et de pragmatisme «en ces temps budgétaires compliqués». Si elle ne s’est pas avancée concrètement sur sa future action de ministre, «le Service national universel doit être repensé sur un nouveau modèle», a-t-elle lancé. Par Arthur Louis
L’éducation à la sexualité à l’école, une «nécessité absolue» pour Aurore Bergé. Après la fronde conservatrice sous l’ancien gouvernement Barnier, la nouvelle ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes semblée décidée à se battre sur le sujet de l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées - obligatoire depuis 2001. «J’ai toujours dit […] qu’on avait une nécessité absolue d’avoir une éducation à la vie affective et à la sexualité dès le plus jeune âge», a déclaré la députée des Yvelines sur RTL. «En fonction de la maturité des enfants, on n’aborde pas les mêmes choses à la maternelle et au lycée, pour des raisons évidentes» mais «dès la maternelle, on peut expliquer à nos tout petits-enfants que personne n’a le droit de toucher leur corps, que personne n’a le droit de leur faire du mal», a-t-elle ajouté. «Ça veut dire apprendre le respect, ça veut dire apprendre l’égalité, l’égalité entre les filles et les garçons, le respect vis-à-vis de toutes les familles qui existent dans notre pays tout simplement, qu’elles soient hétérosexuelles, qu’elles soient homoparentales», a insisté Aurore Bergé.