En résumé :
- Après de longs jours de négociations et d’atermoiements, le gouvernement de François Bayrou a été annoncé lundi 23 décembre dans la soirée. Il comprend 35 membres, dont une partie de vieux de la vieille.
- Dans la foulée, le Premier ministre a fait le service après-vente sur le plateau de BFMTV pour expliquer la composition de son équipe et esquisser les grandes lignes de son action à la tête du gouvernement.
- Les passations de pouvoir dans les ministères ont commencé dès lundi soir, avec le nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard, ancien directeur de la Caisse des dépôts, à Bercy. Manuel Valls, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne ont notamment pris leurs fonctions ce mardi.
- Revivez la journée de lundi dans ce live.
En route vers la censure ? Le Premier ministre reste persuadé qu’il peut éviter de connaître le même sort que Michel Barnier. Sauf que les socialistes, compte tenu du casting gouvernemental et de l’absence de changements de politiques, sont partis pour voter une motion de censure. Reste à savoir ce que fera le RN.
Sur un fil
Marie Barsacq, ex-pièce maîtresse de Paris 2024 et nouvelle ministre des Sports. La juriste de formation, en charge du volet héritage au Comité d’organisation des Jeux, a succédé ce 24 décembre à Gil Avérous. Elle aura pour mission de faire fructifier le legs des Jeux et de gérer le dossier brûlant des olympiades d’hiver en 2030 dans les Alpes françaises. Son profil.
«Si on veut mettre les gens en colère, on ne s’y prend pas autrement». Il en fallait plus que le retour de Manuel Valls, Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin au gouvernement pour bousculer les habitudes des habitants du Puy-en-Velay ce mardi 24 décembre au matin. A la veille de Noël, dans le froid hivernal, la place de la mairie et les rues de la vieille ville sont bondées de Ponots qui effectuent leurs derniers achats pour les fêtes de fin d’année, au milieu des décorations. Comme Marie-Christine, retraitée, qui se rend au marché pour préparer son repas du réveillon : «Ce nouveau gouvernement c’est bonnet blanc et blanc bonnet», souffle-t-elle. La suite de notre reportage en Haute-Loire est à consulter ici.
La participation au gouvernement Bayrou, un dilemme chez les LR. Deux logiques s’affrontent désormais chez Les Républicains, entre des ministres sortants ou entrants soucieux de redonner de la crédibilité à leur camp, et des parlementaires critiques de l’équilibre général du gouvernement de François Bayrou. Un schisme appelé à se creuser ?
Droite
Quand le ministre des Transports apprend sa nomination à la télévision. Parmi les Français qui ont découvert la composition du nouveau gouvernement en direct, lundi soir, se trouvait Philippe Tabarot, le nouveau ministre délégué chargé des Transports. Le sénateur des Alpes-Maritimes a admis, ce mardi sur LCI, qu’il savait «que son nom avait circulé, mais [il n’avait] eu aucune confirmation». Le sénateur LR dit avoir appris sa nomination en regardant «comme des millions de Français, Alexis Kohler annoncer la liste du gouvernement sur le perron de l’Élysée». Le nouveau ministre a donc dû «rapidement s’organiser, pour être présent», le lendemain, à Paris pour la passation de pouvoirs. Par Arthur Louis
Philippe Tabarot, nouveau ministre des Transports et ex-assistant de sa sœur à 100 000 euros par an. Sur la base de sa déclaration à la HATVP, CheckNews a reconstitué les rémunérations obtenues par l’ancien collaborateur de Michèle Tabarot, dans le cadre d’un cumul qui n’a rien à envier à celui de l’ex-femme d’Eric Ciotti.
CheckNews
Le porte-parole du MoDem avance «l’article 16 en cas de blocage institutionnel grave» pour que Macron gouverne seul. La suggestion est osée. A l’évocation d’une possible censure et des partis - dont la France insoumise et le RN - qui poussent pour une démission d’Emmanuel Macron, Bruno Millienne a avertit ce mardi sur BFMTV qu’il «[restait] l’article 16 dans la Constitution dont peut se saisir le Président en cas de blocage institutionnel grave pour gouverner tout seul». Le porte-parole centriste précisant toutefois : «Je ne suis pas sûr que le Président utiliserait cet article». Une déclaration qui intervient alors que le tout nouveau gouvernement Bayrou est déjà menacé de subir le même sort que le précédent, censuré le 4 décembre dernier. Par Arthur Louis
Des critiques contre l’absence de ministre chargé spécifiquement de l’Enfance. La ministre déléguée sortante chargée de la Famille et de la Petite enfance, Agnès Canayer, n’a pas été reconduite et la question de l’enfance ne figure pas dans l’intitulé du «super ministère» du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles dirigé par Catherine Vautrin. Alors que «11 % des Français sont touchés par l’inceste», combien de temps encore allons nous attendre avant de vraiment se pencher sur une protection immédiate des enfants et un accompagnement des victimes ?», a déploré l’association Face à l’inceste sur X. De son côté, le président de l’association Les Papillons Laurent Boyet, a estimé que «les enfants sont sûrement moins importants que l’intelligence artificielle qui a encore une fois droit à sa ministre». L’Unicef France avait réagi dès lundi soir pour déplorer «l’absence d’un ministère de l’Enfance, ni même d’un ministre délégué spécifiquement chargé de ces questions.»
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Sébastien Lecornu est resté à son poste pour «mener à bien l’effort de réarmement». Parmi les ministres qui ont résisté au changement de Premier ministre, Sébastien Lecornu reste en charge des Armées, une fonction qu’il occupe depuis mai 2022. Dans un message publié sur X, ce mardi, il explique avoir «accepté de poursuivre avec un objectif unique : mener à bien l’effort de réarmement que nous avons engagé». Sébastien Lecornu estime que «la vie politique et parlementaire devra bien tenir compte des menaces qui s’accumulent sur notre pays, tant intérieures qu’extérieures». «Le nouveau Gouvernement aura des compromis à trouver, mais aussi et surtout des choix courageux à faire», souligne encore ce très proche d’Emmanuel Macron qui a fait partie de tous les gouvernements depuis 2017 et régulièrement pressenti à Matignon.
La question de la sécurité est «centrale», selon la nouvelle ministre déléguée à la Ville. Comme son collègue de droite aux Transports, Juliette Méadel a qualifié la «question de la sécurité» de «centrale» en matière de rénovation urbaine, «surtout dans les quartiers difficiles», ce mardi lors de la cérémonie de passation de pouvoir au ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation ce mardi. «Il s’agit de travailler sur les problématiques d’accès aux services publics […] pour changer la vie et améliorer le quotidien» des Français, a ajouté la nouvelle ministre déléguée à la Ville. L’ancienne élue de gauche a précisé l’importance pour elle de «réaménager et faciliter l’accès à la santé, aux transports, à l’emploi, à l’éducation» dans les «quartiers politique de la ville».
Pas de planète B pour APR. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runnacher, reconduite dans ses fonctions dans le nouveau gouvernement de François Bayrou, a réaffirmé ce mardi lors de la passation de pouvoir à l’hôtel de Roquelaure à Paris que «le contexte politique et budgétaire» de la France ne devait «effacer l’urgence climatique». «Il n’efface pas l’effondrement de la biodiversité. Il n’efface pas la fonte des glaciers, l’érosion des littoraux, la hausse du niveau de la mer. Il n’efface pas les catastrophes naturelles à répétition qui, en seulement trois mois ont frappé notre pays», a-t-elle ajouté. Pour Agnès Pannier-Runacher, «l’urgence, ce n’est pas seulement agir sur les conséquences du dérèglement climatique, c’est agir sur les causes».
Solutions
Les associations féministes fustigent l’arrivée de Gérald Darmanin au ministère de la Justice. Déjà critiqué au ministère de l’Intérieur, il avait été accusé par une femme de l’avoir violé en 2009, une affaire dont il est sorti blanchi en février. Sur Instagram, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique dénonce avec cette nomination «une déconnexion terrible et affligeante», peu de temps après la fin du procès des viols de Mazan. De son côté, Amy Bah, ex-candidate du Nouveau Front populaire aux législatives dans le Nord, et militante Nous Toutes, a donné dans l’ironie grinçante, sur X : «Continuez à mépriser les féministes en disant qu’on n’a pas besoin de se plaindre puisqu’on est bien loties en France. Continuer à saluer le courage de Gisèle Pelicot en nommant Gérald Darmanin ministre de la Justice.» Par Axelle Debaene
Le nouveau ministre des Transports critique le «détournement» du droit de grève. Partisan d’une ligne dure en matière sécuritaire, Philippe Tabarot, sénateur LR, s’est fait remarquer ces derniers mois pour sa proposition de loi visant à améliorer l’arsenal de sécurité dans les transports, largement adoptée au Sénat mais jugée inapplicable et liberticide par la gauche. Ce texte est «l’un de ceux que je compte porter en priorité, parce qu’on sait que la sûreté dans les transports, c’est la première préoccupation» des usagers, a estimé le nouveau ministre délégué. «Je suis très ouvert au dialogue» avec les partenaires sociaux, a également déclaré Philippe Tabarot, rapporteur au Sénat d’un texte clivant pour limiter le droit de grève dans le ferroviaire, qui a suscité l’ire des syndicats avant les Jeux olympiques. «Pour autant, je réaffirme qu’il y a eu, à certaines périodes, certaines années, un droit de grève qui a pu être détourné», a poursuivi le sénateur de droite.
«Il nous faut redéfinir la relation entre l’Hexagone» et les outre-mer, soutient Manuel Valls. L’ancien Premier ministre de François Hollande a pris ses fonctions, ce mardi, au ministère des Outre-mer. Après le discours du ministre sortant, François-Noël Buffet, Manuel Valls a commencé par un mot sur Mayotte. «Tout le gouvernement est engagé pour répondre à la détresse de celles et ceux qui ont subi la violence [du] cyclone», a-t-il affirmé. «Je mesure la tâche qui m’est donnée, la responsabilité qui est la mienne», a poursuivi Manuel Valls, soulignant qu’«urgences et défis sont souvent les mots qu’on utilise pour évoquer les départements et les régions ultramarins», alors qu’il devra aussi gérer la situation en Nouvelle-Calédonie. Le nouveau numéro trois du gouvernement a expliqué qu’il «nous faut bien définir ou redéfinir la relation entre l’Hexagone» et les outre-mer. Par Arthur Louis.
Darmanin «main dans la main» avec Retailleau. Dans sa première allocution comme garde des Sceaux, Gérald Darmanin a prévenu qu’il comptait bien poursuivre, place Vendôme, ce qu’il avait commencé place Beauvau : «Nous sommes là pour les Français et c’est pourquoi nous allons travailler main dans la main avec le ministre de l’Intérieur pour la sécurité et le respect des libertés de nos compatriotes.» Se plaçant «toujours du côté des victimes et de ceux qui les aident», «jamais du coté des délinquants et des criminels définitivement condamnés» (l’inverse aurait été très étonnant), il a annoncé vouloir «répondre à l’incompréhension grandissante de nos concitoyens qui voient des actes de violence du quotidien pourrir leu vie et douter dans notre démocratie». «Aussi dans les tous prochains jours, a-t-il déclaré, les procureurs […] recevront des instructions générales de politique pénales très claires et très fermes pour engager systématiquement des poursuites contre les violences faites aux personnes et singulièrement contre les femmes et les enfants». Darmanin a dit également vouloir s’engager «contre le séparatisme islamiste et les extrémismes violents qui veulent atteindre notre démocratie et notre République» et faire de la lutte «contre le narcobanditisme et le trafic de drogue […] la priorité absolue de [son] mandat».
… et rappelle que le ministre de la Justice doit défendre les femmes. Avant cette leçon, Didier Migaud a rappelé le «débat auquel [il a lui] même pu contribuer en relançant la question de la nécessaire prise en compte du consentement». Un sujet sensible pour Darmanin accusé par une femme de l’avoir violé en 2009, une affaire dont il est sorti blanchi après une ultime décision de la Cour de cassation en février. «Même si cette question est sensible, difficile, voire périlleuse juridiquement parlant, mais je le redis car j’y crois, les temps ont changé et le XXI siècle ne peut plus, ne doit plus être celui de la domination des hommes sur les femmes». Le nouveau ministre de la Justice est régulièrement critiqué par les associations féministes dans les manifestations.
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Migaud fait la leçon à Darmanin… Trois mois et puis s’en va. Avant de laisser la place à Gérald Darmanin place Vendôme, l’ancien socialiste Didier Migaud s’est permis quelques rappels à l’ex-ministre de l’Intérieur, adepte des coups de communication et aux fortes ambitions politiques. Certes, il lui a souhaité un «plein succès» et de «durer plus longtemps» que [lui] mais l’ancien président de la Cour des comptes puis de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a prévenu son successeur qu’être à Vendôme nécessite de ne pas reproduire ce qu’il faisait à Beauvau : «Etre garde des Sceaux c’est ne pas pouvoir s’exprimer publiquement, dans un grand nombre de cas», c’est «garder pour soi ses opinions, ses réactions, ses émotions, car la neutralité, l’impartialité et l’indépendance doivent primer par-dessus tout», a ainsi insisté Didier Migaud. «Etre garde des Sceaux, a-t-il poursuivi, c’est enfin être garant de l’Etat de droit, protecteur des libertés publiques, ministre des victimes, aussi, c’est décider de la politique pénale de la Nation sans la moindre intervention dans les affaires individuelles.»
La passation de pouvoir commence pour Manuel Valls. François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer du gouvernement Barnier, cède sa place à l’ex-Premier ministre socialiste, ce mardi. Avec ce maroquin, l’ancien membre du PS récupère un ministère d’Etat mais aussi la gestion de dossiers chauds comme la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Un contexte qui a fait placer le ministère des Outre-mer en troisième position du gouvernement. Par Arthur Louis.
La nouvelle ministre des Sports veut utiliser la méthode de Tony Estanguet. Gil Avérous a laissé sa place, ce mardi matin, à Marie Barsacq, la nouvelle ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Dans son discours de passation, celle qui était directrice de l’impact et de l’héritage au sein du comité d’organisation des JO de Paris a expliqué vouloir utiliser la méthode apprise «aux côtés de Tony Estanguet». Elle l’a résumé comme un mélange d’audace et de pragmatisme «en ces temps budgétaires compliqués». Si elle ne s’est pas avancée concrètement sur sa future action de ministre, «le Service national universel doit être repensé sur un nouveau modèle», a-t-elle lancé. Par Arthur Louis
L’éducation à la sexualité à l’école, une «nécessité absolue» pour Aurore Bergé. Après la fronde conservatrice sous l’ancien gouvernement Barnier, la nouvelle ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes semblée décidée à se battre sur le sujet de l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées - obligatoire depuis 2001. «J’ai toujours dit […] qu’on avait une nécessité absolue d’avoir une éducation à la vie affective et à la sexualité dès le plus jeune âge», a déclaré la députée des Yvelines sur RTL. «En fonction de la maturité des enfants, on n’aborde pas les mêmes choses à la maternelle et au lycée, pour des raisons évidentes» mais «dès la maternelle, on peut expliquer à nos tout petits-enfants que personne n’a le droit de toucher leur corps, que personne n’a le droit de leur faire du mal», a-t-elle ajouté. «Ça veut dire apprendre le respect, ça veut dire apprendre l’égalité, l’égalité entre les filles et les garçons, le respect vis-à-vis de toutes les familles qui existent dans notre pays tout simplement, qu’elles soient hétérosexuelles, qu’elles soient homoparentales», a insisté Aurore Bergé.
Elisabeth Borne appelle à «trouver la voie de la stabilité institutionnelle». La nouvelle ministre de l’Éducation et ex-cheffe du gouvernement a appelé ce mardi à «trouver la voie de la stabilité institutionnelle» et insisté sur la «nécessité de faire émerger des alliances entre les forces politiques républicaines» pour justifier sa décision de rejoindre le gouvernement de François Bayrou. «En me proposant de rejoindre le gouvernement en tant que ministre d’État, le président de la République et le Premier ministre ont souhaité faire de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche la priorité de l’action gouvernementale», a-t-elle ajouté lors de la passation de pouvoirs rue de Grenelle.
«Nous devons faire mieux», pointe Elisabeth Borne à son arrivée à l’Education nationale. Dans son discours de passation de pouvoirs avec Anne Genetet ce mardi matin, Élisabeth Borne a affirmé ne pas se «satisfaire» des résultats des études sur le niveau des élèves français. «Nous devons faire mieux», a-t-elle martelé. La numéro 2 du nouveau gouvernement Bayrou a également affirmé avoir la «volonté farouche de lutter contre le déterminisme social et permettre à chaque jeune de donner le meilleur de lui-même». L’ancienne Première ministre a souligné que «l’école est le socle de la République» et expliqué vouloir mettre «un coup d’arrêt» aux violences, aux «menaces» et aux atteintes à la laïcité dans les écoles. Par Arthur Louis
Pour Marine Le Pen, «le peuple» choisira une nouvelle voie» dans «quelques mois». La cheffe des députés Rassemblement national a prédit, ce mardi en fin de matinée, que les Français choisiraient «au pire dans quelques mois» une «nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement» dans une vidéo postée sur X «Ce moment de fluctuation politique temporaire […] s’achèvera en effet dès que le peuple, par sa volonté souveraine et son intelligence collective, en décidera. Il choisira alors une nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement», a déclaré Marine Le Pen. Dans ce message vidéo, elle a jugé que «ce moment ne manquera pas d’arriver dès que les institutions le permettront», soit «bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois», s’est-elle avancée, sans préciser toutefois si elle faisait référence à une nouvelle dissolution ou à une présidentielle anticipée.
Le billet de Thomas Legrand
François Rebsamen prend ses fonctions au ministère de l’Aménagement du territoire. La passation de pouvoirs a commencé entre l’ancien maire de Dijon, et sa prédécesseuse, Catherine Vautrin, ce mardi matin à l’Hôtel de Roquelaure. C’est la deuxième cérémonie de la journée pour Catherine Vautrin, puisqu’elle a déjà pris ses fonctions au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille. Passé, lui aussi, par le ministère du Travail sous la présidence de François Hollande, François Rebsamen est en rupture avec le PS depuis 2021. Il est de retour dans un gouvernement, neuf ans plus tard, en prenant la tête d’un ministère qui englobe le Logement, les Transports, la Ruralité et la Ville. Par Arthur Louis
Le nouveau ministre chargé de la Santé… défenseur du vin. Yannick Neuder s’était retrouvé en première ligne des débats à l’Assemblée sur le budget de la Sécu, en tant que rapporteur. Et, parmi les discussions, autant dire que son opposition à une hausse des taxes sur l’alcool - mesure consensuelle en santé publique - s’était fait particulièrement remarquer par les acteurs impliqués dans la prévention. Augmenter «de 7 centimes votre bouteille de Châteauneuf-du-Pape» ne va pas faire diminuer la mortalité chez les jeunes, soupirait-il dans l’Hémicycle. Soit le retour d’une opposition fallacieuse entre vin et alcools forts - rappelons que l’alcool présente la même toxicité qu’importe la bouteille et que seule sa dose en modifie les risques. Le député reprenait là surtout un argument habituel de la filière viticole. Par Apolline Le Romanser
Le nouveau ministre de la Santé se rendra à Mayotte «dans les jours qui viennent». Yannick Neuder, ce député LR de l’Isère, réputé proche de Laurent Wauquiez, a annoncé ce mardi qu’il se rendrait «dans les jours qui viennent» à Mayotte, dont le territoire a été ravagé par le passage du cyclone Chido. Il entend rencontrer «la population» et «les élus» de l’archipel de l’océan Indien, a-t-il souligné lors de la passation de pouvoirs avec Geneviève Darrieussecq au ministère, au côté de Catherine Vautrin. «C’est vraiment ma priorité absolue», a ajouté Yannick Neuder. François Bayrou et son nouveau ministre des Outre-mer, Manuel Valls, devraient aussi faire le voyage prochainement.
Chronique «Aux petits soins»
Anne Genetet laisse sa place à Elisabeth Borne au ministère de l’Education nationale. La passation a débuté peu après 10 h 30 ce mardi, rue de Grenelle, entre la ministre de l’Education de Michel Barnier, Anne Genetet, et sa remplaçante, Elisabeth Borne. L’ancienne Première ministre devient numéro deux du gouvernement Bayrou en récupérant un grand ministère d’Etat qui regroupe l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche. Après Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra, Nicole Belloubet et Anne Genetet, elle est la cinquième ministre de l’Éducation en un an, du jamais vu. Par Arthur Louis
«Nous sommes des habitués des passations, on entre, on sort», témoigne Catherine Vautrin. C’est entourée de nombreux et nombreuses ministres sortants ou entrants que l’ancienne députée UMP retrouve officiellement son ministère XXL, mêlant Travail et Santé. «Nous avons à travailler sur des défis immenses», a-t-elle reconnu ce mardi matin avant d’égrener les priorités de ces deux volets, dans une «nouvelle feuille de route». Répondre à la «crise» du système de santé et de l’hôpital public, travailler sur l’attractivité et le quotidien des professionnels de santé, améliorer l’accès aux soins. Accompagner, aussi, une «période de transformation économique profonde», avec un besoin de «dialogue social renouvelé […] soucieux de la santé et sécurité au travail» - mention spéciale pour les «concertations sur les retraites». La ministre a également souligné la «mise en œuvre de France Travail et l’accompagnement des bénéficiaires du RSA». Des priorités, en somme, plutôt attendues, et qui demanderont surtout du temps pour être mises en place. Par Apolline Le Romanser
Olivier Faure dénonce le «mépris» de l’annonce du gouvernement le jour du deuil pour Mayotte. Le patron du PS a fustigé ce mardi matin «une forme de mépris absolu», s’indignant que la composition du gouvernement Bayrou ait pu être dévoilée lundi, en même temps qu’était observée une journée de deuil national pour Mayotte, ravagée par le cyclone Chido. «Hier, c’était un jour de deuil national, et ce que chacun a pu constater, c’est que même cette journée de deuil n’était pas respectée. Pour quel autre département français, aurait-on accepté de ne pas aller jusqu’au bout de la journée et de saturer les antennes dès le soir, sur la nomination d’un nouveau gouvernement ?» s’est agacé Olivier Faure sur RMC-BFMTV.
Pour Eric Coquerel, François Bayrou a pris «une spécialiste en matière de 49.3» avec Elisabeth Borne. Le président LFI de la commission des finances a taclé ce mardi matin le Premier ministre qui a expliqué ne vouloir recourir au 49.3 qu’en situation exceptionnelle de blocage. Sauf que, «le 49.3 c’est toujours dans les moments exceptionnels», a rappelé Eric Coquerel, sur le plateau de France 2. «Remarquez, il a pris une spécialiste en la matière : 23 recours au 49.3 avec madame Borne», a-t-il ironisé alors que l’ancienne Première ministre vient d’être nommée ministre de l’Education nationale.
La passation commence pour Catherine Vautrin. Celle qui était ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation de France dans le gouvernement Barnier change de maroquin ce mardi. Catherine Vautrin renoue avec un super ministère chargé de la Santé, du Travail, des Solidarités et des Familles, au sein du gouvernement Bayrou dévoilé lundi soir. Une fonction qu’elle avait déjà occupée dans le gouvernement Attal.
Le billet de Serge July. Emmanuel Macron n’a qu’une issue face au blocage qu’il a lui même créé : accepter enfin un transfert du pouvoir vers l’Assemblée nationale. Aux responsables politiques des différents partis d’être en retour à la hauteur de cet enjeu capital. A lire ci-dessous.
Billet
Olivier Faure n’exclut pas la censure. «Aucune des conditions n’a été respectée par François Bayrou» pour établir un pacte de non-censure entre le Premier ministre et le Parti socialiste, a estimé ce mardi matin son Premier secrétaire Olivier Faure, en réaction à la composition du gouvernement dévoilée lundi. Sur le plateau de BFMTV, le patron du PS a énuméré trois des conditions posées précédemment : «Pas de dépendance de l’extrême droite, plus de passage en force avec le 49.3 et enfin un changement de cap». «Je n’ai rien entendu de la sorte, je n’ai pas vu quoi que ce soit et donc je me dis ‘‘mais en fait, à quoi ont servi ces heures passées ensemble ?’’», a déploré Olivier Faure.
Manuel Valls bon camarade gouvernemental. «Je suis lucide sur la fragilité du gouvernement», dont la survie «dépend de la responsabilité de chacun», a déclaré le nouveau ministre des Outre-mer ce mardi matin France Inter. Manuel Valls a aussi affirmé que les autres membres du gouvernement «pourront compter» sur lui et sa «présence» : «j’irai partout très vite». «Je ne suis pas venu là pour régler des problèmes politiques, mais pour aider les territoires ultramarins», a-t-il ajouté.
Manuel Valls focalisé sur Mayotte. L’ancien Premier ministre socialiste, de retour aux affaires dans le gouvernement Bayrou au poste de ministre des Outre-mer, a fait sa première déclaration sur France Inter ce mardi matin. Après sa prise de fonction prévue à midi, a assuré qu’il sera «au travail […] avec une seule idée : la reconstruction de Mayotte». Celle-ci «prendra bien plus que quelques semaines, elle sera longue», a anticipé Manuel Valls. Celui qui soutient de longue d’Emmanuel Macron a réfuté toute mauvaise gestion de la crise : «Plusieurs ministres sont allés sur place, ainsi le chef de l’Etat. Nous irons aussi avec le Premier ministre», sans donner de date mais assurant de son «engagement total» sur la question. Manuel Valls a par ailleurs pris ses distances avec François Bayrou, qui a estimé lundi soir le nombre de victimes à Mayotte «en dizaines» et pas «en milliers». «Tant mieux s’il n’y a pas le nombre de victimes annoncé il y a quelques jours. Mais je reste prudent. J’attends d’avoir tous les éléments», a avancé le nouveau ministre.
La gauche fustige l’équipe du nouveau Premier ministre. «Droite extrême», «pire des années Hollande», «déni»… Depuis Olivier Faure jusqu’à Marine Tondelier, en passant par Jean-Luc Mélenchon ou Raphaël Glucksmann, les différents partis du Nouveau Front populaire se sont montrés très sévères après l’annonce lundi soir de l’équipe gouvernementale de François Bayrou.
Réactions
Le nouveau ministre de l’Economie veut «traiter» le déficit. Eric Lombard, l’ex-directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), a pris ses fonctions à Bercy dès lundi soir, en remplacement de le Haut Savoyard Antoine Armand. «Urgence écologique, urgence sociale, développement de nos entreprises… Les défis qui sont innombrables, commandent de traiter notre mal endémique, le déficit, et sa conséquence sur la dette», a-t-il plaidé. «Plus nous sommes endettés, plus la dette coûte, plus elle étouffe le pays. Nous devons réduire le déficit sans tuer la croissance. C’est cet équilibre que nous devons rechercher et c’est le sens du projet de budget pour 2025 que nous allons poursuivre», a dit Eric Lombard. Un peu plus tôt lundi, François Bayrou avait tablé sur un retour de l’objectif de déficit public «autour» de 5 % ou «un peu plus» en 2025, là où son prédécesseur Michel Barnier avait mis la barre à 5 %. Il devrait culminer au-dessus de 6 % cette année.
L’équipe en chiffres. L’équipe gouvernementale compte 35 membres, est moins nombreuse que celle de Michel Barnier (42) mais moins resserrée qu’envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui sont conservés. Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est programmé le 3 janvier autour du président Emmanuel Macron.
François Bayrou pense pouvoir éviter la censure. Dix jours après son arrivée à Matignon et fort d’avoir respecté son objectif de composer un gouvernement avant Noël, François Bayrou s’est dit «fier» d’un «collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français», lundi dans la soirée sur le plateau de BFMTV. «Je suis persuadé que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés», à la différence de son éphémère prédécesseur Michel Barnier, a déclaré le nouveau Premier ministre.