En résumé :
- 27 ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat : après des semaines d’attente et de rumeurs, le secrétaire général de l’Elysée a dévoilé la composition du gouvernement d’Elisabeth Borne.
- Le premier conseil des ministres est programmé pour lundi matin, à 10 heures à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron.
- La Première ministre Elisabeth Borne a soutenu dans la soirée au JT de TF1 son nouveau ministre Pap Ndiaye, déjà la cible d’attaques nauséabondes de l’extrême droite.
Le débrief du nouveau gouvernement en podcast. Pap Ndiaye nommé à l’Education, une surprise qui occupe l’espace médiatique et occulte tout le reste ? On prend le temps de décrypter le gouvernement «Borne 1» dans cet épisode de «Libélysée», le podcast politique de Libération.
Après la réduction de Dupond-Moretti, «déception» et stupéfaction dans le milieu judiciaire. Il y a presque deux ans, le nouveau garde des Sceaux était la grande surprise du gouvernement Castex. Le maintien du ministre de la Justice dans le gouvernement Borne, un mois après la réélection d’Emmanuel Macron et trois semaines avant les législatives, suscite la même stupéfaction. Eric Dupond-Moretti a été reconduit dans ses fonctions ce vendredi, malgré un bilan très contesté et le spectre d’un procès devant la Cour de justice de la République pour «prise illégale d’intérêts». Notre analyse.
A la Culture, Rima Abdul-Malak, veut défendre la France dans le numérique. «Je suis résolue à défendre notre souveraineté culturelle pour affirmer la place de la création française, de la langue française, de l’innovation française dans l’océan numérique, et bientôt dans le métavers», a affirmé la Franco-Libanaise de 43 ans lors de la passation de pouvoirs avec Roselyne Bachelot rue de Valois, en fin d’après-midi. Elle souhaite «placer la culture dans la politique d’apaisement des mémoires» impulsée par Emmanuel Macron. «Ce n’est ni une politique de repentance ni une politique de déni, c’est une politique de reconnaissance», a-t-elle assuré. Parmi les autres axes de le nouvelle locataire de la rue de Valois, figure l’accompagnement des institutions culturelles dans «leur transition écologique», un «défi majeur et titanesque», a souligné celle qui dit avoir quitté «la place de la conseillère de l’ombre» pour devenir ministre.
Verdissement du gouvernement : des promesses, toujours des promesses. Pour Emmanuel Macron, le défi était titanesque mais la solution assez simple : pour réaliser sa mue écologique tant promise et lutter tant qu’il est encore temps contre le dérèglement climatique, il lui suffisait de nommer un nouveau gouvernement, où la Première ministre chargée de la planification écologique serait appuyée par «deux ministres forts». Il le fallait bien pour prendre le dessus sur les mastodontes du monde d’avant, les ministres de l’Economie, de l’Agriculture ou des Transports, autant de verrous qu’il fallait désormais faire sauter. Las, au lieu de nommer ces poids lourds en charge du sauvetage de la planète, Emmanuel Macron les a au contraire bien laissés en place au sein de ce nouveau gouvernement. Notre édito.
Une nouvelle structure à Matignon pour la planification écologique. Dans un communiqué ce vendredi soir, le cabinet d’Elisabeth Borne annonce la «mise en place d’un nouveau d’un secrétariat général à la planification écologique» auprès de la Première ministre. Il sera chargé de «coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire». Autre mission : «veiller à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement». Une création qui rime avec l’engagement d’Elisabeth Borne au JT de TF1 ce vendredi soir, à ce que «la transition écologique se décline dans toutes les politiques publiques».
Ce secrétariat sera placé sous la responsabilité d’Antoine Peillon, ancien du cabinet de Jean Castex chargé de l’environnement, de l’agriculture, des transports, de l’énergie, du logement et de la mer. Ex-conseiller chargé du sujet auprès d’Emmanuel Macron de 2017 à 2019, il est notamment à l’origine de la taxe carbone.
La Une de Libé.
À la une de @libe ce week-end :
— Libération (@libe) May 20, 2022
🔴 Nouveau gouvernement : une bonne prise, des reprises et de mauvaises surprises https://t.co/nj2k4mQp7h pic.twitter.com/NUrtelXCY1
Une parité de façade et des rôles genrés respectés. Le boys’club macroniste semble avoir de beaux jours devant lui : si la parité est strictement respectée pour ce premier gouvernement, seule Catherine Colonna s’est vu octroyer un ministère régalien. Aux hommes les postes importants, aux femmes les secrétariats d’Etat. Notre billet.
Borne l’esquive. Sa succession - plutôt moins que plus - de gauche après deux Premiers ministres de droite ? «J’ai beaucoup apprécié travailler avec Jean Castex et Edouard Philippe. Même si nous ne venons pas des mêmes familles politiques, nous avons beaucoup de choses en commun». Une éventuelle baisse de la vitesse sur les autoroutes à 110 km/h ? «Mes propos ont été déformés» et «cette proposition de la Convention citoyenne sur le climat n’a pas été retenue». Une éventuelle démission en cas de défaite personnelle aux législatives ? «Je ne me mets pas dans la perspective d’être battue». Elisabeth Borne faisait son premier JT en prime time ce vendredi soir sur TF1. Pour le show et les réponses intéressantes, on repassera.
Le pouvoir d’achat, première priorité de la Première ministre. Sur TF1, dans une interview d’une dizaine de minutes relativement terne, Elisabeth Borne a réaffirmé que «le premier projet de loi qui sera étudié par la nouvelle Assemblée» visera à «protéger les Français de la flambée des prix». Au programme : «chèque alimentation», «bouclier tarifaire énergétique», «prolongation de la réduction sur les carburants», «revalorisation des retraites et des minimas sociaux» et «triplement de la prime Macron». Rien de bien neuf, en somme. En revanche, sur un éventuel encadrement des loyers, la cheffe du gouvernement n’a pas l’air emballée, prévenant : «je me méfie des fausses bonnes idées qui à la fin ont des résultats contraires à ceux souhaités».
Borne en soutien de Ndiaye contre l’extrême droite. Interrogée au JT de TF1 ce vendredi soir, la toute récente Première ministre a défendu son nouveau ministre de l’Education, déjà cible de propos nauséabonds de l’extrême droite ce vendredi après-midi, Marine Le Pen et Eric Zemmour en tête. Pour Elisabeth Borne, ces attaques sont «parfaitement caricaturales. Ce n’est pas étonnant de la part de ces personnes. Pap Ndiaye est un républicain très engagé, qui croit aux valeurs de la République». Selon la locataire de Matignon, le nouveau ministre de l’Education a été nommé «car il partage avec Jean-Michel Blanquer l’objectif d’offrir à nos enfants l’excellence et l’égalité des chances. Il incarne cela».
L’accessibilité des services et l’urgence climatique, priorités de Guerini. «Ce ministère, c’est le ministère de la vie quotidienne des Français. Je veux mettre au coeur de mon action les questions d’accès et d’accessibilité» des services publics, a martelé le nouveau ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guérini, ce vendredi soir à l’occasion de la passation avec sa prédécesseuse Amélie de Montchalin. Par ailleurs, «il n’y a pas d’un côté la fonction publique et de l’autre l’urgence climatique : ces deux questions sont intimement liées» et «je mettrai la transition écologique au coeur de notre action», a promis le patron du parti présidentiel, dont la cote de popularité est loin d’avoir été toujours au beau fixe.
Un symbole immense. Historien, grand penseur et écrivain, visage de la diversité française et… ministre de l’Education Nationale. Bravo #PapNdiaye ! Quels que soient mes profonds désaccords avec @EmmanuelMacron et les incohérences de ce gouvernement, je salue cette nouvelle. https://t.co/VEDeRu7wF1
— Audrey PULVAR (@AudreyPulvar) May 20, 2022
L’Unef critique la nouvelle ministre Sylvie Retailleau. Selon le syndicat étudiant, en nommant la directrice de l’université de Paris-Saclay au ministère de l’Enseignement supérieur, «Emmanuel Macron attaque l’université publique gratuite et ouverte à tous». Dans une série de tweets, l’Unef argumente : «l’université Paris-Saclay, c’est des frais d’inscriptions de plusieurs milliers d’euros, la disparition successive des droits étudiants, la réduction du nombre d’élus étudiants dans les conseils centraux, une fusion d’établissement qui marque la fin des universités de proximité». Le profil de Sylvie Retailleau.
Ces ministres qui remettent ça. On s’attendait à quelques nouvelles surprises du nouveau monde, on a surtout droit à un «tournez manège» à l’ancienne. Nombre d’anciens ministres du gouvernement Castex ont été rappelés par Elisabeth Borne et Emmanuel Macron. Tour d’horizon de ce jeu de chaises musicales gouvernemental.
Pap Ndiaye se décrit en «pur produit de la méritocratie» et en «symbole de la diversité». La première prise de parole de Pap Ndiaye comme ministre de l’Education était attendue, à la mesure de la surprise que représente sa nomination rue de Grenelle. Lors de la passation de pouvoirs avec Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye a rappelé que le «monde des enseignants était le [s] ien depuis toujours» en rendant notamment hommage à sa mère qui fut prof en collège à Bourg-la-Reine. L’historien s’est ensuite décrit comme «un pur produit de la méritocratie républicaine dont l’école est le pilier». Avant de développer : «Je suis peut être un symbole, celui de la méritocratie, mais aussi celui de la diversité. Je n’en tire nulle fierté mais plutôt le sens du devoir et des responsabilités qui sont désormais les miennes». Une première réponse aux attaques indignes dont il fait l’objet de la part de l’extrême droite depuis l’annonce du gouvernement.
Au revoir les enfants. Pour ses adieux, Jean-Michel Blanquer voulait sa chanson, il l’a eu. 24 heures après la visite de la chorale Acad’Ô Chœur, qui aurait dû chanter pour célébrer le départ du ministre de l’Education nationale mais qui est rentré à Poitiers qui n’a finalement fredonné «que» devant les agents du ministère, faute de passation de pouvoir, un autre groupe d’enfants s’est produit dans la cour du ministère. Pendant que Blanquer et son successeur Pap Ndiaye échangeaient à l’abris des regards indiscrets, 18 bambins, tous vêtus de chemise à carreaux, chantonnaient le titre «La planète amour» du conte musical Abbacadabra, sur une musique d’ABBA.
Étonnant concert des Poppys pour dire adieu à Blanquer. #gouvernement pic.twitter.com/Z9nIo25yiG
— Mickaël Frison (@mkfrison) May 20, 2022
«Un gouvernement de droite qui se moque complètement de l’écologie et du social». Julien Bayou, secrétaire national d’EE-LV, n’est pas tendre avec la nouvelle équipe d’Elisabeth Borne. Dans un message sur Twitter, il cible notamment Amélie De Montchalin, nouvelle ministre de la transition écologique, qui «n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour l’écologie. Elle a même glorifié le MERCOSUR». Et Bayou de pointer également l’absence d’un ministre chargé du logement, alors que la rénovation énergétique est pourtant l’un des axes d’améliorations reconnus par Emmanuel Macron.
Les syndicats de polices sabrent le champagne pour Darmanin. Plusieurs organisations de police se réjouissent ce vendredi soir de la reconduction de Gérald Darmanin place Beauvau. «Nous resterons dans la continuité de la politique de sécurité qu’il a impulsée sur le premier mandat, ce qui est une bonne chose», souligne Alliance, l’une des principales entités, dans un communiqué. «Nous avons pu compter sur lui et nous espérons qu’il en sera de même sur ce nouveau mandat», écrit encore le syndicat. Même si «nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout», «c’est plutôt bien pour le ministère de l’Intérieur et ses agents d’être dans cette continuité», ajoute Grégory Joron, Secrétaire général d’Unité-SGP, l’autre principal syndicat policier. «Nous appelions de nos vœux la reconduction de Gérald Darmanin, qui a initié des réformes de fond ambitieuses pour la police et les policiers», déclare également Patrice Ribeiro, Secrétaire général de Synergie-Officiers. Notre analyse.
Djebarri prêt à pantoufler. Lundi, Hopium, une entreprise spécialisée dans les véhicules hydrogènes a annoncé avoir proposé à l’ancien ministre des Transports de le nommer administrateur de la boîte. De quoi interroger, comme à chaque fois qu’un tel glissement de poste du public vers le privé s’opère.
Il n’y a pas de plus grand honneur que de servir son pays. J’ai tâché d’en être à la hauteur, depuis 5 ans, comme député, comme secrétaire d’Etat, puis comme Ministre. Merci au Président de la République pour sa confiance.
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) May 20, 2022
Le RN en ébullition. La nomination du nouveau ministre de l’Education met l’extrême droite en toupie. Ils voient dans l’historien, désormais ex-directeur du Musée de l’immigration, un représentant du «wokisme» et un défenseur de thèses «racialistes».
Un militant immigrationniste pour rééduquer nos enfants au « vivre-ensemble » avec les #migrants et déconstruire l’Histoire de France. Cette nomination dépasse les bornes de la provocation. #PapNdiaye #gouvernementborne https://t.co/YmEZnUKCJZ
— Julien ODOUL (@JulienOdoul) May 20, 2022