En résumé :
- Ca ne sera pas pour ce dimanche. Matignon fait savoir ce dimanche à 18h30 que la formation du premier gouvernement Bayrou ne sera pas connue avant demain.
- Le président Emmanuel Macron a reçu le Premier ministre François Bayrou ce dimanche en fin d’après-midi à l’Élysée, après que ce dernier ait fait «des derniers réglages» en vue de composer son gouvernement.
- Le chef de file Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez a refusé samedi d’entrer au gouvernement mais le parti de droite s’oriente cependant vers une participation à l’équipe de François Bayrou.
- L’ex-ministre socialiste François Rebsamen annonce dans un entretien à la Tribune du Dimanche qu’il est prêt à rejoindre le gouvernement que le Premier ministre François Bayrou cherche à former d’ici Noël.
Le gouvernement Bayrou sera-t-il à la hauteur du moment ? Alors ? Y aura-t-il un gouvernement à Noël ? François Bayrou l’a promis. Il peine manifestement à tenir sa promesse. Il souhaite une équipe de poids lourds. Les noms dimanche d’Elisabeth Borne, de Gérald Darmanin, de Xavier Bertrand circulaient. Le maintien au ministère de l’Intérieur de Bruno Retailleau semble, lui, quasi acquis. Des poids lourds pour mieux affronter la difficulté des temps, pourquoi pas. Mais ils ont manifestement l’art de se faire désirer. Ou le poids politique d’imposer des conditions. L’édito de Paul Quinio
François Bayrou la joue «Un jour sans fin». C’est – encore – le jour du remaniement. François Bayrou studieusement arrivé à Matignon dimanche à 8 h 30 pour plancher sur la composition de son gouvernement, encore dans les temps pour l’annoncer «dans le week-end», comme il l’avait évoqué sur France 2 jeudi. Un ballet de voitures officielles dans la cour de Matignon. Son bras droit Marc Fesneau, président des députés Modem, venu l’épauler en fin de matinée. «Deux échanges» par téléphone avec Emmanuel Macron au cours de la journée. «Le Premier ministre effectue les derniers réglages», faisait encore savoir Matignon en milieu d’après-midi, laissant entrevoir la délivrance assez tôt pour figurer dans les journaux télévisés. Et puis… non. Le récit de Jean-Baptiste Daoulas et Lilian Alemagna
L’épineuse question Bertrand. Annoncé dans l’équipe gouvernementale, Xavier Bertrand est-il la principale raison pour laquelle l’annonce de la nouvelle équipe a été repoussée ce dimanche ? Le RN, qui n’avait pas annoncé de «censure a priori» après l’arrivée de François Bayrou à Matignon, a annoncé la couleur s’agissant du président des Hauts-de-France, qui lui dispute la région depuis des années. Ce serait un «bras d’honneur», a ainsi illustré dimanche sur BFM le député Sébastien Chenu.
«Bayrou dans les mains du RN», selon Pierre Jouvet. Invité à réagir à la non-annonce du gouvernement, l’eurodéputé socialiste a trouvé la cause des difficultés de François Bayrou à former son équipe. «Aujourd’hui, il est coincé, il n’arrive pas à faire son gouvernement parce qu’il est dans les mains du Rassemblement national», a-t-il indiqué sur BFM. Celui qui avait mené les négociations pour la Nupes au nom du Parti socialiste avait regretté auparavant que le Premier ministre n’ait pas écouté l’avis des socialistes pour que ceux-ci ne censurent pas : «On a discuté, on a mis des conditions, on a essayé d’amener des points différents sur la méthode... Mais François Bayrou se fiche de tout ce qu’on lui raconte.»
L’absence de gouvernement Bayrou, une «farce funeste» pour Eric Ciotti. «Le ridicule continue. À 48 heures du réveillon de Noël, le gouvernement macroniste de François Bayrou n’a toujours aucun ministre !» Cette farce funeste est hélas amenée à se reproduire dans la prison du en même temps et de l’impossible alliance de la gauche, du centre et de la droite absorbée par le macronisme», fustige l’ex-patron de LR sur X, depuis rallié à l’extrême droite avec son parti de l’Union des droites pour la République (UDR). En début de semaine, Ciotti a mis la pression sur le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, en passe d’être reconduit à son poste, en souhaitant qu’il ne renonce pas à une loi sur l’immigrations pour rester à Beauvau.
Pour le budget 2025, Bayrou dans les pas de Barnier. La loi spéciale ayant été promulguée vendredi 20 décembre, le Premier ministre et son nouveau gouvernement devront très vite s’atteler à la remise en route d’un projet de loi de finances. A priori, à partir de la copie laissée en suspens au Parlement par Michel Barnier.
Analyse
Oui mais alors quand ? S’il est acté que le gouvernement ne sera pas dévoilé ce soir, le sera-t-il demain ? Cela percuterait alors le jour de deuil national pour Mayotte après le passage du cyclone Chido. En tout état de cause, difficile d’imaginer que ça intervienne avant 11 heures du matin, horaire du «moment de recueillement» appelé de ses vœux par Emmanuel Macron. François Bayrou avait dit vouloir aboutir à des nominations au plus tard avant Noël. Mardi 24 décembre, jusqu’à minuit, c’est encore dans les temps...
La fumée blanche, ça ne sera pas pour ce soir. Le nouveau gouvernement ne sera pas annoncé ce dimanche, apprend le service politique de Libé de source Matignon. L’AFP, qui cite l’Elysée, et Le Parisien sont à l’unisson.
Emmanuel Macron va recevoir François Bayrou ce dimanche en fin d’après-midi. Le président Emmanuel Macron va recevoir le Premier ministre François Bayrou ce dimanche en fin d’après-midi à l’Élysée, signe supplémentaire de l’imminence de l’annonce d’un nouveau gouvernement, a-t-on appris dans l’entourage présidentiel. François Bayrou a poursuivi pendant le week-end les consultations pour former son équipe et s’est déjà entretenu avec le chef de l’État à deux reprises au téléphone pendant la journée
Deux entretiens dimanche entre Macron et Bayrou, qui procède aux «derniers réglages». Emmanuel Macron et François Bayrou ont échangé à deux reprises dimanche, a appris l’AFP dans l’entourage de ce dernier. Cette même source a ajouté que les échanges entre les deux têtes de l’exécutif «se sont bien passés» mais n’a pas précisé quand le gouvernement serait annoncé, si ce n’est que François Bayrou en est au stade «des derniers réglages». Ce dernier avait réaffirmé jeudi vouloir présenter son gouvernement «dans le week-end», «en tout cas avant Noël». Emmanuel Macron est rentré dimanche matin en France, après un déplacement à Djibouti et en Ethiopie.
Le Rassemblement national «pas parti pour voter une motion de censure immédiate». Invité sur le plateau de BFM TV ce dimanche, Sébastien Chenu a qualifié le début de mandat de Bayrou de «nul», tout en indiquant que son groupe n’était «pas parti pour voter une motion de censure immédiate». «Ce qu’on veut c’est des actes, des paroles, Dieu sait si on en a entendu, a poursuivi le député RN du Nord. On a entendu Michel Barnier faire des beaux discours, on a vu Michel Barnier nous recevoir, et puis finalement il a construit un budget dans lequel il faisait les poches de Français.»
Le RN attentif à ce que fera Retailleau à Beauvau. Malgré ses positions extrêmes droitières, le maintien de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur n’est pas vu avec autant de bienveillance que prévu du côté du RN. «J’ai lu son interview dans le Journal du dimanche, il n’y a rien dedans», a réagi le porte-parole du parti d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy, sur LCI. Bien sûr, avoir Retailleau à nouveau à Beauvau dans le gouvernement de Bayrou, «c’est mieux qu’avoir un ministre de l’Intérieur de gauche», selon Tanguy. Avant de lancer cette vacherie : «il dit que ses convictions ne sont pas à vendre, parce qu’il a déjà été acheté». Entendre par la Macronie. Retailleau «banalise un certain nombre de nos idées. Mais, dans son comportement, il se gauchise. Il se prévaut de positions très fortes, promet un changement, mais, à petits pas, il renonce à tout», enfonce le député.
Le ministre démissionnaire des Outre-mer toujours pas fixé sur son avenir. Alors que l’annonce du premier gouvernement de François Bayrou pourrait intervenir ce dimanche, le ministre démissionnaire des Outre-mer François-Noël Buffet a affirmé ce dimanche au Grand jury ne pas avoir eu d’appel pour rejoindre la nouvelle équipe. La grande incertitude pour tous.
Retailleau pose ses conditions pour rester à Beauvau. Il se dit «pas sectaire», mais le très droitier ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a quand même posé comme condition à François Bayrou qu’aucun membre de la coalition du Nouveau Front populaire n’intègre le gouvernement, pour que lui-même y reste. Ce qu’espère le Premier ministre. «Il ne sera pas possible de participer à un gouvernement où serait représentée la gauche membre du NFP, otage de Jean-Luc Mélenchon», a dit Retailleau à l’hebdomadaire d’extrême droite le Journal du Dimanche. Sans trop se mouiller puisque, mis à part l’ancien ministre socialiste François Rebsamen, peu de personnalités de gauche se sont dites «prêtes» à suivre Bayrou. Même Retailleau l’admet «rejoindre le gouvernement aujourd’hui est tout sauf confortable». Tout à sa communication, il affirme quand même que «si les conditions posées» par LR pour participer à l’aventure étaient remplies, le «devoir» de la droite serait de «ne pas déserter». Le ministre de l’intérieur, qui n’a que le mot «immigration» à la bouche, appliquerait alors une «politique d’ordre», a-t-il promis.
Alexis Corbière prévoit une censure du gouvernement «au mois de mars» au plus tard. Le gouvernement n’est pas encore formé qu’il hérisse déjà la gauche. Alors que l’équipe gouvernementale pourrait être dévoilée ce dimanche, plusieurs médias dont la Tribune du dimanche affirme que d’anciens ministres macronistes comme Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin pourraient en être. Tout comme des figures de LR comme le Président des Hauts-de-France Xavier Bertrand. «Le club des 5 de la loose», grince le député Alexis Corbière sur X. «Réunir en un même gouvernement tous ceux qui les Français rejettent élections après élections est une idée fascinante», poursuit-il assurant que, selon lui, une censure interviendra «au mois de mars maximum». Jean-Luc Mélenchon ne donne, lui, pas autant de temps à François Bayrou. «Ce sera sans doute le 16 janvier», a-t-il affirmé vendredi dans un entretien au Parisien. Soit «48 heures après son discours de politique générale.»
Le club des 5 de la loose !
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) December 22, 2024
Réunir en un même gouvernement tous ceux qui les français rejettent élections après élections est une idée fascinante.
Au mois de mars maximum, ils seront censurés. Ou même avant.
Préparons collectivement la suite. Unis, la victoire est possible #NFP pic.twitter.com/F6WpPGO4jm
Bayrou commence à Matignon avec une popularité historiquement basse. François Bayrou commence dans ses fonctions de Premier ministre avec une cote de popularité historiquement basse, selon le baromètre Ifop-Journal du Dimanche, qui mesure à 66 % la proportion des Français qui en sont mécontents. Seulement 34 % des personnes interrogées se disent satisfaites ou très satisfaites du nouveau chef du gouvernement. En remontant jusqu’en 1959 et la nomination de Michel Debré, l’Ifop qui réalise ce baromètre depuis des décennies, n’a pas retrouvé de niveaux d’impopularité aussi élevés pour un Premier ministre immédiatement après sa prise de fonctions. Le chiffre des personnes mécontentes de François Bayrou dépasse très largement celui enregistré par Michel Barnier en septembre 2024 (55 %), par Gabriel Attal en janvier 2024 (46 %) et par Élisabeth Borne en mai 2022 (43 %).
Wauquiez refuse d’entrer au gouvernement, mais LR s’oriente vers une participation. Le chef de file Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez a refusé samedi d’entrer au gouvernement, selon des participants à une réunion de son groupe parlementaire. Évoquant son «cas personnel», Laurent Wauquiez a déclaré : «la seule configuration possible pour moi, c’était Bercy [le ministère des Finances] avec une feuille de route claire, notamment pas d’augmentation d’impôts. Il n’y a pas cette feuille de route. Il [François Bayrou] m’a proposé autre chose, j’ai décliné». Les groupes LR au Sénat et à l’Assemblée nationale se sont réunis samedi soir pour évoquer les conditions d’une participation au gouvernement que le Premier ministre François Bayrou espère former d’ici Noël, et peut-être même dès dimanche.
Tractations
François Rebsamen prêt à «s’engager» dans le gouvernement Bayrou. L’ex-ministre socialiste François Rebsamen annonce dans un entretien à la Tribune du Dimanche qu’il est prêt à rejoindre le gouvernement que le Premier ministre François Bayrou cherche à former d’ici Noël. «Depuis 2012, j’ai refusé à plusieurs reprises d’être ministre. Aujourd’hui, je suis prêt à m’engager», a déclaré l’ancien socialiste qui avait soutenu Emmanuel Macron en 2022 et vient de renoncer à la fonction de maire de Dijon. François Rebsamen, 73 ans, affirme que cet engagement dans le prochain gouvernement est motivé par la situation politique et économique du pays mais aussi par sa relation personnelle avec le président du MoDem. «J’ai une relation de confiance avec le Premier ministre depuis de nombreuses années. Je pense qu’il est l’homme de la situation. Il a la culture du compromis dont le pays a besoin, il l’a montré en 2012 en votant pour François Hollande. Tout cela emporte ma décision», explique-t-il.
Le gouvernement «avance», présentation «avant Noël», répète Fesneau. La composition du gouvernement «avance», «la structuration des grands pôles ministériels est fixée», a assuré samedi Marc Fesneau, le président des députés MoDem, confirmant qu’elle «devrait être annoncée avant Noël». «Elle devrait l’être en une seule fois», a-t-il précisé dans un entretien à la Tribune du dimanche. Ce proche du Premier ministre a précisé que la nouvelle équipe s’appuierait «sur ce que l’on appelle le bloc central» (Renaissance, Horizons et le MoDem) et sur Les Républicains, comme le gouvernement Barnier tombé début décembre.