En résumé :
- Sébastien Lecornu a remis à Emmanuel Macron sa démission ce lundi 6 octobre au matin, qui l’a acceptée. Le Premier ministre démissionnaire a ensuite expliqué dans un court discours que «les conditions n’étaient plus réunies» pour qu’il puisse exercer sa fonction, critiquant notamment les oppositions aussi bien que les membres du «socle commun».
- Le Parti socialiste a appelé Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre «issu de la gauche et des Ecologistes». Bruno le Maire, dont la nomination dimanche soir à la tête du ministère des Armées a été vivement critiquée par la droite, a annoncé renoncer à participer au gouvernement démissionnaire du Premier ministre Sébastien Lecornu pour «permettre la reprise des discussions».
- Sébastien Lecornu dit avoir accepté «à la demande du Président de la République de mener d’ultimes discussions avec les forces politiques». Emmanuel Macron lui a donné jusqu’à mercredi soir.
- Près d’un mois après sa prise de fonction, l’éphémère chef du gouvernement avait présenté dimanche soir la première partie de son gouvernement. En dépit de promesses de «rupture», l’équipe ne présentait que peu de renouvellements : onze ministres avaient gardé le même portefeuille.
La barre a été placée haut dès le matin, avec deux records battus par Lecornu : celui du plus court bail à Matignon, avec seulement vingt-huit petits jours, ainsi que celui du gouvernement le plus éphémère, débranché moins de 15 heures après l’annonce de sa composition. Sur le perron de Matignon, à 10h45, il s’avance sans notes pour reconnaître que «les conditions n’étaient plus remplies» pour pouvoir exercer ses fonctions. En fin de journée, il reprend finalement son tablier, acceptant la mission que lui confie Emmanuel Macron : bâtir «une plateforme d’action et de stabilité» d’ici mercredi soir. Entre temps, toute la macronie est prise de vertige : «On a basculé dans la 43e dimension, un monde dont j’ignore tout.» «Les bras m’en tombent. C’est une farce»,s’afflige un conseiller ministériel. Notre récit d’une journée inédite est à lire ici.
L’heure-H est arrivée : le live ouvert ce matin par Libération aura bel et bien duré plus longtemps que le gouvernement Lecornu. Après 14 heures de direct, la longévité de cette page dépasse celle de l’équipe nommée hier soir à 19 h 41 et démissionnée ce lundi à 9 h 41. Pour rappel, voici cinq choses qui durent plus longtemps qu’un gouvernement Lecornu.
Le Parti socialiste n’ira pas à une réunion, qu’elle ait lieu mardi ou plus tard, «en présence de la France insoumise», a annoncé le secrétaire général des roses Pierre Jouvet ce lundi soir. Ce dernier expliquant être «en désaccord avec l’unique porte de sortie proposée par Jean-Luc Mélenchon à cette crise», à savoir la destitution du Président. Mais le Parti socialiste continue de discuter avec ses partenaires «qui veulent proposer un gouvernement de gauche et écologiste pour trouver une issue collective et changer la vie des Français», a-t-il ajouté.
Voilà des mois que Retailleau et ses proches théorisaient le moment idoine pour cette rupture, après avoir accepté d’entrer au gouvernement de Michel Barnier, à l’automne 2024, au nom de la «stabilité» et du «barrage» à la gauche. Si la porte devait claquer, il fallait le faire sur un sujet régalien, un bras de fer avec le chef de l’Etat, comme l’épineuse relation avec l’Algérie… Mi-septembre, face à des militants LR du Bas-Rhin, celui qui était encore ministre de l’Intérieur traçait les limites de la participation de son camp au gouvernement : ses «convictions» et «l’intérêt supérieur de la nation, de la France». Lundi, après avoir suscité la chute de Lecornu, Retailleau racontait une autre histoire, faite de flous programmatiques, d’incompréhensions mutuelles et de confiance rompue. Notre récit
Trois jours avant le départ de l’éphémère Premier ministre, la Confédération des petites et moyennes entreprises criait victoire trop vite. Elle se réjouissait «que le gouvernement ait entendu la voix des entrepreneurs en annonçant une nouvelle baisse de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (la CVAE) de 1,1 milliard d’euros». «C’était un signal positif pour notre secteur qui fait face à une concurrence européenne et numérique importante, surtout les commerçants», précise le président CPME Ile-de-France aujourd’hui conscient que la mesure est, comme le gouvernement, sur la sellette. Le signal positif semble désormais brouillé. Notre article
Lors de son interview à TF1 ce lundi soir, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal a appelé le président Emmanuel Macron à «partager le pouvoir». La «méthode utilisée n’ayant» selon lui «pas été la bonne jusqu’à maintenant», Gabriel Attal a relancé une idée déjà évoquée avant la nomination de Sébastien Lecornu : faire appel à «un ou plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement». Avant la chute de François Bayrou, le chef de Renaissance avait suggéré de nommer à Matignon l’ex-numéro 1 de la CFDT, Laurent Berger. Une idée vite enterrée.
Invité du journal de 20 heures sur TF1, le président de Renaissance Gabriel Attal a lourdement taclé le chef de l’Etat Emmanuel Macron. L’ancien Premier ministre a en effet affirmé : «Comme beaucoup de Français, je ne comprends plus les décisions du président de la République [qui] donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main». En référence à la succession de gouvernements depuis la dissolution, Gabriel Attal a encore égratigné Emmanuel Macron en lançant que «le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu’on peut essayer autre chose».
Les chiffres ne sont pas bons et c’est peu dire. Trois Français interrogés sur 4 (75%) approuvent la démission de Sébastien Lecornu et plus de la moitié estiment Emmanuel Macron responsable de cette nouvelle crise politique, selon deux sondages. D’après une enquête Elabe pour BFMTV, 51% des Français interrogés pensent qu’une destitution d’Emmanuel Macron pourrait être la solution, tandis que 42% misent plutôt sur une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Selon un autre sondage Odoxa-Backbone pour le quotidien Le Figaro, ils sont 57% à juger le président de la République «totalement responsable» de la démission de son chef de gouvernement, et 70% favorables à sa propre démission.
Selon l’entourage d’Emmanuel Macron, les «ultimes négociations» que doit mener Sébastien Lecornu d’ici mercredi soir ne signifient pas qu’il sera automatiquement renommé Premier ministre de plein exercice en cas de succès. Il doit se concentrer sur le fond, c’est-à-dire un programme qui permettrait «une plateforme d’action et de stabilité», selon les termes de l’Elysée. Cela tombe bien, BFMTV et le Figaro ont affirmé que si Sébastien Lecornu a accepté de mener ces discussions réclamées par Emmanuel Macron, il ne souhaite pas être renommé à Matignon. Même si les tractations aboutissent, le Normand ne poursuivra donc pas sa mission.
Il démissionne, elle dévisse. La Bourse de Paris a terminé en nette baisse ce lundi, les investisseurs digérant la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Le CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, a terminé en baisse de 1,36%, soit une forte perte de 109,76 points, pour s’établir à 7 971,78 points à la clôture.
Dans un communiqué publié ce lundi soir, la France insoumise annonce avoir rencontré une délégation des Ecologistes menée par Marine Tondelier et avoir eu un échange avec Stéphane Peu, le chef des députés communistes. «Nous nous sommes accordés sur la nécessité que puisse se tenir [une réunion] des composantes fondatrices de la NUPES et du NFP [...] dans les plus brefs délais», affirme LFI qui précise que le chef des députés communistes et ultra-marins Stéphane Peu a fait part de sa «totale disponibilité» pour y participer. «De son côté, le Parti socialiste refuse à ce sade une telle réunion», ajoutent les insoumis.
Le coordinateur national de la France insoumise Manuel Bompard a annoncé ce lundi sur X que la motion de destitution du président de la République sera examinée mercredi 8 octobre par le bureau de l’Assemblée nationale. Le communiqué de LFI partagé par l’élu des Bouches-du-Rhône rappelle que le texte a été signé par 104 parlementaires et affirme que «chaque formation politique devra donc assumer dès mercredi matin si elle laisse Emmanuel Macron continuer de détruire le pays».
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a dénoncé l’œuvre d’un «monde politique en train de s’effondrer» après que le président Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de mener «d’ultimes négociations» d’ici «mercredi soir» afin d’aboutir à une «plateforme d’action» pour la «stabilité du pays». «Tout ça est un peu triste. C’est vraiment les derniers messages d’un monde politique qui est en train de s’effondrer et qui s’accroche comme une moule à son rocher», a estimé Marine Tondelier devant la presse.
Les 17 ministres nommés par le Premier ministre ont été annoncés dimanche à 19 h 41 par le secrétaire général de l’Elysée et sont devenus démissionnaires à 9 h 41 ce lundi matin. Leur expérience de ministres de plein exercice aura donc duré quatorze heures exactement, selon l’horaire des urgents envoyés par l’AFP. Soit moins longtemps que :
Les quinze heures d’activité hebdomadaire nécessaires pour toucher le RSA, comme l’ont relevé les Echos, soit une heure de plus que la durée de vie du gouvernement Lecornu I.
Les cinquante-huit heures et trente-six minutes qu’a duré le plus long baiser du monde. Les détenteurs du record, les Thailandais Ekkachai et Laksana Tiranarat, se sont embrassés quarante-quatre heures et trente-six minutes de plus.
Les vingt-cinq heures et quarante-deux minutes jouées en Ligue des champions la saison dernière par Wilian Pacho. Le défenseur du PSG, vainqueur de la compétition, a passé onze heures et quarante-deux minutes de plus sur le terrain.
Les dix-neuf heures et trente-six minutes nécessaires pour regarder l’ensemble de la saga Harry Potter. Si vous vous étiez lancé dans un marathon ciné avec le jeune sorcier au moment où le gouvernement a été annoncé dimanche soir, vous auriez encore été devant le sixième film, le Prince de sang mêlé, quand Lecornu a présenté sa démission ce matin.
Les vingt heures qu’un koala passe en moyenne à dormir chaque jour. Le sommeil quotidien du marsupial dure donc généralement six heures de plus. Il y en a qui savent vivre.
Sans oublier que le gouvernement Lecornu I aura été également plus bref que tous ceux des IIIe et IVe Républiques, pourtant réputées pour leur instabilité.
Emmanuel Macron s’est dit prêt à «prendre ses responsabilités» en cas de nouvel échec du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, auquel il a donné 48 heures pour tenter des négociations de la dernière chance, a-t-on appris auprès de l’entourage du chef de l’Etat. Par ce message, le président semble faire planer la menace d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale.
A la sortie de sa réunion de groupe, le RN a annoncé qu’il censurera tout gouvernement, à priori, quoi qu’il arrive (y compris en cas de gouvernement Lecornu 2). «On en a marre du cirque», a déclaré Andrea Kotarac, conseiller de Marine le Pen.
Les processus de nomination des nouveaux dirigeants de la SNCF et de La Poste se retrouvent dans les limbes après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, a indiqué le Sénat. «En conséquence de la démission du Premier ministre, les travaux législatifs demeurent suspendus. Le Sénat ne siègera donc pas en séance publique demain mardi 7 octobre, ni mercredi 8 octobre», a souligné la chambre haute sur son compte officiel X. «Les travaux législatifs des commissions demeurent suspendus ; les auditions dans le cadre du pouvoir de nomination (article 13 de la Constitution) sont reportées, comme par exemple celle de Jean Castex, proposé pour la SNCF», a complété le Sénat.
«Sous la pression de sa famille politique, Bruno Retailleau reconnaît qu’il ne peut rester ministre de l’Intérieur tout en ambitionnant de devenir le candidat de son parti à la présidentielle.» La volte-face du président de LR à l’origine de la démission de Lecornu est étroitement liée à la lecture présidentialiste des institutions de la Ve République, décrypte dans une tribune à Libération Isabelle Boucobza, professeure de droit public à l’université Paris Nanterre. «La logique présidentialiste de la Ve République se retourne-t-elle contre Emmanuel Macron qui comptait pourtant en exploiter toutes les ressources juridiques pour gouverner sans majorité jusqu’à la fin de son mandat ?», interroge-t-elle, la réponse étant dans la question.
Dans un communiqué, l’Elysée indique que «le Président de la République a confié à monsieur Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire en charge des affaires courantes, la responsabilité de mener, d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays».