En résumé :
- Face à la percée du RN et de ses alliés, qui ont obtenu 33,2 % des voix dimanche soir lors du premier tour des élections législatives, la gauche unie a appelé à faire barrage. Plus de 210 candidats, en majorité des représentants de la gauche, se sont désistés. 109 triangulaires et quadrangulaires subsistent au second tour, sur les 311 prévues initialement.
- La tenue d’un débat d’entre-deux-tours semble de plus en plus incertaine. En cause : une organisation chaotique, au détriment de la cheffe écolo Marine Tondelier, contre qui Jordan Bardella refuse de débattre.
- Retrouvez les résultats du premier tour dans la circonscription de votre choix grâce à notre carte interactive. Et toutes les informations et réactions de la journée électorale de lundi sont ici.
Marine Tondelier : «On doit se montrer prêts à gouverner»
— Libération (@libe) July 2, 2024
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Dans le Rhône, un candidat se retire après avoir déposé sa candidature. «Ce n’était vraiment pas raisonnable» : le candidat Modem dans la 8e circonscription du Rhône, Dominique Despras, a annoncé mardi soir renoncer à sa candidature plus d’une heure après son officialisation, pour éviter une quadrangulaire. «Parce que nous conservons un esprit de responsabilité et un esprit républicain, nous avons décidé de retirer notre candidature», a annoncé le candidat dans une publication sur Facebook. La circonscription des Monts d’Or, au nord-ouest de Lyon, était détenue par la droite depuis un quart de siècle, mais la députée LR sortante Nathalie Serre n’est arrivée dimanche qu’en quatrième position, se qualifiant néanmoins avec 20,66% des voix. Le candidat RN Jonathan Gery est arrivé en tête avec 33,46% des suffrages, suivi par celle du Nouveau Front Populaire (NPF) Anne Reymbaut (22,75%).
BFMTV acte «l’impossibilité» d’un débat, avec une «émission spéciale». La chaîne d’info a indiqué mardi prendre acte de «l’impossibilité de monter un débat» à quelques jours du second tour des législatives, pour proposer à la place à une «émission spéciale» mercredi soir. Cette émission, à 20h30, verra trois dirigeants des grands blocs s’exprimer pendant «chacun une heure» et «dans un ordre qui reste à définir», a annoncé la chaîne sur son site internet. Il s’agit du Premier ministre Gabriel Attal pour la majorité présidentielle sortante, du président du RN Jordan Bardella, et de la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, pour le Nouveau Front populaire. BFMTV a tenté en vain de surmonter le désaccord entre la coalition de gauche et le parti d’extrême droite sur l’identité du représentant de la gauche.
Marine Tondelier ne ferme pas la porte à l’idée d’une grande coalition. La patronne des Écologistes a estimé mardi qu’«il faudra sûrement faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant dans ce pays» en cas d’une Assemblée sans majorité claire, mais en rejetant l’idée d’un nouveau «Premier ministre macroniste». «La politique dans ce pays ne pourra pas continuer comme avant. On va devoir changer», a ajouté l’écologiste lors d’un entretien au 20 heures de TF1, appelant à «trouver des solutions» et à ce «que certains au centre, à droite, nous disent comment ils souhaitent travailler dans l’autre sens».
Un an après l’attaque de son domicile, le maire LR de l’Haÿ-les-Roses appelle à la «mobilisation» contre LFI. «J’ai mis toutes mes forces dans la bataille parce que je refuse de donner un soldat de plus à Jean-Luc Mélenchon», a affirmé devant près de 200 personnes le candidat de la droite Vincent Jeanbrun, qui affrontera dimanche au second tour la sortante LFI Rachel Kéké dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Arrivé deuxième au premier tour avec 34,64% des voix contre 43,65% pour son adversaire, le maire LR pourrait l’emporter si les voix recueillies par le candidat RN Claude Ledion (18,89%), exclu de justesse du second tour, se reportent sous son nom.
«Un piteux et déshonorant arrangement» : Aurélien Rousseau indigné par les manoeuvres supposées entre les candidates Ensemble et LR-RN. «L’extrême-droite n’était donc pas le seul adversaire ?» L’ex-ministre d’Emmanuel Macron et candidat du Nouveau Front populaire (NFP), arrivé dimanche en tête du premier tour, a réagi aux révélations de l’Express mardi sur de possibles tractations entre la candidate de la majorité présidentielle Nadia Hai, arrivée deuxième, et la conseillère régionale LR Babette de Rozières, favorable à une alliance entre son parti et le RN, qui a terminé en troisième position. Selon l’Express, cette dernière aurait été «priée de se retirer afin de favoriser» la macroniste. «À l’heure où partout en France les désistements républicains s’organisent, ici, pour me faire battre, on a tenté un piteux et déshonorant arrangement avec la candidate RN», déplore sur X Aurélien Rousseau.
J’aimerais que tout ceci soit faux. Je crains que non. À l’heure où partout en France les désistements républicains s’organisent, ici, pour me faire battre, on a tenté un piteux et déshonorant arrangement avec la candidate RN. L’extrême-droite n’était donc pas le seul adversaire? https://t.co/wxyU7AqF8q
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) July 2, 2024
Une candidate RN en Mayenne déjà condamnée pour «séquestration avec arme» ? Annie Bell, septuagénaire qui se présente pour le RN en Mayenne et s’est qualifiée pour le second tour des législatives, avait été condamnée à de la prison ferme en 1995 pour une prise d’otage à main armée dans une mairie du département, révèle mardi la presse locale. Ouest-France, dont une coupure de presse relatant la prise d’otage circulait mardi sur les réseaux sociaux, est allé fouiller dans ses archives pour exhumer cette surprenante affaire. Annie Bell et son mari avaient, le 5 janvier 1995, séquestré pendant trois heures et sous la menace d’une carabine le secrétaire général de la mairie d’Ernée (Mayenne). Cette femme, qui portait à l’époque le nom de son époux, Jaccoud, s’était enfermée dans le bureau du secrétaire général «à l’issue d’une bousculade». Un coup de feu, qui n’avait pas fait de victime, avait même été tiré par cette femme.
Le Parti socialiste alerte sur l’ambiguïté des candidats Républicains. «Les Républicains sont ambigus», estime Pierre Jouvet, le secrétaire général du PS sur BFMTV mardi soir, en évoquant les candidats LR qui ont fait le choix de ne pas se désister en cas de triangulaires dans lesquelles le candidat du Nouveau Front populaire est «devant eux et pouvait battre le RN». «Je crains qu’ils cachent la vraie réalité à leurs électeurs et qu’ils s’apprêtent à faire une alliance avec Jordan Bardella», ajoute-t-il, estimant que «finalement Eric Ciotti n’aura été que l’ouvre-porte d’une future coalition entre les Républicains et l’extrême droite». Invitée aussi sur BFMTV mardi soir, la première secrétaire déléguée du PS Johanna Rolland a également mis en garde contre le «risque» que le RN aille «chercher des députés de la droite dite républicaine» pour constituer une majorité à l’issue du deuxième tour.
Marine Tondelier : «J’ai l’impression d’avoir un temps d’avance dans l’angoisse». La secrétaire nationale des Ecologistes tire de son opposition au RN à Hénin-Beaumont, où elle a grandi, la force de dépasser les différences entre formations politiques pour se concentrer sur la bataille du second tour.
Interview
Bardella et Le Pen s’en prennent à «No pasarán», rap contre l’extrême droite. «Abjection», «toxique» : les deux leaders du Rassemblement National dénoncent sur leurs réseaux sociaux le morceau d’un collectif de rappeurs opposés à la montée de l’extrême droite aux législatives. «Les fameuses «punchlines incisives»: des appels au meurtre, de la misogynie violente, de l’antisémitisme crasse et du complotisme», écrit le président du RN. «Le Nouveau front populaire. Ça donne envie, non ? J’espère que le parquet va se saisir de cette abjection», poste de son côté la présidente du groupe d’extrême droite à l’Assemblée, sans que l’on comprenne bien ce que l’union des partis de gauche vient faire là-dedans. Le titre «No pasarán», ainsi que son clip, ont été mis en ligne par un collectif d’une dizaine de rappeurs, où figurent Fianso ou Akhenaton. Les artistes avaient commencé à produire ce morceau d’une dizaine de minutes au lendemain des élections européennes.
Aya Nakamura : «On va tous aller voter, et contre le seul extrême à condamner car il n’y en a qu’un.» La chanteuse, qui s’est pris un tombereau d’insultes racistes sur les réseaux sociaux au moment où son nom était évoqué pour la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris, sort de son silence ce mardi pour appeler à faire barrage au Rassemblement national. «Je suis bien [placée] pour comprendre et savoir la place du racisme dans notre pays», témoigne-t-elle sur X. Elle poursuit : «Je [comprends] que ma position d’artiste nécessite que je prenne la parole, car c’est un moment important pour nous toutes et tous.» Et rappelle qu’à ses yeux, il n’y a qu’un «seul extrême». Elle emboîte ainsi le pas à d’autres personnalités, dont nombre de sportifs de haut niveau.
Je suis bien placer pour comprendre et savoir la place du racisme dans notre pays.
— Aya Nakamura (@AyaNakamuraa) July 2, 2024
C’est les memes qui ont le seum quand on brille car on a pas finis de briller.
Et oui je suis discrete sur ces sujets, desfois on se sent pas pertinents et assez légitime pour parler et dire les…
Le maire LR de Roanne épinglé pour l’emploi du mot «race». Le maire LR de Roanne Yves Nicolin était vivement critiqué ce mardi pour des propos jugés racistes par le Parti socialiste de la Loire, qui exige une «condamnation ferme» du parti républicain avant le second tour des législatives. En cas de refus de leur part, le PS menaçait de retirer son soutien au député LR de la 5e circonscription de la Loire, Antoine Vermorel-Marques, en faveur duquel il a appelé à voter dimanche pour bloquer le RN. «Ceux qui sortent la nuit sortent plutôt l’été. C’est une race qui aime la chaleur et le beau temps. L’hiver, ils sont plus tranquilles», a lâché l’édile dans un enregistrement obtenu par l’AFP. Il s’exprimait lundi lors d’une conférence de presse de présentation d’une brigade de police municipale locale de nuit, expliquant que ses horaires pourraient évoluer.
Fin du dépôt des candidatures pour le second tour, plus de 210 désistements. Les candidats qualifiés au premier tour avaient jusqu’à 18 heures pour confirmer leur présence au second tour. Selon un décompte de l’AFP, 214 désistements ont été recensés entre les deux tours. Majoritairement de gauche (126) ou du camp macroniste (78), ces candidats étaient pour la plupart arrivés troisièmes dans une circonscription où le Rassemblement national était en tête au premier tour. Seulement 109 triangulaires et quadrangulaires subsistent au second tour, sur les 311 prévues à la sortie des urnes. Notre article.
La députée sortante MoDem Anne-Laure Babault retire sa candidature. Après près de deux jours de réflexion, la députée sortante Anne-Laure Babault (MoDem), arrivée troisième dans sa circonscription de Charente-Maritime, a finalement renoncé à se maintenir au second tour, jugeant important de ne pas «ajouter de la confusion à la confusion». Avec 25,33 % des voix, elle a talonné dimanche le candidat écologiste Benoît Biteau arrivé en deuxième position (26,94 %), loin derrière la RN Karen Bertholom (34,41 %). «Le report de voix des électeurs de la droite républicaine aurait pu me permettre de battre le RN, mais je n’en ai plus les garanties à ce jour», écrit-elle dans un communiqué, estimant que le maintien d’un «candidat clivant» du Nouveau Front populaire (NFP) compromet son élection «Dans ce contexte tant incertain, arrivée en troisième position, je ne souhaite pas ajouter de la confusion à la confusion», justifie Anne-Laure Babault. Dimanche soir, elle avait appelé sur le réseau X l’agriculteur et eurodéputé écologiste Benoît Biteau, militant anti-mégabassines, à «se retirer en responsabilité», arguant être «la seule à pouvoir faire face au RN, car la seule à avoir des réserves de voix».
Sous pression, la secrétaire d’Etat Patricia Miralles se retire dans l’Hérault. Elle faisait partie des candidats qui ne s’étaient pas encore désistés. La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées et députée sortante de la majorité Patricia Miralles, arrivée en troisième position (22,54 %) dans la 1ère circonscription de l’Hérault, a finalement annoncé ce mardi sur X retirer sa candidature pour faire barrage à l’extrême droite. La macroniste, qui a appelé au «front républicain», a indiqué avoir fait l’objet de «centaines d’insultes», notamment sur son mail personnel, depuis dimanche. Le candidat écologiste investi par le NFP, Jean-Louis Roumégas, arrivé à la deuxième place (34,04 %) au premier tour à seulement 40 voix près, a donc toutes ses chances face au candidat soutenu par le RN et Eric Ciotti, Josyan Oliva, qui avait obtenu 34,11 % des suffrages dimanche.
J’ai eu l’espoir jusqu’à maintenant que le candidat arrivé en seconde position m’appelle.
— Patricia Miralles (@MIRALLESMP) July 2, 2024
Qui a pu avoir un instant le doute que nous n’étions pas républicains ?
Pour nos militants, nos électeurs et la France, avec @ph_sorez nous retirons notre candidature.
Il n’y aura pas de débat d’entre-deux-tours sur BFM TV, Marine Tondelier au cœur d’un imbroglio médiatique. D’ici le second tour, dimanche, Jordan Bardella souhaite un débat face à Jean-Luc Mélenchon, alors que le Nouveau Front populaire s’était engagé sur l’implication de la cheffe des écolos. Une situation qui semble conduire à l’annulation pure et simple du débat.
🔴 Un débat avec Tondelier pour représenter le NFP ? Contactée par @CheckNewsFr, BFMTV précise que le blocage vient du RN, qui veut un «représentant de la principale force dans le NFP puis a demandé Mélenchon»
— Libération (@libe) July 2, 2024
Fogiel : «Il n’y aura donc pas de débat»https://t.co/Y3VphRFhj5
Emmanuel Macron reçoit Gérard Larcher à cinq jours du second tour. Emmanuel Macron reçoit ce mardi après-midi le président du Sénat, Gérard Larcher. Ce dernier a pris soin d’assurer qu’il s’agissait d’une «rencontre strictement institutionnelle» et non politique. Ce ténor de LR l’a également fait savoir sur X : «Je me rends à l’Elysée pour évoquer avec Emmanuel Macron les conséquences de cette dissolution brutale et le fonctionnement des institutions pour l’avenir. Pour éviter toute interprétation : j’ai accepté cette invitation comme président du Sénat, non comme responsable politique», a écrit le président du Sénat à quelques minutes de cette réunion.
Pour un candidat RN dans l’Yonne, les Maghrébins «n’ont pas leur place dans les hauts lieux». Un racisme décomplexé. Le député RN sortant Daniel Grenon, arrivé en tête au premier tour des législatives dans la 1re circonscription de l’Yonne (avec 40,40 % des suffrages), revendique d’exclure les binationaux de certains postes à responsabilités, au sein desquels ils n’ont «pas leur place» selon lui : «Sur 30 ou 40 postes, on ne peut pas se permettre d’avoir des binationaux. Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux», a-t-il déroulé lors d’un débat organisé par l’Yonne républicaine avec sa rivale du Nouveau Front populaire, l’écologiste Florence Loury, arrivée deuxième au premier tour (25,34 %). «Mon grand-père était arménien, il n’a jamais embêté qui que ce soit», a argué le sortant, en roue libre. Evoquant l’arrivée hypothétique de «dix millions d’immigrés» dans l’Hexagone et plaidant pour la fin du droit du sol, en vigueur depuis le XVIe siècle, Daniel Grenon assume : «Je sors [ce chiffre] comme ça me passe par l’esprit. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais ce sera l’avenir si on n’arrête pas», alerte le candidat. «Vous dites n’importe quoi, pour faire peur aux gens», lui objecte Florence Loury, qui l’avait déjà affronté en 2022.
Assurance chômage : les coulisses d’un rétropédalage. C’était la grosse surprise de dimanche soir, après l’annonce des résultats du premier tour des législatives : la suspension de la réforme de l’assurance chômage, alors que le décret durcissant à nouveau les règles devait être pris lundi dernier délai. Alors que la macronie avait fait campagne en martelant qu’elle ne reculerait pas sur ce sujet, la presse a été informée de ce revirement peu après 22 h 30 dimanche, par un message des équipes de Gabriel Attal. Et Emmanuel Macron… à peu près pareil. «C’est par une dépêche de l’AFP que Macron a appris qu’Attal suspendait la réforme», écrit ainsi le Figaro, qui évoque «un avant-goût de cohabitation». Si les deux hommes avaient évoqué une possible suspension de cette réforme, c’est bien le Premier ministre qui a tranché seul sans reconsulter le Président, indique l’Elysée.
Chez Pol
Profil : l’écologiste Marine Tondelier, «trait d’union» et révélation de la gauche. Après l’annonce de la dissolution, la secrétaire nationale des Ecologistes s’est rapidement imposée comme un moteur de l’alliance des gauches. Seule femme parmi les chefs de parti du Nouveau Front populaire, Marine Tondelier multiplie les efforts dans sa lutte contre l’extrême droite.