En résumé :
- Le Nouveau Front populaire n’en finit plus de se fissurer. PCF, Ecologistes et PS ont proposé lundi le nom de Laurence Tubiana, ex-ambassadrice pour les négociations de la COP21 de Paris et aujourd’hui directrice générale de la Fondation européenne pour le climat, pour être Première ministre. Mais La France insoumise a fermé lundi la porte à une candidature issue de la société civile, et exige d’abord de s’accorder sur un président de l’Assemblée nationale.
- Après un Conseil des ministres ce mardi à 11 h 30 à l’Elysée, Emmanuel Macron a accepté la démission du Premier ministre Gabriel Attal en fin d’après-midi. Mais le gouvernement restera en temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer «les affaires courantes» le temps d’en former un nouveau.
- Les cinq anciens députés «frondeurs» de La France insoumise – Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, François Ruffin et Danielle Simonnet – ont fait savoir lundi qu’ils siégeront avec le groupe écologiste à l’Assemblée nationale. La nouvelle mandature commence le 18 juillet.
- Retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du second tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération. Pour revivre les développements de la journée de lundi, c’est ici.
Pendant ce temps, au Parlement européen, le cordon sanitaire avec – une partie – de l’extrême droite perdure. Les députés français seraient bien avisés de s’en inspirer jeudi et vendredi, lorsqu’ils éliront le «bureau» de l’Assemblée nationale. Leurs homologues eurodéputés ont maintenu ce mardi un cordon sanitaire autour d’une partie de l’extrême droite, douchant les espoirs des «Patriotes pour l’Europe» d’obtenir des postes de vice-présidents. Nouvelle formation avec à sa tête Jordan Bardella, ce groupe constitue la troisième force au Parlement européen, avec 84 eurodéputés. Pour beaucoup réticents sur le soutien à l’Ukraine, ils sont issus notamment du Rassemblement national, du Fidesz de Viktor Orbán (Hongrie) et de Vox (Espagne). Selon la clé de répartition habituelle, deux des 14 vice-présidences du Parlement – chargés d’animer des sessions en orchestrant votes et prises de parole – leur revenaient. Le groupe d’extrême droite souhaitait voir élus à ces postes le Français Fabrice Leggeri, ex-patron de Frontex – l’agence de l’UE chargée des frontières – et la Tchèque Klara Dostalova. Mais ils en ont été écartés par un cordon sanitaire qu’ils jugent «antidémocratique».
A l’issue des votes, le PPE (droite) a obtenu 3 des 14 vice-présidences, les sociaux-démocrates 5 et les Verts et la Gauche une chacun. Parmi les deux vice-présidences allant aux libéraux de Renew, l’une va à l’eurodéputée Sophie Wilmès. ECR, le groupe d’extrême droite Conservateurs et réformistes européens (78 eurodéputés) associé à la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui comptait un vice-président depuis 2022, a gagné un deuxième poste. A la différence des Patriotes, les élus d’ECR sont volontiers atlantistes et favorables au soutien militaire à l’Ukraine, ce qui leur permet d’échapper au cordon sanitaire.
Syndicats et associations pressent le Nouveau Front populaire à s’accorder sur Matignon. Des syndicats, associations et personnalités qui s’étaient mobilisés contre l’extrême droite pendant les législatives pressent ce mardi le Nouveau Front populaire de se mettre d’accord sur un nom pour Matignon, estimant qu’«il n’y a plus de place pour les ego ou les intérêts partisans». «Ne nous décevez pas», demandent les signataires d’une tribune au Monde, parmi lesquels les dirigeants de la CGT Sophie Binet, de la FSU Benoît Teste, de SOS Racisme Dominique Sopo, de la Ligue des droits de l’Homme Nathalie Tehio, l’économiste Julia Cagé, les acteurs Swann Arlaud, Judith Godrèche et Anna Mouglalis, ou encore le réalisateur Cyril Dion.
«Je n’aspire pas à être le prochain Premier ministre», affirme Gabriel Attal. Interrogé sur l’éventualité de se succéder à lui-même, Gabriel Attal répond qu’il vient de présenter sa démission, «qui a été acceptée par le président de la République». Il annonce vouloir travailler «à des solutions avec les autres forces politiques […] depuis le Parlement». «Je n’aspire pas à être le prochain Premier ministre.»
Gabriel Attal toujours «à [sa] tâche» de Premier ministre. Invité ce soir sur TF1, Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire, se dit «à [sa] tâche, pour assurer les affaires courantes», «jusqu’à ce qu’un nouveau Premier ministre soit nommé», «pour faire marcher l’Etat et protéger les Français». «Si survient une crise, évidemment le gouvernement peut prendre les décisions, les mesures pour protéger les Français», précise le Premier ministre. Il ne pourra pas, en revanche, «prendre de nouvelles initiatives politiques».
Le groupe communiste à l’Assemblée appelle à soumettre au vote des députés du NFP la désignation d’un Premier ministre. Dans un communiqué publié ce soir, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (présidé par le communiste André Chassaigne) estime que «le président de la République doit désigner un Premier ministre proposé par le NFP, la force qui compte le plus de députés». «Afin de trouver au plus vite une sortie par le haut, notre groupe appelle à soumettre au vote des députés la désignation d’un Premier ministre.»
Gérald Darmanin «ne souhaite pas présider» Renaissance. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur affirme qu’il «ne souhaite pas présider le parti» Renaissance, et appelle le camp macroniste à faire son «introspection» sans «continuer de faire comme avant», dans un entretien au Figaro publié ce mardi soir. Alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, a été élu à la tête du groupe de députés Renaissance à l’Assemblée nationale, celui qui semble de plus en plus se poser comme son rival interne semblait vouloir viser la tête du parti présidentiel. «Je ne souhaite pas présider le parti. Il faut un peu de respiration et de recul», répond-il au quotidien de droite. Lorsqu’il quittera la place Beauvau lors de la formation d’un nouveau gouvernement, il dit vouloir «voir ce qui ne va pas», «réfléchir» aux «erreurs» des macronistes et «penser un nouveau projet». Il plaide d’ailleurs pour que le camp du président Emmanuel Macron fasse sa «propre introspection» et «tranche» sa «ligne politique».
Emmanuel Macron a «accepté» la démission du gouvernement Attal, qui assure «le traitement des affaires courantes». Il a pris son temps mais le Président a fini par accepter ce mardi soir la démission de Gabriel Attal et de tous les ministres, qui assurent désormais «le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement», a annoncé l’Elysée dans un communiqué. «Afin que cette période s’achève le plus rapidement possible, il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement autour de projets et d’actions au service des Françaises et des Français», affirme la présidence de la République. Quant au futur ex-Premier ministre, Gabriel Attal, il sera, lui, l’invité du 20 heures de TF1, ce mardi soir.
À ce soir sur TF1. pic.twitter.com/SiP58cCFEq
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) July 16, 2024
Les présidents des groupes du NFP à l’Assemblée appellent le centre et la droite à empêcher le RN d’accéder aux postes de pouvoir au Palais-Bourbon. Dans une lettre ouverte adressée aux présidents des groupes Ensemble, Horizons, Démocrate et Droite républicaine, André Chassaigne (PCF), Mathilde Panot (LFI), Cyrielle Chatelain (Ecologistes), Boris Vallaud (PS) demandent à leurs homologues de «refuser la banalisation et la légitimation de l’extrême droite à l’Assemblée nationale» en empêchant l’élection de députés RN au bureau de l’Assemblée nationale, les 18 et 19 juillet. Les présidents de groupe de gauche jugent dans ce texte que le front républicain qui s’est mis en place entre les deux tours des élections législatives donne aux députés «un mandat extrêmement clair» d’opposition «à l’extrême droite et à son ascension» et que ce vote les «oblige à confirmer le barrage républicain» à l’Assemblée. «Le Rassemblement national n’a pas sa place au bureau de l’une des plus hautes instances de notre République», écrivent-ils. La gauche s’oppose par ailleurs au «ni-ni» renvoyant dos à dos RN et LFI, qui «constituerait un déni et un oubli des conditions dans lesquelles nombre de députés ont été élus grâce au retrait sans contrepartie de candidats issus, par exemple, du Nouveau Front populaire». Jeudi et vendredi, les députés désigneront par un vote le ou la présidente de l’Assemblée nationale (quatrième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire), les vice-présidents, les questeurs et les secrétaires. En 2022, deux vice-présidents du RN avaient été élus pour la première fois, avec les voix des élus macronistes.
Lettre aux Présidents de groupe
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 16, 2024
Pas un poste au bureau de l’Assemblée à l’extrême-droite ! pic.twitter.com/9bzMPZm3gm
Cyrielle Chatelain réélue à l’unanimité à la tête des écologistes à l’Assemblée. L’affiche de sa conférence de presse la présentait déjà, ce midi, comme «Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste et Social», laissant peu de place au doute. La députée iséroise reprend officiellement la tête de son groupe à l’assemblée, après deux ans à occuper ce poste. Sur X (ex-Twitter), la principale intéressée a exprimé ses «remerciements les plus sincères aux député·es qui (l’ont) choisie», ajoutant que «les représenter est une fierté».
Mes remerciements les plus sincères aux député·es qui m’ont choisie comme présidente du @Gpe_EcoloSocial.
— Cyrielle Chatelain (@Cyrielle_Chtl) July 16, 2024
Les représenter est une fierté. https://t.co/OeSHBmHN9g
Macron appelle son camp à faire une proposition «en vue d’une coalition majoritaire ou d’un large pacte législatif». Emmanuel Macron a estimé en Conseil des ministres qu’il était de la «responsabilité» de son camp de «mettre une proposition sur la table en vue d’une coalition majoritaire ou d’un large pacte législatif», a rapporté un participant. «Il faut travailler sur les axes programmatiques autour de la préservation des acquis économiques, l’accent sur une réponse régalienne forte, des mesures en faveur de la justice sociale», a dit le chef de l’Etat, qui a fait savoir qu’il accepterait mardi soir la démission du gouvernement de Gabriel Attal, qui sera ensuite chargé de gérer les affaires courantes.
Au Conseil des ministres, Attal remercie Macron. Ce n’était pas gagné, vu les tensions entre les deux ces derniers temps, mais Gabriel Attal, dans son, peut-être dernier discours au Conseil des ministres, a tenu a exprimé sa «reconnaissance» envers le chef de l’Etat. «La reconnaissance, Monsieur le Président de la République, bien sûr pour la confiance que vous nous avez faite, collectivement, et que nous avons honoré, toutes et tous, loyalement». Le Premier ministre a résumé en trois phrases la séquence politique vécue depuis les européennes, avec des législatives anticipées qui ont fait perdre leur majorité relative à l’assemblée. «Nous aurions pu disparaître. Nous avons évité le pire. L’avenir est à écrire.» Pour le court terme, le toujours locataire de Matignon, s’engage auprès d’Emmanuel Macron à «assurer la continuité de l’État, aussi longtemps que vous le jugerez nécessaire, à la veille d’événements majeurs pour notre pays».
Fin du Conseil des ministres, la démission du gouvernement devrait être acceptée en fin de journée. Les ministres et secrétaires d’Etat présents au Conseil des ministres quittent l’Elysée. Il s’agissait de leur première réunion depuis le résultat des élections législatives. Plusieurs participants précisent que le Président devrait accepter leur démission d’ici à la fin de la journée. Ils resteront toutefois en place pour gérer les fameuses «affaires courantes». Le chef de l’Etat leur a laissé entendre que cette situation pourrait «durer un certain temps», «quelques semaines», vraisemblablement jusqu’à la fin des Jeux olympiques au moins, selon ces ministres. Emmanuel Macron n’exclut pas que le Conseil des ministres puisse se réunir à nouveau ponctuellement durant cette période d’affaires courantes. Le Président a fait un discours de remerciement à l’égard des ministres et Gabriel Attal lui a répondu dans le même sens. Le Premier ministre a parlé de sa «reconnaissance», pour les membres du gouvernement et pour le chef de l’Etat, de sa «passion pour la France» et de son «devoir», «y compris dans la période particulière que nous traversons», a rapporté un ministre. Les deux discours ont été applaudis. «Il n’y a eu ni tensions ni effusions», a expliqué un autre participant, malgré les divergences désormais flagrantes entre les deux têtes de l’exécutif depuis la dissolution et les législatives anticipées.
A l’Assemblée nationale, Ecologistes et dissidents LFI forment le groupe «écologiste et social». Le groupe à l’Assemblée nationale réunissant les Ecologistes et les députés frondeurs de LFI s’appelle «écologiste et social», dévoile ce mardi midi LCP. On y retrouvera donc Clémentine Autain, François Ruffin, Danielle Simonnet, Hendrik Davi et Alexis Corbière. La présidente de ce nouveau groupe, Cyrielle Chatelain, quant à elle, fait savoir qu’elle est «une candidature possible» pour la présidence de l’Assemblée nationale.
Sans surprise, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée @Cyrielle_Chtl confirme qu’elle est « une candidature possible » du Nouveau Front populaire pour le perchoir. @libe pic.twitter.com/k4u0nVfhAA
— Sacha Nelken (@SachaNelken) July 16, 2024
Sur l’immigration, le gouvernement décrète jusqu’à la dernière seconde. Minuit moins une pour l’exécutif. Ce mardi matin a été publié ce qui devrait être le dernier Journal officiel sous le gouvernement Attal en tant que gouvernement de plein droit. Dernier JO donc, dans lequel il conserve une marge de manœuvre politique, et pas seulement de gestion des «affaires courantes». Pour l’occasion, le gouvernement a mis les bouchées doubles : on y découvre notamment six décrets d’application de la loi immigration, tous pris dans la foulée du second tour des législatives.
Négociations du Nouveau Front populaire : comment le nom de Laurence Tubiana est arrivé sur la table ? Les mêmes protagonistes se déchirent autour d’un nouveau nom. Après les débats sur la potentielle candidature d’Huguette Bello à Matignon, le Nouveau Front populaire s’oppose désormais sur celle de Laurence Tubiana. Lundi, la directrice de la Fondation européenne pour le climat, ancienne présidente de la Convention citoyenne pour le climat, a été proposée par les socialistes, les communistes et les écolos aux insoumis, alors que la gauche s’épuise dans des négociations sans issue depuis bientôt dix jours. Notre récit.
Assemblée nationale : Gérald Darmanin salue le «pacte législatif» préparé par Wauquiez. L’ancien groupe LR à l’Assemblée nationale, rebaptisé «la Droite républicaine» et présidé par Laurent Wauquiez, élabore un «pacte législatif» autour de plusieurs mesures sur le travail et l’autorité, une démarche saluée en macronie par Gérald Darmanin. Valoriser la France qui travaille contre «l’assistanat», restaurer l’autorité ou encore renforcer les services publics de proximité : ce projet repose sur «une dizaine de textes» jugés prioritaires, détaille le groupe, insistant sur «la nécessité d’apporter de l’apaisement dans un pays miné par les tensions». Refusant toute «coalition gouvernementale» avec le bloc central, ce «pacte législatif» doit servir de fondement à un éventuel accord avec les députés issus de l’ancienne majorité.
Un cap clair ?
L’élue angevine Claire Schweitzer rejoint les frondeurs LFI et dénonce «une direction qui ne tolère aucune contradiction». L’insoumise angevine, conseillère municipale d’Angers et conseillère régionale des Pays-de-la-Loire Claire Schweitzer a été exclue de La France insoumise, a-t-elle annoncé lundi 15 juillet sur son compte X. «J’apprends par un camarade que moi aussi j’ai été purgée de LFI. Sans ménagement, sans procédure, sans contradictoire et sans fondement légitime. Sans même m’en informer, encore moins me prévenir», a-t-elle écrit dans une publication accompagnée d’un mail de la direction de LFI envoyé à «des dizaines de militants locaux». La raison ? Sa «décision […] de rejoindre L’Association pour la République écologique et sociale» (L’Après), fondée en mai par des députés dissidents de LFI, dont Alexis Corbière et Clémentine Autain, stipule le document. «La vraie raison : avoir dénoncé en interne ces deux dernières années les dérives autoritaires, sectaires et antiféministes, depuis l’affaire Quatennens et le verrouillage du mouvement», dénonce Claire Schweitzer. «Je laisse un mouvement fermé autour d’une direction qui ne tolère aucune contradiction», déplore-t-elle. La conseillère municipale restera toutefois dans le groupe Angers en commun, dont elle est l’unique élue, et continuera à siéger dans le groupe d’opposition l’Ecologie ensemble, majoritairement composé de Verts et d’insoumis au Conseil régional des Pays-de-la-Loire, d’après Ouest-France.
Clément Beaune en appelle à «une union des responsables». Face l’enlisement des tractations politiques de toutes parts pour trouver une majorité et un Premier ministre, l’ancien ministre aux Transports d’Emmanuel Macron veut sonner la «fin du sketch». Battu lors des législatives dans la 7e circonscription de Paris par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Clément Beaune reste sur une ligne modérée et affirme ce mardi sur X que «le seul chemin est une coalition des communistes, des écologistes, des socialistes, des partis du centre, de LR modérés qui s’autonomisent». Il synthétise : ««De Ruffin à Juvin», en somme. Une union des responsables.»
Pour Marylise Léon, certains politiques repartent «dans les travers d’appareils». La secrétaire générale de la CFDT «doute» que les responsables politiques aient «bien compris ce qui se passait» après les élections législatives dans le pays. Marylise Léon déplore ce mardi matin que certains politiques repartent «dans les travers d’appareils». Après un scrutin où de nombreux électeurs «ont parfois voté pour un candidat qui ne correspondait pas à leurs idées» et fait ainsi barrage au Rassemblement national, «la responsabilité [des politiques] est immense», juge pourtant Marylise Léon.
Laurence Tubiana Première ministre du NFP ? Un choix pertinent qui ne serait pas un reniement. Le profil de l’ancienne négociatrice pour le climat devrait être de nature à mettre les gauches d’accord. Tandis que prolonger infiniment les négociations ne peut que leur nuire et ouvrir la voie à une coalition entre la droite et les macronistes. Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
«Libé» à la recherche du Premier ministre du Nouveau Front populaire. Est-il insoumis ? Est-ce une femme ? Une figure de la société civile ? Puisque la gauche a du mal à s’accorder sur le nom de son candidat à Matignon, procédons par élimination, comme dans un célèbre jeu de société. Notre «Qui est-ce» pour Matignon.
Tensions au sein du NFP : Roussel met son grain de sel et tacle LFI. Interrogé ce mardi matin sur le plateau de BFM TV, le chef de file des communistes se désole d’un «spectacle affligeant». Voilà plus d’une semaine que le Nouveau Front populaire n’arrive pas à se mettre d’accord sur une proposition de Premier ministre. Le dernier blocage des insoumis sur le nom de Laurence Tubiana agace Fabien Roussel, qui met en garde Manuel Bompard : «S’il veut quitter le Nouveau Front populaire, c’est une lourde responsabilité qu’il prendrait, ce serait grave, mais peut-être que La France insoumise préfère être dans l’opposition.» Il dénonce la position du parti mélenchoniste, qui selon lui n’aurait pas envie d’être dans la construction commune. C’est «beaucoup plus confortable de tout critiquer, de dire non à tout. […] C’est beaucoup plus difficile d’accepter des responsabilités et de construire», fustige-t-il. «Je m’interroge sur leur choix véritable au fond : ils veulent construire […] ou ils veulent trouver un prétexte pour partir et rester dans l’opposition ? Je leur pose la question.»
Pour Fabien Roussel, si Manuel Bompard quitte le NFP, ce serait "une lourde responsabilité" pic.twitter.com/f1cnHcWdho
— BFMTV (@BFMTV) July 16, 2024
Ping-pong : Sophia Chikirou répond à Olivier Faure et détaille la position de LFI. Dans un tweet publié ce matin sur son compte X, la députée LFI Sophia Chikirou a répondu à une déclaration faite plus tôt par Olivier Faure sur France Inter. Evoquant le rejet de la candidature de Laurence Tubiana – jugée trop proche des macronistes – au poste de Première ministre par LFI, le premier secrétaire du PS s’est demandé «au nom de quoi la parole» de LFI «s’impose à tous les autres [partis du NFP] ?». Sophia Chikirou répond en précisant «la position de LFI», à savoir la «reprise des discussions pour un candidat NFP commun à la présidence de l’Assemblée nationale», «contraindre Macron à respecter le vote», le «choix d’un Premier ministre NFP», le «respect du programme» et enfin le «refus d’une coalition gouvernementale avec les macronistes».
Gérald Darmanin appelle les députés macronistes à «travailler avec LR». «Les propositions législatives du groupe de la Droite républicaine sont très intéressantes et méritent que nous en discutions», a écrit ce mardi matin le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, aux députés du camp présidentiel à propos du pacte législatif de la droite, selon une information du Parisien. «Il faudrait en connaître davantage mais il est certain pour moi que les axes évoqués sont en grandes partie ceux qu’il faut travailler à la demande des Français […]. Nous devons travailler avec les LR sur le fond», a-t-il ajouté.
CheckNews
Danielle Simonnet appelle à «changer de méthode». La députée du XXe arrondissement de Paris, «purgée» de La France insoumise, a estimé ce mardi sur RFI que la gauche devait «changer de méthode» dans ses négociations pour faire émerger la candidature d’un chef de gouvernement au sein du Nouveau Front populaire. «Ils sont en train de se redistribuer le mistirigri», considère Danielle Simonnet à propos des tensions entre le PS et LFI. Selon elle, «la gauche n’a pas le droit d’échouer» après «une campagne historique» qui a empêché le RN d’atteindre la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pour désigner le candidat de gauche au poste Premier ministre, l’élue appelle à un vote «en auditionnant les candidatures».
«Si nous ne faisons pas mieux, et vite, [les Français ne nous pardonneront jamais» : l’appel de Marine Tondelier à la gauche. La patronne des Ecologistes lance ce mardi matin un appel solennel sur X à ses camarades du Nouveau Front populaire qui n’arrivent pas à s’accorder sur un nom de Premier ou Première ministre. «Les Français ont voté et nous avons gagné. Ils veulent nous voir gouverner, pas nous entre-déchirer», écrit Marine Tondelier, qui avertit : «Si nous ne faisons pas mieux, et vite, ils ne nous pardonneront jamais». Au nom de «la justice sociale et environnementale», «reprenons les discussions. Maintenant», conclut-elle.
Les Français ont voté et nous avons gagné.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 16, 2024
Ils veulent nous voir gouverner, pas nous entre déchirer.
Si nous ne faisons pas mieux, et vite, ils ne nous le pardonneront jamais.
Pour la justice sociale et environnementale,
Reprenons les
discussions.
Maintenant.
🌻
Tweet de Sophia Chikirou sur les «punaises de lit» : Boris Vallaud dénonce «des veilles méthodes». Interrogé sur France Info ce mardi, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale a notamment réagi à un tweet de l’Insoumise Sophia Chikirou qui compare le «hollandisme [à des] punaises de lit». «C’est des vieilles méthodes, c’est des vieilles façons de faire, c’est extrêmement violent, a estimé le socialiste. […] Moi c’est pas les miennes et je pense qu’elles n’ont pas leur place dans un débat sérieux aujourd’hui». Et Boris Vallaud d’ajouter : «Pour tous ceux qui s’inquiètent de la bonne exécution de notre programme, dans le préambule du NFP il est dit que nous devions arrêter les invectives, le cyberharcèlement et la brutalisation de la vie politique.» Selon lui, le «point de réconciliation» entre les deux formations de gauche passera forcément par une candidature venant de la société civile.
Candidature de Tubiana : les insoumis ne peuvent «s’imposer à tous les autres», tance Olivier Faure. Le premier secrétaire du Parti socialiste maintient l’hypothèse d’une candidature de la spécialiste du climat Laurence Tubiana pour Matignon malgré son rejet par la formation de Jean-Luc Mélenchon. «Je ne vois pas au nom de quoi il faudrait considérer que, quand il y a trois formations politiques sur quatre [communistes, Ecologistes et socialistes, ndlr], et en réalité une majorité de parlementaires du Front populaire qui sont prêts à accepter cette candidature, je ne vois pas en quoi il faudrait considérer que la parole d’un seul s’impose à tous les autres», a lâché sur France Inter Olivier Faure, estimant qu’une candidature Tubiana était «irrécusable» par Emmanuel Macron. Et d’assener : les insoumis ne peuvent «s’imposer à tous les autres».
Le «hollandisme, c’est comme les punaises de lit» pour Sophia Chikirou. Le groupe NFP vit bien. La députée de La France insoumise dans la 6e circonscription de Paris a estimé lundi dans la soirée que «le hollandisme, c’est comme les punaises de lit», dans une publication postée sur X. «Tu as employé les grands moyens pour t’en débarrasser, tu y as cru quelques (sic) temps et tu as repris une vie saine (à gauche) mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout…» mitraille l’insoumise, avec l’ancien président et par extension les socialistes en ligne de mire. Les deux formations s’écharpent autour de la proposition d’un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire. «Il va falloir recommencer !» termine Sophia Chikirou. Pas de bon augure pour la suite des tractations à gauche.
Le hollandisme c'est comme les punaises de lit : tu as employé les grands moyens pour t'en débarrasser, tu y as cru quelques temps et tu as repris une vie saine (à gauche) mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout...
— Sophia Chikirou (@chikirouparis) July 15, 2024
Il va falloir recommencer ! pic.twitter.com/v6iNLY2d7C
Pour Ruffin, l’absence d’accord à gauche «donne raison à Emmanuel Macron». La longue négociation entre partis de gauche pour Matignon «donne raison évidemment à Emmanuel Macron qui peut se dire «franchement, s’ils ne sont pas capables de se donner un nom de Premier ministre, comment vont-ils gouverner le pays»», a dénoncé le député François Ruffin ce mardi matin sur RTL. Le député de la Somme, ex-LFI désormais apparenté au groupe écologiste à l’Assemblée nationale, a largement critiqué le blocage des tractations pour Matignon, après que LFI a rejeté la candidature de la spécialiste du climat Laurence Tubiana, proposée par les socialistes, les communistes et les écologistes.
Le socialiste Boris Vallaud défend une candidature venant de la société civile. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale «ne [veut] pas croire» que les négociations pour un Premier ministre de gauche soient au point mort. «Si on a pris du retard, c’est qu’on a eu un mauvais réflexe», a estimé ce mardi sur France Info le socialiste. Selon lui, pour «rendre le pouvoir à la société», via «une nouvelle façon de gouverner», il faut que la gauche se cherche un chef de gouvernement au sein la société civile et non directement dans les rangs des partis qui composent le NFP. «Ce NFP n’appartient pas aux partis», défend Boris Vallaud, pour qui l’hypothèse de Laurence Tubiana est donc toujours d’actualité.
Laurence Tubiana à Matignon ? Pour Manuel Bompard, une proposition «pas sérieuse». Le coordinateur de LFI a jugé «pas sérieuse» ce mardi matin l’idée des autres membres du Nouveau Front populaire de proposer la spécialiste du climat Laurence Tubiana pour Matignon car cela ferait «rentrer par la fenêtre les macronistes». «Si c’est effectivement ce profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise», a lâché sur France 2 Manuel Bompard, qui reproche à Laurence Tubiana d’avoir «signé il y a quatre jours une tribune dans laquelle elle appelait à constituer une coalition et un programme commun avec les macronistes».
Pas de fumée blanche
Le groupe d’Eric Ciotti menacé de disparition à l’Assemblée nationale ? Seize : c’est le nombre de députés qui devraient composer le groupe présidé par Eric Ciotti à l’Assemblée nationale, après la défection de deux élus, Thierry Tesson et Sophie Vaginay, qui se sont rattachés au groupe RN directement. Or, pour avoir un groupe au sein de l’Hémicycle, il faut réunir au minimum quinze députés. Le futur ex-président de LR est donc sur la corde raide et sous tension. Car en cas de nouvelles désertions, la survie du groupe est en péril. Et Ciotti par la même occasion, puisqu’il pourrait passer, en quelques mois, de questeur – un des postes les plus prestigieux de la Chambre basse – et président de LR à député non inscrit ou apparenté au groupe RN qui l’aura cannibalisé. Quel destin. Par Chez Pol
Billet
La présidence de l’Assemblée nationale loin d’être acquise à la gauche. Malgré sa défaite aux élections législatives, le camp présidentiel mène des tractations avec la droite qui pourraient priver du perchoir le Nouveau Front populaire, arrivé en tête le 7 juillet. Le quatrième personnage de l’Etat doit être élu jeudi à 15 heures, à l’ouverture de la 17e législature. Le vote se déroule en trois tours, les deux premiers à la majorité absolue et le dernier à la majorité relative, pour ce poste essentiel au bon fonctionnement de la Chambre basse. Seuls candidats déclarés pour l’instant : la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), la députée LR du Doubs Annie Genevard, et le centriste Charles de Courson. Le RN n’a pas fait connaître son candidat, et le bloc de gauche s’est réuni lundi soir pour tenter de s’accorder.
Chez Pol
André Chassaigne reconduit à la tête du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale. Les députés de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), qui rassemble des élus communistes et ultramarins, ont «approuvé» lundi soir la reconduction à leur tête du député du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, avant un vote formel dans la semaine, selon le groupe. Le groupe revendique 16 députés à ce stade et indique qu’il comptera un coprésident ou vice-président ultramarin. Celui-ci devra lui aussi faire l’objet d’un vote, en même temps que celui reconduisant officiellement Chassaigne, qui devrait avoir lieu «mardi ou mercredi».
Les macronistes rêvent de s’immiscer dans la «faille» du Nouveau Front populaire. Les soutiens du chef de l’Etat comptent sur la bataille des postes, cette semaine, à l’Assemblée nationale pour diviser davantage la gauche et tenter de décrocher quelques socialistes vers le «bloc central» et ainsi construire une coalition de «forces républicaines». Notre récit.
La démission de Gabriel Attal attendue ce mardi en Conseil des ministres. Le premier Conseil des ministres post-législatives se réunit ce mardi à 11 h 30 à l’Elysée et pourrait ouvrir la voie à une démission de Gabriel Attal, même si le Premier ministre restait en place pour gérer les affaires courantes, notamment pendant la période très sensible des Jeux olympiques de Paris (26 juillet – 11 août). Cette nouvelle configuration permettrait d’assurer «au nom de la continuité, le fonctionnement minimal de l’Etat», explique une note du secrétariat général du gouvernement (SGG) datée du 2 juillet. La situation offrirait aussi aux ministres élus députés la possibilité de retrouver leur mandat parlementaire pour participer à l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale jeudi, puis vendredi et samedi à l’attribution des postes stratégiques du Palais-Bourbon.