En résumé :
- Tout juste nommé à Matignon, où il a promis «des changements et des ruptures», le nouveau Premier ministre Michel Barnier doit désormais s’atteler à composer un gouvernement susceptible de démontrer sa capacité à rassembler et à s’émanciper d’Emmanuel Macron.
- Il a reçu vendredi matin les dirigeants de son propre parti, Les Républicains (LR), pour examiner les conditions d’une participation à sa future équipe. «Certaines personnalités de gauche» ont également été contactées et d’autres échanges devaient suivre, y compris avec la France insoumise et le Rassemblement national, car «il veut rassembler et respecter tout le monde».
- Reçu à l’Elysée ce midi, le nouveau Premier ministre était l’invité du 20 heures de TF1, ce vendredi soir.
- Le nouveau chef du gouvernement va devoir se mettre au travail immédiatement : un projet de budget pour 2025 doit être présenté dès le 1er octobre au Parlement, alors que les finances publiques sont dans le rouge.
Olivier Faure déplore «une colocation» plutôt qu’une cohabitation. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure n’a visiblement pas été convaincu par la première interview télévisée de Michel Barnier, et notamment par sa réponse sur la réforme des retraites. Alors que le nouveau Premier ministre a affirmé qu’il souhaitait «ouvrir le débat sur l’amélioration de la loi» tout en précisant qu’il ne comptait pas «tout remettre en cause», Faure a déploré sur X «un prolongement du macronisme». «Le seul critère de sélection [pour Matignon] : ne pas toucher à l’oeuvre jupitérienne», grince le député de Seine-et-Marne. Et d’ajouter : «il n’y a même plus de parfum de cohabitation. Juste une colocation dont les Français vont payer le loyer.»
Quelle surprise !
— Olivier Faure (@faureolivier) September 6, 2024
Le seul critère de sélection : ne pas toucher à l’« œuvre jupiterienne ». La seule ambition : prolonger le macronisme.
Il n’y a même plus de « parfum » de cohabitation. Juste une colocation dont les Français vont payer le loyer. https://t.co/wD8vz342rs
«Le président va présider et le gouvernement gouverner». Interrogé sur ses futures relations avec Emmanuel Macron, Michel Barnier a insisté sur «l’indépendance» qu’il souhaite insuffler dans son gouvernement. «Le président préside, le gouvernement gouverne», a-t-il insisté, en évoquant une «relation en bonne intelligence avec le président de la République» même s’il se sont «opposés», et qu’ils n’ont pas toujours eu «les mêmes idées».
«Je vais ouvrir un débat pour améliorer la loi sur les retraites». Interrogé sur la réforme des retraites qui avait conduit des milliers de Français dans la rue, Michel Barnier a indiqué qu’il allait «rouvrir le débat». «Je m’exprimerai devant l’Assemblée nationale et au Sénat dans les prochaines semaines, a-t-il dit. On ne va pas tout remettre en cause mais je vais ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles». «Je le ferai avec les partenaires sociaux tout en respectant le cadre budgétaire», précise celui qui jusqu’à sa nomination n’hésitait pas à critiquer le manque de dialogue d’Emmanuel Macron avec les corps intermédiaires.
Réforme des retraites : "On ne va pas tout remettre en cause (...) Je vais ouvrir le débat sur l'amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles et je le faire avec les partenaires sociaux (...) Je ne veux pas augmenter la dette de notre pays", @MichelBarnier pic.twitter.com/SlUxB9BrTy
— TF1Info (@TF1Info) September 6, 2024
Barnier «ne s’interdit rien» sur la proportionnelle et sur une meilleure justice fiscale. Michel Barnier a-t-il l’intention d’instaurer au moins une dose de proportionnelle comme le réclament de nombreux partis politique dont le RN qui en a fait un point clé dans une censure ou non du nouveau Premier ministre ? «Je n’ai pas de ligne rouge, je ne m’interdis rien», se contente de répondre l’ancien ministre de Chirac et Sarkozy, préférant garder les détails de ses grandes priorités à son discours de politique générale devant le Parlement qui devrait avoir lieu «dans les prochaines semaines». Même réponse sur la justice fiscale.
Barnier dit ne pas avoir «grand chose en commun» avec les idées du RN. Nommé à Matignon grâce au refus du Rassemblement national de le censurer a priori, Michel Barnier dit «ne pas avoir grand chose en commun avec les thèses et l’idéologie du RN» et assure ne pas avoir échangé avec Marine Le Pen. Pour autant, le nouveau Premier ministre répète qu’il entend respecter le parti et ses électeurs. «Près de 11 millions de Français ont voté pour leur Rassemblement national, leur voix compte», insiste-t-il. Pour donner des gages à l’extrême droite, Barnier promet : «nous allons en effet maîtriser les flux migratoires, pas avec de l’idéologie, des discours et des phrases, mais avec des mesures concrètes […], de mon propre parti, mais il y a eu des propositions un peu partout, je les écouterai. Personne n’a le monopole des bonnes idées.»
Michel Barnier assure que son gouvernement ne sera pas uniquement de droite. A la tâche pour former sin équipe, le nouveau Premier ministre assure que son gouvernement ne sera pas seulement de droite. « Il y aura des gens des ma famille politique, de la majorité sortante. Je ne m’interdis pas de réunir tout le monde autour de la même table », dit-il. Et même des gens de gauche, poursuit-il refusant toutefois de lâcher le moindre nom. «Il y a des bonnes idées partout, il faut aller les chercher partout», ajoute-il. Mais, prévient Barnier, il n’est pas là «pour faire un casting».
Début de l’interview. Après avoir longuement développé son CV, Michel Barnier reconnait que la tâche «sera difficile».
Entre Barnier et les macronistes, une entrée en matière fraîche et sans quitus. Entre les piques lancées par Michel Barnier à son prédécesseur Gabriel Attal et la circonspection du camp présidentiel, les relations entre le nouveau Premier ministre de droite et les macronistes ne partent pas du meilleur pied, même si les deux parties ont désormais leurs intérêts liés. A l’image de cette entrée en matière fort tiède, la macronie a marqué un soutien à géométrie variable. Le président d’Horizons mais aussi ancien Premier ministre Edouard Philippe, s’est dit aussitôt «prêt à l’aider». Issu comme Barnier du parti de droite Les Républicains (LR), il prône depuis 2022 une coalition entre le camp présidentiel et la droite et a pris de nettes distances avec Emmanuel Macron depuis la dissolution. Au MoDem de François Bayrou, où l’option de centre gauche Bernard Cazeneuve ne déplaisait pas, l’accueil n’est pas très chaleureux. Le groupe des députés Démocrates a froidement «pris acte» de la nomination de Michel Barnier.
Olivier Faure déplore l’appel d’Anne Hidalgo sur la tenue d’un congrès du PS. Les rapports entre Olivier Faure et Anne Hidalgo sont exécrables depuis la présidentielle de 2022 et a priori ce n’est pas près de s’arranger. Le premier secrétaire n’a visiblement pas apprécié l’interview de la maire de Paris dans Libé. «Au début on se dit «mais pourquoi racontent-ils tout ça au mépris de toute réalité et au prix de la reprise du narratif de Macron. Et puis…»», a-t-il écrit sur X avec une capture d’écran montrant le titre de l’entretien «Il y a une impérieuse nécessité à avoir un congrès au Parti socialiste». Dans Libé le 28 août dernier, Faure avait déjà fait part de son agacement à propos des guerres intestines qui traversent son parti en pleine crise politique. «Comment peut-on être aussi loin de l’intérêt général ? Comment peut-on donner la priorité à un débat entre courants du PS ? Vous croyez vraiment qu’il y a des gens qui se demandent qui dirigera le PS dans un an ? […] Je me lasse, comme les militants, de ces jeux qui affaiblissent le Parti socialiste et donnent un angle d’attaque à toutes celles et ceux qui rêvent de notre disparition», disait-il.
Au début on se dit « mais pourquoi racontent-ils tout ça au mépris de toute réalité et au prix de la reprise du narratif de Macron. Et puis… pic.twitter.com/ce5ckpMgzJ
— Olivier Faure (@faureolivier) September 6, 2024
Anne Hidalgo estime qu’«il y a une impérieuse nécessité à avoir un congrès au Parti socialiste». Pas de trêve au PS. Alors que le cas Cazeneuve a fait ressurgir les divisions profondes dans le parti à la rose, le maire de Paris Anne Hidalgo appelle, dans un entretien à Libé, à la tenue rapide d’un congrès du Parti socialiste. Selon l’édile, son parti est responsable de la non-nomination de l’ancien Premier ministre de François Hollande à Matignon. «Je suis dans une colère profonde quand je vois que le Parti socialiste a empêché la nomination de Bernard Cazeneuve […] Le PS a commis une faute. C’est inacceptable que le parti de Jaurès, de Blum, de Mitterrand, n’ait pas compris à ce point le moment historique dans lequel il pouvait montrer à nouveau son utilité aux Français», grince-t-elle.
Où et quand manifester samedi 7 septembre contre «le coup de force de Macron». Près de 150 manifestations à travers la France sont prévues ce samedi à l’appel d’organisations de jeunesse et de la plupart des partis de gauche contre «contre l’autocratie d’Emmanuel Macron». Une liste exhaustive a été mise en ligne par La France insoumise et Libé vous donne ici le parcours dans les six villes les plus peuplées de France.
Selon «l’Opinion», Sébastien Lecornu devrait conserver son poste au ministère des Armées. Michel Barnier ne s’opposerait pas, d’après le quotidien, à la volonté du chef de l’Etat de maintenir Sébastien Lecornu à son poste de ministre des Armées. Ce qui n’est pas vraiment une surprise : nommé en 2022, ce proche d’Emmanuel Macron est, lui aussi, issu du parti des Républicains. C’était décidément bien la peine de voter pour rompre avec le macronisme.
Des entrevues à la chaîne pour le nouveau Premier ministre. Après avoir rencontré aujourd’hui trois ténors de la droite, l’ancien locataire de Matignon et enfin le chef de l’Etat, Michel Barnier va poursuivre ses rendez-vous tout le week-end dans le but de former un gouvernement. Il rencontrera la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, samedi à la mi-journée, mais aussi Elisabeth Borne, ancienne Première ministre. Dimanche, ce sera au tour d’Edouard Philippe de s’entretenir avec l’ex-commissaire européen.
«Ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel» de la part des députés macronistes envers Michel Barnier. Le groupe des députés macronistes Ensemble pour la République n’aura «ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel» au gouvernement de Michel Barnier auquel il n’exclut pas de participer, a affirmé son président, Gabriel Attal, ce vendredi, après sa rencontre avec son successeur à Matignon. «Il n’y aura de notre part ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel : seule la volonté d’être utiles à notre pays et fidèles à nos valeurs nous guidera», a assuré l’ancien Premier ministre en évoquant une «possible participation» des macronistes au futur gouvernement, dans un message aux députés de son groupe transmis par son entourage.
Les discussions de Michel Barnier avec les forces politiques se passent «très bien» et sont «pleines d’énergie». Tout va très bien, madame la marquise. Les discussions avec les partis en vue de constituer un gouvernement se passent «très bien», elles sont même «pleines d’énergie», a affirmé ce vendredi le nouveau chef du gouvernement en quittant Matignon pour l’Elysée, où il va déjeuner avec Emmanuel Macron. On est ravi pour lui.
Les Républicains conditionnent leur participation au gouvernement au programme de Barnier. Reçus à Matignon, ce vendredi matin, Les Républicains décideront de leur participation au gouvernement en fonction du programme de Michel Barnier sur le pouvoir d’achat, les finances publiques, l’immigration et la sécurité. C’est ce qu’ont indiqué Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau à l’issue de leur rendez-vous avec le Premier ministre. «On veut sortir la France du blocage et on a dit qu’on assumerait nos responsabilités. Mais on ne le fera que sur un programme qui donne la garantie de répondre aux préoccupations des Français», a déclaré le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée aux côtés de son homologue du Sénat.
Michel Barnier invité du 20 heures de TF1 ce vendredi soir. Le nouveau Premier ministre sera l’invité du journal télévisé de TF1 ce soir, a fait savoir Matignon, ce vendredi.
Michel Barnier Premier ministre, le plan B. En campagne discrète depuis des semaines et habile négociateur, l’ancien ministre a profité de l’hostilité du RN à l’égard de Xavier Bertrand pour devenir le cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron. Notre analyse.
Un premier nom pour le cabinet de Michel Barnier. Selon le premier arrêté signé par Michel Barnier en tant que locataire de Matignon, publié dès ce matin au Journal officiel, «Nolwenn Chouffot est nommée chargée de mission auprès du Premier ministre». Une nomination qui ne marque en rien une rupture. Nolwenn Chouffot était déjà chargée de mission à Matignon auprès de Gabriel Attal, et avant lui de d’Elisabeth Borne, de Jean Castex, mais aussi d’Edouard Philippe.
La droite débarque à Matignon. Trois ténors des Républicains, à savoir Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez et Gérard Larcher – respectivement président du groupe LR au Sénat, président du groupe LR à l’Assemblée nationale et président du palais du Luxembourg – viennent d’arriver à Matignon pour rencontrer le nouveau Premier ministre. Michel Barnier va s’entretenir avec ces dirigeants de son propre parti pour examiner les conditions de leur participation à son futur gouvernement.