En résumé :
- Deux semaines après sa nomination à Matignon, le Premier ministre Michel Barnier a finalisé jeudi soir la liste de son gouvernement, qu’il a proposée à Emmanuel Macron. Après les vérifications d’usage de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’officialisation de la nouvelle équipe ministérielle est censée avoir lieu «avant dimanche», selon Matignon.
- D’après les fuites orchestrées par les chefs à plume de la droite et de l’ex-majorité présidentielle à l’issue de leur conclave final jeudi, le gouvernement doit comprendre 38 ministres, dont 16 de plein exercice. Parmi eux, sept macronistes et trois LR. Le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez, a pour sa part annoncé qu’il avait décliné : il voulait l’Intérieur et lui était proposé Bercy.
- Après être arrivée en tête aux élections législatives en juillet, et s’être vue refuser la nomination de Lucie Castets à Matignon, la gauche est furieuse de la probable future nomination d’un gouvernement qui penche furieusement à droite. Il se dit toutefois que Michel Barnier aurait déniché un homme politique «divers gauche» – hors Nouveau Front populaire – pour intégrer son équipe.
Le Modem se tâte encore. Après plusieurs réunions autour de François Bayrou, président du Modem – et par ailleurs haut-commissaire au Plan, on a tendance à l’oublier –, le parti centriste hésite encore à participer au gouvernement. «Il n’y a pas de décision actée», a fait valoir à l’AFP le groupe Modem, vendredi soir. «Il y a encore des inconnues, on n’a pas 100 % des réponses à nos questions», a-t-on ajouté, mettant tout de même en avant «un sentiment de responsabilité» et «une envie de soutenir Barnier». Tout espoir n’est pas perdu, donc.
Après Laurence Garnier, le député Patrick Hetzel dans le viseur des macronistes. Si la possible promotion de Laurence Garnier crispe l’ancienne majorité, un autre profil, tout aussi réactionnaire d’élu LR, pressenti pour entrer au gouvernement, pose aussi problème aux macronistes. Patrick Hetzel faisait partie des députés qui ont ferraillé de longues heures contre le mariage pour tous, lors des débats de 2013. Puis il s’est violemment opposé à l’allongement des délais pour recourir à un avortement et avait voté contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution en mars dernier. «Je suis quand même étonnée à quel point le nom de Hetzel passe comme une lettre à la poste. Finalement les horreurs dites sur les femmes qui avortent ce n’est plus un sujet en 2024», s’agace une députée dans la boucle Telegram du groupe Ensemble pour la République. «On comptera les étudiants dans la rue», prédit une autre alors que Patrick Hetzel pourrait être nommé ministre de l’Enseignement supérieur. Par Laure Equy
«L’architecture et la composition du gouvernement finalisées» ont été envoyées à l’Elysée. Encore un petit effort et ce sera bon. «L’architecture et la composition du gouvernement finalisées ont été transmises à l’Elysée», a fait savoir en fin de journée l’entourage de Michel Barnier. Le président de la République et le Premier ministre devraient «devraient avoir un échange téléphonique dans la soirée». L’objectif de Michel Barnier reste d’annoncer aux Français la composition de son gouvernement dès samedi, avant des passations de pouvoir lundi.
Les électeurs peuvent se sentir «floués», selon François Hollande. L’ancien président de la République et député socialiste, François Hollande, a estimé ce vendredi que les électeurs du front républicain pouvaient se sentir «floués» au moment où Michel Barnier s’apprête à dévoiler la composition de son gouvernement. Le député de Corrèze, de retour au Palais-Bourbon après les législatives provoquées par la dissolution de l’Assemblée, s’exprimait devant des élèves d’un lycée à Albi (Tarn). «Ce qui est difficile à comprendre et à admettre, c’est qu’alors que les deux tiers [des électeurs] ont plutôt adopté la ligne du front républicain […] là, il y a un Premier ministre qui a été nommé parce qu’il avait l’assentiment de l’extrême droite», a commenté l’ancien président. «C’est pour ça qu’on peut se sentir un peu floués», a-t-il poursuivi.
Macron appelle «tous les groupes politiques» à «aider» Barnier à former un gouvernement. Emmanuel Macron a appelé ce vendredi 20 septembre «tous les groupes politiques» à «aider» Michel Barnier à former un gouvernement, alors que la liste proposée jeudi suscite des tiraillements dans le camp présidentiel. «Il est important que tous les groupes politiques, avec engagement, sens des responsabilités, aident à former un gouvernement», a déclaré le Président en marge d’une visite à Chartres : «Il faut que tout le monde l’aide à réussir parce que c’est l’intérêt collectif.» Emmanuel Maron a aussi ajouté que Michel Barnier compose son équipe «avec beaucoup d’engagement et une pleine liberté». On n’en doutait pas un instant.
Laurence Garnier maintenue dans le futur pack gouvernemental ? Décriée par la gauche, et une partie des macronistes, pour ses positions contre le mariage pour tous ou l’inscription de l’IVG dans la Constitution, la sénatrice LR de Loire-Atlantique devrait changer de portefeuille, après avoir été annoncée à la Famille par Laurent Wauquiez. C’est ce qu’a indiqué Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, lors d’une réunion de son groupe, ce vendredi après-midi, rapporte une élue. Côté Matignon, on assure que des «noms sont verrouillés» mais que «ça peut bouger».
Une présentation définitive du gouvernement attendue «dans les prochaines heures». Matignon vise «dans les prochaines heures», c’est-à-dire entre ce vendredi soir et samedi matin, une présentation par Michel Barnier à Emmanuel Macron de la composition définitive de son gouvernement. «Il y aura trois ou quatre ajustements assez mineurs, mais qui continueront à respecter les différents équilibres», précise-t-on dans l’entourage de Barnier, alors qu’une grande partie des 38 noms a déjà fuité à l’initiative des groupes parlementaires de la coalition. Pressentie au portefeuille de la Famille, et aussitôt contestée pour ses positions contre la constitutionnalisation de l’IVG ou le mariage pour tous, Laurence Garnier devrait être concernée par l’un de ces «ajustements». Les nominations pourraient être annoncées dès ce samedi sur le perron de l’Elysée, avant des passations de pouvoir qui n’interviendraient pas avant lundi. «Il faut aller vite pour que le gouvernement se mette au travail», dit-on à Matignon. Par Jean-Baptiste Daoulas
Bruno Retailleau pressenti à Beauvau, Laurence Garnier proposée au ministère de la Famille, Patrick Hetzel donné à l’Enseignement supérieur ? N’en jetez plus. Le signal envoyé par ces ministrables que l’exécutif pourrait appeler au gouvernement est «très inquiétant pour les droits des femmes et des LGBTQI», prévient le député Ensemble pour la République, Guillaume Gouffier-Valente. Emmanuel Macron a alerté Michel Barnier sur le profil réactionnaire de la sénatrice LR de Loire-Atlantique, proche de la Manif pour tous, opposé au mariage des couples de même sexe, qui a voté contre la pénalisation des thérapies de conversion. Sa présence sur la photo finale n’est donc pas certaine. Mais «le fait même que ces noms de personnalités ultra-conservatrices soient évoqués appelle une clarification du Premier ministre. J’attends qu’il précise ses positions sur ses combats», ajoute Gouffier-Valente. «Au moment où le procès Mazan interpelle la société sur le patriarcat, la culture du viol, ces noms inquiètent très fortement. Il faut que ce soit très haut dans sa DPG [déclaration de politique générale]», insiste-t-il. Très engagé sur l’égalité femmes-hommes, rapporteur du projet de loi sur la constitutionnalisation de l’IVG, il se souvient d’«amendements d’une grande violence» déposés par le député LR Patrick Hetzel, opposé au texte. Quant à Bruno Retailleau, «on l’attendra de pied ferme à la commission des lois», ajoute le député EPR, qui y siège, et refusera «toute nouvelle mesure en matière d’immigration» : «Il y a eu un front républicain il y a deux mois, l’expression de ce vote n’était pas une nouvelle loi sur l’immigration.» Par Laure Equy
Pannier-Runacher à l’Ecologie ? Parmi les rescapés d’une macronie en assez bonne forme dans ce gouvernement, figurerait la députée nouvellement élue et ministre démissionnaire de l’Agriculture, indique l’AFP. Cette dernière, considérée comme une membre de l’aile gauche de la macronie (elle a notamment changé d’avis sur le durcissement de l’assurance-chômage au cours de sa campagne législative), hériterait du portefeuille de l’Ecologie dans le gouvernement Barnier.
Au placard à archives de Chez Pol. A chaque nouveau gouvernement, on aime fouiller dans les déclarations passées des ministres dont le nom circule pour tel ou tel poste. Celui-ci n’échappera pas à la règle. A peine celui d’Astrid Panosyan-Bouvet sorti des tuyaux pour le ministère du Travail, on tombe aussitôt sur son opposition aux multiples réformes de l’assurance-chômage passées sous les précédents gouvernements. Là où l’exécutif était favorable à un durcissement pour favoriser le retour à l’emploi, elle considérait au contraire que la clé consistait surtout à «rendre plus attractifs les métiers qui ne le sont pas». A lire en détail dans Chez Pol
Une nouvelle députée macroniste quitte le navire. «Je ne peux pas accepter qu’on en soit arrivés à un tel niveau de mépris», martèle Sophie Errante, dans son interview à Mediapart ce vendredi en annonçant son départ du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale. L’élue de Loire-Atlantique, qualifiée de «soutien de la première heure» d’Emmanuel Macron, est la quatrième députée macroniste à claquer la porte depuis les législatives de juillet. Elle retrouvera notamment l’ex-président de la commission des lois Sacha Houlié parmi les «non-inscrits» dans l’hémicycle.
Le nouveau gouvernement, c’est pas pour aujourd’hui. L’équipe ministérielle de Michel Barnier ne sera pas annoncée ce vendredi car de «derniers ajustements» sur sa composition son encore en cours, a annoncé Matignon à la mi-journée. Le Premier ministre avait soumis jeudi soir une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, au président Emmanuel Macron. Puis Matignon avait fait savoir que le gouvernement serait présenté «avant dimanche».
Le Modem fulmine. Après avoir discuté deux bonnes heures en visio, jeudi soir, les députés Modem se connectent à nouveau ce vendredi à 11h30. Dans la feuille de match proposée par Michel Barnier au président de la République, le parti de François Bayrou obtenait deux ministères de plein exercice dont le prestigieux poste des Affaires étrangères, pour Jean-Noël Barrot, l’actuel ministre chargé de l’Europe. Geneviève Darrieussecq était, elle, pressentie pour faire son retour au gouvernement, à la Santé. Mais en découvrant les contours du futur gouvernement et certains profils de la photo de famille (Bruno Retailleau à l’Intérieur, Laurence Garnier à la Famille), les centristes ne sont pas du tout enthousiastes. L’un d’eux, loin d’être isolé, plaide même pour que le Modem retire ses billes : «On a intérêt à ne pas y aller, ce serait un acte fondateur posé par notre famille politique». Le même député s’interroge toutefois sur les conséquences d’une telle mutinerie. «C’est une décision difficile. Est-ce qu’on porterait la responsabilité de l’échec ? François Bayrou est-il prêt à dire : ‘‘On n’y va pas ?’’ Ce n’est pas la première fois qu’on râle et puis qu’on finit par rentrer dans le rang». Par Laure Equy
Même chez LR, le nom de Laurence Garnier fait tiquer. Citée par Laurent Wauquiez devant ses troupes jeudi soir, après son échange avec Michel Barnier dans la journée, la sénatrice de la Loire-Atlantique est décriée, y compris dans son camp, pour ses positions conservatrices sur le mariage pour tous ou l’IVG dans la Constitution. «Garnier, ça coinçait déjà avant», glisse à Libération un conseiller LR. Le même évoque deux autres noms qui pourraient entrer au gouvernement, notamment pour remplacer celui de Garnier : Agnès Canayer, sénatrice LR de Seine-Maritime, et sa collègue de Paris Marie-Claire Carrère-Gée. Cette dernière est une proche de Barnier : elle a dirigé sa campagne lors de la primaire de la droite en 2021. Elle a aussi été conseillère sociale de Jacques Chirac, avant d’être secrétaire générale adjointe de l’Elysée entre 2006 et 2007. Plus récemment, elle a été élue conseillère de Paris en 2018 et s’est engagée auprès de Rachida Dati. Par Victor Boiteau
Chez Pol
Pendant ce temps, le couple Macron en goguette patrimoine en Eure-et-Loire. Le Président et la Première dame se rendront ce vendredi après-midi à Chartres, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Ils visiteront les Ateliers Lorin à 15h45 puis le trésor de la cathédrale Notre-Dame à 16h30, selon le communiqué de l’Elysée. Il est toutefois peu probable que cette balade présidentielle donne une indication sur l’annonce du futur gouvernement. En général, celle-ci est faite depuis le perron du palais par le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler actuellement ; ou alors par un communiqué.
Le chiffre : 62,5 %. C’est, selon l’ébauche de gouvernement présentée par Barnier jeudi, la proportion de ministères de plein exercice qui resteront aux mains du «bloc central» (7 pour EPR, 2 pour le MoDem, 1 pour Horizons), soit 10 sur 16. Si les philippistes font assez largement bande à part des macronistes et de leur allié bayrouiste, l’ex-majo présidentielle est donc plus que bien représentée dans ce gouvernement, qui peut toutefois encore évoluer avant son officialisation. Les LR et leurs 47 députés hériteraient quant à eux de 3 portefeuilles de plein exercice. Et il faudra ajouter à tout ceci les futurs ministères délégués et autres secrétariats d’État, l’équipe Barnier comptant à ce stade 38 membres. Les deux tiers des principaux postes aux mains de la macronie (et plus précisément de représentants de son aile… droite) : voilà en tout cas qui 1) représente parfaitement «l’alternance» que Macron lui-même avait reconnu nécessaire et 2) tient rigoureusement compte du résultat de la séquence européennes-dissolution-législatives anticipées et des équilibres de l’Assemblée. Par l’équipe de ChezPol
Le gouvernement Barnier, une poursuite du macronisme à la sauce Manif pour tous. Après quinze jours de tractations, rien dans l’équilibre de ce gouvernement conduit par le représentant d’un parti qui n’a pas appelé au barrage républicain, ne traduit le résultat des urnes. Son seul atout est d’exister et de mettre ainsi fin, pour l’instant, à un vaudeville assez navrant où la bataille des postes – le qui – a largement pris le pas sur la feuille de route programmatique – le quoi. L’arrivée probable de Bruno Retailleau à l’Intérieur et celle, envisagée, de Laurence Garnier à la Famille accentuent le caractère droitier de la nouvelle équipe de ministres, toujours plus éloignée des promesses originelles du macronisme. Notre billet.
Le nom de la très conservatrice Laurence Garnier rayé par Emmanuel Macron ? Le chef de l’Etat aurait demandé à son Premier ministre d’enlever de la liste de son futur gouvernement Laurence Garnier, sénatrice LR et membre de la Manif Pour Tous, affirment ce vendredi matin France Info et BFMTV. «Le Président ne veut pas que la nouvelle équipe détricote ses réformes. Les positions de Garnier sont aux antipodes de ce qui a été défendu par les précédentes équipes», précise un ancien ministre auprès de la chaîne télé. Le sort de l’élue de droite ne semble toutefois pas encore réglé. «C’est Michel Barnier qui arbitre», Emmanuel Macron «ne bloque pas mais il peut alerter», a ajouté une autre source auprès de BFMTV. La gauche vilipende la nomination de Laurence Garnier, pressentie au ministère de la Famille, en raison de ses positions contre le mariage homosexuel et contre la constitutionnalisation de l’IVG.
L’Elysée évoque des «ajustements» nécessaires avant l’officialisation de la liste. Après que le Premier ministre a soumis sa liste à Emmanuel Macron jeudi soir, ce dernier aurait demandé quelques «ultimes» modifications, sans «bloquer aucun nom» selon l’Elysée. «Le Premier ministre affine», nous indique un proche du chef de l’Etat. A lire en intégralité dans notre newsletter politique ChezPol.
La gauche ulcérée par la future équipe Barnier. «Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous», a dénoncé la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, ce vendredi matin sur TF1, ciblant les figures de la droite pressenties pour faire partie de l’exécutif, tel Bruno Retailleau (à l’Intérieur) Othman Nasrou (à la Laïcité) ou encore Laurence Garnier (à la Famille). Dénonçant une «extrême droitisation de la macronie», elle a aussi appelé «tout le monde à venir le 21 septembre» pour grossir les rangs de la manifestation de samedi contre le gouvernement de Michel Barnier. «Dans une démocratie qui fonctionne bien, ce ne sont pas ceux qui perdent les élections qui se retrouvent au gouvernement», a cinglé de son côté Manuel Bompard, le coordinateur national de la France insoumise, sur France Bleu. La veille au soir, il avait persiflé sur X au sujet d’«Emmanuel Macron et les 40 voleurs d’élection». La députée ex-LFI Clémentine Autain n’a guère été plus tendre, sur RTL : regrettant «un scénario qui tourne le dos à ce que sont nos principes républicains», elle a estimé que ce futur gouvernement est «la honte pour la France».
A lire aussi