En résumé :
- La nouvelle équipe de François Bayrou, annoncée ce lundi soir sur le perron de l’Elysée, comporte de nombreuses figures de la macronie. A commencer par l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, qui hérite de l’Education Nationale. Jadis au Travail et à l’Intérieur, Gérald Darmanin est cette fois à la tête de la Justice.
- C’est la grosse surprise de la liste : l’ancien Premier ministre Manuel Valls a été désigné à la tête du ministère des Outre-Mer.
- Peu avant l’annonce sur le perron de l’Elysée, Xavier Bertrand avait fait savoir qu’il ne figurerait pas dans la nouvelle équipe, refusant de «participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen».
- Revivez la journée de dimanche dans ce live.
François Bayrou ne sollicitera pas la confiance de l’Assemblée. A l’issue de sa déclaration de politique générale, programmée le 14 janvier, François Bayrou a indiqué qu’il ne solliciterait pas lui-même un vote de confiance renvoyant à une probable motion de censure déposée par l’opposition. «Dans la foulée de cette déclaration de politique générale, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu’il y aura probablement une motion de censure», a fait valoir le Premier ministre, qui «respecte le fait que des forces politiques n’ont pas envie d’être assimilées contre leur gré à la politique du gouvernement». La France insoumise a d’ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure.
Le nombre de morts à Mayotte se comptera «en dizaines» et pas «en milliers». Le Premier ministre François Bayrou a estimé que le nombre de morts après le passage du cyclone Chido à Mayotte se chiffrerait en «dizaines» et non en «milliers» et serait très inférieur aux «chiffres alarmistes» avancés. «Je pense que ça se compte en dizaines et pas en milliers, a-t-il dit. Je crois que les chiffres alarmistes et parfois terrifiants qui ont été avancés ne seront pas vérifiés dans la réalité», a-t-il ajouté, confirmant à ce stade un bilan provisoire de 35 morts.
Pas de loi immigration. François Bayrou a expliqué ne pas vouloir «de grande loi» sur l’immigration qu’il juge «destinée à faire, en fait, de la communication». «Priorité à l’exécution et à l’application des mesures qui ont été votées», a déclaré le Premier ministre. «Et ensuite, j’ai discuté de ça avec Bruno Retailleau : pas de grande loi destinée à faire, en fait, de la communication. Prenons les problèmes un par un, y compris par des propositions de loi des assemblées», a-t-il ajouté. François Bayrou a dit par déplorer que «quasiment aucune» obligation de quitter le territoire français (OQTF) n’est exécutée et vouloir procéder à «une mise en tension avec les pays qui refusent» de réadmettre leurs ressortissants frappés d’une OQTF.
Un objectif de déficit public autour de 5%. Le Premier ministre François Bayrou a plaidé pour un retour de l’objectif de déficit public «autour» ou «un peu plus» en 2025, là où son prédécesseur Michel Barnier avait mis la barre à 5%. «Je pense qu’il faut trouver autour de cinq, un peu plus de cinq, quelque chose qui nous permette de trouver un accord et un équilibre», a-t-il dit.
François Bayrou refuse de suspendre la réforme des retraites de 2023. Le Premier ministre a dit lundi refuser de suspendre ou de geler la réforme des retraites de 2023, comme le demande la gauche, après avoir proposé jeudi aux forces politiques de rouvrir une discussion sur cette réforme pendant neuf mois. «Non, je ne ferai pas ça. Dans quel monde vivent-ils ? Est-ce qu’ils savent que la France est observée, scrutée parce qu’on appelle les agences» de notation, «et si (leurs) notes ne sont pas bonnes, alors les taux d’intérêts explosent ?», a justifié le Premier ministre. «Il y a tous les compromis possibles. S’il existe, je suis prêt», a ajouté François Bayrou, qui s’est aussi dit «prêt» à ramener le délai de discussion de neuf «à six mois».
François Bayrou «persuadé» que son gouvernement ne sera pas censuré. «Je suis persuadé que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés», a-t-il déclaré sur BFMTV. Par ailleurs, le Premier ministre promet de n’utiliser le 49.3 qu’en «dernière extrémité» et seulement en cas de «blocage». Il indique qu’il n’aura recours à cet article de la Constitution que «sur le budget» et pas pour «d’autres textes» pour lesquels il a l’intention «d’aller au bout des débats. Je suis de ce grand courant qui aime la démocratie au Parlement. Les conflits qui s’exposent au Parlement sont des conflits qui n’éclatent pas dans la rue.»
François Bayrou refuse d’entrer dans «le petit jeu de l’affrontement» avec Emmanuel Macron. Au sujet de sa nomination à Matignon, François Bayrou a tenu à donner quelques précisions. «Je sais que j’ai un phrasé lent, mais ceux qui nous écoutent comme ça entendent bien [ce que je vais dire] : Emmanuel pensait que je n’étais pas le mieux adapté à la fonction. J’ai toujours pensé qu’on me demanderait d’occuper cette fonction que quand ça irait très mal. Je pense que je l’ai convaincu.» Au sujet de la relation au sein de l’exécutif, le Premier ministre refuse d’entrer «dans le petit jeu de l’affrontement» qui serait «stérile» avec Emmanuel Macron. «Je parle avec le président de la République à peu près trois fois par semaine depuis le premier jour de notre alliance. C’est une personnalité courageuse, qui affronte les problèmes. Peu de présidents de la République ont eu à affronter autant de cascades et de drames.»
«Il y a un problème d’inexécution des peines dans ce pays». «Des millions de Français pensent que nous sommes dans un pays d’insécurité, estime François Bayrou. Quelles que soient leur opinion politique, ils ont le sentiment qu’on ne les protège pas.» Comme son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le Premier ministre juge qu’«il y a un problème d’inexécution des peines dans ce pays. On devrait pouvoir les juger rapidement. Je suis favorable à ce qu’on puisse avoir des jugements rapides et des peines courtes réellement exécutées. Je ne suis pas pour qu’on traîne en prison car la prison, c’est l’école des trafics, des réseaux.»
Le soutien fragile de Laurent Wauquiez au gouvernement. Le chef de file des députés LR (Les Républicains) Laurent Wauquiez a martelé lundi devant son groupe que le soutien au gouvernement de François Bayrou ne serait pas inconditionnel et qu’il pourrait être «retiré» en fonction du cap affiché. «Nous ferons le point régulièrement pour juger si le cap de redressement du pays est clair. Nous ne nous interdisons pas de retirer notre soutien», a-t-il dit, selon des participants. «Notre soutien ne peut être que très exigeant. Nos votes se décideront texte par texte», a-t-il souligné.
L’absence de Xavier Bertrand au gouvernement «n’a rien à voir avec Marine Le Pen». François Bayrou tient à raconter sa version des faits au sujet de l’absence de Xavier Bertrand dans son équipe ministérielle. Un peu plus tôt dans la journée, le patron de la région Hauts-de-France avait affirmé avoir été évincé du ministère de la Justice sous la pression de Marine Le Pen. «D’abord, il n’est pas vrai que quelque influence que ce soit se soit exercée sur moi, commence François Bayrou. J’ai proposé à Xavier Bertrand d’entrer au gouvernement dans un ministère très important. Je lui ai proposé et il m’a dit qu’il ne voulait que la Justice. Cette question pouvait se poser. Il m’a exposé ses vues sur le ministère de la Justice et je ne m’y suis pas reconnu. J’ai dit “on va essayer” et en réfléchissant je me suis rendu compte où étaient les points de divergence. Il proposait une démarche que j’ai trouvé violente, [...] que les amendes soient directement facturées et payées par une retenue de salaire. Je trouve qu’on ne peut pas s’attaquer comme ça à la question du civisme et donc j’ai trouvé que son approche n’était pas la mienne. Ca n’a rien à voir avec une défiance avec Marine Le Pen, ça a à voir avec moi. Il est déçu de ne pas être entré au gouvernement.» Conclusion : François Bayrou réfute toute «influence» du RN sur la composition de son gouvernement.
«Valls, une personnalité un peu kamikaze.» «J’aime bien les personnalités audacieuses ou qui acceptent de prendre des risques, a affirmé François Bayrou au sujet de la nomination de Manuel Valls, au ministère des Outre-Mer. C’est une personnalité pour qui j’ai de l’estime mais surtout je considère que l’une des questions les plus lourdes pour le pays ce sont les Outre-Mer». Avant de se reprendre : «Manuel Valls est une personnalité qui ne craint pas le risque, j’aurais dû le dire comme ça.»
«Le premier défi du pays, c’est l’éducation». François Bayrou a affirmé ce lundi soir sur BFMTV que l’éducation était sa priorité. La preuve : «Elisabeth Borne est la première ministre d’Etat » et «une personnalité très expérimentée qui a dû relever elle-même le défi de cheffe de gouvernement». Autre indice, son ministre délégué : «Philippe Baptiste est le patron du CNES, un chercheur qui porte avec lui les ambitions du pays.»
Rachida Dati, toujours en embuscade. La maire du VIIe arrondissement de Paris a été reconduite lundi au poste de ministre de la Culture dans le gouvernement de François Bayrou, après avoir fait son entrée rue de Valois en janvier à la surprise générale. «Avec les acteurs culturels et l’ensemble des collectivités, nous allons continuer à agir pour le patrimoine, la création, la défense de l’exception culturelle française et pour l’Europe de la culture et des médias», s’est-elle réjouie lundi soir sur X. Celle qui faisait partie des ministres les plus populaires des gouvernements Attal puis Barnier, misait sur des réformes de poids pour appuyer sa course à la mairie de Paris, qu’elle a «toujours en tête», selon son entourage.
Paris 2024 au gouvernement. Marie Barsacq, qui était membre du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, a été nommée lundi ministre des Sports avec, parmi ses principaux dossiers, la préparation des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises. A 51 ans, cette juriste de formation succède au maire de Châteauroux Gil Avérous, nommé en septembre dans le gouvernement de Michel Barnier, et avant lui à Amélie Oudéa-Castéra. Inconnue du grand public, elle a fait l’essentiel de sa carrière dans les institutions sportives françaises, au Comité national olympique et sportif français (CNOSF) comme à la Fédération française de football (FFF). Depuis 2016, elle était directrice exécutive chargée de l’impact et de l’héritage de Paris 2024. Dans son nouveau poste, en plus de la gestion de l’héritage des Jeux de Paris, elle devra aussi donner les grandes directions pour les Jeux-2030.
Le RN torpille le nouveau gouvernement. Sur X, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, accuse Bayrou d’avoir «réuni la coalition de l’échec».
Heureusement que le ridicule ne tue pas.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) December 23, 2024
Hélas, rien n’aura été épargné aux Français : François Bayrou a réuni la coalition de l’échec.
En 2025, plus que jamais, le RN sera là pour défendre et protéger nos compatriotes, en attendant l’alternance.
Le Premier ministre salue son équipe. Sur X, François Bayrou se dit «fier» d’un gouvernement «d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français». Le Premier ministre expliquera ses choix lundi soir à 20 h 30 sur BFMTV. Le premier conseil des ministres de ce nouveau gouvernement sera réuni le 3 janvier.
La gauche mitraille le nouveau gouvernement. Le patron du PS Olivier Faure a jugé lundi soir sur X que le nouveau gouvernement Bayrou était «une provocation» et un gouvernement de «droite extrême au pouvoir, sous la surveillance de l’extrême droite », tandis que la cheffe des écologistes Marine Tondelier a fustigé sur BFMTV «l’indignité» du Premier ministre «qui se met entre les mains de l’extrême droite». La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a de son côté raillé «un gouvernement rempli de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays... avec le soutien de Marine Le Pen et du RN», appelant une nouvelle fois à la censure, et au départ d’Emmanuel Macron, sur X.
Un techno à Bercy. Le directeur de la Caisse des dépôts et consignations, Eric Lombard, va accéder dans le gouvernement de François Bayrou au ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Il sera épaulé par la macroniste Amélie de Montchalin chargée des Comptes publics, au moment où la France affronte l’une des pires crises budgétaires de son histoire récente. Parmi les autres portefeuilles économiques, Laurent Marcangeli (Horizons) sera chargé de la Fonction publique. Annie Genevard (LR) conserve pour sa part l’Agriculture.
Rendez-vous en 2025. Le premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou se tiendra le 3 janvier, indiqué l’Elysée ce lundi.
Le retour de «Rebs». L’ancien ministre du Travail de François Hollande, François Rebsamen, est nommé ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation du gouvernement Bayrou, avec parmi ses ministres délégués, une autre ancienne secrétaire d’Etat socialiste, Juliette Méadel, en charge de la Ville. François Rebsamen, 73 ans, qui vient de renoncer à la fonction de maire de Dijon, s’était rapproché de la macronie depuis plusieurs années mais avait encore sa carte au PS. Juliette Méadel a quitté le PS et rejoint la Fédération progressiste en 2022, tout en se rapprochant de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.