En résumé :
- Une semaine après sa nomination, François Bayrou n’a pas encore de gouvernement mais ça ne saurait tarder. Le Premier ministre était l’invité de France 2 jeudi soir et y a assuré que son équipe serait nommée «dans le week-end», «en tout cas avant Noël».
- Plus tôt dans la journée, le Premier ministre avait accueilli la majorité des formations politiques, exception faite de la France insoumise et de l’extrême droite, ainsi que les présidents des deux chambres parlementaires, pour une réunion à Matignon. Il a convié chacune d’entre elles à participer au gouvernement.
- En réponse à cette proposition, les partis ont eu des positions assez partagées. Côté Nouveau Front populaire, la proposition du Premier ministre de «reprendre» la réforme des retraites de 2023 ou de limiter son usage du 49-3 n’a pas convaincu les formations présentes de ne pas voter la censure. La droite, elle, laisse flotter le suspense quant à sa participation au gouvernement.
- Retrouvez toutes les informations de la journée de jeudi ici.
«François Bayrou ne passera pas l’hiver», lance Mélenchon, prêt à le censurer le 16 janvier. Dans une interview au Parisien ce vendredi 20 décembre, le leader insoumis souhaite que le Premier ministre demande la confiance des députés à l’issue de sa déclaration de politique générale et pense toujours à une présidentielle anticipée en 2025. Plus d’informations ici.
Après ses propos polémiques à Mayotte, Emmanuel Macron rejette la faute sur le RN, Marine Le Pen voit rouge. Dans un entretien accordé ce vendredi aux médias mahorais, dont Mayotte La Première, Emmanuel Macron a affirmé avoir répondu à des «gens» du Rassemblement national qui «insultaient la France» en lançant à Mayotte que l’archipel serait «10 000 fois plus dans la merde» après le passage du cyclone Chido s’il n’était pas français. «Mais parce que c’est la France, quand on l’insulte, le président, il se fâche», a-t-il insisté. «Je n’ai jamais vu un argument aussi bas en des circonstances aussi graves. La colère et le désespoir des habitants, c’est donc de la faute du RN ? Ou une cabale ourdie contre lui ?», a vertement répliqué la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen dans une publication sur le réseau social X.
Je n’ai jamais vu un argument aussi bas en des circonstances aussi graves. La colère et le désespoir des habitants, c’est donc de la faute du RN ? Ou une cabale ourdie contre lui ?
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 20, 2024
Être, à ce point, incapable d’abord de ressentir de l’empathie et ensuite de se hisser à la… https://t.co/sj41NyYgbr
Il faut arrêter le poker menteur, François Bayrou doit clarifier ses intentions et jouer la transparence. Loin d’être en situation d’élargir son socle, le Premier ministre risque de mettre sur la table une équipe dans laquelle on va retrouver des figures du macronisme au pouvoir. Si chacun des partis prenant part aux échanges y est prêt, il n’y a rien de malsain à négocier des petits pas. Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
Avec le maintien de Retailleau, les verts dénoncent un contrat entre Bayrou et le RN. Changer de Premier ministre pour ne rien changer donc. Ça ne passe évidemment pas à gauche. «Retailleau, c’est non. Simple, basique. Ce n’est pas du sectarisme, c’est le simple respect du serment des Français le 7 juillet. Non aux idées du RN, auxquelles cet homme a donné quitus», a réagi le député qui siège avec les verts Pouria Amirshahi. Sa collègue du groupe écolo, Léa Balage El Mariky, a quant à elle dénoncé «le contrat entre le gouvernement et le RN» qui «se renouvelle sous nos yeux». Lors de ses consultations des forces politiques, avant de nommer Bayrou, Macron avait pourtant conclu qu’une unanimité était ressortie des discussions sur le fait de ne plus dépendre du RN. Caramba, encore raté. Lire le comptoir de Chez Pol.
Macron quitte Mayotte après une visite de deux jours auprès des victimes du cyclone Chido. Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi à la mi-journée, après deux jours de visite sur l’archipel dévasté par le cyclone Chido. Le chef de l’Etat, qui a présidé juste avant son départ une cellule de crise par visio-conférence avec ses ministres à Paris, dont le Premier ministre François Bayrou, s’est envolé en direction de Djibouti où il doit notamment partager le repas de Noël avec les troupes françaises qui y sont stationnées. Suivez notre live sur la situation à Mayotte.
Un docu en immersion avec Gabriel Attal sur C8. Volontairement très discret médiatiquement et politiquement depuis la nomination de Bayrou à Matignon, l’ex-Premier ministre est le sujet d’un documentaire «immersif» qui retrace son parcours ministériel depuis 2022, diffusé en janvier sur la chaîne bolloréenne.
Embedded with Attal
La dette publique dépasse 3 300 milliards fin septembre. Alors que le pays se débat dans le marasme politique depuis la dissolution décidée en juin par Emmanuel Macron, l’économie est ralentie par l’incertitude. Et la dette française a encore gonflé au troisième trimestre, s’établissant à 113,7 % du produit intérieur brut fin septembre contre 112,2 % fin juin, a annoncé ce vendredi l’Insee. De juillet à septembre, la dette a augmenté de 71,7 milliards d’euros, pour atteindre 3 303 milliards d’euros, a précisé l’Institut national de la statistique.
«Nos lignes rouges n’ont pas bougé», affirme Sébastien Chenu mais la réforme des retraites n’en fait pas partie. Le député RN du Nord était l’invité de RTL ce jeudi. Il était interrogé sur le budget 2025 et la réforme de retraites. Sébastien Chenu a assuré avoir compris que «François Bayrou nous prend pour des pigeons», après sa proposition de rouvrir la discussion sur les retraites. Mais, pour le RN, cette réforme «ne fait pas partie du budget», or, «nos lignes rouges sont dans le budget», a expliqué le vice-président du parti. Le sujet ne serait donc pas un facteur susceptible de provoquer une nouvelle censure par le RN. L’élu d’extrême droite a dénoncé une proposition amenée «comme une carotte» par le Premier ministre pour encourager les partis à voter le budget. «Ce n’est pas sérieux», a déclaré Sébastien Chenu.
L’appel de Fesneau au PS et aux Ecologistes. Si ce n’est pas du déni, ça pourrait bien y ressembler. Alors que François Bayrou a donné jusqu’à midi aux partis invités jeudi pour se déterminer sur leur soutien au gouvernement, l’ancien ministre MoDem Marc Fesneau juge ce vendredi matin sur France Info qu’il y a encore de l’espace pour que socialistes et écologistes ne s’opposent pas au gouvernement. «Ce serait faire insulte aux socialistes et aux écologistes de penser qu’ils soient fermés à toute discussion.» «Nous n’avons pas de budget. […] Je fais confiance à toutes les forces démocratiques pour trouver un compromis.»
«La censure sera votée», pense Sandrine Rousseau. «Je n’ai pas vu de virage ni de main tendue», a jugé la députée de Paris Sandrine Rousseau dans les 4 Vérités ce matin, au lendemain de la prise de parole de François Bayrou sur France 2. La très légère inflexion primo-ministérielle à propos des retraites n’est d’ailleurs pas de nature à lui faire changer de discours : «Paroles, paroles, paroles», chantonne même l’écoféministe s’agissant du possible retour sur l’âge de départ à 64 ans. «Actons le fait que c’est la première fois qu’il y a une parole sur les 64 ans, mais on ne peut pas revenir sur l’âge sans abroger cette réforme. Donc il va falloir qu’il prononce les mots qu’il faut.» «La censure est sur la table et je pense même qu’elle sera votée», conclut-elle.
Un Président ne devrait pas dire ça. Il n’y a pas forcément de rapport avec le gouvernement à venir, mais le moins que l’on puisse dire est que ça ne va pas apporter de sérénité aux relations entre l’opposition et l’exécutif : des propos homophobes – «la cage aux folles», pour parler de Matignon sous Gabriel Attal –, des propos mysogines – «les cocottes», pour parler de Lucie Castets et Marine Tondelier –, et enfin, des propos racistes. Le Monde a révélé en deux jours plusieurs zones d’ombre de Macron, dans une série d’articles en quatre épisodes. Hier soir, la gauche s’indignait d’une scène relatée dans le second opus. «Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou», déclare le Président face au secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler et son ministre de la santé d’alors, Aurélien Rousseau. Nous sommes à l’automne 2023, à l’époque où l’exécutif négocie son projet de loi immigration avec la droite, et l’on comprend alors que la dose de «préférence nationale» voulue par LR, avec une suppression de l’aide médicale d’Etat inspirée par l’extrême droite, ne déplaît pas à Macron. Mais un autre propos raciste est aussi rapporté par le quotidien du soir. Lorsqu’en octobre 2019 le Président accorde un entretien sur l’immigration au journal d’extrême droite Valeurs actuelles dans l’avion présidentiel, il lâche, pour qualifier les Français d’origine maghrébine : les «rabzouz». Un mot finalement caviardé de l’interview publiée et relue par l’Elysée. Geoffroy Lejeune, qui était alors le patron de l’hebdo avant de filer au JDD sauce Bolloré, dit alors à Macron : «Vous êtes très bon quand vous venez sur notre terrain.» Réponse du chef de l’Etat : «C’est celui que je préfère.»
«Non, Emmanuel Macron, je ne suis pas une rabzouz. Vos propos sont indignes», a réagi sur X la députée LFI Farida Amrani, alors que la plupart des députés LFI ont répliqué à ces sorties racistes en demandant une nouvelle fois la destitution du Président. Ou sa démission. A l’instar de Claire Lejeune : «Un Président tenant en toute décomplexion des propos racistes abjects, dignes de l’extrême droite. Un tel Président salit sa fonction. Macron : l’heure est à la démission.» Par Chez Pol.
En résumé. Jeudi soir sur France 2, François Bayrou a parlé des très petits pas qu’il était prêt à faire sur les retraites, de la catastrophe qui frappe Mayotte, du nouveau gouvernement, de son envie de maintenir Bruno Retailleau à l’Intérieur, de l’admiration qu’il vouait à Gisèle Pelicot, de ce que lui inspirait la condamnation définitive de Nicolas Sarkozy : c’est beaucoup et Libé vous en a tiré un résumé fort pratique à lire juste ici.
Le roi du silence. Si l’on a pu noter ces temps-ci la discrétion de plusieurs leaders du socle commun, comme Laurent Wauquiez pour LR ou Gabriel Attal pour EPR, il est un mutisme plus flagrant que les autres. Edouard Philippe, pourtant patron fondateur d’Horizons, l’une des trois boutiques du camp présidentiel, et candidat déclaré pour 2027, ne s’est fendu d’aucune déclaration depuis la nomination de François Bayrou. No comment, pas même un tweet. Attendu ce jeudi autour de la très grande table de Matignon avec les autres chefs de parti – à l’exception du RN, des ciottistes d’UDR, et de LFI – pour tenter de trouver une issue au blocage politique, le maire du Havre s’est éclipsé avant la fin des discussions, selon le Figaro. Et sans avoir pris la parole, laissant le chef de son groupe à l’Assemblée Laurent Marcangeli s’en charger. Mais alors que le pays bascule dans une crise politique inédite, ce silence finit par poser question. «Il n’aime pas commenter l’actualité», se borne à répondre l’une de ses proches. «Il prend la parole pour donner le sens de l’action, et il s’est déjà exprimé sur la nécessité de constituer un gouvernement de la gauche sociale-démocrate à la droite républicaine», poursuit-elle. Par ailleurs, l’ex-Premier ministre n’a officiellement pour l’instant eu aucun contact direct avec le nouveau. «On ne va pas s’exprimer juste histoire de, et si on veut vraiment dire quelque chose, ça va très vite ressembler à des lignes rouges», justifie aussi un député Horizons, «il faut donner une chance aux négociations». La vérité étant que les troupes philippistes ne croient pas, dans le fond, à une quelconque culture de coalition. «Il faut faire des compromis. Sauf que pour gouverner, il faut une majorité, et une opposition. Pour autant, on ne va pas faire les mauvais coucheurs, on est de bonne composition, mais pour l’instant on a rien à dire parce qu’on ne connaît ni la méthode ni le projet de Bayrou», explique le même élu. Qui laisse entendre qu’une déclaration publique à peu près claire et honnête dans le contexte actuel risquerait d’être un peu trop fracassante. Et de mettre de l’huile sur le feu, ce que «Doudou», le très responsable, ne souhaite pas. Un exemple ? «On ne veut pas de présidentielle anticipée, mais si les choses continuent de dysfonctionner, la pression va monter d’un cran», admet notre député Horizons. Autrement dit : la cohorte bleu foncé se tait, mais n’en pense pas moins. Par Lucie Alexandre.
Changer de Premier ministre pour ne rien changer. Il ne faut pas s’attendre à une révolution de palais. François Bayrou a, notamment, confirmé qu’il était favorable au maintien de Bruno Retailleau à l’Intérieur (sans parler de l’idée de reprendre le Budget concocté par Michel Barnier). Une ligne rouge pour la gauche. «Retailleau, c’est non. Simple, basique. Ce n’est pas du sectarisme, c’est le simple respect du serment des Français le 7 juillet. Non aux idées du RN, auxquelles cet homme a donné quitus», a réagi le député qui siège avec les verts Pouria Amirshahi. Sa collègue du groupe écolo, Léa Balage El Mariky, a quant à elle dénoncé «le contrat entre le gouvernement et le RN» qui «se renouvelle sous nos yeux». Lors de ses consultations des forces politiques, avant de nommer Bayrou, Macron avait pourtant conclu qu’une unanimité était ressortie des discussions sur le fait de ne plus dépendre du RN. Loupé. Par Chez Pol.
Les vents divers de Bayrou. François Bayrou se cramponne à sa promesse de former un gouvernement «avant Noël». Quant à son espoir d’amadouer les formations politiques invitées jeudi après-midi à Matignon, ça sent le sapin. En sortant d’une réunion de deux heures et demie autour du Premier ministre, les dirigeants de gauche se sont dits «assez consternés» pour le premier secrétaire du PS Olivier Faure, voire «très inquiets», pour la patronne écologiste Marine Tondelier, avec ce «petit cri d’alerte» : «Ça ne va pas bien se terminer.» Par Jean-Baptiste Daoualas et Laure Equy
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce nouveau direct politique. Nous sommes le 20 décembre et la France attend encore son gouvernement. Ce dernier devrait être présenté d’ici quelques jours, François Bayrou ayant assuré ce jeudi sur France 2 que sa présentation aurait lieu «dans le week-end», «en tout cas avant Noël».