En résumé :
- Après de longues heures d’attente, signe de la difficulté à trouver une solution pour Matignon, l’Elysée a annoncé ce vendredi peu après midi la nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre, par un communiqué succinct. Le nom du patron du Modem «s’est imposé ces derniers jours comme le plus consensuel», a justifié une source proche de l’Elysée.
- La passation de pouvoir avec Michel Barnier a eu lieu vers 17h30. En prenant ses fonctions, François Bayrou a notamment reconnu «l’Himalaya de difficultés» qui se dresse devant lui, notamment économiques.
- Les insoumis ont déjà annoncé leur volonté de déposer une motion de censure contre le nouveau Premier ministre. Communistes et écologistes, eux, disent attendre de voir avant de se prononcer. Idem pour le RN, dont le patron Jordan Bardella a dit ne pas vouloir censurer «a priori».
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Un premier week-end «sous le signe des consultations» pour François Bayrou. A peine nommé que le nouveau Premier ministre se prépare à enchaîner les rencontres dans les prochains jours, dans le but de composer son gouvernement, qu’il veut compact et dominé par des personnalités d’expérience. Son premier week-end sera ainsi placé «sous le signe des consultations», a indiqué son entourage. Le Premier ministre recevra notamment samedi la présidente (Renaissance) de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet et le président (LR) du Sénat Gérard Larcher. Il devrait également s’entretenir avec les chefs de groupes parlementaires.
Le patronat souhaite une «pleine réussite» au nouveau Premier ministre. Le patronat s’est réjoui vendredi de la nomination de François Bayrou, félicitant l’homme mais exprimant plus encore l’espoir unanime d’un retour de la «visibilité». Le Medef a ainsi souhaité «pleine réussite» au centriste, en assurant que les entreprises, «lieu de collectif, de création d’emplois et de richesses partagées, participent à la réconciliation que le Premier ministre appelle de ses vœux». «Les acteurs économiques ont besoin de visibilité, de stabilité et d’une réelle simplification», a observé l’organisation. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a formé exactement les mêmes vœux. Souhaitant «plein succès au nouveau locataire de Matignon», elle a souligné que les petites et moyennes entreprises attendaient de Bayrou «qu’il crée les conditions permettant de retrouver de la visibilité, de la lisibilité et de la stabilité», le mantra de la Confédération depuis des mois.
Selon Olivier Faure, une des conditions de la non censure du gouvernement Bayrou est de «mettre aux oubliettes le 49.3». Invité sur le plateau du 20 heures de TF1, le premier secrétaire du PS a réaffirmé que les socialistes ne participeraient «pas au gouvernement de François Bayrou», tout en ajoutant que c’était désormais au nouveau Premier ministre de donner au parti «les raisons pour lesquelles il est prêt à ne pas être censuré». Olivier Faure a ensuite passé en revue les trois conditions de la non censure du PS : «respecter les attentes des Français» d’abord, en citant à la fois la réforme des retraites, la justice ou encore l’accès aux soins ; «faire en sorte que la méthode change» et ainsi «mettre aux oubliettes le 49.3» ; et enfin «faire en sorte que le RN ne soit plus l’arbitre».
"Il faut mettre aux oubliettes le 49.3. Fini !" déclare @faureolivier dans ses conditions de "non-censure"
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Un entretien entre le nouveau Premier ministre et Bruno Retailleau à 21 heures. Le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a été convié par François Bayrou à l’hôtel de Matignon à 21 heures, annoncent BFMTV et Le Monde. Son premier entretien en tant que Premier ministre. Le locataire de Beauvau va demander des «garanties» au nouveau premier ministre, a fait savoir son entourage à l’Agence France-Presse (AFP). Sur l’immigration, il y a des «choses non négociables», a-t-on ajouté de même source, en évoquant «la lutte drastique contre l’immigration illégale» et la «réduction de l’immigration légale au strict nécessaire». Bruno Retailleau souhaite aussi avoir les «moyens» pour continuer à «lutter contre l’insécurité et notamment le narcotrafic», a encore dit son entourage. Le ministre de l’Intérieur va aussi discuter avec le nouveau Premier ministre de son projet politique global. «On sait qu’on ne peut pas tout faire dans un gouvernement de coalition, mais il y a des choses qui ne sont pas digérables», a expliqué l’entourage.
«La censure ne peut pas être systématique, automatique», pour François Hollande. Au micro de France Bleu, l’ancien chef de l’Etat a déclaré que «la nomination de François Bayrou n’est pas forcément celle que nous pouvions attendre d’un point de vue de gauche», en ajoutant qu’il avait des «préférences qui allaient vers Bernard Cazeneuve, mais maintenant, la question est réglée». François Bayrou doit maintenant «faire un dialogue avec les oppositions» a ajouté François Hollande. Le député de Corrèze a annoncé que la position de la gauche et le vote d’une éventuelle motion de censure allait dépendre de ce que le gouvernement de François Bayrou allait «accorder comme amendements aux socialistes ou à la gauche». Et de poursuivre : «Il faut que François Bayrou donne des garanties pour qu’il n’y ait pas de censure.» Selon lui, la censure ne peut pas être «systématique, automatique, mécanique, qui ferait qu’il n’y aurait pas de gouvernement».
Bayrou à Matignon, «la bonne personne au bon moment» estime Attal. «François Bayrou, c’est la bonne personne au bon moment, au bon endroit, pour répondre aux aspirations des Français, qui aspirent à une forme de sobriété, de tranquillité, et surtout à une unité pour l’intérêt du pays et pour leur vie quotidienne», a déclaré à la presse l’ancien chef du gouvernement, Gabriel Attal, lors d’un déplacement à Colmar. Il a ensuite souhaité «plein succès» au Béarnais. «Il a le sens de l’intérêt général chevillé au corps, il s’est toujours battu dans sa carrière politique pour rassembler les Français plutôt que les diviser, et rassembler les femmes et les hommes politiques plutôt que les diviser», a-t-il poursuivi.
Les syndicats agricoles demandent «un rendez-vous en urgence» au nouveau Premier ministre. Dans la foulée de la nomination de François Bayrou à Matignon, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et son allié, les Jeunes Agriculteurs (JA), ont adressé dans un communiqué leurs «attentes». Les deux syndicats annoncent solliciter «un rendez-vous en urgence» avec le nouveau Premier ministre pour lui demander «la reprise immédiate des travaux permettant de respecter les promesses faites au plus haut niveau de l’État aux agriculteurs». Jeunes Agriculteurs et la FNSEA appellent également «à une inscription rapide à l’examen au Parlement des dispositions fiscales attendues avec impatience dans les cours de ferme». «J’attends de François Bayrou un engagement fort sur les sujets agricoles dès les tout premiers moments de sa prise de fonction», a de son côté déclaré vendredi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
Prise de parole attendue d’Olivier Faure, invité au JT de 20 heures de TF1 ce soir.
📺 Ce soir, je serai l’invité du JT de 20h de @TF1 suite à la nomination du Premier ministre.
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Olaf Scholz félicite François Bayrou. Le chancelier allemand a félicité ce vendredi après-midi le nouveau Premier ministre français, lui souhaitant «force et succès pour les tâches» qui l’attendent. «La France et l’Allemagne sont des voisins et des amis très proches au cœur de l’Europe. Je me réjouis de la collaboration étroite de nos deux gouvernements dans l’esprit de l’amitié franco-allemande», a déclaré le dirigeant social-démocrate dans un communiqué.
Sur le perron de Matignon, François Bayrou affirme savoir où il met les pieds. «J’ai l’absolue conscience de la difficulté de la tâche», dit le nouveau Premier ministre. Puis «je n’ignore pas l’Himalaya de difficultés qui se dressent devant nous». En même temps, le maire de Pau prend la suite - avec une Assemblée inchangée - du plus éphémère chef de gouvernement de la Ve République : «Les chances de difficultés sont plus importantes que les chances de succès», reconnaît François Bayrou. Et de conclure : «Si on essaye, peut-être pourra-t-on trouver un chemin inédit marqué par la volonté de réconciliation».
«Mur de verre» et «devoir sacré». François Bayrou assure avoir deux obsessions. La première : «Le mur de verre qui s’est construit entre les citoyens et les pouvoirs, entre la base, les femmes, les hommes, les familles, ceux qui travaillent, qui cherchent du travail, sont à la retraite […] ceux qui affrontent des difficultés dont ils ne voient pas le relais dans la vie publique». Le nouveau Premier ministre fait de cette «séparation» un «ennemi à combattre». La deuxième est selon François Bayrou «l’essentiel de la promesse du Président de la République en 2017» : «on ne peut pas se trouver devant un destin dont on était plus maître et devant lequel on avait plus aucune chance de progression Notre devoir sacré est de rendre des chances à ceux qui n’en ont pas». Celui qui fut ministre de l’Education Nationale cite l’école, «qui n’a pas cessé dans (sa) vie d’être un point fixe». Le président du Modem dit aussi son souhait de vouloir «débarrasser notre vie publique et nos débats des paroles artificielles, des mots dont on a le sentiment qu’ils aient été écrits bien avant qu’on les prononce».
François Bayrou pointe le «problème moral» de la crise de la dette. Ce vendredi, François Bayrou ne veut pas parler trop longtemps pour ne pas «s’exposer à des incidents qu’il redouterait», dit-il. Depuis le tapis rouge devant Matignon, le Béarnais assure que «nul plus que [lui] ne connaît la difficulté de la situation». Rappelant qu’il a consacré des campagnes présidentielles sur la question de la dette et du déficit, le nouveau Premier ministre affirme que cette question sera encore une de ses grandes priorités à Matignon. «Je crois que cette question de déficit et dette pose un problème moral et pas seulement financier, dit-il. Se débarrasser de ses charges sur ses enfants dans les pays comme les notre […] c’est très mal vu». Comme l’avait déjà fait Michel Barnier au moment de remplacer Gabriel Attal, Bayrou explique que «[sa] ligne de conduite sera de ne rien cacher, ne rien négliger, ne rien laisser de côté». «Nous avons le devoir dans ce moment d’affronter les yeux ouverts sans timidité la situation qui est héritée de décennies entières dans lesquelles on n’a pas regardé comme nécessaire et urgent la recherche des équilibres», martèle-t-il.
Michel Barnier met en garde sur le péril financier qui persiste. Le Savoyard est revenu quelques minutes sur les débats houleux à propos du Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, qui ont eu raison de son poste à Matignon. Et assume ses choix : «Nous avons proposé un budget difficile, pour réduire notre déficit. Et avec une majorité parlementaire, en particulier au Sénat, nous étions proches d’un accord équilibré, estime Michel Barnier. Qui met en garde : «Ce déficit n’a pas disparu, comme par enchantement d’une motion de censure. On aurait tort de l’oublier et la dette qui l’accompagne, faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous. Une telle dette, un tel déficit, ce sont des impôts pour nos enfants.»
Barnier revient sur ses trois mois à Matignon. Après avoir salué son successeur, Michel Barnier revient sur son court bail de trois mois à la tête du gouvernement alors que le pays «est dans une situation inédite et grave». Une mission écourtée par «une alliance improbable entre des partis politiques que tout oppose mais réunis dans une volonté de blocage et de confusion», grince-t-il. Dans «ce temps très bref», qu’il dit avoir tenté d’utiliser au mieux, Michel Barnier vante ses «engagements pris pour les agriculteurs, la santé mentale pour la simplification administrative tant attendue par tant d’entrepreneurs, pour l’environnement, pour la maîtrise de l’immigration…». «Des engagements qui pourront, je l’espère, être confirmés, poursuivis et consolidés», ajoute-t-il
Michel Barnier salue la relève. Après leur discussion dans Matignon qui a duré près de trente minutes, le Premier ministre sortant a salué l’arrivée de François Bayrou pour prendre sa tête du gouvernement, louant «sa ténacité et son engagement pour la France et l’Europe».
Retailleau va demander des «garanties» à Bayrou pour rester au gouvernement, notamment sur l’immigration. Pendant ce temps-là, le ministre de l’Intérieur démissionnaire fait filtrer à l’AFP le menu de son dîner avec François Bayrou. Bruno Retailleau sera reçu en effet ce vendredi dans la soirée par le nouveau Premier ministre, au sujet de son éventuelle participation au futur gouvernement. Selon son entourage, il va demander à «être confirmé dans la feuille de route qui était la sienne» sous Michel Barnier. Il devrait exiger des «garanties», notamment au sujet de l’immigration et en termes de moyens. Le très droitier ministre de l’Intérieur devrait aussi discuter avec François Bayrou de son projet politique global. «On sait qu’on ne peut pas tout faire dans un gouvernement de coalition, mais il y a des choses qui ne sont pas digérables», a expliqué l’entourage. «Si le Premier ministre veut mettre sur la table des marqueurs de gauche trop forts, ce ne sera pas digérable», a encore insisté la même source, citant par exemple «les retraites» ou la «justice des mineurs».
François Bayrou est arrivé à Matignon. Venu en voiture depuis le Haut-commissariat au plan, bâtiment qui se trouve à moins d’un kilomètre, le nouveau Premier ministre est arrivé à 17 heures précises au 57 rue de Varennes. Après avoir traversé la cour dans le silence devant de nombreux collaborateurs emmitouflés, puis une poignée de main avec Michel Barnier sorti sur le perron l’accueillir, les deux sont entrés dans l’hôtel particulier pour une discussion de transmission de dossiers. Celle-ci pourrait durer de quelques minutes à plusieurs dizaines de minutes.
LR conditionne sa participation au gouvernement au «projet» de François Bayrou. Les députés des Républicains conditionnent cet après-midi la participation de leur parti au gouvernement au «projet» que leur présentera le nouveau Premier ministre François Bayrou, reconnaissant que leur choix est moins «facile» qu’avec son prédécesseur Michel Barnier, ont indiqué à l’AFP des participants à une réunion de groupe. «C’est ensuite que nous pourrons décider d’une éventuelle participation», a affirmé le patron du groupe Laurent Wauquiez, dont les positions ont fait «consensus parmi les députés qui se sont exprimés» lors d’une réunion en visio. Il a également appelé LR à parler «d’une seule voix», après s’être entretenu avec le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau et Mathieu Darnaud, le chef des sénateurs LR.
François Bayrou, un vaudeville symptomatique d’un Président dans l’impasse. Les atermoiements d’Emmanuel Macron, qui s’est finalement résolu à nommer son plus ancien allié, n’étaient pas à la hauteur du moment. Et sa décision pourrait ne rien régler. Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen.
Dans sa première prise de parole, François Bayrou appelle à la réconciliation. Le nouveau Premier ministre s’est exprimé, ce vendredi après-midi, devant le Haut-commissariat au Plan, face à la presse. «Tout le monde mesure la difficulté de la tâche. Je pense aussi que tout le monde se dit qu’il y a un chemin à trouver, qui réunisse les gens au lieu de les diviser», a déclaré François Bayrou. Le successeur de Michel Barnier appuyant : «Je pense que la réconciliation est nécessaire.» Le fondateur du MoDem a ensuite repris les mots de François Mitterrand après son élection en 1981 en lâchant qu’«enfin, les ennuis commencent».