En résumé :
- Première photo de famille recomposée : Emmanuel Macron a réuni ce vendredi matin le nouveau gouvernement Borne à l’Elysée, s’exprimant pendant une trentaine de minutes en direct sur toutes les télés. Le président de la République a exigé de ses ministres «de la collégialité» car «il n’y a pas de réussite individuelle».
Passage de témoin chargé d’émotions, de rancœur et de gêne au ministère de la Santé. ccesseurs avaient scandé la matinée de vendredi. Au ministère de la Santé, avenue de Ségur, le passage de relais entre François Braun et Aurélien Rousseau était chargé d’émotions.
- Au terme d’une journée de jeudi épique rythmée par des fuites dans la presse, onze changements ont été annoncés et huit nouvelles têtes ont fait leur entrée dans l’équipe gouvernementale. Retrouvez la liste complète des ministres.
Qui va succéder à Aurore Bergé ? L’élection à la présidence du groupe macroniste à l’Assemblée aura lieu mercredi. Sylvain Maillard fait figure de favori. Le scrutin se déroulera par voie électronique, avec un premier tour de 9 à 13 heures. Un second tour est possible dans l’après-midi.
Interview
Conflits d’intérêts à la Santé ? Le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne à Matignon, est marié à Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) depuis mars 2021. Donc administrativement sous l’autorité de son mari. Le Secrétariat général du gouvernement a fait passer une note juridique sur ce sujet avant que la composition du nouveau gouvernement ne soit annoncée. Mais les époux peuvent garder leur poste.
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Passage de témoin chargé d’émotion, de rancœur et de gêne au ministère de la Santé. S’il tentait de faire bonne figure, François Braun semblait encore sous le choc, ce vendredi matin, face à son débarquement sans préavis. A ses côtés, pâle et les traits tirés, Aurélien Rousseau, son successeur qui fut son interlocuteur privilégié à Matignon durant les douze derniers mois, l’a joué profil bas. Le nouveau ministre a pris les clés de l’avenue de Ségur et promet des «transformations en profondeur du système de santé».
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Premier déplacement de Gabriel Attal en tant que ministre de l’Education. Aussitôt en poste, aussitôt sur le terrain. Le nouveau ministre de l’Education doit se rendre vendredi dans les Yvelines, à Verrières, où deux établissements scolaires ont été endommagés lors des violences policiers qui ont suivi la mort de Nahel, tué le 27 juin par un tir policier. Lors de la passation de pouvoirs avec Pap Ndiaye jeudi soir, Attal a annoncé son intention de faire de nombreuses visites de terrain, et de délocaliser son ministère dans un établissement pendant trois jours chaque mois.
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On n’est jamais aussi bien (et aussi souvent) servie que par soi-même.
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— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) July 21, 2023
Philippe Vigier, un nouveau pro-Manif pour tous au gouvernement. «J’étais hier à Paris à la manifestation pour protester contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels», se réjouissait en 2013 Philippe Vigier. L’actuel actuel député Modem a depuis fait du chemin : il est même devenu jeudi ministre délégué chargé des Outre-Mer. «Ce qui en faisait un candidat évident pour devenir ministre», ironise Mélanie Vogel, sénatrice Les Ecologistes. Une nomination qui rappelle notamment celle de Caroline Cayeux, éphémère ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, sortie du gouvernement en quelques mois l’an dernier et qui avait tenu plusieurs propos homophobes.
«Il n’y a pas de réussite individuelle», prévient Emmanuel Macron. «Vous êtes regardés dans tous les détails de votre action, de vos expressions, de votre vie, et ce que nous devons au pays c’est d’agir, d’expliquer, de répondre et de le faire toujours avec la plus grande dignité», a prévenu le président dans des propos liminaires devant le gouvernement remanié, réuni en Conseil des ministres. «Dans des temps où la violence langagière et parfois les comportements inappropriés, prennent trop de place dans la vie publique, il est attendu du gouvernement de la France d’être exemplaire», a-t-il insisté. Le président de la République a également exigé de ses ministres «de la collégialité», car «il n’y a pas de réussite individuelle», et «de l’efficacité».
Là où il faudrait apaiser, écouter, négocier et fédérer pour sortir de la crise démocratique, #Macron n’a qu’1 réponse à la bouche : la « marche forcée » ! Le libéralisme autoritaire au service de l’injustice.
— Olivier Faure (@faureolivier) July 21, 2023
Aucune leçon tirée des mois de crises (retraites, violences urbaines)
La dynastie Cazeneuve traverse la macronie. Aurélien Rousseau, nouveau ministre de la Santé, est l’époux de Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse d’assurance maladie, le gendre du député Jean-René Cazeneuve et de Béatrice Cazeneuve, ancienne dirigeante groupe pharmaceutique Lilly France, et le beau-frère du député Renaissance Pierre Cazeneuve.
Chez Pol
#Remaniement, discours de #Macron, plus rien n'impacte. La macronie au fil de l'eau dérive aux hasards des humeurs du monarque présidentiel.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 21, 2023
Après les émeutes, un même refrain. Emmanuel Macron l’assure, il veut une réponse «complète et profonde» aux émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin. Il évoque un «risque de fragmentation» et de «division de la Nation». «Nous devons tirer les leçons de ce qui s’est passé», dit-il également. Beaucoup de blabla mais rien de nouveau à annoncer. Dans la lignée de ses précédentes prises de parole, le chef de l’Etat ne questionne jamais les violences policières. Une réponse «complète et profonde» donc mais sans trop secouer les forces de l’ordre.
Rentrée ou rentiers ? C’est pas pareil. La langue de Macron a fourché pendant son allocution devant les ministres. En listant les grands projets à venir, le chef de l’Etat a fait un lapsus pour le moins savoureux. En évoquant le projet de loi immigration défendu par Gérald Darmanin, qui doit arriver à l’Assemblée nationale en septembre, il a expliqué que ce texte allait «structurer nos travaux de rentiers»… Une boulette digne du «président des riches».
Paris 2024, le gros bébé de Macron. Dans une ambiance ultra solennelle et étrange, le chef de l’Etat n’a pas oublié de mentionner sa grosse fierté et la «fierté inédite» du pays : les Jeux olympiques et paralympiques qui arrivent à Paris en 2024. Pas plus d’annonces à faire que pendant tout le reste de son allocution, Macron ne lâche aucune nouveauté. Seule info : son credo, lâché les sourcils froncés et la mine sérieuse : «nous devrons être exemplaires mais donner cette fierté et cet espoir au pays.» Heureusement qu’on a les JO pour sauver le pays.
La mise en garde de Macron à son gouvernement. Qui le prendra pour lui ? Bruno Le Maire qui est resté au gouvernement ? Ou Marlène Schiappa, abonnée aux plateaux télé, qui vient d’en sortir ? Ou alors les petits nouveaux ? Toujours est-il qu’Emmanuel Macron ne veut plus voir ses ministres se répandre dans les médias. «Etre ministre, ce n’est pas parler dans le poste. C’est mettre en œuvre des décisions, sur la base des arbitrages qui sont pris avec la Première ministre et que ce soit mis en œuvre», a-t-il insisté dans son allocution de 27 minutes. Il a par ailleurs demandé à ses ministres d’être «exemplaires» et d’agir toujours «avec la plus grande dignité». Sans savoir s’il y avait là aussi une allusion cachée.
Un ton de messe (républicaine). Déjà 22 minutes d’allocution présidentielle et l’exercice, étrange, ressemble à un mélange de cérémonie religieuse et de conférence de presse sans journalistes. «Il y a un besoin tout à la fois d’autorité, de respect et d’espérance légitime», a expliqué Emmanuel Macron. Les objectifs de rentrée, «nous avons à les remplir avec exigence et exemplarité».
Les quatre «urgences de l’été». Dans l’ordre, les premiers boulots du gouvernement seront selon Macron : préparer la rentrée scolaire, lutter contre la sécheresse (une phrase en tout et pour tout alors que ça crame de partout), le pouvoir d’achat et les urgences à l’hôpital.
Vous reprendrez bien un peu de Macron ? Les mots du chef de l’Etat transmis en direct depuis le Conseil des ministres ne seront pas sa seule expression, selon son entourage, pour dresser le bilan des «100 jours», décrétés le 17 avril afin de trouver un débouché à la crise des retraites. Alors : un journal de 20 heures, une interview dans la presse quotidienne régionale ? Personne ne sait.
Macron se projette dans la suite, enfin presque. Pour le chef de l’Etat, «le cap est clair et simple : c’est celui de l’indépendance du pays pour pouvoir consolider un modèle plus juste». Ce qui ne veut pas dire grand-chose de concret en fait.