En résumé :
- Plus de cinquante jours après les élections législatives, toujours pas de fumée blanche du côté de Matignon. Hier, Emmanuel Macron a assuré faire «tous les efforts» pour «aboutir à la meilleure solution pour le pays».
- En déplacement à Belgrade, le président de la République a répété jeudi que «la France a un gouvernement qui gère les affaires courantes, qui a permis d’avoir des Jeux olympiques qui ont émerveillé le monde et qui fait face aux défis et crises du moment. Je ne voudrais pas qu’on laisse s’installer l’idée que les affaires ne sont pas suivies». Emmanuel Macron, qui doit rentrer de Serbie cet après-midi, a conclu en promettant qu’il «parlerai [t] aux Français en temps voulu et dans le bon cadre».
- La France insoumise a annoncé jeudi soir saisir le conseil constitutionnel au nom de la «violation de la séparation des pouvoirs», car des ministres démissionnaires exercent en même temps la fonction de député. Aussi, selon Mathilde Panot, «le gouvernement démissionnaire abuse de ses pouvoirs et ne se limite pas à expédier les affaires courantes», mais il «participe en même temps au pouvoir législatif» en continuant de publier des décrets et arrêtés de nomination, «le tout sans aucun contrôle possible du Parlement».
«Nicolas Sarkozy vaut mieux que [cette] interview au Figaro», fustige Mélenchon. En réaction à la prise de parole de l’ancien chef de l’Etat dans les colonnes du quotidien – dans laquelle il estime que les députés socialistes sont prisonniers de l’alliance électorale avec LFI [La France insoumise » – le leader insoumis déplore une «politique de l’outrance permanente des médias», alors que «la gravité du moment exige plus de sang froid».
Nicolas Sarkozy vaut mieux que l'interview au Figaro où il affirme en même temps que le NFP est d'extrême gauche et ne veut pas gouverner tout en ajoutant : la France insoumise fait en ce moment un coup d'état... La politique de l'outrance permanente des médias doit-elle devenir…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 30, 2024
Sarkozy appelle Les Républicains à œuvrer pour «faire nommer un Premier ministre de droite». Dans une interview octroyée au Figaro, l’ancien président appelle les «forces politiques de gouvernement» à «se hisser au-dessus des intérêts partisans», car la France «est au bord d’un précipice» après une dissolution de l’Assemblée qu’il continue de qualifier comme «une erreur». Pour «éviter que la France ne sombre dans une situation où il y a tant de périls», «il n’y a pas d’autres choix que d’aider le président de la République». L’ex-chef de l’Etat déclare également que l’ex-PS Bernard Cazeneuve n’est pas «en adéquation avec le centre de gravité de la politique française», qui se trouve selon lui à droite. Et d’ajouter qu’il ne faut pas «céder à la facilité de laisser nommer une personnalité de gauche», ajoutant que LR ne court aucun risque de «dissolution» dans la macronie.
Hélène Geoffroy prône encore et toujours un «candidat social-démocrate», «plus à même de faire des compromis», pour obtenir le poste de premier ministre. «Tout le monde dit, on veut faire des compromis, mais on ne les a pas rendus possibles», a déploré, la principale opposante socialiste à Olivier Faure lors d’une conférence de presse. Selon elle, il aurait fallu, organiser des réunions de travail avec les députés des autres formations de l’Assemblée, durant le mois d’août, et leur présenter des textes.
«Je maintiens qu’un candidat social-démocrate serait plus à même de faire des compromis, et que dans ces cas-là, la censure ne peut pas être automatique», a-t-elle poursuivi. «Si nous avions désigné Olivier Faure dès le début, Macron n’aurait pas eu d’autre choix que le nommer», a ajouté la maire de Vaulx-en-Velin. Cela n’a pas manqué de faire sourire Olivier Faure : «Ils ne me veulent jamais autant Premier ministre que quand ils savent que ce n’est pas possible», a-t-il ironisé.
«Il n’y de clivage au sein du PS» martèle un Olivier Faure «en colère». Dans une conférence de presse donnée au deuxième jour des journées d’été des socialistes à Blois, le patron des roses «en colère», a nié vendredi tout «clivage» au sein du Parti socialiste «entre ceux qui seraient favorables au compromis et ceux qui ne le seraient pas» alors que les opposants internes d’Olivier Faure se réunissent dans l’après-midi à Blois. Ces opposants, hostiles à la stratégie d’alliance avec LFI – et sa ligne «tout le programme, rien que le programme» – sont favorables à une poursuite du dialogue de compromis entre le PS et Emmanuel Macron. Ils n’excluent pas non plus la nomination d’un Premier ministre issu de la gauche qui ne serait pas Lucie Castets, comme Bernard Cazeneuve.
Mais le patron du parti rappelle que le compromis était au cœur du message de Lucie Castets, la candidate du NFP qu’Emmanuel Macron n’a pas retenue. «Il n’y a pas d’autres possibilités que le compromis, chacun le sait, souligne-t-il comme pour apaiser dans son camp. Aucune majorité relative ne peut s’imposer d’autant qu’on ne veut pas utiliser le 49.3». Le chef des socialistes ne «souhaite pas demain avoir un Premier ministre qui soit l’obligé du président». Or «quelqu’un qui sortirait du chapeau» et n’appartiendrait à «aucune coalition», serait un «obligé» du chef de l’Etat. Histoire de clore le débat, Olivier Faure rappelle que « les militants sont ultra-majoritairement derrière la direction » et sa politique d’alliance. Après avoir précisé que 3 000 nouveaux militants étaient arrivés au PS depuis la dissolution, il demande : « Vous pensez qu’ils sont venus sur quelle ligne? »
Bernard Cazeneuve, favori de l’Elysée pour Matignon ? Alors que la «non-censurabilité» semble être le critère premier d’Emmanuel Macron pour choisir un futur Premier ministre, le nom de Bernard Cazeneuve serait l’un des rares qui ne «réunirait pas immédiatement une majorité de l’Assemblée contre lui», selon un article du Monde publié ce vendredi matin. Ancien socialiste ni trop à gauche, ni membre du camp présidentiel, sa nomination pourrait avoir des airs de cadeau empoisonné pour le PS, divisé entre adeptes d’une grande coalition et ceux de la ligne NFP.
Ségolène Royal se dit «disponible» pour Matignon. Vous vous souvenez de ce film, Un jour sans fin, où Bill Murray revit sans cesse le jour de la marmotte ? Eh bien, les Français sont pareils et revivent régulièrement un jour où Ségolène Royal formule une offre de service politique – alors que personne ou presque ne l’attend ni ne l’espère.
En août 2023, l’ancienne ministre de François Mitterrand et François Hollande s’était positionnée, avec la bénédiction de Jean-Luc Mélenchon, pour mener une liste Nupes aux européennes 2024. Sans succès, socialistes et écolos refusant cette solution et préférant concourir en solo au scrutin européen. Un an plus tard, alors que la France est dans une crise politique sans précédent, que Macron cherche un nouveau Premier ministre et que le nom de Bernard Cazeneuve revient de plus en plus, l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle se positionne à nouveau.
Toujours «disponible», comme elle l’a répété trois fois en deux minutes hier sur LCI. «Il y a 2 hypothèses : soit le Président a déjà fait son choix, soit il n’a pas fait son choix», a d’abord résumé Royal. Difficile de lui donner d’ailleurs tort tant cette lapalissade atteint des sommets. Puis l’ex-ambassadrice des Pôles a formulé son offre de service à Macron : «Oui je suis disponible. Je ne suis pas candidate mais je suis disponible pour essayer de constituer un gouvernement d’union républicaine sur trois priorités : l’ordre juste dans le domaine économique, social, écologique, sécuritaire ; ensuite la priorité pour l’avenir des jeunes […] ; et enfin le rétablissement des comptes publics.» Et d’insister : «Je suis disponible, si ça correspond à une solution par rapport à l’expérience qui est la mienne.»
«J’allume la télé et j’entends Ségolène Royal proposer de faire un gouvernement avec François Bayrou. J’ai cru à un reportage constitué d’archives mais non, c’est de l’info en continu… Rajeunissant !», a ironisé le député écolo Benjamin Lucas, quand Marine Tondelier a livré son analyse ce matin sur France 2 : «Je… je… je… rien, voilà. Je pense qu’il faut qu’on en finisse.» Chez Pol
Karim Bouamrane se dit en capacité d’être un Premier ministre de «compromis». «Je suis socialiste, j’ai soutenu le Nouveau Front populaire et donc je soutiens Lucie Castets», annonçait encore le 21 août le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, dont le nom circule pour Matignon. Le ton a changé depuis. «Si le président de la République me dit «Bonjour, monsieur Bouamrane, vous souhaitez devenir Premier ministre ?», je prendrai l’information et je me retournerai vers ma formation politique», dans l’espoir d’obtenir un feu vert du PS comme du NFP, a-t-il expliqué ce vendredi matin sur TF1. «Une responsabilité collective lorsqu’on est socialiste, c’est de trouver les chemins du compromis», ce qui ne veut pas dire «compromission», selon lui.
Marine Tondelier ne veut pas de Cazeneuve ou de Royal à Matignon. La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, invitée de France 2 ce vendredi matin, a écarté les hypothèses de Bernard Cazeneuve ou de Ségolène Royal à Matignon, affirmant que Lucie Castets «est la candidate du Nouveau Front populaire». Evoquant l’ancien Premier ministre socialiste, Marine Tondelier a estimé qu’il ne représente qu’«une petite partie d’un parti du Nouveau Front populaire, dont en plus il est parti», pointant qu’il n’avait pas «soutenu» l’alliance de gauche pendant la campagne des législatives.
🔴🗣 "Lucie Castets est notre candidate"
— Telematin (@telematin) August 30, 2024
Premier ministre : Marine Tondelier rejette les hypothèses Bernard Cazeneuve et Ségolène Royal. #Les4V @marinetondelier pic.twitter.com/6gxtBEMzjL
Selon une étude Ipsos pour le Monde, 67 % des sondés désapprouvent la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon la dernière vague de l’enquête électorale Ipsos pour le Monde, publiée ce vendredi matin, la crise de confiance touchant les institutions et les élus n’épargne pas Emmanuel Macron. La décision de dissoudre l’Assemblée nationale compte parmi les plus incomprises et les plus impopulaires décisions de la Ve République : 67 % des sondés considèrent qu’elle a des conséquences négatives pour la France. A noter que 58 % des sondés «proches de la coalition présidentielle» sont de cet avis.
Aux universités d’été du PS, une «fièvre interne» modérée. A Blois, les divergences sur les discussions avec le Président sont restées feutrées. Avec en toile de fond le rapport tendu aux insoumis. Notre reportage.
Emmanuel Macron parlera aux Français «en temps voulu». On ne compte plus les prises de paroles n’ayant pour utilité que de remplir le vide. En déplacement en Serbie, le président français a assuré faire «tous les efforts, les jours et les nuits, et je le fais depuis des semaines, pour aboutir à la meilleure solution pour le pays». «La France a un gouvernement qui gère les affaires courantes, qui a permis d’avoir des Jeux olympiques qui ont émerveillé le monde et qui fait face aux défis et crises du moment. Je ne voudrais pas qu’on laisse s’installer l’idée que les affaires ne sont pas suivies», a-t-il développé. Le Président a conclu en promettant qu’il «parlerai [t] aux Français en temps voulu et dans le bon cadre». Emmanuel Macron doit rentrer de Serbie vendredi après-midi.