En résumé :
- Sébastien Lecornu a dévoilé ce dimanche, deux jours après sa reconduction à Matignon, un gouvernement de 34 ministres, avec plusieurs techniciens comme le patron sortant de la SNCF Jean-Pierre Farandou nommé au Travail, ou des politiques comme Gérald Darmanin reconduit à la Justice.
- Le temps pressait pour composer une équipe gouvernementale et tenir un conseil des ministres, alors que le chef de l’Etat s’envole dans la nuit pour l’Egypte et que la Constitution prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour examiner le budget avant le 31 décembre. Il faudrait donc que le projet de budget lui soit transmis mardi.
- Sébastien Lecornu, qui a démissionné lundi dernier parce que «les conditions n’étaient plus remplies», a promis qu’il ferait de même si elles «n’étaient plus remplies à nouveau», a-t-il assuré à la Tribune Dimanche, selon laquelle la nomination d’un gouvernement pourrait intervenir lundi ou mardi.
- Retrouvez le fil des événements de la journée du 11 octobre dans notre live de samedi.
Avant le Conseil de ministres prévu mardi à 10 heures, Sébastien Lecornu doit mener une réunion de travail avec l’ensemble de son gouvernement lundi après-midi, selon les informations de BFM TV. Il devrait prononcer son discours de politique générale mardi après-midi. Après l’annonce du gouvernement, le Premier ministre a remercié sur le réseau social X «les femmes et les hommes qui s’engagent dans ce gouvernement en toute liberté au-delà des intérêts personnels et partisans».
Le gouvernement Lecornu II n’ayant duré que quatorze heures, le Lecornu II a été annoncé une semaine plus tard. Découvrez le profil de ses principaux membres.
Ministres de plein exercice ou délégués, découvrez tous les ministres nommés dimanche 12 octobre.
Elle n’a pas tardé. La cheffe de file du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a annoncé le dépôt dès lundi d’une motion de censure contre le gouvernement Lecornu II, dévoilé dimanche soir par l’Elysée. «Comme nous l’affirmons depuis plusieurs jours, le gouvernement sera censuré par le Rassemblement national et nos alliés de l’UDR», a-t-elle dit sur X. «Nous déposerons dès demain une motion de censure contre celui-ci. Le président de la République doit annoncer au plus vite la dissolution de l’Assemblée nationale», a-t-elle ajouté, assurant que des élections anticipées conduiraient à une victoire de son parti.
La cheffe des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, a fustigé dimanche le nouveau gouvernement Lecornu estimant qu’il est le signe d’une «macronie de plus en plus isolée et rabougrie». «Un conseil aux nouveaux arrivants : ne déballez pas trop vite vos cartons. La censure arrive. Et le départ de Macron suivra», a-t-elle lancé sur X.
A 34 ans, la députée Renaissance des Hauts-de-Seine et ancienne employée chez EDF, est désormais la porte-parole du gouvernement Lecornu II après l’avoir été pour celui de Michel Barnier. Parfois désignée comme un «bébé Macron», Maud Bregeon, proche de Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, a gravi les échelons un à un, en commençant notamment comme porte-parole de LREM, en novembre 2020. Cette spécialiste des questions énergétiques et nucléaires ferraille régulièrement sur la transition énergétique avec les écologistes.
«No comment…» pour Olivier Faure, «Je ne commenterai pas ce soir. Tout le monde a compris ce que j’en pense» pour Marine Tondelier. Il y a des faux silences qui en disent long. Le Premier secrétaire du Parti socialiste et la patronne des Ecologistes ont non-réagi ce dimanche soir sur X à l’annonce du gouvernement Lecornu II, se laissant sûrement la nuit pour digérer la couleuvre. L’ex-LFI François Ruffin s’est également abstenu sur Bluesky, un brin ironique : «Pas de commentaire avant 9 h 45 demain, le temps de voir si le gouvernement survit à sa propre nomination.»
La Savoyarde de 52 ans, secrétaire d’Etat au numérique dans le gouvernement de Gabriel Attal, et chargée du Tourisme dans l’équipe Michel Barnier, avait été laissée de côté par François Bayrou. Avant d’être renommée par Sébastien Lecornu lors de son premier gouvernement. La députée Modem devra piloter les Jeux olympiques d’hiver de 2030 dont le coût et le bilan écologique sont déjà très discutés. Dans son parcours académique, la quinquagénaire a été formée à la défense avant d’être cadre dans le secteur numérique.
Le Premier ministre reconduit Sébastien Lecornu a présenté ce dimanche soir sa nouvelle équipe comme un «gouvernement de mission pour donner un budget à la France avant la fin de l’année». «Une seule chose compte : l’intérêt du pays», a-t-il assuré sur le réseau X, en remerciant les ministres «qui s’engagent dans ce gouvernement en toute liberté au-delà des intérêts personnels et partisans».
La maire du VIIe arrondissement de Paris est indéboulonnable : nommée ministre de la Culture dans le gouvernement Attal en 2024, puis dans les gouvernements Barnier, Bayrou et Lecornu I, l’ex-garde des Sceaux sous Sarkozy se maintient à son poste. L’ex-députée européenne, soupçonnée de corruption pour avoir touché 900 000 euros du groupe automobile Renault-Nissan contre des actions de lobbying au Parlement européen – pratique interdite aux élus –, devrait être exclue du groupe Les Républicains, conformément à la promesse de Bruno Retailleau d’écarter tout membre du parti qui accepterait de participer au gouvernement Lecornu II. En juin Rachida Dati avait connu un camouflet lors du rejet par les députés de son projet de holding regroupant France Télévisions, Radio France et l’INA.
Le polytechnicien de 58 ans Roland Lescure aura la lourde tâche de faire voter le budget pour 2026, et ce sans utiliser le 49.3. Marcheur de la première heure, celui qui a été ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie à partir de septembre 2024, était élu sans interruption depuis 2017 député des Français de l’étranger pour l’Amérique du Nord. Diplômé de l’Ensae et de la London School of Economics, ce représentant de l’aile gauche de la macronie a présidé la commission des affaires économiques pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Aligné avec Sébastien Lecornu, il juge la taxe Zucman «contre-productive et inopérante», et veut réduire la dépense publique pour maîtriser le déficit français.
Entretien
A ses côtés, Amélie de Montchalin, 40 ans, est reconduite au poste de ministre des Comptes publics depuis le 6 octobre 2025. Une fonction que cette fidèle macroniste occupe depuis décembre 2024. Diplômée de HEC et Harvard, elle avait auparavant travaillé chez BNP Paribas et Axa. Elle a été élue députée La république en Marche (ancien nom du parti présidentiel) de l’Essonne en juin 2017. Elle siège alors à la commission des finances de l’Assemblée nationale et a été rapporteure spéciale du budget de la Recherche et de l’Innovation pour 2018 et 2019.
Les six ministres LR entrés au gouvernement de Sébastien Lecornu malgré la décision du parti de ne pas y participer sont exclus du parti et «cessent immédiatement leurs fonctions dans nos instances dirigeantes», ont réagi ce dimanche soir Les Républicains dans un communiqué. «Les membres LR qui ont accepté d’entrer au gouvernement ne peuvent plus se réclamer des Républicains», affirme le parti qui précise que ses instances dirigeantes se réuniront «dans les tous prochains jours pour statuer de manière définitive». Les six ministres LR sont Annie Genevard (Agriculture), Rachida Dati (Culture), Vincent Jeanbrun (Logement), Philippe Tabarot (Transports), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Francophonie).
Le doute persistait jusqu’au dernier instant mais Gérald Darmanin a été reconduit au ministère de la Justice. L’ex-maire de Tourcoing était ministre de l’Intérieur de juillet 2020 à juillet 2022, puis de l’Intérieur des Outre-Mer, de juillet 2022 à septembre 2024. Le garde des Sceaux en poste depuis décembre 2025 est reconduit dans ses fonctions dans un contexte où les attaques contre les magistrats se multiplient. Il était porte-parole de Nicolas Sarkozy – qui doit connaître sa date d’incarcération ce lundi – lors de sa candidature à la présidence de l’UMP. Sur son bureau Place Vendôme, l’ex-locataire de la place Beauvau trouvera plusieurs dossiers dont celui de la lutte contre le narcotrafic et le sujet de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil. Darmanin a annoncé se mettre «en congé de toute activité partisane», dans un message sur X, alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu avait fait savoir qu’il entendait exclure de sa nouvelle équipe les prétendants à l’élection présidentielle.
Venu de la société civile, l’ancien président du groupement coopératif Système U, Serge Papin, a été nommé ministre des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme. A 69 ans, ce Vendéen est un bon connaisseur du commerce et de la vie des entreprises. Il a présidé pendant plus de dix ans aux destinées des magasins U, étant réélu par les adhérents de cette entreprise coopérative de 2005 à 2018. S’étant intéressé il y a plus d’une dizaine d’années aux questions de gaspillage alimentaire et de nutrition, il est aussi familier des dossiers de consommation et de pouvoir d’achat des Français. Il a été quelque temps pressenti pour devenir administrateur en 2024 du groupe Auchan, mais n’y occupe plus aucune fonction.
Connue pour ses prises de position conservatrices sur les sujets de société, l’ex-députée du Doubs reste à son poste. «Le Premier ministre m’a proposé de poursuivre mon action au sein du Gouvernement», a-t-elle écrit sur X. Arguant que l’agriculture française connaît «de profondes difficultés», l’ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale (LR) estime avoir «un devoir envers nos agriculteurs qui attendent avant tout des réponses immédiates, de la constance dans l’action publique, de la clarté dans les décisions et du courage pour affronter les défis». Nommée à ce poste par Michel Barnier en 2024, Annie Genevard assume «rester pleinement fidèle» à son parti et à ses «convictions». «Servir dans un gouvernement n’efface ni les valeurs ni les principes qui guident l’engagement d’une vie», poursuit-elle, alors que LR a promis d’exclure tous ses membres qui participeraient au nouveau gouvernement.
Députée du Val-d’Oise depuis 2017 et porte-parole d’Horizons, Naïma Moutchou, la fidèle d’Edouard Phillipe était un nouveau visage du gouvernement Lecornu I. L’avocate de formation avait été nommée à 44 ans ministre de la Transformation et de l’Action publique, de l’IA et du Numérique il y a une semaine. Ce dimanche soir, elle remplace finalement Manuel Valls au ministère des Outre-Mer.
Aux Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (Modem), qui a pris ce portefeuille en septembre 2024 dans le gouvernement Barnier, est reconduit. Il avait été renouvelé à ce poste sous François Bayrou, puis sous Sébastien Lecornu la semaine dernière. «Je ne vois pas de raisons pour lesquelles le Modem se déroberait devant ses responsabilités. Aujourd’hui, la situation est suffisamment grave», avait-il déclaré quelques heures avant sa reconduction, invité de l’émission un Dimanche en politique sur France 3.
Un septième ministre à l’Education nationale depuis 2022. Succédant à Elisabeth Borne, Edouard Geffray s’installe rue de Grenelle. Ce haut fonctionnaire de 47 ans est un bon connaisseur du monde de l’éducation. Diplômé de Sciences-Po, énarque (promotion Romain Gary), il est passé par le Conseil d’Etat, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) dont il a été le secrétaire général. En politique, il a été directeur de cabinet de François Bayrou, en 2017, puis DRH du ministère de l’Education nationale avant de devenir, en 2019, directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco), le numéro 2 du ministère. Il venait de rendre un rapport afin de moderniser le dispositif d’éducation aux images Ma classe au cinéma.
Pomme de discorde du gouvernement Lecornu I, après que Bruno Retailleau a rejeté la nomination de Bruno Le Maire et suscité la démission du Premier ministre, le portefeuille des Armées est confié à Catherine Vautrin. Pressentie pour Matignon en 2022, l’ex-présidente (Les Républicains) du Grand Reims devrait délaisser son «super-ministère» du Travail, de la Santé et des Solidarités, poste qu’elle occupait depuis janvier 2024 dans le gouvernement de Gabriel Attal, avec une interruption de trois mois sous Michel Barnier, durant lesquels elle s’occupait des collectivités. Ancienne députée UMP de la Marne, vice-présidente de l’Assemblée nationale de 2008 à 2017, Vautrin découvre son premier maroquin régalien.