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Au fil de la journée

Réforme des retraites : revivez les derniers débats tendus à l’Assemblée nationale

Les discussions sur le projet gouvernemental se sont achevées ce vendredi soir après deux semaines de discussions tendues au Palais Bourbon. Retour sur cette dernière journée de débats douloureux dans l’hémicycle.
En fin de soirée ce vendredi, des milliers d'amendements étaient toujours à étudier, rendant l'examen de l'article 7 hautement improbable. (Albert Facelly/Libération)
publié le 17 février 2023 à 9h01
(mis à jour le 18 février 2023 à 0h21)

En résumé

- Au lendemain d’une cinquième journée de mobilisation qui a réuni 440 000 personnes dans les rues de France selon la police (1,3 million selon les syndicats), les députés ont atteint le temps imparti par le gouvernement pour la première lecture du projet de loi qui contient la réforme des retraites. Le Sénat doit s’en emparer début mars. Les syndicats appellent à «mettre la France à l’arrêt» le 7 mars.

- Afin d’accélérer les débats jusqu’ici laborieux vers l’article 7 – celui du report de l’âge légal à 64 ans – les députés de la Nupes avaient retiré mercredi soir quelque 3 000 amendements. Les insoumis ayant maintenu les leurs, cela a empêché l’Assemblée de débattre de l’article 7, celui qui contient les 64 ans.

- Dans les dernières heures, une partie de la droite et la gauche ont mis la pression sur le ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur la durée de cotisation nécessaire pour les bénéficiaires des carrières longues afin d’obtenir une pension à taux plein.

il y a 913 jours

Laurent Berger fait part de sa «honte». Dans un tweet, le secrétaire général de la CFDT a rappelé que «des millions de manifestants» se battent depuis un mois «contre les 64 ans dans un bel exercice démocratique empreint de calme, de dignité et de responsabilité». «Pendant ce temps l’Assemblée nationale donne un spectacle désolant, au mépris des travailleurs. Honteux.» Voilà qui ne risque pas de le réconcilier avec Jean-Luc Mélenchon, dont les troupes sont visées dans cette intervention.

il y a 914 jours

Fin des débats, direction le Sénat. Peu avant minuit, les députés se sont relayés pour dénoncer le «fiasco», faire preuve de sa «consternation», ou déplorer le «spectacle» offert durant 15 jours. Temps contraint par l’exécutif, obstruction de la France insoumise : le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale qui contient la réforme des retraites n’aura pas dépassé le stade de l’article 2 à l’Assemblée nationale. Le texte sera examiné par le Sénat du 2 au 12 mars. «Les 20 000 amendements déposés par la Nupes nous auront d’aller au bout de l’examen de ce texte», a dénoncé Olivier Dussopt, dans un brouhaha gigantesque et sous les chants insoumis reprenant les «On est là» des gilets jaunes. Le ministre du Travail annonce que le débat ira au Sénat dans sa version modifiée par les amendements votés à l’Assemblée. Main tremblante sur le micro, le ministre du Travail a fini cette soirée les nerfs à vif, le doigt pointé sur les bancs insoumis qui se vidaient : «Vous m’avez insulté 15 jours ! Et vous sortez ! Personne n’a craqué ! Personne n’a craqué !» Ou pas.

il y a 914 jours

Après le tweet jeudi, la note de blog vendredi. Avant même la fin des débats, Jean-Luc Mélenchon a bouclé sa «nouvelle note de blog» en félicitant les «députés Insoumis qui ont tenu bon jusqu’au bout». «Nous sommes fiers d’être insoumis, fiers de leur travail et résistance sans faille, insiste le triple candidat à la présidentielle qui a rappelé à la gauche qu’il restait le patron, non sans créer des troubles chez ses alliés. Macron n’a pas eu ce qu’il voulait : le vote de l’Assemblée pour la retraite à 64 ans. Alors que toute la droite, de Le Pen à LR et Macroniste, a joué la main dans main tous les trompe-l’œil, fausses nouvelles et autres combines de couloir, la direction macroniste de l’opération parlementaire est un fiasco total. Macron voulait pouvoir opposer la légitimité de l’Assemblée à celle du mouvement social avec un vote favorable de l’Assemblée nationale. Échec total.» L’ancien député des Bouches-du-Rhône ne cite pas une fois la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.

il y a 914 jours

Un peu d’amour dans le tumulte. «Il y a trois jours, c’était la Saint-Valentin. Avec trois jours de retard on a un peu l’impression d’assister à vos fiançailles.» Député insoumis des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard se moque des tentatives de séduction d’Olivier Dussopt à destination d’Aurélien Pradié sur la durée de cotisation des carrières longues. Même tentative du côté des bancs du Rassemblement national : «Vous avez fait une demande de mariage aux Républicains, vous n’avez pas encore sorti l’alliance, il faut la sortir maintenant !»

il y a 914 jours

Dussopt toujours sous pression. Les réponses du ministre du Travail ne satisfont pas Aurélien Pradié et la gauche. Après une suspension de séance, l’ancien socialiste reprend la parole dans un hémicycle plus calme : «L’amendement déposé par le gouvernement est exactement le même que l’amendement déposé par le groupe Républicains dont M. Pradié était le deuxième signataire. Vous êtes pleinement satisfait». Vu la tête de Pradié à l’image, on n’en a pas l’impression… Réponse de l’ex-rapporteure générale du budget, la socialiste Valérie Rabault : «Votre amendement dit bien que l’affilié pourra bénéficier d’une retraite à taux plein […] si sa durée de cotisation effective atteint la durée d’assurance requise pour le droit commun», soit 44 ans pour ceux qui n’auront pas atteint l’âge de départ anticipé.



il y a 914 jours

Le gouvernement va-t-il finir par lâcher sur les 43 ans de cotisations pour tous ? Coup de théâtre ? Il est à peu près 22 heures quand le gouvernement fait mine de lâcher une ultime concession à LR, ou plus précisément à Aurélien Pradié. Le député du Lot a fait de l’injustice visant certains salariés en carrière longue son cheval de bataille. Deux jours après une annonce d’Elisabeth Borne qui a surtout semé le trouble, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dans une longue réponse, semble annoncer un nouvel assouplissement en expliquant que le gouvernement gardera «quatre âges d’ouverture des droits, 58, 60, 62, 63 ans» et garantira qu’«un assuré qui atteint cette borne d’âge, qui a commencé à travailler tôt, et qui peut dire «j’ai cotisé 43 ans», on ne lui demande pas de faire 44 ans, 43 ans et demi. Il a fait 43 ans, il part avec 43 ans.»

Du neuf donc ? Non, pas vraiment, puisque Olivier Dussopt a ensuite expliqué que les tableaux qui montrent que certains devraient tout de même cotiser 44 ans «ne sont intrinsèquement vrais que pour ceux qui auraient commencé à travailler le jour de leur anniversaire», ce qui n’est «presque jamais le cas dans la vraie vie». Bref, son intervention visait en fait à expliciter l’annonce de Borne. Aurélien Pradié et d’autres députés des bancs de la gauche (Manuel Bompard, Alexis Corbière…) ou de l’extrême droite (Thomas Ménagé) ont d’ailleurs aussitôt pressé le ministre de se faire plus clair. Le numéro 2 de LR a notamment demandé ce qu’il en serait concrètement pour des personnes ayant commencé le jour anniversaire de leurs 14, 16 ou 18 ans, avant d’être interrompu puisque les débats ne portaient censément plus sur ce sujet.

il y a 914 jours

Plus que… 7 077 amendements avant la fin de l’article 7. Si les députés souhaitent étudier tous les amendements concernant le recul de l’âge de départ en retraite, il faudrait qu’ils en étudient un toutes les secondes pendant les deux heures qui viennent pour arriver à la fin de l’article 7. Stéphanie Rist, la rapporteuse du texte, vient d’expliquer qu’il en restait 7 077 amendements à examiner. Et d’inviter les Insoumis à tous ou presque les retirer d’un coup pour pouvoir débattre de cet article qui propose de repousser l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

il y a 914 jours

Les écolos remontés contre LFI. Durant ces derniers jours d’examen du projet de réforme des retraites, la France insoumise a semblé faire cavalier seul, maintenant coûte que coûte nombre de ses amendements et allant sans cesse à l’affrontement avec le gouvernement dans l’hémicycle. Sans surprise, l’attitude des Insoumis n’a pas plus au sein de la Nupes et un début de rébellion est en train de naître chez les verts. Dans un entretien à l’AFP, plusieurs députés écologistes parlent d’un «raté stratégique» de la part de La France insoumise. «La Nupes, ça fonctionne quand on travaille de manière concertée, dénonce la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain. Il y a un effort à faire pour passer de LFI à la Nupes.». Sandrine Rousseau appelle, elle, à un «acte II de la Nupes».

il y a 914 jours

La pause dîner approche. Dans les toutes les travées - exceptées celles des insoumis - la résignation semble avoir gagné les députés. Après un tunnel de près de quatre heures de prises de paroles d’élus LFI défendant leurs amendements visant à trouver des sources de financement pour le système des retraites, les parlementaires multiplient les votes en scrutin public pour autant de rejets. D’après une écologiste, les insoumis avaient prédit un début de discussion sur l’article 7 pour 19h. On en est loin. Par notre journaliste à l’Assemblée, Sacha Nelken.

il y a 914 jours

La partie de ping-pong continue, Gabriel Attal au service. La Nupes et le gouvernement continuent de se renvoyer la balle. A la tribune, Gabriel Attal s’en est pris à son tour à LFI : «Je pense que les Français attendaient autre chose du débat, de votre débat. A la fin, quand tout cela s’arrêtera, vous leur aurez servi à quoi ? Qu’est-ce que vous aurez apporté au Français ? Qu’est-ce que vous aurez changé dans leur vie ? Absolument rien.» Le ministre des Comptes publics y est ensuite allé de sa punchline : «Vous aurez multiplié les outrances, les mensonges, les blocages, vous aurez jeté des noms en pâture. Vous êtes nostalgique de la guillotine mais c’est vous qui avez perdu la tête dans ce débat.» Le tout sous les applaudissements de la majorité et sous un grand sourire d’Olivier Dussopt. On s’amuse bien dans la cour de récré qu’est devenue l’Assemblée.

il y a 914 jours

Le pessimisme gagne la gauche. L’horloge tourne mais les débats n’avancent pas. Salle des Quatre-Colonnes, on reconnaît que l’article 7 est désormais inatteignable. «Je rêve d’un coup de Trafalgar où les insoumis retirent leurs amendements d’un coup et qu’on les défonce», lâche un député de la Nupes sans trop y croire. «Pour que ça marche, il aurait fallu qu’on soit informé pour pouvoir se mobiliser mais on est au courant de rien, on attend», poursuit-il. Alors, face à la forte probabilité que rien ne se passe d’ici minuit et la fin des débats, chacun s’occupe comme il peut. Certains travaillent sur d’autres sujets dans leurs bureaux, d’autres piquent un petit somme ou organisent leur retour en circonscription dès ce soir. «Ça sert à rien d’être dans l’hémicycle, on est mal assis, on a mal au dos, on peut pas parler, c’est insupportable», grince un socialiste. Par notre journaliste à l’Assemblée, Sacha Nelken.

il y a 914 jours

Ambiance cour de récréation. A défaut d’avancer vers l’article 7, les députés multiplient les jeux de mots dans leurs interventions ciblées contre d’autres groupes parlementaires. À l’image du député MoDem, Luc Geismar, qui s’amuse avec le nom de l’alliance de gauche. «Nupes, c’est l’anagramme de pneus, c’est creux, c’est plein de vent et après moins d’un an c’est totalement lisse, ça ne tient plus la route et ça finira par crever», illustre-t-il, juste avant une courte suspension de séance. Un peu plus tôt dans l’après-midi, c’est l’Insoumis Matthias Tavel qui critiquait la «motion de clôture» déposée par le Rassemblement national. Et la majorité n’y échappe pas non plus : le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gabriel Attal, parlait ce matin de «La France Indécise».

il y a 914 jours

Moment «guignols» au Palais-Bourbon. Une heure après la reprise des débats, le naufrage se poursuit encore un peu plus. Le député du Rassemblement national Laurent Jacobelli réplique aux insoumis accusant son groupe d’être des figurants de cette joute parlementaire. «Je comprends que ça dérange le RN qui n’a pas déposé plus de trois amendements par député», avait lancé Maxime Laisney (LFI). L’élu RN de Moselle rétorque alors que son groupe a déposé 215 amendements, soit pas grand-chose au miroir des milliers d’amendements LFI. Et Jacobelli de lancer : «Vous mentez, vous mentez, vous mentez. Vous êtes des guignols dans cet hémicycle.» A l’extrémité de l’hémicycle, réponse sérieuse de Rodrigo Arenas (LFI) : «Nous faire comparer à Guignol n’est pas une insulte pour celles et ceux qui ont du respect pour ce grand théâtre populaire.» Il reste (au moins) 6h30 de débats. Par notre journaliste Victor Boiteau.

il y a 914 jours

Ce vendredi, comme depuis le début de l’examen du texte, les débats sont particulièrement houleux et animés entre la majorité et la Nupes.

il y a 914 jours

L’horloge tourne, les minutes sont acides. Les débats à l’Assemblée ont repris à 15 heures ce vendredi. Avec comme un air de déjà-vu. Les députés ont repris leurs arguments, les mêmes depuis ce matin et les jours précédents. Trop d’amendements de la gauche, une majorité qui refuse de prolonger les débats. Peu après midi, le ministre délégué en charge des relations avec le Parlement Frank Riester accusait encore dans un tweet : «Le débat démocratique a été volé à l’Assemblée par LFI.» Il reste encore des milliers d’amendements à examiner avant l’article 7, qui ne sera sans doute pas débattu avant le départ du texte vers le Sénat. Par notre journaliste Salomé Kourdouli.

il y a 914 jours

A l’Assemblée, «ce n’est pas parce qu’il y a une présidente que vous n’êtes pas sexistes !» La soirée de jeudi a été marquée par une longue passe d’armes entre élus Renaissance et Nupes au sujet de la place des femmes dans l’hémicycle. Retrouvez le brief épicé de Chez Pol.

il y a 915 jours

Braun-Pivet répond aux attaques de LFI sur sa déclaration d’intérêts. Nouveau moment de tension peu avant midi, au moment d’aborder un amendement visant à taxer les dividendes pour financer les retraites. Dans l’hémicycle, la députée LFI Alma Dufour a interpellé la présidente de l’institution : «Quand on sait que la présidente de l’Assemblée nationale a omis de déclarer 40 000 euros d’actions chez Total Energies dans sa déclaration de patrimoine, on se pose des questions quand même.» La députée de Seine-Maritime faisait référence à une première version d’un article du Monde publié ce matin, selon lequel la présidente du Palais-Bourbon a omis de déclarer 40 000 actions dans des entreprises cotées, notamment chez le pétrolier et BNP. Le quotidien a corrigé en précisant qu’il s’agissait de 40 000 euros d’actions. La sortie de la députée insoumise a toutefois piqué Braun-Pivet et provoqué un esclandre dans les travées. «Il n’y avait aucune omission dans ma déclaration», a répliqué Braun-Pivet, quand des députés de la majorité hurlaient au «scandale». «Délateurs !», entendait-on également. Gageons que la pause déjeuner apaise (un peu) les esprits.

il y a 915 jours

Tic-tac, plus que quelques heures. Après une matinée sous hautes tensions, l’hémicycle a levé la séance et ne reprendra ses débats sur la réforme des retraites qu’à partir de 15 heures et jusqu’à minuit. Tout au long de la matinée, la gauche a encore une fois été accusée d’obstruction avec tous les amendements qu’elle refuse de retirer. Des accusations balayées par LFI, qui opte toujours pour la même défense : le gouvernement aurait pu – et dû – faire le choix de poursuivre les débats au-delà de deux semaines.

Entre piques sur les mots croisés d’Olivier Dussopt et sur les «vacances» des députés la semaine prochaine, les députés LFI ont également défendu leurs amendements sur la taxation des superprofits et des plateformes numériques pour financer les caisses de retraite. Il reste encore des milliers d’amendements à étudier avant d’arriver à l’article 7 sur le recul de l’âge de départ à la retraite. De notre journaliste sur place, Salomé Kourdouli.

il y a 915 jours

Dans l’hémicycle, castagne entre la droite et le Rassemblement national. Un bref échange qui en dit long sur les stratégies adoptées par la droite et l’extrême droite. Au micro, la patronne du groupe RN Marine Le Pen a dénoncé dans la matinée «les économies» de la réforme vendues par le gouvernement mais qui «sont en train de fondre comme neige au soleil». En cause, selon la fille de Jean-Marie Le Pen ? Les généreuses concessions d’Elisabeth Borne à la droite, dans le but de capter ses indispensables voix.

Piqué, le chef des députés LR, Olivier Marleix, a défendu les gains obtenus : la revalorisation des petites pensions et le geste effectué sur les carrières longues. Réponse de Le Pen criée depuis son siège : «Vous vous faites escroquer par cette réforme !» Bien que divisée, la droite assume d’avoir topé avec l’exécutif pour gratter quelques avantages ; quand le RN, opposé à la réforme, a préféré tenter des coups, via une motion référendaire au début de l’examen du texte – et une motion de censure à sa clôture. De notre journaliste sur place, Victor Boiteau.

il y a 915 jours

Réforme des retraites : étudiants et universitaires aussi appellent au durcissement à partir du 7 mars. Les jeunes et leurs professeurs appellent à trois journées d’action les 7, 8 et 9 mars prochain. Certains syndicats évoquent un mouvement reconductible. Retrouvez notre article.