En résumé :
- Après trois heures de rumeurs relayées par les médias, la composition du nouveau gouvernement a été officiellement annoncée dans la matinée. La nouvelle équipe compte 41 membres, dont une dizaine de secrétaires d’Etat.
- Buts de la manœuvre : lancer enfin le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, créer un «gouvernement d’action», faire sortir les ministres battues lors des législatives, se débarrasser de Damien Abad, nommer les secrétaires d’Etat qui manquaient à l’appel (Logement, Transports…) et renforcer l’équipe politiquement pour affronter une Assemblée nationale éparpillée.
- Les choses s’accélérant pour de bon après des semaines de sur-place, un premier conseil des ministres s’est tenu entre 16 et 18 heures à l’Elysée. Un deuxième est d’ores et déjà prévu ce jeudi.
Les socialistes prudents sur le vote de la motion de censure LFI. Alors que les insoumis prévoient de déposer une motion de censure visant Elisabeth Borne mercredi, en l’absence de vote de confiance après son discours de politique générale, leurs alliés du PS pourraient ne pas y participer. «Nous en débattrons demain [mardi] lors de la réunion du groupe socialiste et apparentés», indique sur LCP ce lundi soir Valérie Rabault, députée socialiste du Tarn-et-Garonne. Si elle «sera loyale» et se rangera derrière la décision de son groupe, la vice-président de l’Assemblée dit «ne pas y être favorable à titre personnel». Selon Rabaud, «il faut toujours faire attention avec les motions de censure, car quand elles ne sont pas votées, de facto, elles donnent une légitimité au gouvernement en place».
Clément Beaune, un fin négociateur pour révolutionner les Transports. La nomination du jeune député de Paris, grand europhile, s’inscrit dans la continuité, puisqu’il devra appliquer dans ce ministère des mesures européennes en matière d’environnement sur lesquelles il a longuement travaillé à son poste précédent. Notre portrait.
Selon Véran, «le gouvernement est paritaire» car «aucune mission n’est moins importante qu’une autre». Interrogé sur le respect de la parité dans le gouvernement Borne II, Olivier Véran a d’abord ironisé : «il y a 42 ministres, 21 hommes et 21 femmes, c’est donc un gouvernement paritaire». Avant d’approfondir sur la forte présence d’hommes aux ministères de plein exercice tandis que les femmes se contentent des secrétariats d’Etat. «Ce qui compte, ce sont les missions et aucune mission n’est moins importante qu’une autre», assure le porte-parole du gouvernement. Véran relève aussi que « vous avez une femme Première ministre, une présidente de l’Assemblée nationale pour la première fois, une présidente du groupe majoritaire pour la première fois aussi, cinq vice-présidentes sur six à l’Assemblée…» Bref, de quoi se plaint-on ?
Illusion d'optique
Quelques outils de lutte contre le Covid prolongés. Sur fond de forte reprise épidémique et de fin prochaine de la loi encadrant l’état d’urgence sanitaire, le 31 juillet, le projet de loi visant à «prolonger quelques dispositions indispensables», selon les mots d’Olivier Veran, a été présenté ce lundi en conseil des ministres. Il devait déjà l’être le 22 juin dernier, mais la défaite de la macronie aux législatives avait forcé l’exécutif à mettre pause. Le premier article prévoit de prolonger le recueil des données de tests et de vaccination jusqu’au 31 mars 2023, «car on ne peut pas se permettre d’arrêter la surveillance de la circulation du virus», justifie le nouveau porte-parole du gouvernement. «Un autre article propose, si la situation devait l’exiger, de rétablir un système de pass, mais un pass aux frontières ou entre le territoire métropolitain et les outre-mers», poursuit l’ex-ministre de la Santé. Le reste des mesures d’exception utilisées pour contenir l’épidémie sont donc absentes du texte.
Pour Véran, le maintien d’Abad n’était plus possible au regard des «conditions de sérénité». C’est la sortie du gouvernement la plus commentée : l’exfiltration de Damien Abad, accusé par plusieurs femmes de viols et tentatives de viols. Le nouveau porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a expliqué que «les conditions de sérénité n’étaient plus présentes». Le maintien de l’éphémère ministre des Solidarités au gouvernement «aurait été l’exposition aux foudres du Parlement à chaque séance» et cela aurait nécessité «beaucoup d’investissement en temps pour assurer sa défense», déplore encore Véran. Bref, rien à voir avec la morale, Abad n’a semble-t-il été débarqué que pour des raisons pratiques.
Récit
Un nouveau conseil des ministres dès ce jeudi. Après s’être réunis ce lundi après-midi autour d’Emmanuel Macron, les membres du nouveau gouvernement remettront ça dans trois jours à peine, indique Olivier Véran. Le très attendu projet de loi sur le pouvoir d’achat sera présenté lors de ce conseil des ministres, «un texte très ambitieux», promet le porte-parole du gouvernement.
Pas de vote de confiance mercredi pour Borne. La majorité était fébrile depuis plusieurs jours sur le sujet. «La Première ministre ne sollicitera pas la confiance. Il y aura un discours de politique générale suivie de débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, sans vote» mercredi, confirme ce lundi soir à la sortie du conseil des ministres Olivier Véran, le nouveau porte-parole du gouvernement. «Ce n’est pas une première, cela avait été le cas sous Raymond Barre, Charles Beregovoy, Edith Cresson… La confiance ne se décrète pas, elle se construit texte après texte», souligne Olivier Véran.
Emmanuel Macron conseille les petits nouveaux. Le chef de l’Etat a évoqué une «période exceptionnelle», marquée par la guerre en Ukraine sur le plan international, et l’absence de majorité pour le camp présidentiel sur la scène nationale. Cette période «impose au gouvernement beaucoup de volontarisme, d’ambition», a poursuivi le locataire de l’Elysée. «Dans ce contexte, vous aurez d’abord à tenir», a également déclaré Macron à ses ministres.
Macron s’adresse à ses nouveaux ministres. Devant l’équipe Borne 2, le chef de l’Etat a promis «beaucoup de volontarisme, beaucoup d’ambition» car «notre pays a besoin de réformes et d’esprit de responsabilité pour bâtir des compromis exigeants». Il a évoqué «les transitions profondes, écologique ou démographique» qu’il entend piloter pour son deuxième quinquennat : «elles imposent de repenser […] nombre de nos politiques publiques». Après une semaine de consultations menées par Elisabeth Borne, Emmanuel Macron a également pris «acte de l’absence de volonté des partis de gouvernement» de participer à une coalition gouvernementale.
Motion de censure déposée pour LFI.
🔴 Madame #Borne, on ne maltraite pas la démocratie impunément.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 4, 2022
Nous vous ferons donc venir de force devant le Parlement.
Dès ce mercredi, nous déposerons une motion de censure contre le gouvernement. pic.twitter.com/5qImZT84JQ
Premiers pas du nouveau gouvernement. Les 41 membres du gouvernement et la Première ministre arrivent progressivement à l’Elysée pour le premier Conseil des ministres. Dans quel état d’esprit ? «Déterminé», lance Roland Lescure, ex-député des Français de l’étranger, nommé à l’Industrie, en grimpant les marches du perron de l’Elysée. «Au travail», répond à son tour, Jean-Noël Barrot, désormais ancien député des Yvelines, en charge du Numérique. Même réponse de l’ancienne ministre de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, qui fait son retour au gouvernement.
L’analyse d’Olivier Faure.
Un filet d’eau tiède sur un volcan en fusion #Remaniement
— Olivier Faure (@faureolivier) July 4, 2022
De notre reporter à l’Elysée.
Premier Conseil des ministres après le remaniement de ce lundi matin. « A tout à l’heure », lance le nouveau porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. pic.twitter.com/qGAJgP9l54
— Victor Boiteau (@v_boiteau) July 4, 2022
Avec Jean-Francois Carenco, nous nous rendrons, pour notre premier déplacement, dès la fin de cette semaine, à la Réunion, le plus peuplé des territoires ultramarins.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 4, 2022
Bercy à votre service. Autour de Bruno Le Maire, la nouvelle équipe ministérielle à Bercy entend agir «rapidement» pour soutenir l’économie et les Français face à l’inflation, a assuré le ministre de l’Economie lundi, alors que l’attente est grande chez les entreprises comme les ménages. Dans le cadre du remaniement, Olivia Grégoire (PME, artisanat, commerce), Jean-Noël Barrot (Numérique) et Roland Lescure (Industrie) ont rejoint Gabriel Attal (Budget) aux côtés du détenteur du record de longévité à la tête de Bercy. La nouvelle équipe est là pour «servir» les Français «le mieux possible, et j’ajouterai aussi le plus rapidement possible, dans un moment où les attentes de nos compatriotes, notamment sur la question de l’inflation, sont très fortes», a déclaré Bruno Le Maire en accueillant les nouveaux ministres. Selon lui, les Français «n’attendent de nous qu’une seule chose : apporter des solutions à leurs difficultés, et la première de leurs difficultés c’est comment faire face à la flambée des prix, prix alimentaires, prix de l’énergie».
Quels sont les pouvoirs de l’opposition à l’Assemblée nationale ? Une Assemblée transformée en champ de bataille anti-Macron ? C’est la crainte dans le camp du président de la République, qui tremble à l’idée de voir une opposition toute puissante, retrouvant sa fonction de faire et défaire les gouvernements propre à la IVe République. Après les législatives, le camp présidentiel se retrouve avec une majorité (très) relative : une quarantaine de députés estampillés Ensemble manquent à l’appel pour atteindre la majorité absolue. Lire notre article.
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Le seum d’Amélie. Battue aux législatives, Amélie de Montchalin connaissait son sort. Lundi, en passant les clés du ministère de la Transition écologique à Christophe Béchu, elle a promis de continuer «à servir avec toute mon énergie l’intérêt général, et tout particulièrement l’Ile-de-France et l’Essonne». Selon la désormais ex-ministre, «la transition écologique est un projet de société et social, qui ne se fera qu’en réunissant 66 millions de Français». De son côté, le maire d’Angers a salué son action (quoique brève) à l’Ecologie. «Ma chère Amélie, tu noteras qu’il a fallu six personnes pour te remplacer. Il n’y a pas une personne ici qui note que cette cérémonie marque la fin de ton engagement politique», a-t-il expliqué. Lui qui n’a aucune expérience en la matière revendique «une écologie d’action, résolue, ambitieuse et portée par les élus de terrain».
Dans Elle, Elisabeth Borne édicte une jurisprudence Abad. Sans évoquer nommément le cas du désormais ex-ministre des Solidarités, la Première ministre trace des perspectives dans le magazine féminin sur les cas de violences faites aux femmes reprochés à des élus. «Je pense que l’on n’attend pas simplement des hommes politiques ou des responsables qu’ils ne soient pas pénalement répréhensibles. On attend d’eux qu’ils soient exemplaires. Il faut que chacun prenne conscience que le monde a changé, et heureusement. Y compris dans le champ de ce qui n’est pas pénalement répréhensible, il y a des comportements que l’on n’a pas envie de voir», explique la cheffe du gouvernement. Si elle insiste sur le fait que «c’est la justice qui doit pouvoir se prononcer et ne pas en rester à des témoignages anonymes par voie de presse», elle ajoute «une nuance qui bouleverse tout» selon l’analyse de l’hebdomadaire : «Après, un certain nombre de témoignages méritent d’être pris en compte.»