En résumé :
- Trois blocs principaux se dessinent ce dimanche 30 juin au soir du premier tour des législatives. Selon les premiers résultats, le Rassemblement national est crédité de 33,5% des voix, le Nouveau Front populaire de 28,1% et Ensemble de 20,7% des voix. En jeu lors de ces législatives anticipées : les sièges de 577 députés qui composent l’Assemblée nationale, après sa dissolution annoncée par Emmanuel Macron.
- La participation devrait être record. Elle s’établissait à 59,4 % à 17 heures, en hausse de 20 points par rapport aux législatives de 2022. A midi, elle était de 25,9 %, il fallait remonter aux législatives de 1981 pour trouver une plus forte mobilisation à la mi-journée.
- Le second tour aura lieu dans une semaine, le dimanche 7 juillet.
- Dès leur publication par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.
La ministre Marie Guévenoux se désiste face au «risque» RN. La ministre déléguée chargée des Outre-mer, arrivée troisième dans le 9e circonscription de l’Essonne dimanche soir, a annoncé se retirer pour le second tour, appliquant ainsi la consigne donnée par Gabriel Attal. Avec ses 27,11%, Marie Guévenoux était arrivée derrière le candidat RN Paul-Henri Merrien (29,96%) et celle du Nouveau Front populaire Julie Ozenne (37,60%). «Le risque que représente une victoire du Rassemblement national, a fortiori avec une majorité absolue, est grand. Il faut tout faire pour faire gagner les candidats issus de l’arc Républicain en mesure de l’emporter dimanche prochain», a-t-elle souligné dans un message sur X.
Nicolas Dupont-Aignan en difficulté dans son fief. Député de la 8e circonscription depuis 1997, Nicolas Dupont-Aignan va-t-il être déboulonné ? Le militant de la CGT-Cheminots et candidat Nouveau Front populaire Béranger Cernon est arrivé premier avec 34,4% des voix devant le candidat d’extrême droite (33%), contre qui le RN n’a présenté une nouvelle fois aucun candidat. Mais il y a aura bien une triangulaire, puisque l’ancien maire de Montgeron, l’une des communes de la circonscription, et actuel président (LR) du département rafle également 27,4% des suffrages.
D’autres rassemblements contre l’extrême droite en France. Outre la mobilisation place de la République à Paris, près de 800 personnes se sont rassemblés à Lyon, selon la préfecture, répondant à l’appel de plusieurs groupuscules antifascites et d’extrême gauche. Une manifestation à travers la ville a ensuite été marquée par quelques incidents, selon des journalistes de l’AFP. A l’appel de syndicats et de plusieurs organisations de gauche, ils étaient plusieurs centaines à Nantes pour suivre les résultats, puis un cortège de 600 personnes, selon la préfecture, a défilé, avant d’être dispersé vers 22h30 par des gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de l’AFP. Quelque 400 personnes ont manifesté dans les rues de Lille et environ 150 à Rennes.
La dissidente Danielle Simonnet en tête dans la 15e circonscription de Paris. La députée sortante devra passer par un second tour pour conserver son mandat. Danielle Simonnet qui avait ravi la circonscription au PS en 2022, arrive en tête avec 41,95% des voix, contre 22,49% pour sa rivale Céline Verzeletti, investie par le Nouveau Front populaire. Les autres candidats, le Renaissance Mohamad Gassama (16,35%) et la RN Clotilde Guery (9,07%) échouent au premier tour. L’ancienne conseillère régionale, historiquement proche de Jean-Luc Mélenchon, s’est vu retirer son investiture au profit de la cégétiste Céline Verzeletti.
Des tensions à Paris. En marge du rassemblement sur la place de la République, une manifestation sauvage d’une centaine de personnes est partie en direction de la rue du Faubourg du temple. La police a chargé au niveau du métro Goncourt mais le cortège a continué, ont pu observer des journalistes de Libération. D’après des vidéos publiées sur les réseaux sociaux par d’autres reporters, des heurts ont lieu entre manifestants et forces de l’ordre.
Des tensions éclatent à Paris.
— Luc Auffret (@LucAuffret) June 30, 2024
Des manifestants tirent des feux d'artifice en direction de la police. Plusieurs départs de feu.#ElectionsLegislatives2024 #legislatives2024 pic.twitter.com/3AwpjVxRQS
Le macroniste Clément Beaune déjà éliminé à Paris. L‘ancien ministre de l’Europe et des Transports a été éliminé dès le premier tour des élections législatives à Paris, battu par le socialiste Emmanuel Grégoire, selon les résultats définitifs fournis par le ministère de l’Intérieur. Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, a été élu avec 50,87% des voix, contre 32,78% pour Clément Beaune, figure de l’aile gauche de la macronie.
Jérôme Guedj face au RN au second tour. Le député socialiste sortant est arrivé en tête dans sa circonscription de l’Essonne, avec entre 34,5% et 35% des suffrages. «Je serai le candidat de cette gauche républicaine, écologique, sociale, européenne, qui sera là pour empêcher la victoire du Rassemblement national dans cette circonscription (...) et tout faire pour éviter, partout où c’est possible, la victoire du RN», a-t-il affirmé sur LCI. Au second tour, il devrait affronter son ancienne suppléante, la conseillère régionale Génération.s. Hella Kribi - Romdhane (25%), ainsi que la candidate RN Natacha Goupy (près de 21%).
L’édito @le_figaro préfère le RN à la gauche. « Le programme du RN est certes inquiétant, mais en face : antisémitisme, islamo-gauchisme, haine de classe, hystérie fiscale(…) le Nouveau Front populaire est le vecteur d’une idéologie qui consommerait déshonneur et ruine du pays.» pic.twitter.com/gTvQmVJMhF
— claude askolovitch (@askolovitchC) June 30, 2024
Olivier Faure exhorte la macronie à lancer un «appel clair à la mobilisation pour la République». Le Premier secrétaire du PS a fustigé dimanche soir le message «confus» des responsables de la macronie en vue du deuxième tour des législatives. «J’entends ce soir beaucoup de leaders de la macronie qui prennent la parole les uns après les autres, mais ça reste confus, trop confus pour des gens qui pourtant ont bénéficié de vos voix en 2017, en 2022 (...). Alors maintenant, c’est à leur tour de faire en sorte que l’extrême droite ne puisse pas gouverner. À eux de le faire, à eux de le dire, à eux de faire un appel clair à la mobilisation pour la République», a martelé le socialiste, s’exprimant devant plusieurs milliers de personnes place de la République. Après des communications erratiques des uns et des autres, le Premier ministre Gabriel Attal a été le plus clair ce soir : «Nos candidats dont le maintien pourrait faire élire le RN se désisteront», a-t-il souligné depuis Matignon. Une réunion doit avoir lieu lundi à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron au sujet des consignes de vote.
J’entends ce soir beaucoup de leaders de la Macronie prendre la parole sans donner de consigne de vote claire. Leurs propos sont trop confus pour des gens qui pourtant ont bénéficié de nos voix en 2017 & en 2022. À eux de faire un appel clair pour la mobilisation & la République. pic.twitter.com/3a0Gc0NN2f
— Olivier Faure (@faureolivier) June 30, 2024
Place de la République, on rappelle que «l’extrême droite a déjà exercé le pouvoir». «Ce sont des discours de gauche, ceux que nous avions besoin d’entendre après le dimanche que nous avons vécu», s’enthousiasme Victoria, étudiante de 23 ans pour devenir professeur des écoles. Sur la place de la République, les leaders du Nouveau front populaire viennent de prendre la parole. Victoria juge qu’ils ont été «mobilisateurs». Pour Jean, 23 ans, intermittent du spectacle, cela aurait pu être encore plus directs. Mais il veut garder ses critiques. «Nous sommes en lutte», dit-il. Restaurateur, Franck, 48 ans, vient d’arriver à Répu, a entendu à peine les prises de parole. «Je suis là en soutien, explique-t-il. Je n’aurais jamais imaginé que l’extrême droite puisse arriver au pouvoir.» Ismahane se sent, elle, directement concernée. Juriste au chômage de 30 ans, elle est «binationale», comme le désigne désormais le Rassemblement national. Des discours qu’elle a entendus place de la République, elle dit qu’ils sont «justes et efficaces.» «L’extrême droite a déjà exercé le pouvoir. Et quand c’est arrivé, c’était désastreux.» Par Bernadette Sauvaget
Une vingtaine de candidats de gauche élus ce dimanche. «Une bonne vingtaine de circonscriptions» ont remportées dès le premier tour dimanche par des candidats du Nouveau Front Populaire, a affirmé le coordinateur de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard. «L’enjeu maintenant, c’est que dimanche prochain, on gagne dans plusieurs centaines de circonscriptions des députés du Nouveau Front Populaire», a déclaré devant des milliers de personnes rassemblées place de la République à Paris Manuel Bompard, lui-même réélu dès le premier tour dans les Bouches-du-Rhône.
L’insoumise Danièle Obono réélue dès le premier tour. Dans le bureau 55 de la 17e circonscription de Paris, dans le XVIIIe arrondissement, le dépouillement a lieu dans la cantine aux murs verts et blancs de l’école élémentaire. Le bureau a fermé à 20 heures. Les citoyens s’affairent, concentrés, autour de sept grandes tables. Par les fenêtres, passent le son du groupe de salsa qui joue pour la dernière soirée de la fête de la Goutte d’Or. Les bulletins en faveur de Danièle Obono s’enchaînent. On compte et on recompte. «On n’a pas le droit de parler politique», rappelle l’un d’eux. Dans cette circonscription, historiquement à gauche, la députée LFI avait été élue de justesse en 2017 au second tour, avant de l’être dès le premier tour en 2022, comme seulement quatre autres candidats en France. Ce soir, dans ce bureau, la participation dépasse les 70% et la candidate a recueilli 74,12% des voix, avec 868 voix sur 1171. Dans l’ensemble de la circonscription, elle a été réélue dès le premier tour, avec 64,07% des voix, 7 points de plus qu’il y a deux ans, selon le décompte du ministère de l’Intérieur, à partir de 94% des bulletins dépouillés. Par Anne-Sophie Lechevallier
Gabriel Attal avec une bonne avance dans les Hauts-de-Seine. Le Premier ministre est arrivé dimanche en tête du premier tour des élections législatives anticipées ce dimanche soir dans les Hauts-de-Seine, selon les résultats partiels du ministère de l’Intérieur. Le locataire de Matignon a récolté 43,93% des suffrages dans la 10e circonscription du département, devançant de près de huit points la candidate du Nouveau Front populaire, Cécile Soubelet, qui a en obtenu 35,64%, selon ces résultats fondés sur 92,3% des bulletins dépouillés.
A Paris, Mélenchon à pleins poumons. «Je parle fort parce que si on ne parle pas fort on n’est pas entendu». A coup sûr, place de la République, le leader insoumis a été entendu ce dimanche soir vers 23h30. En hurlant d’une voix de ténor dans son micro, Jean-Luc Mélenchon galvanise la foule. En clamant, pour commencer, son amour pour la France : «Chacun partout a une raison ou une autre d’aimer sans savoir pourquoi la France», lance-t-il sous les applaudissements. Qu’est-ce qu’être Français ? «Ca n’est pas une religion, pas une couleur de peau, pas une langue, c’est juste un contrat politique», embraye-t-il sous une nouvelle salve d’acclamations. Après plusieurs minutes de punchlines et de silences bien sentis, le tribun de LFI achève sa prise de parole en s’adressant aux «jeunes gens» : «Le futur c’est ce que nous faisons, pas ce qui va arriver».
Sabrina Agresti-Roubache, troisième à Marseille, se désiste au profit de la candidate de gauche. La secrétaire d’État chargée de la Ville, arrivée en troisième position ce dimanche soir derrière la candidate du Rassemblement national Monique Griseti et celle du Nouveau Front populaire Pascaline Lécorché, a fait savoir qu’elle se désistait. « Ce soir le choix a été clair, 45% pour le Rassemblement National, 27% pour le Nouveau Front Populaire, évidemment je me retire et dans ces conditions, je le dis de façon très claire, dans ma circonscription “pas une voix pour le Rassemblement national”», a-t-elle déclaré à des journalistes réunis à son QG de campagne.
Rennes, Nantes, Lyon… Des candidats du Nouveau front populaire élus dès le premier tour. Un bon nombre de députés de gauche, candidats dans des circonscriptions urbaines et pour beaucoup des sortants, sont élus dès le premier tour ce dimanche soir. C’est le cas de l’insoumis Andy Kerbrat à Nantes, avec 51,67% des voix, le socialiste Mickaël Bouloux à Rennes, avec 50,87% des voix, ou l’écologiste Marie-Charlotte Garin dans le centre de Lyon, avec 51,5% des voix. A Marseille, les insoumis Manuel Bompard et Sébastien Delogu passent aussi direct dès le premier tour. A l’instar de François Piquemal à Toulouse.
Dans le Var, quasi grand-chelem du RN dès le premier tour. On peut difficilement être étonné par les scores de l’extrême droite dans le sud-est, et a fortiori dans le Var. Mais, selon Var-Matin, le Rassemblement national fait encore mieux : un quasi grand chelem dès le premier tour des législatives. Dans le détail, les candidats de Marine Le Pen sont d’ores-et-déjà élus dans cinq circonscriptions sur huit. Dans les trois autres, ils sont largement en tête.
Manuel Bompard réélu dès le premier tour. Le coordinateur national de LFI et député sortant a été réélu dès le premier tour dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, a annoncé le mouvement sur X. «Bravo à Manuel Bompard élu au premier tour dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône», écrit le parti. En 2022, Manuel Bompard avait été élu au 2e tour avec 73,92% des voix face à la candidate de la majorité présidentielle.
Une ingérence russe dans ces législatives ? Un chercheur français évoque l’intervention du Kremlin sur les réseaux sociaux pour influencer les élections en France, en particulier sur la position qui vise à renvoyer dos à dos le Nouveau Front populaire et l’extrême droite. «L’inversion du Front Républicain à laquelle nous assistons est un piège que nous tend Vladimir Poutine», affirme sur X David Chavalarias. Le mathématicien et directeur de l’Institut des systèmes complexes analyse la désinformation sur X (ex-Twitter) depuis des années. Dans sa nouvelle étude mise en ligne ce dimanche et encore préliminaire, le chercheur «explicite certaines mesures actives mises en place par le Kremlin depuis au moins 2016 pour déstabiliser la société française et montre comment certaines d’entre-elles entrent en synergie ces jours-ci pour faire tomber voire s’inverser le front républicain». Selon lui, «les communautés politiques préoccupées par le conflit israélo-palestinien et la montée de l’antisémitisme ou de l’islamophobie sont instrumentalisées afin de compromettre tout barrage contre une extrême-droite banalisée». Il conclut - et espère - que cette alerte ne sera pas « ignorée avant le second tour». Par Olivier Monod
🚨Le Kremlin à l'Assaut de la République : Une Étude révèle les manœuvres de déstabilisation de la France
— David Chavalarias (@chavalarias) June 30, 2024
➡Étude #Politoscope avec révélations cruciales sur l'affaiblissement du front républicain à l'approche du 2nd tour des #legislatives2024https://t.co/6TJhyGP6ZA pic.twitter.com/m6153Rk5Vl
Olivier Faure «assume» le sauvetage d’Elisabeth Borne dans le Calvados. «J’assume que nous allons sauver Madame Borne, (...) Il faut être du bon côté de l’histoire», a souligné le premier secrétaire du Parti socialiste sur BFMTV. L’ex-première ministre, arrivée deuxième dans la 6e circonscription du Calvados, derrière le candidat du RN Nicolas Calbrix, bénéficiera du désistement du candidat du Nouveau Front populaire, Noé Gauchard, qu’elle ne devance que d’un peu plus de 4 points. Olivier Faure a pour sa part été réélu dès le premier tour dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne, devant le candidat Les Républicains Vincent Paul Petit, soutenu par le Rassemblement national.