En résumé :
- Trois blocs principaux se dessinent ce dimanche 30 juin au soir du premier tour des législatives. Selon les premiers résultats, le Rassemblement national est crédité de 33,5% des voix, le Nouveau Front populaire de 28,1% et Ensemble de 20,7% des voix. En jeu lors de ces législatives anticipées : les sièges de 577 députés qui composent l’Assemblée nationale, après sa dissolution annoncée par Emmanuel Macron.
- La participation devrait être record. Elle s’établissait à 59,4 % à 17 heures, en hausse de 20 points par rapport aux législatives de 2022. A midi, elle était de 25,9 %, il fallait remonter aux législatives de 1981 pour trouver une plus forte mobilisation à la mi-journée.
- Le second tour aura lieu dans une semaine, le dimanche 7 juillet.
- Dès leur publication par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.
La ministre Marie Guévenoux se désiste face au «risque» RN. La ministre déléguée chargée des Outre-mer, arrivée troisième dans le 9e circonscription de l’Essonne dimanche soir, a annoncé se retirer pour le second tour, appliquant ainsi la consigne donnée par Gabriel Attal. Avec ses 27,11%, Marie Guévenoux était arrivée derrière le candidat RN Paul-Henri Merrien (29,96%) et celle du Nouveau Front populaire Julie Ozenne (37,60%). «Le risque que représente une victoire du Rassemblement national, a fortiori avec une majorité absolue, est grand. Il faut tout faire pour faire gagner les candidats issus de l’arc Républicain en mesure de l’emporter dimanche prochain», a-t-elle souligné dans un message sur X.
Nicolas Dupont-Aignan en difficulté dans son fief. Député de la 8e circonscription depuis 1997, Nicolas Dupont-Aignan va-t-il être déboulonné ? Le militant de la CGT-Cheminots et candidat Nouveau Front populaire Béranger Cernon est arrivé premier avec 34,4% des voix devant le candidat d’extrême droite (33%), contre qui le RN n’a présenté une nouvelle fois aucun candidat. Mais il y a aura bien une triangulaire, puisque l’ancien maire de Montgeron, l’une des communes de la circonscription, et actuel président (LR) du département rafle également 27,4% des suffrages.
D’autres rassemblements contre l’extrême droite en France. Outre la mobilisation place de la République à Paris, près de 800 personnes se sont rassemblés à Lyon, selon la préfecture, répondant à l’appel de plusieurs groupuscules antifascites et d’extrême gauche. Une manifestation à travers la ville a ensuite été marquée par quelques incidents, selon des journalistes de l’AFP. A l’appel de syndicats et de plusieurs organisations de gauche, ils étaient plusieurs centaines à Nantes pour suivre les résultats, puis un cortège de 600 personnes, selon la préfecture, a défilé, avant d’être dispersé vers 22h30 par des gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de l’AFP. Quelque 400 personnes ont manifesté dans les rues de Lille et environ 150 à Rennes.
La dissidente Danielle Simonnet en tête dans la 15e circonscription de Paris. La députée sortante devra passer par un second tour pour conserver son mandat. Danielle Simonnet qui avait ravi la circonscription au PS en 2022, arrive en tête avec 41,95% des voix, contre 22,49% pour sa rivale Céline Verzeletti, investie par le Nouveau Front populaire. Les autres candidats, le Renaissance Mohamad Gassama (16,35%) et la RN Clotilde Guery (9,07%) échouent au premier tour. L’ancienne conseillère régionale, historiquement proche de Jean-Luc Mélenchon, s’est vu retirer son investiture au profit de la cégétiste Céline Verzeletti.
Des tensions à Paris. En marge du rassemblement sur la place de la République, une manifestation sauvage d’une centaine de personnes est partie en direction de la rue du Faubourg du temple. La police a chargé au niveau du métro Goncourt mais le cortège a continué, ont pu observer des journalistes de Libération. D’après des vidéos publiées sur les réseaux sociaux par d’autres reporters, des heurts ont lieu entre manifestants et forces de l’ordre.
Des tensions éclatent à Paris.
— Luc Auffret (@LucAuffret) June 30, 2024
Des manifestants tirent des feux d'artifice en direction de la police. Plusieurs départs de feu.#ElectionsLegislatives2024 #legislatives2024 pic.twitter.com/3AwpjVxRQS
Le macroniste Clément Beaune déjà éliminé à Paris. L‘ancien ministre de l’Europe et des Transports a été éliminé dès le premier tour des élections législatives à Paris, battu par le socialiste Emmanuel Grégoire, selon les résultats définitifs fournis par le ministère de l’Intérieur. Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, a été élu avec 50,87% des voix, contre 32,78% pour Clément Beaune, figure de l’aile gauche de la macronie.
Jérôme Guedj face au RN au second tour. Le député socialiste sortant est arrivé en tête dans sa circonscription de l’Essonne, avec entre 34,5% et 35% des suffrages. «Je serai le candidat de cette gauche républicaine, écologique, sociale, européenne, qui sera là pour empêcher la victoire du Rassemblement national dans cette circonscription (...) et tout faire pour éviter, partout où c’est possible, la victoire du RN», a-t-il affirmé sur LCI. Au second tour, il devrait affronter son ancienne suppléante, la conseillère régionale Génération.s. Hella Kribi - Romdhane (25%), ainsi que la candidate RN Natacha Goupy (près de 21%).
L’édito @le_figaro préfère le RN à la gauche. « Le programme du RN est certes inquiétant, mais en face : antisémitisme, islamo-gauchisme, haine de classe, hystérie fiscale(…) le Nouveau Front populaire est le vecteur d’une idéologie qui consommerait déshonneur et ruine du pays.» pic.twitter.com/gTvQmVJMhF
— claude askolovitch (@askolovitchC) June 30, 2024
Olivier Faure exhorte la macronie à lancer un «appel clair à la mobilisation pour la République». Le Premier secrétaire du PS a fustigé dimanche soir le message «confus» des responsables de la macronie en vue du deuxième tour des législatives. «J’entends ce soir beaucoup de leaders de la macronie qui prennent la parole les uns après les autres, mais ça reste confus, trop confus pour des gens qui pourtant ont bénéficié de vos voix en 2017, en 2022 (...). Alors maintenant, c’est à leur tour de faire en sorte que l’extrême droite ne puisse pas gouverner. À eux de le faire, à eux de le dire, à eux de faire un appel clair à la mobilisation pour la République», a martelé le socialiste, s’exprimant devant plusieurs milliers de personnes place de la République. Après des communications erratiques des uns et des autres, le Premier ministre Gabriel Attal a été le plus clair ce soir : «Nos candidats dont le maintien pourrait faire élire le RN se désisteront», a-t-il souligné depuis Matignon. Une réunion doit avoir lieu lundi à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron au sujet des consignes de vote.
J’entends ce soir beaucoup de leaders de la Macronie prendre la parole sans donner de consigne de vote claire. Leurs propos sont trop confus pour des gens qui pourtant ont bénéficié de nos voix en 2017 & en 2022. À eux de faire un appel clair pour la mobilisation & la République. pic.twitter.com/3a0Gc0NN2f
— Olivier Faure (@faureolivier) June 30, 2024
Place de la République, on rappelle que «l’extrême droite a déjà exercé le pouvoir». «Ce sont des discours de gauche, ceux que nous avions besoin d’entendre après le dimanche que nous avons vécu», s’enthousiasme Victoria, étudiante de 23 ans pour devenir professeur des écoles. Sur la place de la République, les leaders du Nouveau front populaire viennent de prendre la parole. Victoria juge qu’ils ont été «mobilisateurs». Pour Jean, 23 ans, intermittent du spectacle, cela aurait pu être encore plus directs. Mais il veut garder ses critiques. «Nous sommes en lutte», dit-il. Restaurateur, Franck, 48 ans, vient d’arriver à Répu, a entendu à peine les prises de parole. «Je suis là en soutien, explique-t-il. Je n’aurais jamais imaginé que l’extrême droite puisse arriver au pouvoir.» Ismahane se sent, elle, directement concernée. Juriste au chômage de 30 ans, elle est «binationale», comme le désigne désormais le Rassemblement national. Des discours qu’elle a entendus place de la République, elle dit qu’ils sont «justes et efficaces.» «L’extrême droite a déjà exercé le pouvoir. Et quand c’est arrivé, c’était désastreux.» Par Bernadette Sauvaget
Une vingtaine de candidats de gauche élus ce dimanche. «Une bonne vingtaine de circonscriptions» ont remportées dès le premier tour dimanche par des candidats du Nouveau Front Populaire, a affirmé le coordinateur de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard. «L’enjeu maintenant, c’est que dimanche prochain, on gagne dans plusieurs centaines de circonscriptions des députés du Nouveau Front Populaire», a déclaré devant des milliers de personnes rassemblées place de la République à Paris Manuel Bompard, lui-même réélu dès le premier tour dans les Bouches-du-Rhône.
L’insoumise Danièle Obono réélue dès le premier tour. Dans le bureau 55 de la 17e circonscription de Paris, dans le XVIIIe arrondissement, le dépouillement a lieu dans la cantine aux murs verts et blancs de l’école élémentaire. Le bureau a fermé à 20 heures. Les citoyens s’affairent, concentrés, autour de sept grandes tables. Par les fenêtres, passent le son du groupe de salsa qui joue pour la dernière soirée de la fête de la Goutte d’Or. Les bulletins en faveur de Danièle Obono s’enchaînent. On compte et on recompte. «On n’a pas le droit de parler politique», rappelle l’un d’eux. Dans cette circonscription, historiquement à gauche, la députée LFI avait été élue de justesse en 2017 au second tour, avant de l’être dès le premier tour en 2022, comme seulement quatre autres candidats en France. Ce soir, dans ce bureau, la participation dépasse les 70% et la candidate a recueilli 74,12% des voix, avec 868 voix sur 1171. Dans l’ensemble de la circonscription, elle a été réélue dès le premier tour, avec 64,07% des voix, 7 points de plus qu’il y a deux ans, selon le décompte du ministère de l’Intérieur, à partir de 94% des bulletins dépouillés. Par Anne-Sophie Lechevallier
Gabriel Attal avec une bonne avance dans les Hauts-de-Seine. Le Premier ministre est arrivé dimanche en tête du premier tour des élections législatives anticipées ce dimanche soir dans les Hauts-de-Seine, selon les résultats partiels du ministère de l’Intérieur. Le locataire de Matignon a récolté 43,93% des suffrages dans la 10e circonscription du département, devançant de près de huit points la candidate du Nouveau Front populaire, Cécile Soubelet, qui a en obtenu 35,64%, selon ces résultats fondés sur 92,3% des bulletins dépouillés.
A Paris, Mélenchon à pleins poumons. «Je parle fort parce que si on ne parle pas fort on n’est pas entendu». A coup sûr, place de la République, le leader insoumis a été entendu ce dimanche soir vers 23h30. En hurlant d’une voix de ténor dans son micro, Jean-Luc Mélenchon galvanise la foule. En clamant, pour commencer, son amour pour la France : «Chacun partout a une raison ou une autre d’aimer sans savoir pourquoi la France», lance-t-il sous les applaudissements. Qu’est-ce qu’être Français ? «Ca n’est pas une religion, pas une couleur de peau, pas une langue, c’est juste un contrat politique», embraye-t-il sous une nouvelle salve d’acclamations. Après plusieurs minutes de punchlines et de silences bien sentis, le tribun de LFI achève sa prise de parole en s’adressant aux «jeunes gens» : «Le futur c’est ce que nous faisons, pas ce qui va arriver».
Sabrina Agresti-Roubache, troisième à Marseille, se désiste au profit de la candidate de gauche. La secrétaire d’État chargée de la Ville, arrivée en troisième position ce dimanche soir derrière la candidate du Rassemblement national Monique Griseti et celle du Nouveau Front populaire Pascaline Lécorché, a fait savoir qu’elle se désistait. « Ce soir le choix a été clair, 45% pour le Rassemblement National, 27% pour le Nouveau Front Populaire, évidemment je me retire et dans ces conditions, je le dis de façon très claire, dans ma circonscription “pas une voix pour le Rassemblement national”», a-t-elle déclaré à des journalistes réunis à son QG de campagne.
Rennes, Nantes, Lyon… Des candidats du Nouveau front populaire élus dès le premier tour. Un bon nombre de députés de gauche, candidats dans des circonscriptions urbaines et pour beaucoup des sortants, sont élus dès le premier tour ce dimanche soir. C’est le cas de l’insoumis Andy Kerbrat à Nantes, avec 51,67% des voix, le socialiste Mickaël Bouloux à Rennes, avec 50,87% des voix, ou l’écologiste Marie-Charlotte Garin dans le centre de Lyon, avec 51,5% des voix. A Marseille, les insoumis Manuel Bompard et Sébastien Delogu passent aussi direct dès le premier tour. A l’instar de François Piquemal à Toulouse.
Dans le Var, quasi grand-chelem du RN dès le premier tour. On peut difficilement être étonné par les scores de l’extrême droite dans le sud-est, et a fortiori dans le Var. Mais, selon Var-Matin, le Rassemblement national fait encore mieux : un quasi grand chelem dès le premier tour des législatives. Dans le détail, les candidats de Marine Le Pen sont d’ores-et-déjà élus dans cinq circonscriptions sur huit. Dans les trois autres, ils sont largement en tête.
Manuel Bompard réélu dès le premier tour. Le coordinateur national de LFI et député sortant a été réélu dès le premier tour dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, a annoncé le mouvement sur X. «Bravo à Manuel Bompard élu au premier tour dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône», écrit le parti. En 2022, Manuel Bompard avait été élu au 2e tour avec 73,92% des voix face à la candidate de la majorité présidentielle.
Une ingérence russe dans ces législatives ? Un chercheur français évoque l’intervention du Kremlin sur les réseaux sociaux pour influencer les élections en France, en particulier sur la position qui vise à renvoyer dos à dos le Nouveau Front populaire et l’extrême droite. «L’inversion du Front Républicain à laquelle nous assistons est un piège que nous tend Vladimir Poutine», affirme sur X David Chavalarias. Le mathématicien et directeur de l’Institut des systèmes complexes analyse la désinformation sur X (ex-Twitter) depuis des années. Dans sa nouvelle étude mise en ligne ce dimanche et encore préliminaire, le chercheur «explicite certaines mesures actives mises en place par le Kremlin depuis au moins 2016 pour déstabiliser la société française et montre comment certaines d’entre-elles entrent en synergie ces jours-ci pour faire tomber voire s’inverser le front républicain». Selon lui, «les communautés politiques préoccupées par le conflit israélo-palestinien et la montée de l’antisémitisme ou de l’islamophobie sont instrumentalisées afin de compromettre tout barrage contre une extrême-droite banalisée». Il conclut - et espère - que cette alerte ne sera pas « ignorée avant le second tour». Par Olivier Monod
🚨Le Kremlin à l'Assaut de la République : Une Étude révèle les manœuvres de déstabilisation de la France
— David Chavalarias (@chavalarias) June 30, 2024
➡Étude #Politoscope avec révélations cruciales sur l'affaiblissement du front républicain à l'approche du 2nd tour des #legislatives2024https://t.co/6TJhyGP6ZA pic.twitter.com/m6153Rk5Vl
Olivier Faure «assume» le sauvetage d’Elisabeth Borne dans le Calvados. «J’assume que nous allons sauver Madame Borne, (...) Il faut être du bon côté de l’histoire», a souligné le premier secrétaire du Parti socialiste sur BFMTV. L’ex-première ministre, arrivée deuxième dans la 6e circonscription du Calvados, derrière le candidat du RN Nicolas Calbrix, bénéficiera du désistement du candidat du Nouveau Front populaire, Noé Gauchard, qu’elle ne devance que d’un peu plus de 4 points. Olivier Faure a pour sa part été réélu dès le premier tour dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne, devant le candidat Les Républicains Vincent Paul Petit, soutenu par le Rassemblement national.
Mathilde Panot réélue au premier tour dans le Val-de-Marne. La députée sortante de La France Insoumise, ex-présidente du groupe à l’Assemblée nationale, a annoncé sur X avoir été réélue dans la 10e circonscription du Val-de-Marne. «Un immense merci», écrit-elle, avant d’annoncer «battre l’extrême droite et donner une majorité au programme du Nouveau Front Populaire».
Damien Abad éliminé dès le premier tour dans l’Ain. L’ancien ministre des Solidarités est arrivé en troisième position dans la cinquième circonscription de l’Ain, dans lequel il a candidaté sans étiquette, malgré sa mise en examen pour tentative de viol. Face à lui, la majorité présidentielle avait placé Nathalie Descours, arrivée quatrième et également éliminée. Le second tour opposera donc le candidat largement premier Marc Chavent des Républicains, avec 39,1% des suffrages grâce au soutien du RN. Il fera face à la candidate du Nouveau Front Populaire, Florence Pisani qui a récolté 24,3% des voix.
Rima Hassan en keffieh derrière Mélenchon, la droite tient son angle d’attaque. Le choix a interpellé. Lors de son discours de réaction aux résultats du premier tour des législatives, Jean-Luc Mélenchon a choisi de s’exprimer entre Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, et de l’eurodéputée Rima Hassan. Cette dernière arborait un keffieh noir et blanc sur ses épaules, ce que certains à droite ont aussitôt interprété comme une provocation propalestinienne. Une manière d’afficher «ce qu’il y a de plus radical dans son parti», pour Eugénie Bastié, éditorialiste au Figaro et CNews, au micro de la tout aussi bolloréenne radio Europe1. «L’antisémite, proHamas, Rima Hassan aux côtés de Jean-Luc Mélenchon pour incarner, en ce moment historique, le “Front Populaire”. Quelle honte… Et quelle meilleure preuve que ce NFP, marionnettisé par LFI, n’est pas un barrage mais un tremplin pour le RN», juge Bernard-Henri Levy sur X. A l’inverse, le journaliste Claude Weill voit en Rima Hassan, le «meilleur agent électoral auprès des étudiants, des jeunes des cités et de la communauté musulmane» pour Jean-Luc Mélenchon.
Un incendie suite aux résultats des législatives ? Non. De nombreux comptes d’extrême droite (notamment celui du média Frontières, qui a ensuite supprimé son tweet) ont relayé une vidéo d’un incendie à Bobigny, expliquant qu’il était en lien avec la soirée électorale. «Des groupes extrémistes n’ont pas accepté» le bon score du Rassemblement national, avançaient ainsi plusieurs d’entre eux. Mais la préfecture de Seine Saint Denis a depuis indiqué que «cet incendie a eu lieu à 17h30» et «n’est donc aucunement lié avec les résultats des élections législatives». Ce que le journaliste Antoine Forestier de BFMTV a confirmé : «Ce feu de local poubelle s’est en réalité déclaré peu après 17h30. Soit 2h30 avant les premières estimations.»
Julien Odoul est député du Rassemblement national. En direct sur le plateau de BFMTV, Julien Odoul annonce avoir gagné dans la troisième circonscription de l’Yonne. Il obtient 50,44 % des voix, devant Nicolas Soret (Nouveau Front populaire) à 25,51% et Michèle Crouzet (Ensemble) à 17,51%. Selon Marine Le Pen, ils sont, comme eux deux, «plusieurs dizaines» de députés RN élus au 1er tour. Julien Odoul profite du micro qui lui est tendu pour qualifier Manon Aubry de «porte-parole du Hamas» et affirmer que «Jean-Luc Mélenchon incarne le chaos et l’enfer fiscal». Lui, promet de «restaurer l’unité et la sécurité du pays».
A Paris, à la Goutte d’or, un cortège improvisé contre l’extrême droite. «Pas de fachos dans le quartier, pas de quartiers pour les fachos.» « Le XVIIIe bouge toi, Bardella est presque là.» Il est 21h30 quand des manifestants arrivent, chasubles de la CGT, banderoles en soutien à la Palestine ou à «Paris 18e en lutte», mégaphones à la main, sur le parvis devant l’église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement à Paris. Le concert de salsa pour la dernière soirée de la fête de la Goutte d’or continue. Ils étaient plusieurs membres de collectifs à regarder les résultats électoraux près de la rue de Clignancourt et ils se sont décidés à déambuler dans le quartier. Direction la place de la République.
Gabriel Attal suspend la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage. En pleine soirée électorale, le Premier ministre a suspendu ce dimanche soir la mise en œuvre de la réforme controversée, qui devait faire l’objet d’un décret à paraître le 1er juillet, a annoncé son entourage ce dimanche à l’issue du premier tour des législatives. «Cette réforme pourra ainsi faire l’objet d’aménagements, de discussions entre forces républicaines. Il s’agit du premier acte de Gabriel Attal dans l’esprit des futures majorités de projets et d’idées qu’il a évoquées ce soir», dans son allocution depuis l’hôtel Matignon, ajoute-t-on dans son entourage.
Le barrage vu par Coco.
Vers un retour de Dominique Voynet à l’Assemblée ? Dans le Doubs, dans la circo de Besançon, l’ancienne ministre de l’Environnement de Lionel Jospin est arrivée en tête du premier tour des législatives, selon France 3 Bourgogne-Franche-Comté. L’ancienne députée écologiste et maire de Montreuil recueille 34,16% des suffrages, devant le candidat RN Eric Fusis (30,1%). Le candidat de la majorité Benjamin est lui troisième avec 26,8% des voix.
A Nice, Ciotti «apporte beaucoup de bonheur». Nadine et Ronny demandent au vigile de monter sur scène. Ils veulent prendre une photo-souvenir derrière le pupitre le député sortant et patron des LR ralliés au RN. C’est non. Ciotti a prévu de revenir parler au micro devant sa permanence. Ça n’enlève en rien l’adoration des deux Niçois : «On est amoureux d’Eric Ciotti, dit Ronny. Il nous apporte beaucoup de bonheur. Ses idées sont de droite. Ce qu’il dit sur l’immigration, c’est bien.» Ils étaient au premier rang pour applaudir leur champion. «J’étais sûre qu’il allait passer. Il a une réussite. C’est le plus fort.» Nadine et Ronny font partie d’un groupe de danse. Ils ont «peur de sortir avec les bijoux». Alors pour l’occasion, Ronny porte des chaussures à paillettes. Nadine garde un mini-drapeau dans chaque main. Et ils attendent la deuxième apparition d’Eric Ciotti. Par Mathilde Frénois.
«La démocratie française parle et elle fait peur.» Editorial inquiet du quotidien suisse Le Temps ce dimanche soir. «La Suisse ne connaîtra jamais le chaos français, son système et sa culture politiques la protègent de cette effarante débandade. (...) Le pouvoir est toujours partagé et le compromis impose au final la modération des idées», écrit la rédactrice en chef, Madeleine von Holzen. «Mais la France est une balise politique. Elle a érigé des principes républicains qui placent l’universalisme au sommet de ses valeurs. Ce pilier hérité de la philosophie des Lumières affirme l’existence d’une unité du genre humain et celle d’un Etat de droit pour tous les citoyens. C’est le refus des particularismes, privilèges et inégalités de droits», poursuit le quotidien. «Voir la France s’en éloigner, c’est se mettre à douter de la possibilité d’une société humaniste. C’est le vertige d’une démocratie qui aboutit à ce que certains démocrates redoutent le plus. Car malgré le polissage, le RN est bien un parti d’extrême droite.»
Ruffin prêt pour «la deuxième mi-temps» et bénéficier du premier désistement d’Ensemble. Nettement devancé par la candidate RN Nathalie Ribeiro-Billet ( 40,69%) dans la première circonscription de la Somme, le fondateur du parti Picardie debout ! (33,92%) s’est dit, depuis ses terres, prêt pour la «deuxième mi-temps qui s’ouvre». Et l’inspirateur du Nouveau Front populaire d’ajouter : «On va se bagarrer pendant les six jours qui restent». François Ruffin va bénéficier du premier désistement annoncé par la macronie. La candidate Ensemble, Albane Branlant, avait obtenu 22,68% des voix. Ce désistement intervient en même temps que l’intervention du Premier ministre Gabriel Attal, pour qui «pas une voix ne doit aller au Rassemblement national». Au micro de France Bleu Picardie, Albane Branlant a assuré faire «la différence entre les adversaires politiques et les ennemis de la République».
Eric Zemmour se dit «heureux de ce réveil français» et appelle à voter à droite. «Chez Reconquête, on ne perd jamais», tente le patron du parti d’extrême droite, sur YouTube, après avoir réalisé le résultat pitoyable de 0,6 % au premier tour des législatives. Il se félicite pourtant de «la part que nous avons prise» dans ce résultat du premier tour de l’élection législative, en se réjouissant aussi d’avoir «martelé que l’immigration et le grand remplacement était une question de vie ou de mort». En bref : «Nous avons changé les règles du jeu». Sans grande surprise, l’ancien chroniqueur de CNews appelle ses électeurs «à voter pour les candidats de droite dimanche prochain» et appelle également tous les Français «à faire échouer en toute circonstance les candidats de Jean-Luc Mélenchon».
Le secrétaire d’Etat Hervé Berville appelle au «front républicain». Dans sa circonscription de Dinan, le secrétaire d’Etat à la Mer se classe en tête du premier tour, avec 33,61% des voix, devant le jeune candidat du RN Antoine Kieffer, à 30,96%. «Le résultat du RN est beaucoup trop haut dans notre territoire et en Bretagne, on ne doit pas s’y résigner», a réagi le secrétaire d’Etat sur France 3 Bretagne, en appelant à la constitution d’un «front républicain». «Partout où il y a le risque du RN, à partir du moment où il y a des candidats républicains, nous nous désisterons», explique Berville, contredit quelques minutes plus tard par la cheffe de file macroniste à Rennes, Carole Gandon, présente sur le plateau : «Il est trop tôt pour donner des consignes de vote, je fais la différence entre la France insoumise et la gauche républicaine». «Il y a des fritures sur la ligne», commente à ses côtés le sénateur socialiste du Morbihan Simon Uzenat. Le Premier ministre Gabriel Attal a pour sa part été plus clair. Par Elodie Auffray
La place de République s’emplit peu à peu. «Paris soulève toi !», crie la foule. Les télévisions étrangères sont nombreuses. «La France c’est important», explique un journaliste italien. «Les Allemands se souviennent qu’un pouvoir néfaste est arrivé au pouvoir par les urnes», lâche une journaliste d’une radio allemande. Une fanfare remet de l’ambiance. «Pétain, Le Pen, Bardella même combat», scandent les musiciens. «Et tout le monde déteste les fachos», reprend ensuite la foule. Les manifestants ont la vingtaine, parfois quelques années de plus. Marco, 42 ans, brandit son drapeau rouge et noir, celui des anarcho-communistes. «Il faut que ce soir, l’antifascisme soit dans la rue», dit-il. Dans la foule, il y a aussi des drapeaux palestiniens. Retraité de 69 ans, Gérard, vieux trotskiste, grommelle. «Il y a peu de monde ce soir, regrette-t-il. Cela veut bien dire que le RN est déjà bien incrusté.» Par Bernadette Sauvaget
Dans la huitième circonscription du Finistère, une quadrangulaire et la gauche divisée. Sans désistement, on pourrait avoir une rare quadrangulaire dans la huitième circonscription du Finistère. Quatre candidats raflent en effet plus de 12,5% des électeurs inscrits à l’issue de ce premier tour. Les candidats RN et Ensemble arrivent aux deux premières positions. La gauche, elle, totalise pourtant plus de 40% des suffrages, 10 points devant le RN. Mais un dissident PS, Sébastien Miossec, a décidé de se présenter malgré l’investiture du Nouveau Front populaire au candidat LFI Thomas Le Bon. S’ils se désistent au profit du député de la majorité sortante, Erwan Balanant, la gauche serait donc éliminée.
François Hollande lance un appel à «tous les républicains» au-delà de la gauche. L’ex-Président, revenu en politique sept ans après avoir quitté l’Élysée, a viré en tête du premier tour des législatives dans son fief de Corrèze avec 37,65% des voix, selon des résultats quasi définitifs avec 99% des bulletins dépouillés. Il en profite pour lancer un appel à «tous les républicains», un appel lancé «au-delà de la gauche, qui s’est déjà comportée comme il convenait » et un appel lancé «au-delà de ce que disent les états-majors». En effet, le barrage républicain ne fait pas l’unanimité au centre et à droite. Dans sa circonscription, François Hollande pourrait avoir besoin de quelques voix LR. En effet, il devance la candidate Rassemblement national Maïtey Pougey, deuxième avec 30,86% des voix, et le député sortant Francis Dubois (Les Républicains), arrivé troisième avec 28,63% des voix.
Après le choc : FAIRE BLOC. C'est la une de @Libe lundi.
— Libération (@libe) June 30, 2024
#Législatives2024 pic.twitter.com/kHCrqfEKAw
«Bravo», félicite Salvini. Et voilà Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Lega en Italie qui, sur X, dit «bravo» à Marine Le Pen et à Jordan Bardella pour leur «résultat extraordinaire au premier tour des élections législatives en France». Avant de cibler le président français : «Honte à Macron qui, en appelant à faire des “blocs” contre le Rassemblement national au second tour, se comporte comme une quelconque Von der Leyen et tente par tous les moyens de s’opposer à un changement exprimé par des millions de Français, à Paris comme à Bruxelles.»
La carte des résultats. Circonscription par circonscription, Libé vous livre la carte des résultats de ces élections législatives. A noter : depuis la fermeture des bureaux de vote à 20 heures, ces derniers sont progressivement diffusés par le ministère de l’Intérieur. Les résultats des grandes villes et de Paris interviennent généralement en fin de soirée.
A lire
Gabriel Attal annonce le retrait des candidats macronistes si «leur maintien en troisième position [peut] faire élire un candidat RN». «Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national», a martelé le Premier ministre depuis Matignon, où il a pris la parole peu avant 22 heures. Alors que plusieurs membres du camp macroniste avaient fait part plus tôt dans la soirée de leur réticence à un «barrage républicain» contre des candidats La France insoumise (LFI), le Premier ministre a annoncé le «désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un candidat du RN». «Notre objectif est clair, a affirmé Gabriel Attal. Il faut empêcher le RN d’avoir une majorité absolue, et donc de gouverner le pays avec le projet funeste qui est le sien.»
Eric Ciotti appelle à «une union responsable, patriote et républicaine». Dans une déclaration depuis Nice, le président contesté du parti Les Républicains, qui a rallié le RN, s’est félicité d’un «immense succès» avec le score de ce soir, qu’il considère comme la promesse, pour la France, d’«un avenir digne de son glorieux passé». Mais le député sortant des Alpes-Maritimes, met en garde : «La menace d’extrême gauche est plus que jamais réelle, d’autant que certaines compromissions douteuses se dessinent déjà». Le chantre de l’union des droites préconise pour la contrer une «union responsable, patriote et républicaine».
«Le pari semble voué à l’échec», juge le site Politico. «Le président français a choqué la nation et les alliés internationaux de la France en déclenchant le vote quelques semaines seulement avant les Jeux olympiques, après une défaite humiliante aux élections européennes de juin. Il s’agissait d’une action audacieuse destinée à stopper la progression de l’extrême droite en forçant les électeurs français à choisir un nouveau parlement. Au vu des premières projections, son pari semble voué à l’échec», écrit le site conservateur Politico dans une première analyse à chaud.
Eric Dupond-Moretti «appelle de [s]es vœux une nouvelle coalition» pour faire barrage au RN. Sur France 2, le ministre de la Justice refuse de se prononcer sur une quelconque consigne de vote ou sur des potentiels désistements de candidats de la majorité. Il a cependant échangé avec Jean-François Copé sur le plateau au sujet d’une hypothétique coalition entre macronie et les membres du parti Les Républicains canal historique. Celui-ci rétorque du tac-au-tac par une interrogation : se positionne-t-il autant contre LFI que contre le RN ? Dupond-Moretti lui répond que le «bloc en mesure de gagner est le RN», qui n’est «ni démocrate, ni utile à notre pays».
Place de la République, «la jeunesse emmerde le Rassemblement national». Plusieurs centaines de personnes sont déjà rassemblées pour la manifestation prévue à partir de 22 heures à Paris, celle du peuple de gauche contre l’extrême droite. Intermittente du spectacle, Maud brandit sa pancarte. «Ère Haine», y lit-on. «Je trouvais que ça marchait bien. Oui, c’est vrai, on le voit ce soir, la France est un pays raciste.» Thierry, lui, contient difficilement son émotion. «Je ne croyais pas que je verrais ça, s’émeut ce maître des écoles de 59 ans, au bord des larmes. Je comprends que des gens se sentent délaissés et votent RN. Mais qu’est qu’on n’a pas fait pour eux ?». A 20 ans, Jules a la vie devant lui. Photographe, il expose pour la première fois à Arles. «Peut-être que je suis naïf. Mais si nos libertés fondamentales sont menacées, nous allons nous battre, dit-il. La France est un pays civique, un pays humaniste.» Par Bernadette Sauvaget
Yannick Jadot exhorte «l’ensemble des gaullistes à appeler clairement à faire front républicain». Au tour du sénateur écologiste de réagir. Sur X (ex- Twitter) et après être intervenu sur LCI, Yannick Jadot assure que le camp du Nouveau Front populaire sera «sans ambiguïté». «Nous nous désisterons face au Rassemblement National quand le camp du Président est devant», précise-t-il, à l’image d’autres chefs de file de l’alliance des gauches. Avant d’appeler à la réciprocité : «Le Président et l’ensemble de son camp doivent faire de même. Plus largement, j’appelle l’ensemble des gaullistes à appeler clairement à faire front républicain».
Pour Marylise Léon, «battre l’extrême droite. Point barre». La secrétaire générale de la CFDT s’est de nouveau montrée particulièrement claire : les candidats arrivés troisième, quelle que soit leur couleur politique, doivent se désister pour battre l’extrême droite. «Ce soir le danger de l’extrême droite est à nos portes. Devant cette menace, aucun calcul politique ne tient», a exhorté Marylise Léon sur X (ex-Twitter).
Lutte Ouvrière ne donne pas de consigne de vote. En l’absence de candidats LO au second tour, le parti annonce dans un communiqué que ses électeurs «sont donc libres de voter pour un candidat de la gauche ou de s’abstenir». La formation trotskiste, qui a effectué un score d’environ 1,8 % selon les premières estimations de France Télévision (englobant tous les votes Divers Gauche), rassure toutefois ses électeurs : «Si certains considèrent utile de voter pour un candidat du Nouveau Front populaire, qu’ils le fassent sans en être gênés, d’autant qu’ils ont exprimé au premier tour leur rejet de politiciens qui, en décevant les espoirs et en trahissant leurs propres promesses, ont tant fait jusqu’ici pour rapprocher le Rassemblement national du pouvoir gouvernemental ».
L’inquiétude du journal britannique The Economist. La cheffe du bureau du média conservateur à Paris, Sophie Pedder, décrit un «séisme politique en France» après l’annonce du premier tour des législatives. Elle souligne l’«avance massive» du RN et de ses alliés, la «bonne soirée» du Nouveau Front populaire et insiste sur le «vote écrasant et douloureux pour les centristes de Macron». «La France se dirige vers une période de profonde incertitude et d’instabilité politique», anticipe-t-elle.
⚠️Political earthquake in France. Le Pen’s hard-right party and allies have won a massive lead in first-round parliamentary voting. Early results from @IpsosFrance give the RN 34%. This means it could, possibly, win a majority in the 577-seat National Assembly on July 7th 1/ pic.twitter.com/9GRpD8f6G7
— Sophie Pedder (@PedderSophie) June 30, 2024
Lorient revient à gauche. La sous-préfecture du Morbihan était la seule grande ville bretonne à avoir classé le RN en tête aux élections européennes. Cette fois, dans la circonscription, bastion de gauche et ancien fief de Jean-Yves Le Drian, le parti d’extrême droite finit troisième, avec 27,9% des voix. C’est l’écologiste Damien Girard, candidat du Nouveau front populaire, qui vire en tête du premier tour avec 35,6% des voix, avec un point d’avance sur la candidate de la majorité présidentielle Lysiane Métayer, dauphine de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Par Elodie Auffray
Rima Abdul Malak appelle à un désistement de tous les candidats arrivés troisième quand le RN est en tête. Pas de «ni-ni» pour l’ancienne ministre de la Culture d’Elisabeth Borne. Sur X (ex-Twitter), Rima Abdul Malak appelle à «un désistement des candidats arrivés en 3ème position quand le RN est en tête». Et celle-ci de mettre ses «amis de la majorité présidentielle» devant leurs responsabilités : «Le Nouveau Front Populaire n’est pas que LFI et LFI n’est pas que Mélenchon. Le dépassement, c’est maintenant.»
Bernard Cazeneuve appelle à faire barrage au RN, le Nouveau Front populaire «seul chemin possible». L’ancien ministre de l’intérieur sous François Hollande a réagi sur X (ex-Twitter) avant même le dévoilement des résultats du premier tour des législatives : «Quand il est question de la République, une seule réponse s’impose : le vote en faveur de tout candidat républicain contre l’extrême droite. La discipline du Front Républicain est le seul chemin possible. Il faut faire barrage au RN». Après avoir longtemps refusé de monter dans le train du Nouveau Front populaire, Bernard Cazeneuve avait apporté il y a trois jours son soutien à Lori Helloco, candidat du nouveau Front populaire dans l’Orne.
Elisabeth Borne de Première ministre à deuxième aux législatives. Dur résultat pour l’ex-locataire de Matignon, dans sa 6e circonscription du Calvados. Alors que 88% des bulletins ont été dépouillés, elle est nettement devancée par le candidat RN Nicolas Calbrix, 36% contre 28%. Lors de sa prise de parole, elle commence d’ailleurs par saluer la forte… participation. Mais Elisabeth Borne garde espoir pour le deuxième tour. «Il y avait beaucoup de candidats pour ce premier tour. Il y a beaucoup de forces républicaines qui désormais doivent se rassembler». Une manière d’appeler au barrage républicain en sa faveur, alors que les membres de son parti peinent à donner des consignes de vote en faveur du Nouveau Front populaire.
Pour Clémentine Autain, les résultats démontrent «une défaite cinglante pour la macronie». «C’est une défaite cinglante pour la macronie qui maltraite depuis cinq les Français», réagit en préambule la députée insoumise Clémentine Autain sur le plateau de France 2. «Le Nouveau Front populaire réalise un meilleur score que la Nupes en 2022», note encore la candidate du NFP à sa propre réélection.
François Hollande en tête, devant le RN. L’ancien président de la République, candidat investi par le Nouveau Front populaire (NFP), est arrivé en tête du premier tour des élections législatives dans sa circonscription corrézienne. Il obtient presque 27% des suffrages exprimés, selon les résultats donnés sur le site du ministère de l’Intérieur qui portent sur 98% des bulletins dépouillés, l’ex-chef de l’Etat socialiste devance la candidate RN Maïtey Pouget de quatre points. Le candidat LR Francis Dubois est troisième avec 20,50% des voix et peut se maintenir au second tour.
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«Le camp présidentiel n’est plus en mesure de l’emporter», estime Jordan Bardella qui concentre ses critiques sur le NFP. Avec 34% des votes en faveur du RN, le président du parti d’extrême droite jubile : «Les Français ont été au rendez-vous de leurs responsabilités». Pour lui, Macron est out : «Le camp présidentiel n’est plus en mesure de l’emporter». Alors, dans son allocution, l’eurodéputé cible ses ennemis et mitraille sans relâche le NFP. Ou «l’alliance du pire», selon ses mots. Déployant la sempiternelle stratégie de l’épouvantail, l’eurodéputé vocifère contre une «extrême gauche dangereuse» qui ferait courir à la France un «péril existentiel». Et impose sa famille politique comme «l’unique rempart» capable de «faire gagner la France». Avant d’annoncer son ambition : «Je veux être le Premier ministre de tous les Français».
Fabien Roussel «battu mais pas abattu». En direct de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), le patron du Parti communiste français (PCF), candidat à sa réélection dans sa circonscription du Nord, annonce être battu dès le premier tour par le candidat du RN. «Mais pas abattu», précise le sortant communiste. Et d’appeler sans défaitisme : «Nous devons rester digne et mesurer ce qu’il se passe dans le pays et toujours nous battre.»
Edouard Philippe fait dans le ni RN ni LFI. Edouard Philippe a le barrage sélectif. Le patron du parti Horizons appelle à ne donner aucune voix pour le RN ni la France insoumise «avec qui nous n’avons pas seulement des divergences sur le programme mais». L’ancien Premier ministre se place, lui, en sauveur de la droite et du centre. «La dissolution a mis un terme au paysage politique de 2017, affirme-t-il. Tout est à reconstruire du côté de la droite et du centre. J’y suis prêt.»
Le PCF appelle chacun «à prendre ses responsabilités devant l’histoire» et a indiqué que ses candidats se désisteront en cas de triangulaire. Dans un communiqué, le Parti communiste français a appelé «à prendre ses responsabilités devant l’histoire», et à voter, pour le deuxième tour, pour un candidat issu «d’un parti républicain». Dans le cas d’une triangulaire, le parti affirme que chaque candidat communiste arrivé en 3ème position se désistera «pour que le candidat républicain le mieux placé ait les meilleures chances de battre l’extrême droite».
L’Union syndicale lycéenne appelle au rassemblement Place de la République à Paris. Le président du syndicat lycéen, Gwenn Thomas-Alves, se désole dans un communiqué : «Nous déplorons l’effrayant score du RN lors de ce premier tour. Nous regrettons que cette force d’extrême droite puisse atteindre un tel score, et ce, notamment à cause de la casse du pays orchestré par Macron et le racisme anti-Arabes, anti-Noirs et islamophobes qui s’est plus que propagé.» Il annonce se rendre au rassemblement Place de la République à Paris ce soir, et appelle les lycéens à l’y rejoindre. «Cette semaine, nous continuerons à faire campagne pour battre l’extrême droite», assure le militant, avant de marteler : «Jamais nous ne laisserons le fascisme arriver au pouvoir».
Raphaël Glucksmann : «L’unique enjeu est d’empêcher une majorité absolue d’extrême droite». Le député européen Place publique a pris la parole, affirmant que «partout où les candidats qui nous représentent sont arrivés troisième, il y aura désistement face au Rassemblement national et nous appellerons à voter pour celui qui peut le battre, quel qu’il soit». «Il faut faire bloc. Il faut un vote démocrate. Il faut empêcher la France de sombrer. L’unique enjeu est d’empêcher une majorité absolue d’extrême droite», a-t-il poursuivi, le visage grave.
Au QG de LFI : «On espère seulement que la macronie sera à la hauteur de l’enjeu». Son allocution terminée, Jean-Luc Mélenchon s’éclipse très vite, visage fermé. Devant un micro tendu, une députée tente d’insister sur la seule bonne nouvelle de la soirée, la «défaite cinglante de la macronie». Mais les rares militants présents font grise mine. Les estimations des instituts de sondage tournaient depuis une bonne heure. Leur officialisation fait l’effet d’une douche froide. «Les paroles de Mélenchon étaient bonnes, soupire Rémi, veste kaki mili et épaisse bague en argent qui, depuis la dissolution, mouille la chemise pour le NFP dans les Hauts-de-Seine. On espère seulement que la macronie sera à la hauteur de l’enjeu. Nous on va continuer à lutter. Ce n’est pas impossible mais ça va être dur.» En ce soir de premier tour, le moral est atteint. La Faïencerie se vide. Par Nathalie Raulin.
Aurore Bergé veut un barrage au cas par cas». «S’il y avait un doute, Jean-Luc Mélenchon est bien le leader du Nouveau Front populaire et c’est lui qui veut être à Matignon», pose Aurore Bergé sur le plateau de BFMTV. La ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations considère que le leader de la France insoumise «fait une erreur évidente en disant c’est moi ou le RN. Si les Français n’ont que cette alternative, ce sera le RN», affirme-t-elle. Interrogée sur les consignes de vote de son parti en cas de triangulaire, elle affirme qu’«on regardera au cas par cas quelle est la force républicaine le mieux placée. Cela peut être LR, le PS, les Ecologistes voir peut-être même LFI. Mais Caroline Fiat, ce n’est pas la même chose que Danièle Obono.» Elle appelle à une autre alternative, celle «des gens responsables et raisonnables». Plus tard dans la soirée, elle affirme que son parti ne se désistera devant aucun candidat «ayant tenu des propos antisémites, homophobes, ou racistes».
Dans le cœur de la Bretagne, le RN vire en tête. A Callac, petite commune de la campagne costarmoricaine qui a été au cœur d’une violente campagne de l’extrême droite contre un projet d’accueil de réfugiés, il y a un an et demi, le candidat du Rassemblement national Noël Lude est arrivé en tête avec 33,05% des voix, juste devant celui de la majorité présidentielle Cyril Jobic, maire d’un village voisin. La candidate du Nouveau Front populaire, la députée sortante insoumise Murielle Lepvraud, arrive troisième. Danielle Le Men, la Callacoise à l’origine du premier collectif contre le projet, récolte 3,05% sous les couleurs de Reconquête. D’autres petites communes de cette circonscription modeste et rurale, historiquement à gauche, affichent des résultats semblables, classant le RN en tête. Par Elodie Auffray.
Laurent Berger en appelle au «désistement républicain». L’ancien dirigeant de la CFDT, que Raphaël Glucksmann aurait bien vu en Premier ministre en cas de victoire de la gauche, l’avait dit dès le 24 juin : «La première urgence, c’est d’éviter le RN». Ce dimanche, sur X (ex-Twitter), Laurent Berger se fait grave et souligne l’urgence : «Ce soir, il en va de notre démocratie et de nos valeurs républicaines face au RN aux portes du pouvoir. Aucune voix ne doit manquer au désistement républicain. Face au danger, le ni-ni n’est pas de mise. Il faut impérativement faire barrage à l’extrême droite.»
Ce soir, il en va de notre démocratie et de nos valeurs républicaines face au RN aux portes du pouvoir.
— Laurent Berger (@LaurentBerger44) June 30, 2024
Aucune voix ne doit manquer au désistement républicain. Face au danger le ni-ni n'est pas de mise. Il faut imperativement faire barrage à l'extrème droite.
Les Républicains ne donnent pas de consignes de vote pour le second tour. Dans un communiqué, Les Républicains annoncent ne pas donner de consigne de vote pour le second tour des législatives. Les LR, qui auraient obtenu près de 10% des voix au premier tour, ont annoncé via un communiqué qu’ils ne donneront pas de «consigne nationale» pour le vote du second tour dans les circonscriptions où ils ne seront pas présents. «Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience», a indiqué la direction de LR dans un communiqué. Avant de décréter que «le macronisme est mort».
«Il faut donner une majorité au Nouveau Front populaire car il est la seule alternative», dit Jean-Luc Mélenchon. «Le Président Macron pensait enfermer de nouveau le suffrage universel dans le choix étouffant dont personne ne veut : lui ou le RN. Un vote massif a déjoué le piège tendu au pays», a aussi réagi Jean-Luc Mélenchon, chef de de file de La France insoumise (LFI). «Ce vote a infligé une lourde et indiscutable défaite» à l’exécutif, ajoute-t-il. Conséquence, selon l’ancien candidat à l’élection présidentielle : le pays doit choisir, pour le second tour, entre le Nouveau Front populaire et l’extrême droite. «Va-t-il aggraver le pire de ses divisions, celles des inégalités sociales et des différences de religion, ou va-t-il se rassembler pour ne former qu’un seul peuple, se consacrant à l’entraide et au bien commun sans condition préalable ? [...] Il faut donner une majorité au Nouveau Front populaire, car il est la seule alternative», insiste Jean-Luc Mélenchon.
LFI se retirera dans les triangulaires où elle est arrivée troisième, annonce Jean-Luc Mélenchon. Dans son allocution consécutive à l’annonce des résultats, le leader de La France Insoumise (LFI) communique la position de sa formation politique dans les circonscriptions où le bloc de gauche se retrouvera dans des configurations de triangulaires avec l’extrême droite et le bloc macroniste. «Notre consigne est simple, directe et claire : pas une voix, pas un siège de plus pour le RN», déclare l’ancien candidat à l’élection présidentielle. «Conformément à nos principes et à nos positions constantes dans toutes les élections, nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter, et c’est pourquoi nous retirerons dans notre candidature» dans les circonscriptions où LFI est arrivée en troisième position, ajoute-t-il.
Elue au premier tour, Marine Le Pen donne rendez-vous le 7 juillet. «La démocratie a parlé». Marine Le Pen a commencé son intervention en actant l’effacement du bloc macroniste. Elle «se félicite de la participation si élevée» qui marque «une volonté de tourner la page après sept ans d’un pouvoir méprisant et corrosif». Mais l’ancienne candidate à la présidentielle pour le Rassemblement national ne veut pas s’arrêter là. Cette élection n’est «qu’une première étape vers un choix d’alternance». Si elle est déjà élue dans sa circonscription de Hénin-Beaumont, elle parle «d’un deuxième tour déterminant» face à une «Nupes 2», le Nouveau Front populaire, qualifié de «violent, antisémite et antirépublicain» et qui «imposera Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre». Le nom du tribun est d’ailleurs copieusement sifflé par la foule. Considérant que «rien n’est plus sain que l’alternance», elle appelle les Français à donner une majorité absolue à «la coalition de la liberté et de la sécurité» menée par Jordan Bardella le 7 juillet lors du second tour. Elle souhaite que «le pays retrouve, dans l’unité et la fraternité, l’énergie pour ne faire plus qu’un», garantissant qu’«aucun Français ne perdra de droit» si le RN est au pouvoir.
«Cette élection est entre les mains des soutiens du gouvernement», dit Marine Tondelier. À l’issue des résultats du premier tour des législatives anticipées de ce dimanche 30 juin, la secrétaire nationale des écologistes estime que «la victoire du NFP est possible, mais [qu’elle] va demander beaucoup de travail est d’exigence». Selon elle, «une nouvelle élection commence». Marine Tondelier s’adresse ainsi aux responsables politiques centristes : «la surprise des 24 prochaines heures doit être la construction d’un nouveau front républicain». Elle indique qu’il serait incompréhensible de ne pas faire la différence entre la gauche et l’extrême droite en vue du second tour : «nous vous attendons, nous vous regardons. Et toutes les Françaises et les Français avec nous». Et de rappeler qu’elle attend des engagements clairs de la part des soutiens de la majorité présidentielle, dont elle dit la page aujourd’hui tournée. «Vous devez être très très clair», pour ne pas voir arriver Jordan Bardella à Matignon, prévient Marine Tondelier. La secrétaire nationale des écologistes termine sa prise de parole de manière combative : «On va se battre et on va gagner. On va gagner, car on a pas le choix. »
Olivier Faure : «Nous retirons nos candidats dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat d’extrême droite». Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, s’est exprimé «face à un score historique qui nous oblige. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite peut gouverner». Pour faire front face au Rassemblement national, «la position des socialistes est extrêmement claire : il n’y aura pas, à aucun endroit, de candidat maintenu dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat de l’extrême droite. Il n’y aura aucune exception.»
A la Fête du vin de Bordeaux, un arôme de déception avec un arrière-goût de colère. «34 % pour le RN quand même !», lâche, amère, Olivia, un verre de vin blanc à la main. Avec son groupe de copines dans la vingtaine, rencontrées dans une école de communication bordelaise, elles ont choisi la Fête du vin comme «repli stratégique» après avoir voté. «Pour noyer notre chagrin dans l’alcool», plaisante à moitié Olivia. A ses côtés, Othilie a scrollé nerveusement toute la soirée sur les réseaux sociaux, dans l’attente des résultats. «Je pensais vraiment que le Nouveau Front populaire allait faire beaucoup plus», regrette Virginie. L’alliance de la gauche a obtenu 28% des suffrages, selon les premières estimations, contre les 34% du RN. «On est dans notre bulle, dans notre entourage, il y a beaucoup de gens de gauche, c’est difficile de jauger», rebondit Maya. Une partie des jeunes femmes ira manifester «dès demain, s’il le faut» pour faire pencher la balance le 7 juillet. L’autre estime qu’il faudra surtout convaincre les électeurs de Macron de reporter «intelligemment» leur vote. «Pas gagné», soupire Virginie. Par Eva Fonteneau.
Le maire de Montpellier appelle au «désistement républicain systématique». Dans un communiqué, Michaël Delafosse a souligné que «la forte participation conduit à de très nombreuses triangulaires. L’extrême droite est en position de force : elle peut obtenir une majorité absolue». L’élu socialiste «appelle donc avec clarté au désistement républicain systématique pour le candidat arrivé en 3e position. Aucune force politique ne doit rendre possible l’élection d’un député RN en faisant le choix de se maintenir au risque de porter la responsabilité de donner le pouvoir à l’extrême droite.»
François Bayrou, patron du MoDem, ne donne pas de consigne globale : « il faut qu’on regarde au cas par cas». «Il faut que s’allient les candidats démocrates et républicains», a affirmé sur le plateau de TF1 le patron du MoDem, François Bayrou. «Il y a à gauche et du côté de LR des femmes et des hommes dont les valeurs sont les mêmes. Il faut regarder, circonscription par circonscription, les positions antérieures des candidats qui se présentent pour l’alliance de la gauche. Chaque fois que nous sommes troisième, il faut que l’on regarde au cas par cas.»
Au concours de bras de fer à Nice : «Ce sont les partis qui ont fait le buzz qui ont gagné». Thomas a abandonné le bras de fer pour une bonne bavette sauce poivre. Devant son repas, il apprend la victoire du RN. «Je ne suis pas étonné, expose ce fonctionnaire, qui passe une soirée spécial bras de fer à la gare du Sud de Nice. Ce sont les partis qui ont fait le buzz qui ont gagné : RN et Nouveau front populaire.» Son vote restera secret. Ça fait partie de sa «vie privée». Mais la nouvelle donne politique ne lui donne pas de grands espoirs : «Le changement, il ne sera pas pour nous. Tant que ce n’est pas négatif...», se contente-t-il d’apprécier. A 20 heures, Maxime s’approche. Il lit les résultats. RN vainqueur au national. Il applaudit comme si les Bleus avaient marqué un but à l’Euro : «On est en tête ! Ouaaaais ! Je suis juste content parce que Mélenchon ne passe pas, dit cet électeur de Bardella. Je l’aime pas.» Un coéquipier de bras de fer s’approche. Il ne veut pas parler politique : «Tu bois quoi ?» Par Mathilde Frénois.
Il y aura entre 285 et 315 triangulaires, selon Ipsos. 65 à 85 élus passent dès le premier tour et il devrait y avoir entre 150 à 170 duels au second tour. Ces chiffres varieront évidemment en fonction des désistements éventuels de certains candidats et des appels des partis à soutenir tel ou tel candidat.
🇫🇷🗳️ Les configurations au second tour selon @IpsosFrance :
— mathieu gallard (@mathieugallard) June 30, 2024
➡️ 65 à 85 élus au premier tour
➡️ 285 à 315 triangulaires
➡️ 150 à 170 duels
Les présences au second tour :
⚫️ RN et alliés : 390 à 430
🔴 NFP : 370 à 410
🟠 Ensemble : 290 à 330
🔵 LR et DVD : 70 à 90
Chez les Ecologistes, «il faut poursuivre et sauver ce que l’on peut». Au QG des Ecologistes, un silence circonspect salue les premiers résultats donnés par les télévisions. «C’est une catastrophe pour notre pays, pour notre démocratie, s’émeut Thomas, 37 ans, banquier. Heureusement que la gauche s’est rassemblée. Il faut poursuivre et sauver ce que l’on peut.» Chacun cherche les résultats des circonscriptions qui l’intéresse. Thomas, mégaphone en bandoulière, prêt pour le rassemblement à la République, s’inquiète du score d’Olivier Faure. Jean-Baptiste, étudiant en droit de 23 ans, a des nouvelles alarmantes de son département natal, la Manche. «J’ai essayé de ne pas me faire de projection trop positive pour ne pas être déçue ce soir», confie Camille. Cette orthophoniste de 30 ans s’est donné à fond pendant la campagne, faisant du porte à porte chaque soir à Paris. Et le 7 juillet, si les résultats sont catastrophiques ? «On va organiser la résistance», promet-elle. Par Bernadette Sauvaget.
Emmanuel Macron veut un «large rassemblement clairement démocrate et républicain» contre l’extrême droite. Immédiatement après l’annonce des résultats des élections législatives, qui donnent l’extrême droite en tête, le président de la République a appelé à un «large rassemblement clairement démocrate et républicain» face au Rassemblement national, dans un communiqué transmis par l’AFP. Selon le chef de l’Etat, la participation élevée témoigne d’une volonté de «clarifier la situation politique». Le «choix démocratique» des électeurs «nous oblige», a conclu Emmanuel Macron, dans un étrange écho à sa déclaration après sa victoire à la présidentielle de 2022 face à Marine Le Pen.
Place Publique appelle à «faire bloc» contre l’extrême droite. «L’Histoire nous regarde et nous juge. L’extrême droite est aux portes du pouvoir et nous devons prendre nos responsabilités.» C’est par ces quelques mots extrêmement solennels que Place Publique, la petite formation de Raphaël Glucksmann, réagit ce soir dans un communiqué aux résultats du premier tour des élections législatives, où le Rassemblement national et ses alliés arrivent en tête. Appelant à «faire bloc» face à l’extrême droite, Place Publique exhorte les candidats des partis «à se désister systématiquement quand ils arrivent en 3ème position dans des triangulaires de second tour avec le RN» et à «appeler à voter clairement pour le candidat ou la candidate qui se trouve face au Rassemblement National au second tour». «Le vote pour la candidate et le candidat qui fait face au Rassemblement National n’est plus un vote pour la gauche ou la droite, mais un vote pour empêcher l’extrême droite d’avoir la majorité absolue le 7 juillet», estime encore le parti de centre-gauche.
Dans un village de l’Aveyron, la prime à l’ancrage local. Avec 221 voix exprimées sur 276 inscrits, moins de trente minutes ont suffi pour dépouiller les urnes dans la bourgade de Curan (Aveyron). Et c’est le député sortant - de la majorité présidentielle -, Jean-François Rousset, qui prend la tête avec 49%. «C’est sans surprise, on n’avait pas d’autre choix», commentent deux amis, la petite soixantaine, au bar de la salle des fêtes. Car si le bal musette de la fête du village bat son plein, les premiers résultats occupent les conversations des villageois : «Ils nous ont pris pour des lanternes à nous envoyer deux parachutés : celui du RN vit en Suisse, et celui de gauche à Paris ! On n’allait pas voter pour eux !» Sur la piste, une trentaine de danseurs battent la mesure sur La ballade des gens heureux. Les résultats à l’échelle nationale, ils les regarderont plus tard. Par Lola Cros.
Le ministre Roland Lescure devancé par le Nouveau Front Populaire. Oussama Laraichi, candidat écologiste pour le Nouveau Front Populaire, a été gratifié de 42 % des voix lors de ce premier tour de l’élection législative des Français vivant en Amérique du Nord, selon les premières estimations. Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, est arrivé en seconde place, avec 31 % des voix. Sur la dernière place du podium, le Rassemblement National obtient 12,5 % des voix. Les Républicains n’ont recueilli que 6 % des suffrages. Durant les élections législatives de 2022, Roland Lescure avait obtenu 36 % des voix contre 33 % pour la Nupes au premier tour.
La situation à 20 heures.
Le RN annoncé à 34%, le NFP à 28,1%, la macronie à 20,3%. Trois blocs principaux se font face ce dimanche 30 juin au soir du premier tour des législatives. Selon de premières estimations Ipsos pour France Télévisions, le Rassemblement national est crédité de 34% des voix, le Nouveau Front populaire de 28,1% et Ensemble de 20,3% des voix. Les Républicains et autres candidats de droite sont annoncés à 10% des suffrages exprimés.
A Nice, dans un concours de bras de fer : «c’est toujours la même cours de récré». Redouane est gros bras. Sauf quand il s’agit de parler de politique. Il se cache en disant voter «pour les chats». Avec son club, ce vingtenaire participe à une animation «bras de fer sportif» à la gare du Sud, food-court niçois. On comprend vite que le petit groupe roule pour le RN. Sous les biscotos, ils ont majoritairement voté extrême droite «pour préserver la culture, mon avenir, mes enfants», énumère Maxime, commercial de 23 ans. Enzo vient de gagner ses trois duels malgré sa blessure au biceps. Son bras gauche est «top 10 France». Lui aussi a choisi «Bardella». Mais il ne croit pas que le changement sera historique si son poulain l’emporte à 20 heures : «Je suis assez détaché car je suis souvent déçu. C’est toujours la même cours de récré». Il regardera les résultats uniquement par curiosité. Ça n’égayera ni ne gâchera la soirée. «Allez, on lâche rien», crie l’animateur au microphone. Par Mathilde Frénois.
Les drones de la police survoleront Paris ce soir. La préfecture de police craint des débordements ce dimanche soir. Laurent Nuñez a signé un arrêté le 28 juin pour autoriser la police à utiliser des drones pour filmer la capitale. Le préfet de police de Paris justifie cette décision par le rassemblement organisé par le Nouveau Front populaire à République. «Il convient de prévenir les troubles éventuels à l’ordre public qui pourraient intervenir à l’occasion de ce rassemblement et d’éventuels mouvements spontanés et non déclarés», écrit-il dans l’arrêté. Cette décision a été contestée, mais le tribunal administratif de Paris a autorisé les drones dans une décision que Libération a pu se procurer. Ils pourront filmer de 18 heures à 2 heures du matin.
Val-de-Marne : le candidat du NFP Lyes Louffok va déposer plainte après une insulte homophobe. Fin de scrutin tendue à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Agressé verbalement ce dimanche en fin d’après-midi par une électrice qui arrachait son affiche, non loin de la mairie, le candidat du Nouveau front populaire (NFP) Lyes Louffok annonce à Libé déposer plainte demain. Sur X (ex-Twitter), le membre fondateur du comité de vigilance des enfants placé·es dénonce «une tentative de [l] e frapper et une insulte homophobe».
Cette dame arrache mes affiches des panneaux officiels un jour d’élection, pas de chance j’étais juste derrière elle et lui ait fait remarquer que ce n’était pas légal.
— Lyes Louffok (@LyesLouffok) June 30, 2024
Sa réaction : une tentative de me frapper et une insulte homophobe.
Elle, elle a voté, et vous ? pic.twitter.com/cQHcg4ZpAN
Dans une vidéo, diffusée sur le média social par le candidat de la France insoumise dans la première circonscription du département francilien, l’on entend clairement le militant se faire traiter d’«enculé». Peu avant, comme le montre une autre vidéo consultée par Libé, on voit l’électrice incriminée demander à Lyes Louffok d’arrêter de la filmer ainsi que sa mère à l’arrière d’une voiture garée sur la chaussée. Elle tente ensuite de frapper le candidat. «Ça représente bien l’atmosphère de Saint-Maur, réagit-il auprès de Libé, nous livrant sa version des faits. Elle a d’abord agressé ma collaboratrice. Je la voyais déchirer mes affiches, je lui dis qu’elle n’avait pas le droit. Là, elle est partie en vrille total, j’ai filmé sa mère et elle a pété un plomb. Elle a voulu mettre un poing.» Par Florian Bardou.
Chez les Ecologistes, «c’est reconfortant d’être ensemble». Au QG des Écologistes, il n’y a pas foule. Le grand rendez-vous de la soirée est prévu à la Place de la République où le peuple de gauche est attendu vers 21 h 30. Vêtu d’un blouson de cuir, Thomas, étudiant de 23 ans, porte déjà son mégaphone en bandoulière. «Si le NFP arrive en tête, il faudra continuer sur cette dynamique. Si le RN est en tête, il faudra redoubler d’efforts», dit-il. Jean-Baptiste, 24 ans, étudiant en communication, est l’un des rares militants présents au siège. Le soir des élections européennes, il était seul chez lui. «C’est réconfortant d’être ensemble», dit-il. L’estrade et les caméras sont prêtes pour l’intervention peu après 20 heures de Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes. Jean-Baptiste croise les doigts pour que l’extrême droite n’atteigne pas son score des élections européennes. Par Bernadette Sauvaget.
Chez Renaissance, pas l’ombre d’un militant. Rue du Rocher dans le VIIIème arrondissement de Paris, où le parti macroniste a élu domicile, pas l’ombre d’un militant. La presse fait le pied de grue dehors en attendant une déclaration de Gabriel Attal. Les passants et les riverains y vont de leur commentaire. «Regardez, c’est ici que l’on voyait le ministre Séjourné», dit une mère à ses enfants. «Cet immeuble, dans 15 jours ce sera un musée», lâche un passant en toisant le bâtiment à la façade noire du parti Renaissance. Par Frank Bouaziz.
A la Goutte d’or, à Paris, «le Rassemblement national, ce n’est pas un problème dans le quartier». Au pied de l’église Saint-Bernard, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, devenue célèbre en 1996 comme lieu de lutte du mouvement des sans papiers, la fête du quartier de la Goutte d’or se termine dans la soirée. A côté du stand de barbapapas, Bernard Massera, 84 ans, fouille dans sa mémoire. Cet électromécanicien et syndicaliste CFDT à la retraite ne se souvient pas que cette fête initiée dans les années 70 soit déjà tombée en même temps qu’une soirée électorale. «Mais ce n’est pas la première fois que les associations se mobilisent pour des élections, pour aider les gens à s’inscrire sur les listes électorales, le Rassemblement national, ce n’est pas un problème dans le quartier, ils ne font jamais de gros scores, le problème, c’est le territoire national». Jacques Mendy, «la cinquantaine passée», s’occupe des Enfants de la goutte d’or, l’une des premières associations du quartier «créée en 1978 par les habitants, des bonnes sœurs, des laïcs, des musulmans». Lui qui fut candidat aux législatives, une fois, en 2007 avec un mouvement citoyen, a passé ces derniers jours à tracter pour le Nouveau Front populaire. Il encourage les gens à aller voter : «A eux de voir à quel projet de société ils veulent adhérer. Dans ce quartier, on a toujours prôné la fraternité, la solidarité, ce sont les valeurs de ce territoire. La solidarité existe dans ce pays, la France est un pays de fraternité, même si un discours nauséabond s’impose». Sur le parvis, les applaudissements fusent. Au micro, la présentatrice annonce l’arrivée des couturiers du quartier, qui portent une de leurs tenues pour l’occasion. Par Anne-Sophie Le Chevallier.
Manon Aubry «rassurée de voir que le peuple est au rendez-vous». 19 heures. A la Faïencerie, l’adrénaline monte. «La participation est historique, on va vers un nombre de triangulaire record», estime la députée européenne LFI Manon Aubry qui erre dans la salle centrale en attendant de rejoindre les plateaux télé. «C’est rassurant de voir que le peuple est au rendez-vous. Mais il va falloir mobiliser pour le second tour. Face au RN, le Nouveau Front Populaire va exprimer une position très claire et très nette. Cette question va fondamentalement se poser pour les macronistes. Ce soir, on aura une certitude : Gabriel Attal ne sera plus Premier ministre.» Par Nathalie Raulin.
Comment les instituts de sondage produisent leurs estimations de 20 heures ? Les derniers bureaux de vote ferment à 20 heures et, aussitôt, les instituts de sondage publient des estimations assez fiables sur les résultats finaux. Pour ce faire, ils déploient des enquêteurs dans 500 bureaux de vote répartis en France. Ces enquêteurs font remonter à leur institut le nombre de votants à la fermeture du bureau de vote, les résultats partiels après le dépouillement des 200 premiers bulletins et le résultat final. Ensuite, chaque institut dispose d’un modèle qui donne les résultats nationaux en fonction des écarts constatés entre ces 500 bureaux et les résultats globaux lors des précédentes élections.
Au Touquet, après avoir voté, Macron ressort le blouson Top Gun. On est au bord de la fashion week. S’il est allé voter, à la mi-journée, en président, costard (bleu espoir)-cravate, Emmanuel Macron est apparu un peu plus tard au Touquet (Pas-de-Calais) en jean, blouson aviateur, foulard, casquette, baskets et lunettes noires. Brigitte Macron aussi a fait un tour dans son dressing, troqué un tailleur pantalon taupe pour un look jumeau de celui de son mari. Un message subliminal de décontraction, on suppose. Que le président a appuyé par un langage corporel qui peut laisser pantois vu les circonstances : celui de la gagne. Grands sourires, grandes enjambées, paluches serrées à la volée, pouce «tout baigne» levé, selfies, on se pince. Le blouson Top Gun (qu’on lui a déjà vu en d’autres circonstances), pourquoi pas, après tout sa trajectoire est en plein crash. Mais vu la gravité de l’heure, la mine de celui qui s’apprête à sauter en parachute aurait été plus appropriée, parmi toutes les expressions dans lesquelles pouvait piocher l’acteur Macron. Il va sûrement lui falloir apprendre celle de l’échec. Par Sabrina Champenois.
Une abstention historiquement basse pour des législatives. Le chercheur en science politique Vincent Tiberj a publié un graphique pour se rendre compte de la baisse historique de l’abstention pour ces législatives 2024. A la fin de la journée, la participation devrait atteindre 67,5 % à 69,7 % selon les différents instituts de sondage. Elle serait donc largement supérieure aux 47,51 % de 2022 et pourrait dépasser les 67,9 % des dernières législatives organisées après une dissolution, en 1997. Sur son graphique Vincent Tiberj montre la proportion d’abstentionnistes aux différentes élections, tendanciellement à la hausse. La chute sur la courbe des législatives (en rouge), est spectaculaire.
Pour se rendre compte du sursaut de participation de ces législatives, voilà ce que cela donne sur l'ensemble de la 5ème république
— Vincent Tiberj (@VTiberj) June 30, 2024
La plus importante baisse d'abstention de la série des législatives et de toutes les élections
Elles sont de nouveau des élections de 1er ordre pic.twitter.com/gn0K1DjamQ
A Paris, la gauche a rendez-vous place de la République. Le rendez-vous est déjà fixé : le peuple de gauche de la capitale se retrouvera place de la République ce dimanche soir, quoi qu’il arrive, après l’annonce des résultats. Les représentants des différentes composantes du Nouveau Front populaire devraient prendre la parole à partir de 22 heures - Manuel Bompard pour La France insoumise, Marine Tondelier pour Les Ecologistes, Olivier Faure pour le Parti socialiste… Après les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, et les jours suivants, c’était déjà place de la République que les électeurs de gauche avaient convergé.
Au QG de la France insoumise, on retient son souffle. 18h30. A la Faïencerie, QG de la France insoumise dans le XXe arrondissement de Paris, l’ambiance est à l’attente. Des députés LFI, Bastien Lachaud et Aurélie Trouvé, prennent l’air devant l’entrée, avant le rush. Jean-Luc Mélenchon, et deux membres de sa garde rapprochée, Manuel Bompard et Mathilde Panot, sont retranchés dans un espace du rez-de-chaussée, inaccessible aux médias. Une prise de parole du leader de la France Insoumise est programmée aux alentours de 20h15, une fois connues les premières tendances du scrutin. Par Nathalie Raulin.
A La Réunion, la sortants de gauche en tête, le Rassemblement national en embuscade. Avec sept circonscriptions, dont six détenues par des sortants de gauche, la Réunion est scrutée avec attention. Notamment, compte tenu des résultats historiquement hauts du Rassemblement national (31,71 %) aux dernières élections européennes dans le département ultramarin. Dans la première circonscription, qui comprend la commune de Saint-Denis, c’est le sortant socialiste Philippe Naillet qui arrive en tête avec 46,50 % des voix, selon les premières estimations sorties des urnes données par la chaîne la 1ère. Il est suivi par le candidat d’extrême droite Jean-Jacques Morel (27,1 %). Dans la troisième circonscription, la sortante Nathalie Bassire (ex-LR), qui siège au sein du groupe LIOT, se retrouve en troisième position (23,2 %) loin derrière le candidat RN Joseph Rivière (30,1 %), secrétaire départemental du parti. Le représentant du Nouveau front populaire (NFP), Alexis Chaussalet est lui deuxième (24,7 %). Dans la sixième circonscription, le sortant du parti de gauche, formation de la présidente de région Huguette Bello, Frédéric Maillot, est bien en tête (30 %), lui aussi devant la candidate RN, Valérie Legros (27,90 %). La candidate Renaissance Nadia Ramassamy termine avec moins de 10 % des suffrages. Enfin, dans la septième, même topo : le député sortant investi NFP, Perceval Gaillard, est loin devant l’ex député Jean-Luc Poudroux (23,2 %), investi par le parti de Marine Le Pen.
A Nice, la cavalcade pour voter avant la fermeture des bureaux. Noureddine arrive le front plein de sueur. Il a couru, il a galéré à se garer. Il pensait que le bureau de vote de l’école Mantega fermait à 18 heures. Mais à Nice, les dépouillements ne commencent qu’à 20 heures. Ouf. «C’est un devoir de voter. Si on n’y va pas, la démocratie ne peut pas fonctionner, dit ce mécanicien automobile de 47 ans. Chacun peut dire ce qu’il pense. Moi je vote pour la paix. Je n’aime pas les extrêmes. Je vote au milieu.» Noureddine ne connaît pas son numéro de circonscription. Pourtant, à l’école Mantega, il faut être attentif. Une même classe regroupe deux bureaux de vote de deux circonscriptions différentes. À l’extérieur, deux alignements d’affiches. De quoi s’y perdre : un électeur a mis l’enveloppe dans la mauvaise urne. C’est le seul couac de la journée dans se bureau qui pointe à 55 % de participation à 18 heures. Un autre électeur est arrivé à 17h50 pour voter. Son nom ne figure pas sur la liste. Il est inscrit dans son village de Drap à 20 minutes de route. Celui-ci ferme à 18 heures. Trop tard. Par Mathilde Frénois.
Du monde devant l’urne.
Le dépouillement a commencé dans la plupart des communes. La majorité des communes ont fermé leurs bureaux de votes à 18 heures et débutent la procédure de dépouillement. Les bureaux de vote des grandes villes restent ouverts jusqu’à 20 heures. Certaines villes, comme Brest ou Lille, ou de grandes communes d’agglomérations toulousaines ou lyonnaises gardent leurs bureaux de votes ouverts jusqu’à 19 heures.
Plus de bulletins NFP dans la 14e circonscription de Paris ? Depuis ce matin, plusieurs candidats alertent sur des irrégularités au sein des bureaux de vote. Après Stéphanie Galzy (RN) dans l’Hérault, Marine Tondelier (NFP) dans les Ardennes, c’est au tour d’Hugo Rota, candidat NFP de la 14e circonscription de Paris (XVIe arrondissement), de se faire lanceur d’alerte. D’après lui, il n’y aurait «plus de bulletins dans le bureau de vote 50» depuis environ 15 heures, alors que l’alliance des gauches en aurait «fourni à la mairie». «La mairie refuse de procéder à la fermeture temporaire du bureau, nous exigeons que les bulletins soient livrés», fustige-t-il.
🔴 Plus de bulletins dans le bureau de vote 50, nous avons tout fourni à la mairie et pourrant il n’y en a plus depuis environ 15h !!! La mairie refuse de procéder à la fermeture temporaire du bureau, nous exigeons que les bulletins soient livrés.#circo7514 #legislatives2024 pic.twitter.com/MsGtC3pgJp
— Hugo Rota ✌️ (@HugoRota) June 30, 2024
A Cenon, terre d’abstention girondine, il faut faire la queue «comme au supermarché» pour voter. Devant un bureau de vote à Cenon - la commune qui a enregistré le plus haut taux d’abstention en Gironde aux élections européennes (57,8 %) - il faut presque faire la queue, «comme au supermarché» fait remarquer un retraité, pour aller glisser son bulletin dans l’urne. «Du jamais vu confirme un assesseur. On était déjà à plus de 50 % de participation alors qu’il n’était pas encore 17 heures». «Savoir que le RN a une chance de prendre le pouvoir m’a forcée à me bouger», confie une aide-soignante, «assez peu assidue» en temps normal. Dans cette commune de la rive droite bordelaise, le nombre de votants sera d’autant plus décisif, que seulement 77 voix ont séparé La France insoumise (arrivée en tête avec 22,43 % des suffrages) du Rassemblement national le 9 juin. Situation cocasse : dans la file d’attente, Sandrine et Caroline, mariées, votent totalement à l’opposé. La première «plutôt à gauche», la deuxième «plutôt RN». Devant notre air surpris, Sandrine prône la politique de l’autruche : «Chez nous, on en parle pas, tout simplement. Comme ça on s’engueule pas». Pour justifier son vote, «entre autres», Caroline assure «ne pas être dérangée par la diversité» mais pointe «des problèmes récurrents avec une partie des Musulmans en France». Son épouse tressaute. «Ça, j’aurais sans douté préféré ne pas le savoir». Par Eva Fonteneau.
La participation attendue à près de 70 %. Selon les estimations publiées par différents instituts de sondages, la participation au premier tour s’établira ce dimanche entre 67,5 % et 69,7 %, contre 47,5 % au premier tour du scrutin de 2022. Déjà en hausse de 20 points à 17 heures selon le ministère de l’Intérieur, elle serait ainsi la plus élevée depuis le premier tour de 1981 (70,86 %). La prévision la plus basse (67,5 %) est donnée par l’institut Ipsos et son partenaire Talan pour France Télévisions, Radio France, France24 /RFI et LCP Assemblée nationale. La plus élevée (69,7 %) est avancée par Harris Interractive et Toluna pour M6, RTL et Challenges.
En Nouvelle-Calédonie, un candidat indépendantiste en ballottage favorable. Six semaines après les violences et les manifestations qui ont agité la Nouvelle-Calédonie en réaction à un projet de réforme constitutionnelle du corps électoral défendu par Emmanuel Macron, le candidat indépendantiste Emmanuel Tjibaou s’est qualifié pour le deuxième tour des élections législatives dans la deuxième circonscription de l’archipel. Avec 44,06 % des voix, il est arrivé en tête et affrontera le non-indépendantiste Alcide Ponga, président local des Républicains (LR), qui a obtenu 36,18 % des suffrages. Sur le Caillou, le nom d’Emmanuel Tjibaou parle à tout le monde : il est le fils de Jean-Marie Tjibaou, célèbre chef kanak assassiné en 1989. Retrouvez notre article sur les résultats des élections législatives dans les territoires d’outre-mer, qui ont commencé à voter plus tôt que la métropole.
La participation en très forte hausse, à 59,4 % à 17 heures. Ca se confirme : il y a du monde dans les bureaux de vote. La participation s’élève à 59,4 % à 17 heures au premier tour des élections législatives, un chiffre en hausse de 20 points par rapport à la même heure en 2022. Il faut remonter aux législatives de 1986 pour trouver une participation plus forte à la même heure : elle s’élevait alors à 63,6 %.
A Lyon, il est encore temps de voter. Alain s’apprête à quitter Lyon pour rallier l’Ardèche, où il vit. Venu voir sa petite-fille, cet agriculteur à la retraite sera à temps dans son village pour glisser un bulletin pour le Nouveau Front populaire. Dans ce département rural, la participation a atteint dès 12h un niveau parmi les plus hauts de France, comme pour les européennes. Le sexagénaire n’a «pas trop envie» d’un Mélenchon premier ministre. «Ca se passerait mieux s’il n’était pas là, il est temps qu’il se retire.» Mais il est indulgent sur les bisbilles de l’union des gauches : «c’était un peu rapide pour s’organiser et puis il reste des différences entre les partis, mais c’est bien qu’ils aient réussi à le faire, on verra dans un second temps pour gérer les rapports de force.» Un moindre mal : il n’oublie pas que sa «voix a été ignorée pendant les manifs contre la réforme des retraites». Surtout, il «redoute l’extrême droite», qui «craint à tous les niveaux». Si le RN et ses alliés obtenaient une majorité absolue à l’Assemblée, «les risques de dégradation en économie sont limités, il existe des garde-fous, notamment européens», projette Alain. «Mais au niveau sociétal, il y a de gros risques, sur les libertés, l’emprise sur les médias ou l’éducation, c’est ce qui fait le plus peur.» Par Maïté Darnault.
Cafouillages sur les bulletins dans plusieurs bureaux. La députée sortante de la 5e circonscription de l’Hérault Stéphanie Galzy (RN) indique demander l’annulation du scrutin dans la commune de Lunas. «Mes bulletins de vote ne sont pas présents dans la commune de Lunas celle dont est Maire, Mr Manenc, mon adversaire du nouveau front populaire !», écrit-elle sur X (ex-Twitter). Dans la 1re circonscription des Ardennes, autre irrégularité. La secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier pointe la présence d’un «message illégal» dans les bureaux de la commune de Rethel. Dans une publication sur X, elle partage une photo des piles de bulletins de votes. Deux tas pour le RN, avec deux candidats différents. Au-dessus de l’un des deux figure un message écrit en rouge gras sur une feuille A4 : «attention ! Usurpation d’identité». Selon Marine Tondelier, «c’est le maire lui même qui aurait donné cette consigne». Et d’ajouter qu’une affiche du RN trône dans le bureau qu’il préside.
À Rethel (Ardennes), dans tous les bureaux de vote, un message illégal ajouté au dessus d’un tas de bulletins de vote.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) June 30, 2024
C’est le maire lui même qui aurait donné cette consigne.
Une affiche du #RN trône d’ailleurs dans le bureau qu il préside... pic.twitter.com/p8zEF271ia
Voter seul ou en famille.
A Strasbourg, au Neuhof, un vote groupé organisé par le centre social pour éviter l’effet «non, pas encore…». La pluie qui tombe inlassablement depuis la nuit inquiète un peu Jamila Haddoum : «j’espère que ça va se calmer. Certains ont peut être pensé que le barbecue était annulé…». Au centre social et culturel du Ziegelwasser, dans le quartier du Neuhof au sud de Strasbourg, des mères, des jeunes et des tous petits se sont réunis pour aller voter tous ensemble. Le 9 juin dernier, les scores du RN, largement arrivé en tête aux européennes, a fait l’effet d’un «non, pas encore…». Animatrice auprès des jeunes, Jamila répète inlassablement que «voter est un droit», que les «jeunes avec des origines étrangères sont Français, ils sont nés ici» et que surtout, surtout : «le drapeau français n’appartient pas à l’extrême droite».
Depuis longtemps, le Neuhof est divisé en deux : le coté Cité, qui vote moins mais plus à gauche et le Stockfeld, «Neuhof village», qui vote plus, et plus à droite. Dans cette partie, le RN a remporté 32,59 % des suffrages aux dernières élections européennes. Le Centre social est côté Cité. En 2017, la structure avait lancé le Challenge Citoyen, afin de mobiliser les troupes et combattre l’abstention. «Les retours qu’on a c’est que les gens se disent que les politiques leur sortent ce qu’ils ont envie d’entendre et qu’une fois qu’ils sont au pouvoir, il n’y a plus rien», explique Jamila. Elle tend un petit flyer réalisé par le centre, qui explique les différences entre les promesses de campagne des candidats et ce qui a été réellement voté. «Pour que tout le monde y voie plus clair», ajoute-t-elle. Avant de sourire : «je n’y peux rien mais il se trouve que le Nouveau Front Populaire coche toutes les cases !» Par Ophélie Gobinet.
A Bordeaux, au Miroir d’eau : «je culpabilise de ne pas avoir voté aux européennes». Au Miroir d’eau, vitrine touristique bordelaise, c’est l’affluence des grands jours. Sonia et Maëva avalent un sandwich en vitesse au milieu des effluves d’alcool de la Fête du vin. Au programme : manger, boire, visiter. Puis rentrer à Dijon. Mère et fille n’ont pas prévu d’aller voter : «Les deux extrêmes, très peu pour nous», balaient en cœur ces militantes de droite. Désabusées, elles ont aussi en travers de la gorge «le retournement de veste de plusieurs LR» en faveur du Rassemblement national. A l’inverse, Valentine, 22 ans, une étudiante en commerce assise sur les marches du Miroir face à la Garonne, a déjà glissé un bulletin dans l’urne pour le Nouveau Front populaire : «Je culpabilise de ne pas avoir voté aux européennes pour faire barrage à l’extrême droite». Même topo pour Amélie, 20 ans, en stage à Bordeaux, où la participation est de 27,5 % à la mi-journée. Pendant plusieurs jours, elle s’est évertuée à convaincre ses amis abstentionnistes de «se bouger». «Ça n’a pas été simple», glisse-t-elle en regardant avec insistance son ami Patrick, qui a loupé le coche des inscriptions. Pour Julio, un Mexicain de 41 ans naturalisé Français il y a trois ans, le stress est «insoutenable». «On en a déjà discuté avec mon copain, si le RN a la majorité absolue, on n’est pas sûrs de rester en France. On a trop peur d’être pointés du doigt car on est homosexuels et parce que je suis originaire d’un autre pays». Par Eva Fonteneau.
Le parquet de Nice ouvre une enquête après les violences dans un bureau de vote. Le parquet de Nice a confirmé ce dimanche l’ouverture d’une enquête préliminaire pour «violences sur personne chargée d’une mission de service public et outrages sur fonctionnaires de police», après l’agression d’un président de bureau de vote de Nice ce matin. Un assesseur désigné par Eric Ciotti a tenté d’empêcher l’ouverture d’un bureau de vote du centre-ville. Selon le maire Christian Estrosi (Horizons) - et grand rival du président des LR - l’assesseur a frappé le président du bureau de vote avant d’être interpellé par la police.
A Paris, dans le XXe arrondissement : «tu m’as dit Nouveau Front Populaire, mais y’a deux candidates». Devant le bureau de vote numéro 6 du XXème arrondissement, rue des Pyrénées, un jeune homme est planté devant les affiches électorales. Il est au téléphone. «Bon, alors pour ta procuration, tu m’as dit Nouveau Front Populaire, mais y’a deux candidates, y’en a une (Danielle Simonnet) qui a été purgée par Mélenchon et qui est soutenue par tous les autres de la gauche, sauf par LFI mais par Ruffin oui, et y’en a une autre (Céline Verzeletti) soutenue par Mélenchon, tu suis ?» On sent qu’à l’autre bout de la ligne, un long silence s’installe. «Bon en gros, tu préfères la purgée ou celle soutenue par Mélenchon ? OK, j’ai fait pareil.» Le jeune homme raccroche et refuse de communiquer le résultat des tergiversations, «secret du vote», rigole-t-il en entrant dans le bureau de vote. Par Sonia Delesalle-Stolper.
En Polynésie, un candidat autonomiste de centre-droit l’emporte au premier tour. Le premier député de la nouvelle législature a été élu en Polynésie : Moerani Frébault, candidat autonomiste de centre-droit non encarté, l’a emporté avec 54 % des suffrages dès le premier tour dans la première circonscription de l’archipel, selon les résultats provisoires communiqués dimanche par le Haut-commissariat. Il n’a dépassé que de 12 voix le seuil de 25 % des inscrits requis pour être élu dès le premier tour. C’est la première fois qu’un natif des îles Marquises va entrer à l’Assemblée nationale.
Dans le Rhône, le taux de participation à 12 heures est de 25 %, contre 19,4 % aux législatives de 2022. Djebril, 18 ans, frotte ses yeux plein de sommeil dans le parc du Tonkin, un quartier populaire de Villeurbanne (métropole de Lyon). Jogging bleu électrique et casquette tissée de fraises, le jeune homme ne s’était «pas réveillé à temps» pour voter aux européennes. Celui qui cherche un emploi dans la mécanique dit que «Bardella veut rectifier des choses» mais que «ce n’est pas un saint non plus». «Ça se voit à sa tête qu’il attend d’être élu pour faire ce qu’il veut, comme Macron qui est parti en vrille à petit feu». La priorité de Djebril, «plutôt à gauche», dont la mère est algérienne et le père italien : «le vivre ensemble» et «arrêter d’avoir tout le temps un truc à reprocher aux musulmans». «A chaque fois, les critiques vont direct sur les Arabes, ça nous pointe du doigt». Il tente de se rassurer : «De toute façon, si on a la nationalité française, même si l’extrême droite arrive au pouvoir, on n’aura pas de problème, non ?» A la fin de notre discussion, il semble convaincu d’une chose : il va sans doute trouver le temps de glisser un bulletin dans l’urne ce dimanche. Pour la première fois de sa vie. Par Maïté Darnault.
Le Nouveau Front populaire arrive en tête en Guadeloupe, Martinique et Guyane. Libération divulgue les résultats provisoires obtenus en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane au regard de l’article L52-2 du code électoral : il stipule qu’il est possible de rendre public le résultat une fois le dernier bureau de vote fermé dans le département concerné. Ces résultats doivent être confirmés par le ministère de l’intérieur ce dimanche à 20 heures. Selon les premiers éléments connus, les députés sortants du groupe centriste Liot ou investis par le Nouveau Front populaire dominent le premier tour dans ces trois territoires. Le Rassemblement national réalise tout de même une percée en Guadeloupe. Partout, la participation est en forte hausse par rapport à 2022.
Guadeloupe. Selon les résultats provisoires communiqués par la préfecture, le RN n’a placé aucun candidat en tête dans les quatre circonscriptions de l’île. Mais deux de ses candidats, Laurent Petit et Rody Tolassy, sont qualifiés pour le second tour dans les 2e et 3e circonscriptions, loin derrière les deux députés sortants du Nouveau Front populaire et de Liot.
Guyane. Les deux députés sortants investis par le Nouveau Front populaire dans les deux circonscriptions de Guyane arrivent également largement en tête, à plus de 60 %, sans toutefois parvenir à atteindre les 25 % des inscrits pour l’emporter dès le 1er tour.
Martinique. Le Nouveau Front populaire se positionne aussi confortablement dans les quatre circonscriptions de Martinique. Toutefois, aucun des candidats n’est parvenu à obtenir la majorité absolue, selon les résultats provisoires. Il y aura un duel dans chacune des quatre circonscriptions de l’île, dont l’un impliquant un candidat RN, une première dans l’île.
Dans le bureau 0112 de Nice, un électeur nommé Ciotti. A «Vous attendez qui ?» Une dame âgée pensait voter tranquillement. C’était sans compter la vingtaine de journalistes. Face aux photographes, Éric Ciotti a voté dans son bureau numéro 0112 de Nice. «Désolé pour les perturbations», sourit le candidat dont l’alliance avec le RN est l’événement politique post-dissolution. Passage dans l’isoloir. Clic-clac. Bulletin dans l’urne. Clic-clac. Stressé, Éric Ciotti ? «Non, c’est un moment de mobilisation», répond le député sortant à Libération. Ciotti tient son siège depuis 2007. Il vit donc son cinquième scrutin. Le premier sans le soutien de l’ensemble de sa famille politique. Après la «tournée des bureaux de vote», il passera la journée avec ses enfants. Puis ce sera la longue attente à la permanence. Jeudi soir, face à ses militants, il y annonçait «l’élection la plus importante de ces cinquante dernières années». Petite pression. À midi, le taux de participation dans les Alpes-Maritimes atteint 23 %, soit sept points de plus qu’en 2022. Au bureau d’Eric Ciotti, 28 % des votants se sont déplacés à la mi-journée. «Il est où le bulletin RN ?», demande un jeune homme. «C’est Ciotti», répond une dame. Il attrape le bulletin. Par Mathilde Frénois.
Plusieurs bureaux, plusieurs ambiances pour les personnalités politiques.
La participation en nette hausse à midi. Les chiffres du ministère de l’Intérieur viennent de tomber et confirment ce que nos reporters voient depuis ce matin : la participation aux élections législatives est en forte hausse. Elle s’établit à 25,9 % à midi, selon Beauvau. Elle n’était que de 18,43 % à la même heure pour les législatives de 2022, soit une augmentation de 7,5 points. Elle dépasse aussi la participation à midi des dernières législatives anticipées, fortement mobilisatrices, celles de 1997. La participation à midi était alors de 22,74 %. Enfin, il faut remonter aux législatives de 1981 pour trouver une plus forte mobilisation à la mi-journée : elle s’élevait alors à 27,6 %.
🇫🇷🗳️ Taux de participation à 12h00 pour le premier tour des élections législatives : 25,9%, en hausse de 7,5 points par rapport à 2022.
— mathieu gallard (@mathieugallard) June 30, 2024
C'est le niveau le plus élevé depuis les législatives de 1981. pic.twitter.com/aHeGYGBUFj
A Bordeaux, «c’est la première fois que je fais dix minutes de queue pour aller voter». Quand on croise Paloma, 19 ans, devant l’école Henri IV à Bordeaux, elle a les bras chargés d’affaires de camping. «Pas eu le temps de repasser chez moi, j’ai fait nuit blanche», sourit l’étudiante en biologie. Le matin même, elle était encore au festival Garorock, dans le Lot-et-Garonne, à 1 h 30 de route. «Je suis vraiment fatiguée, mais c’était inenvisageable pour moi de ne pas aller voter. J’ai trop peur que l’extrême droite arrive au pouvoir», confie-t-elle devant le bureau de vote. «Stressée» par les résultats, cette sympathisante de gauche a aussi «tout fait» pour convaincre son frère «pas intéressé» par la politique de se rendre aux urnes. «Et j’ai réussi !», glisse-t-elle, satisfaite, avant de s’engouffrer dans le bâtiment. Dans la deuxième circonscription de Gironde, où le député sortant Nicolas Thierry (écologiste) est en position très favorable, le bureau de vote a connu une affluence «rare» ce dimanche matin. «C’est la première fois que je fais dix minutes de queue pour aller voter» , s’amuse Nicolas, un enseignant qui a voté «contre l’extrême droite». A 11 heures, la participation approchait les 20 % dans certains bureaux de vote du centre-ville. «Bien plus qu’aux européennes», commente Sandrine, la cheffe de centre qui regrette toutefois les multiples cafouillages avec les procurations. «On a presque la moitié des gens qui l’avaient mal validée. C’est dommage.» Par Eva Fonteneau.
A Lyon, «ça me fait peur quand même». Martine n’a pas encore voté, elle a préféré courir de bon matin. Une heure et demie pour gravir la colline de Fourvière et revenir à Foch, dans le VIe arrondissement huppé de Lyon. Cette cadre dans la pharmacie, 63 ans, regrette que ce scrutin soit entouré de «trop de flou». Aucun parti ne lui «donne envie» : «Ils sont tous en train de se bagarrer, on se demande où est passé l’intérêt de la France.» Son conjoint, Franck, «à la droite de la droite», vit dans le Beaujolais, où le Rassemblement national a fait des scores records le 9 juin. Le quinquagénaire a fait une procuration dès le lendemain des européennes. Pour ce négociant en bières, «l’association de LR avec le RN a un sens» : «On en fait un tabou, on diabolise et pourquoi on laisse faire la gauche et l’extrême gauche ?» Que ce soit Jordan Bardella ou leurs éventuels alliés de Reconquête, «ce sont les seuls qui n’ont jamais gouverné, je ne dis pas qu’ils vont réussir mais il faut les tester». Martine fait la moue : «Ça me fait peur quand même, c’est rassurant pour personne tous ces extrêmes, ça va péter dans tous les sens.» Par Maïté Darnault.
A Nice, «tout le monde s’est rendu compte que l’Assemblée nationale, ce n’est pas rien». Pauline et Dorian n’ont pas la même assiduité du vote. La première s’est rendue dans l’isoloir pour les européennes. Pas le second. Certes il travaillait mais «je n’ai pas été sérieux, j’aurais pu trouver 10 minutes pour y aller». Dorian regrette. Alors ce dimanche matin, le couple va faire entendre sa voix ensemble au bureau de vote Trachel, l’une des rues les plus populaires du centre-ville de Nice. «On ne veut pas se retrouver avec une assemblée d’extrême droite», expose d’emblée Pauline, 35 ans, en tenant sa poussette. Dans ce bureau de la première circonscription des Alpes-Maritimes, qui voit Éric Ciotti tenter de reconquérir son siège en s’alliant avec le RN, la participation est «légèrement plus haute qu’aux européennes», font savoir les assesseurs. Elle s’élève à 10,68 % à 10 heures avec 72 votants. Dont Pauline et Dorian : «Tout le monde s’est rendu compte que l’Assemblée nationale, ce n’est pas rien, analyse le couple. Nos députés sont utiles.» Leur vote restera dans la confidence de l’isoloir. Ils dévoilent simplement qu’ils ont voté «contre l’extrême droite». Par Mathilde Frénois.
Plusieurs personnalités politiques ont déjà voté. Plusieurs huiles politiques se sont déjà rendues aux urnes, ce dimanche matin. Le président du RN Jordan Bardella a voté à Garches dans les Hauts-de-Seine, Marine Tondelier, la patronne des écologistes, à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) dans sa ville du Havre en Seine-Maritime. Anciens proches de Jean-Luc Mélenchon tombés en disgrâce, les députés sortants, Raquel Garrido et Alexis Corbière, qui ont fait campagne sous la bannière du Nouveau Front populaire contre des candidats officiels de La France insoumise, ont voté à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis.
Incident à Nice, un assesseur frappe le président d’un bureau de vote. «Je dénonce avec la plus grande fermeté l’agression physique dont a été victime le président des bureaux de vote de l’école des Baumettes de la part d’un assesseur désigné par M. Ciotti qui a tenté d’empêcher l’ouverture du bureau avant d’asséner un coup de poing à son président», a écrit le maire de Nice, Christian Estrosi, sur le réseau social X. De son côté, l’équipe d’Eric Ciotti confirme une «altercation regrettable» entre «deux militants âgés». La dispute est «réglée» et l’agresseur a été démis de ces fonctions du bureau de vote.
Je dénonce avec la plus grande fermeté l’agression physique dont a été victime le président des bureaux de vote de l’école des Baumettes de la part d’un assesseur désigné par M. Ciotti qui a tenté d’empêcher l’ouverture du bureau avant d’asséner un coup de poing à son président.
— Christian Estrosi (@cestrosi) June 30, 2024
«Le RN veut tout détruire, casser ce que nous sommes» : la France ouverte et tolérante au bord du gouffre. Depuis la victoire de l’extrême droite le 9 juin, la violence raciste, sexiste, LGBTphobe a déferlé en France. De Marseille au Pas-de-Calais, de Saint-Denis à l’Hérault, «Libération» donne la parole à de nombreux Français qui redoutent dans leur chair l’arrivée du RN au pouvoir. Lire les témoignages.
En Nouvelle-Calédonie, une mairie bloquée par des émeutiers. En Nouvelle-Calédonie, les bureaux ont fermé au moment où s’ouvraient ceux de métropole (8 heures de Paris, 17 heures heure locale). «Le scrutin se déroule dans une immense majorité sans encombre et de façon sécurisée», communiquait quelques heures avant la fermeture le Haut-Commissariat de l’archipel. Selon les autorités, le seul incident notable concerne Houaïlou, une commune située sur la côte est de l’archipel où «l’accès à la mairie est bloqué par les émeutiers empêchant de ce fait l’ouverture des différents bureaux de vote et donc la tenue du scrutin». «La situation n’est actuellement pas stabilisée sur la commune», ajoute le communiqué. Dans la nuit, la gendarmerie de Houaïlou a par ailleurs été visée par «de violentes prises à partie avec l’utilisation d’un engin de mine pour la dégradation de l’enceinte».
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Les bureaux de vote ouvrent dans l’Hexagone. Les quelque 70 000 bureaux de vote de France métropolitaine ont ouvert à 8 heures ce dimanche matin pour le premier tour des élections législatives. Ils doivent rester ouverts sans interruption jusqu’à 18 heures dans la plupart des communes, 20 heures dans les grandes villes.
Participation en forte hausse en outre-mer. Décalage horaire oblige, les territoires d’outre-mer ont commencé à voter dès samedi. Et la participation y est en forte hausse. En Guyane, à 17 heures (heure locale), elle s’élevait à 28,8 %, en hausse de 6 points par rapport à la même heure au premier tour des législatives 2022. Même tendance en Guadeloupe (28,9 %, + 7,4 points), en Martinique (25,7 %, + 10,6 points), à Saint-Pierre-et-Miquelon (51,38 %, + 5 points) à la même heure. En Nouvelle-Calédonie, elle s’élevait à 32,2 % ce dimanche à midi (heure locale), quand elle n’était que de 13,6 % à la même heure en 2022. La Première rapporte qu’à Nouméa, le taux de participation à 15 heures était supérieur à celui de 2022 à la clôture du scrutin : 48,9 % alors qu’il était de 33,6 % à la fermeture des bureaux il y a deux ans.
Les 10 scénarios de l’après 7 juillet. Cohabitation, régime d’Assemblée, démission du Président… Que va-t-il se passer après ce second tour des élections législatives ? En croisant l’analyse de plusieurs experts, voici un petit exercice de politique-fiction, pour tester des hypothèses plus ou moins réalistes, à partir des possibilités offertes par nos institutions. A lire ici.
L’élection avec «Libération». Après le suivi de cette campagne éclair conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron le 9 juin au soir, la rédaction de Libé se mobilise ce dimanche en ce jour J de scrutin. Dans ce direct vous trouverez les informations chaudes depuis l’ouverture des bureaux de vote, à tard dans la nuit. Tous nos angles, dossiers et analyses sont à retrouver ici. A partir de 20 heures, découvrez les résultats avec nous et les analyses de nos experts.