En résumé :
- Prenant acte de la victoire de l’extrême droite aux européennes, Emmanuel Macron a annoncé dimanche la dissolution de l’Assemblée nationale. Les scrutins se dérouleront le 30 juin pour le premier tour, et le 7 juillet pour le second.
- Le RN est arrivé largement en tête des européennes, en récoltant quelque 31,5% des voix, le double des scores de ses premiers poursuivants : Renaissance (14,5%) et PS-Place Publique (14%). Les Insoumis sont quatrièmes à 10% des voix, devant LR, à 7,2% ; les Ecologistes sont sur un fil, à 5,5%.
- La participation dans l’Hexagone devrait dépasser celle du précédent scrutin européen en 2019, qui était déjà un bon cru. Elle est estimée entre 52 et 53,1 %, en hausse par rapport à 2019 où elle avait atteint 50,12 %. Le scrutin a pour but d’élire les 720 députés du Parlement européen, dont 81 pour la France.
Les résultats des élections européennes 2024 par commune et par département. Retrouvez les résultats des élections européennes du dimanche 9 juin dans la commune ou le département de votre choix grâce à nos cartes interactives.
Place de la République, on veut croire que « la gravité du moment amènera au rassemblement ». Minuit passé et la manifestation spontanée continue place de la République (Xe arrondissement de Paris). Toutes les nuances de gauche sont désormais présentes , alors que les militants de la France insoumise viennent de rejoindre en nombre les écologistes et les socialistes. Paul est arrivé du rassemblement insoumis, à Stalingrad (XIXe arrondissement de Paris), juste à l’instant. Il explique : « au début les résultats ont été durs, notamment en voyant l’extrême droite aussi haute, mais maintenant j’ai de l’espoir : la gravité du moment amènera au rassemblement j’en suis certain». Au fil des chants entonnés par la foule, les thèmes de la campagne ressortent, de Gaza au climat. Par Benjamin Moisset.
Olivier Faure appelle à des «discussions» à gauche tout en soulignant un «rapport de forces qui a évolué». A l’unisson des autres responsables progressistes, Olivier Faure a appelé ce dimanche soir à une union de la gauche, demandant des «discussions» en ce sens. Mais le premier secrétaire du Parti socialiste prévient : «il y a un rapport de forces ce soir qui a évolué», après que son candidat, Raphaël Glucksmann, est arrivé en tête des listes de gauche. Le député socialiste a donc appelé «chacun à réfléchir aux meilleures conditions pour un rassemblement qui permette d’avoir un projet, qui permette d’être entendu par les Français».
En Hongrie, le parti d’Orban en tête mais en recul. Le parti du Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, qui avait qualifié les élections européennes d’«historiques», est arrivé dimanche en tête mais a enregistré un net recul, selon des résultats partiels publiés dans la soirée. Son parti Fidesz a recueilli plus de 43% des voix, sur la base de plus de la moitié des bulletins dépouillés, à comparer à un résultat de 52,5% au précédent scrutin de 2019.
Jérôme Cahuzac candidat aux législatives. Sud-Ouest et la Dépêche du Midi l’annoncent : Jérôme Cahuzac, ancien ministre délégué au budget condamné pour fraude fiscale, sera candidat aux prochaines législatives. Joint par téléphone ce dimanche 9 juin par les deux quotidiens régionaux, l’ancien député-maire de Villeneuve-sur-Lot l’affirme : « Je suis candidat à l’élection législative dans la 3e circonscription de Lot-et-Garonne, pour finir un travail auquel personne, ou si peu, ne s’est intéressé depuis tant d’années ». A 71 ans, après plus de dix ans éloigné de la vie politique, le revoilà pour de bon.
L’extrême droite de Meloni en tête en Italie. En Italie, les élections européennes passent et seul le nom des partis d’extrême droite en tête change. En 2019, le vote avait été un plébiscite pour la Ligue de Matteo Salvini, avec ses 34 %. Cette année, c’est Fratelli de Italia, le parti de la Première ministre Giorgia Meloni, qui mène la danse, avec des projections entre 25 et 30 % des voix obtenus ce dimanche 9 juin, selon les sondages sortie des urnes. Les bureaux de vote ont fermé à 23h00 en Italie.
Le Parti Démocratique (PD), de centre-gauche, est arrivé en deuxième position avec 21 à 25 % des suffrages. Il est suivi par le populiste Mouvement 5 Etoiles, qui devrait remporter entre 10 et 14 % des voix. Les deux partenaires de coalition de Georgia Meloni, la Ligue antimigrants de Matteo Salvini et Forza Italia, le parti conservateur fondé par Silvio Berlusconi et membre du Parti populaire européen (PPE), sont tous deux crédités d’entre 7 et 12% des voix.
Marine Tondelier appelle à «un rassemblement le plus large possible des forces progressistes» et invite les chefs de partis de gauche à se réunir demain matin.
DISSOLUTION
— Marine Tondelier (@marinetondelier) June 9, 2024
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Il faut un rassemblement le plus large possible des forces progressistes.
Les Ecologistes prendront toute leur part pour y procéder rapidement et garantir que nous passions les 21 prochains jours à faire renaitre l’espoir pour les Françaises et les Français.
L'heure est trop grave pour perdre des heures à se déchirer.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) June 9, 2024
J'invite tous les chefs de parti progressistes à se réunir dès demain matin.
Les Ecologistes seront aussi disponibles que nécessaire.
On a du travail.
Les Français.e.s nous regardent.
Soyons à la hauteur.
Pour Jean-Luc Mélenchon, l’union de la gauche ne se fera pas sans «la retraite à 60 ans». Devant ses partisans réunis place de la bataille de Stalingrad à Paris, Jean-Luc Mélenchon commence à tracer la ligne de «l’unité populaire» qu’il compte construire pour la campagne législative qui vient de s’ouvrir : «A quelle condition réalise-t-on l’unité du peuple?» Et le chef de file de la France insoumise de citer la «lutte contre le racisme» ou... «la retraite à 60 ans». De quoi exclure le Parti socialiste qui n’est plus sur un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Il s’adresse ensuite aux autres forces de gauche : «L’union ? L’unité ? Sur quelle bases ? Pour quoi faire ? [...] J’ai déjà tout entendu, on a signé un programme. Vous voulez recommencer ? On a trois semaines devant nous. Vous voulez qu’on recommence les palabres sans fin et qu’à la fin on termine avec des phrases qui veulent rien dire ? Et vous croyez que les gens vont le croire ? [...] Vous prenez les gens pour des imbéciles ?»
Sur la place de la République, un rassemblement pour réclamer l’«union des gauches». Le rassemblement spontané grossit toujours à 23 heures sur la place de la République (Xe arrondissement de Paris). Les manifestants ont décidé de venir après la victoire du Rassemblement national et l’annonce de dissoudre l’Assemblée nationale faite par Emmanuel Macron. Au chant de «Qu’est-ce qu’on veut ? L’union des gauches», les drapeaux insoumis, écologistes, socialistes mais aussi européens s’agitent. Candice, 22 ans, est arrivée avec son père et elle explique émue : « Je suis venue crier ma colère avec tout le monde, pour m’apaiser ». Et «j’espère que la gauche va trouver une solution pour s’unir» ajoute-t-elle. Plus loin, une quadragénaire se rappelle de la manifestation spontanée après l’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen en 2002. Elle était sur cette même place de la République près de vingt ans plus tôt et elle s’indigne : «À l’époque c’était rempli, ce n’est pas le cas ce soir, alors qu’on devrait aussi être des millions». Par Benjamin Moisset.
Manon Aubry : «Quand la jeunesse se mêle de politique c’est la seule manière de faire reculer l’extrême droite». Alors que la soirée semblait toucher à son terme au QG insoumis, un rassemblement, d’une centaine de personnes pour le moment, entoure la Rotonde Stalingrad. Manon Aubry arrive et prend la parole depuis un pupitre du QG, donnant sur la place Stalingrad. «Et qui est ce qui a fait 10% ?», lance-t-elle, rayonnante. «Ce soir nous sommes à 10%», reprend la tête de liste. «Quand la jeunesse se mêle de politique c’est la seule manière de faire reculer l’extrême droite. [...] Saluons notre ténacité, ce soir nous sommes plus que jamais là, la tête haute, et demain, au Parlement européen, on va envoyer 9, peut-être qui sait à la fin de la soirée, 10 eurodéputés ? » Avant de conclure, reprenant en cœur avec la foule : « Et la jeunesse emmerde le Front national ! » D’autres prises de parole sont attendues dans la soirée. Par Mathis Hardouin.
Au pied du mur, Sandrine Rousseau défend l’union bec et ongles. Quelques jours pour s’unir, dépasser «les rancœurs» et empêcher le RN d’accéder au pouvoir ? Rejoignant le plateau des européennes de France 2 ce dimanche autour de 22 heures, la députée écologiste Sandrine Rousseau a solennellement appelé la gauche à ses responsabilités et «à ne pas reproduire l’erreur faite pour les européennes». «Quand on fait ça, on laisse un boulevard au Rassemblement national», a déclaré l’écologiste. «Sommes-nous capables de dépasser toutes nos rancœurs, toutes nos divisions, tout ce qui a été raté et tous nos non-dits pour offrir un espoir aux Français et aux Françaises ?», a demandé Sandrine Rousseau, faisant remarquer les bons scores des listes de Raphaël Glucksmann et Manon Aubry, mais l’écart énorme avec les résultats de Jordan Bardella lors de ce scrutin. «L’espoir que nous avons à donner aux Français et aux Françaises, c’est de faire en sorte d’être unis pour gagner le pouvoir (...). C’est aujourd’hui que nous allons voir s’il y a de grands dirigeants de gauche.»
Marion Maréchal «prête à rencontrer Le Pen, Ciotti et Dupont-Aignan». Marion Maréchal Le Pen monte à son tour sur l’estrade, après le discours de Zemmour, dans les locaux de Reconquête. «Reconquête a relevé la tête. Nous avons convaincu plus d’un million d’électeurs soit 300 000 électeurs de plus que lors des législatives, c’est une véritable réussite (...). Le bloc national est à 40% mais il manque encore 11% pour constituer une majorité pour la France. La coalition des droites à laquelle j’aspire apparait plus que jamais nécessaire. J’ai toujours pris soin dans cette campagne de ne pas rendre impossible ce qui me semblait nécessaire et pris soin de distinguer mes adversaires de mes concurrents. » Un tacle à peine voilé à Zemmour, à ses côtés, qui n’avait pas la même stratégie. Puis d’ajouter : «je suis prête à rencontrer Marine Le Pen, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan dans les jours qui viennent pour travailler ensemble à l’alternative ». Ovation de la salle. Par Eve Szeftel.
La France insoumise au dessus des 10% ? Selon une mise à jour des estimations par l’Institut Ipsos, La France insoumise se hisserait finalement au-dessus de la barre des 10% des voix, avec un score de 10,1%. L’écart entre la liste de la majorité conduite par Valérie (14,5%) et la liste socialiste conduite par Raphaël Glucksmann (14%) se resserre, selon les chiffres les plus récents, tandis que la liste d’extrême droite de Marion Maréchal Le Pen plafonne à 5,3%.
🔴 🗳️ #ElectionsEuropéennes2024 | 22:22 - Mise à jour de l'estimation Ipsos des résultats en sièges
— Ipsos France (@IpsosFrance) June 9, 2024
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Eric Zemmour en appelle au RN et aux Républicains. Depuis le QG de Reconquête, Eric Zemmour vient de prendre la parole : « Bien sur nous souhaitons la plus vaste union des droites. Si on veut gagner c’est la seule solution. C’est donc desormais au RN mais aussi aux dirigeants des Republicains de dire s’ils veulent le plus grand rassemblement pour gagner ou continuer dans la stratégie du monopole. Il faut choisir entre le rassemblement ou le monopole : il ne peut y avoir les deux. Reconquête n’est pas la miniature d’un autre parti ni un club de réflexion, nous serons à la hauteur (...) Ce soir, c’est le fils d’ambulancier qui vous parle, je viens d’un bas, de ce monde qui n’est pas invité dans les soirées électorales, c’est pour cette France du silence que j’ai fondé Reconquête (...) ». Par Eve Szeftel.
Jean-Luc Mélenchon souligne la «responsabilité désastreuse» des autres partis de gauche, qu’il accuse d’avoir refusé l’union. «Puisqu’il y a une élection, [c’est l’occasion] de réaffirmer très haut et très fort, que quand on est insoumis et insoumises, on ne craint pas le peuple. C’est le contraire», a déclaré Jean-Luc Mélenchon devant des militants de La France insoumise à Paris, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Emmanuel Macron «n’a plus aucune légitimité pour continuer la politique qui est la sienne. Il n’a plus aucune légitimé pour continuer le système de maltraitance sociale généralisée auquel il se livre», a déclaré le triple candidat à l’élection présidentielle. De 17 députés en 2017, La France insoumise était passée à 75 élus à l’Assemblée en 2022, grâce à l’alliance électorale de la Nupes, qui avait permis en tout à 150 députés de gauche d’intégrer le palais Bourbon. Alliance qui s’est fracassée ces derniers mois, notamment sur la question de la guerre dans la bande de Gaza. «Je ne peux manquer de souligner la responsabilité désastreuse de tous ceux qui nous ont refusé la possibilité d’entrer dans cette bataille unis», a déploré Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à un rassemblement dès ce dimanche soir sur la place Stalingrad, à Paris.
François Ruffin appelle la gauche à se réunir sous la bannière du Front populaire. Face au score historique du Rassemblement National et à l’annonce dans la foulée de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le député de la Somme François Ruffin a pris la plume sur X (anciennement Twitter). Le Picard appelle la gauche à se réunir sous une bannière commune : «Front populaire». «Nous appelons Olivier Faure, Fabien Roussel, Marine Tondelier, Manuel Bompard à la porter, ensemble. Insoumis, communistes, socialistes, écologistes. Unis. Pour éviter le pire, pour gagner», écrit l’ancien journaliste et président du parti «Picardie Debout».
Une seule bannière : front populaire.
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) June 9, 2024
Nous appelons Olivier Faure, Fabien Roussel, Marine Tondelier, Manuel Bompard à la porter, ensemble. Insoumis, communistes, socialistes, écologistes. Unis. Pour éviter le pire, pour gagner.#FrontPopulaire pic.twitter.com/Gc06zsQsyJ
«L’après-Macron n’appartient pas au Rassemblement national», promet Manon Aubry. «Nous sommes prêts à prendre le pouvoir», promet la tête de liste de La France insoumise (LFI), Manon Aubry, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le parti de gauche a obtenu plus de 9% des suffrages, selon les dernières estimations, contre quelque 6% en 2019. L’eurodéputée veut croire à la possibilité d’une victoire lors des élections législatives à venir. «La dernière fois qu’il y a eu une élection législative, la Nupes et la gauche unie l’ont emporté au premier tour, notamment parce que la jeunesse et les quartiers populaires se sont mobilisés», insiste-t-elle. Et ajouter : «L’après-Macron a déjà commencé. L’après-Macron n’appartient pas au Rassemblement national.» Par Samuel Ravier.
Au QG de Reconquête, les militants plébiscitent une union en vue des législatives. Le parti d’Eric Zemmour, seul aux législatives 2022, n’a envoyé aucun député au Palais-Bourbon, quand le RN en aligne 89. Louis, militant, se félicite donc que Sarah Knafo ait fait un appel du pied au RN : «on a l’impression que c’est la ligne Marion qui l’emporte que sur la ligne Eric», qui n’a pas retenu ses coups contre Bardella pendant cette campagne. Sabrine Clément, qui portait les couleurs de Reconquête dans les Yvelines aux dernières législatives, annonce d’emblée : «je serai de nouveau candidate, et cette fois j’espère sous la double bannière Reconquête-RN. L’alliance va nous permettre d’avoir une majorité très importante à l’Assemblée nationale». Sur l’écran plat apparait le visage de Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. Le silence est requis dans la permanence d’Eric Zemmour, toujours enfermé dans son bureau avec ses lieutenants. Marion Maréchal Le Pen, elle, ne s’est toujours pas montrée. Elle n’était pas sur TF1 comme annoncé, n’a pas pris la parole devant les militants comme prévu. Tanguy va-t-il saisir la perche que lui a lancé la compagne d’Eric Zemmour? Le député RN refuse de se prononcer. Il échange des piques avec Knafo, les deux rivaux se reprochant mutuellement d’avoir un ego surdimensionné. La hache de guerre entre les deux formations d’extrême droite n’est pas encore enterrée. Par Eve Szeftel.
Le site pour les procurations en carafe. Avec des nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet, soit à des dates traditionnellement occupées par les départs en vacances, les mariages et autres réunions de famille, de nombreux électeurs se sont connectés dès l’annonce d’Emmanuel Macron sur le site maprocuration.gouv.fr, ce dimanche soir. Si bien qu’une partie des internautes ont eu du mal à accéder au site. D’autres affirment qu’il est impossible de donner procuration pour les futures élections à quelqu’un qui en avait déjà reçue une pour le scrutin européen de ce dimanche, le système ne s’étant manifestement pas encore mis à jour. Pour rappel, il est désormais possible de voter pour un tiers même si l’on n’est pas inscrit sur les listes électorales de la même commune.
Attali tacle Macron.
Pour avoir vécu en première ligne la première cohabitation, je suis convaincu qu’abandonner maintenant le pouvoir à l’extrême droite serait un desastre pour le pays. Croire que cela préparerait son échec aux présidentielles suivantes serait un mauvais calcul .
— Jacques Attali (@jattali) June 9, 2024