En résumé :
- Au terme d’une semaine de psychodrame, Emmanuel Macron a finalement annoncé vendredi soir peu après 22 heures vendredi la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, qui a accepté «par devoir». Ce dernier a effectué son premier déplacement ce samedi matin dans un commissariat de L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne.
- LFI, le PCF, les Ecologistes et le RN ont immédiatement promis vendredi soir de censurer le prochain gouvernement. Le PS, dont les votes seront décisifs pour la survie du gouvernement Lecornu II, a affirmé qu’il ferait de même en l’absence de plusieurs concessions, dont «une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites». LR a décidé de samedi de ne pas participer au gouvernement, s’engageant seulement à apporter «un soutien texte par texte» à l’exécutif.
- La composition du gouvernement doit se faire dans un délai ultracourt afin de pouvoir présenter un projet de budget lundi.
- Continuez de suivre le fil des événements avec notre nouveau direct dimanche 12 octobre.
Les socialistes réservent leur décision de renverser ou non le futur gouvernement après la déclaration de politique générale du Premier ministre, Sébatien Lecornu. Ils attendent, entre autres, une «suspension immédiate» de la réforme des retraites. Notre analyse.
L’ex-ex-Premier ministre de nouveau en poste va-t-il encore claquer la porte de Matignon ? Rien n’est exclu, l’intéressé, qui a «l’ambition de faire désormais à sa manière» selon la Tribune du dimanche, a affirmé auprès du média que «si les conditions n’étaient de nouveau plus remplies, je partirais. Je ne ferai pas n’importe quoi». Nous voilà rassurés.
Dans une déclaration de son fondateur, le député écologiste Pouria Amirshahi, le projet la Digue, qui rassemble notamment des parlementaires de gauche pour lutter contre l’extrême droite, s’inquiète de l’«entêtement» d’Emmanuel Macron. Ce dernier «supplicie la démocratie française et ses institutions, dont la fragilité grandissante nourrit les passions négatives, les exigences autoritaire et les partis populistes», estime le député. Le fondateur de la Digue considérant d’ailleurs que «déjà les alliances entre LR et le RN s’esquissent pour demain». C’est pourquoi le collectif appelle «les parlementaires démocrates qui le souhaitent à le rejoindre sur sa ligne de front pour la démocratie» et ceux du «socle commun» à «rompre avec LR et ses chefs, désormais engagés dans une hybridation idéologique avec le RN». Et la Digue de conclure : «L’urgence commande à la responsabilité de toutes et tous.»
Le portrait
Si les cartons vont être faits Place Beauvau, où le patron de LR, Bruno Retailleau, va quitter les fonctions qu’il occupe depuis septembre 2024, rien n’est moins sûr Rue de Valois. La ministre de la Culture démissionnaire, Rachida Dati, fait certes elle aussi partie de la formation de droite où elle a repris sa carte en avril. Mais la position singulière au sein de son parti de la maire du VIIe arrondissement, mise en examen depuis 2021 pour corruption dans l’affaire Renault-Nissan, laisse planer le doute. Va-t-elle suivre la ligne décidée lors du (chaotique) bureau politique de LR ce samedi, à savoir un soutien sans participation qui l’obligerait à quitter ses fonctions ?
Au comptoir de Chez Pol
Le Parisien a publié sur X ce samedi un article affirmant, selon les informations du quotidien, que «la fin du bureau politique [de LR] s’est terminé en insultes, un “Je t’emmerde” y ayant même été proféré». Le climat «extrêmement tendu» décrit par le journal a suscité l’amusement des Ecologistes. Ceux-ci ont ainsi réagi à la publication en écrivant : «Pour information, le Conseil politique des Ecologistes s’est très bien passé.» Marine Tondelier, la patronne du parti vert, dont la direction est elle-même critiquée par certains en interne pour son verrouillage, n’a pas manqué de relayer ce tacle.
A Hautmont, commune très abstentionniste, les habitants croisés samedi 11 octobre, au lendemain de la seconde nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, oscillent entre colère et profonde indifférence pour une politique vue comme étrangère à leur vie. Notre reportage.
C’est décidément l’expression à la mode. Le parti centriste, fondé par Jean-Louis Borloo et présidé par le sénateur Hervé Marseille, a annoncé ce samedi qu’il «apport[ait] son soutien sans participation au gouvernement de Sébastien Lecornu». L’Union des démocrates et indépendants (UDI) ajoute dans un communiqué que «cette collaboration sera loyale, vigilante et exigeante». Les parlementaires du parti centriste, qui compte 25 sénateurs et 7 députés, «apporteront leur concours à l’adoption d’un budget nécessaire pour le pays» précise le texte. Mais, «la recherche de cet objectif ne se fera pas à n’importe quel prix».
Refuser de jouer les «artisans du chaos», mais sans participation. Samedi matin, la formation dirigée par Bruno Retailleau a publié un communiqué affirmand «un soutien texte par texte au gouvernement» mais estime «qu’à ce stade, la confiance et les conditions ne sont pas réunies pour que Les Républicains participent au gouvernement», indique un communiqué. La décision a été approuvée par 85 % des participants (74 voix sur 91), selon une source LR. Selon le Figaro, les adhérents du parti pourraient être amenés à se prononcer à leur tour sur le sujet, manière d’arbitrer les divisions qui traversent le mouvement. Notre analyse.
L’Après, parti fondé par les ex-insoumis purgés Raquel Garrido, Clémentine Autain, Danielle Simonnet et Alexis Corbière, a fait savoir ce samedi que ses quatre députés voteraient la censure du futur gouvernement. «Lecornu II, c’est non», a annoncé la formation, qui demande une nouvelle Constitution, dans un communiqué. «La nomination, pour la quatrième fois depuis l’été 2024, d’une personnalité macroniste à Matignon est une indignité», dénonce encore le mouvement dont les élus siègent avec les Ecologistes à l’Assemblée nationale. Les représentants de l’Après affirment également prendre «au sérieux la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale ou de la démission du Président» et se disent prêts «à mener tous les combats électoraux».
Lecornu II, ce sera sans LR. Réuni ce samedi matin, un bureau politique du parti Les Républicains a décidé à 85% des voix (74 sur 91) de ne pas participer au futur gouvernement que doit constituer Sébastien Lecornu. Le parti de droite a opté pour «un soutien texte par texte au gouvernement», tout en estimant «qu’à ce stade, la confiance et les conditions ne sont pas réunies» pour qu’il y soit représenté. C’était la ligne défendue par le président de LR, Bruno Retailleau, avec le soutien, notamment, des sénateurs du parti, mais contre la plupart de ses députés. Ces derniers redoutent qu’un tel positionnement favorise la chute du gouvernement et une nouvelle dissolution, qui enverrait beaucoup d’entre eux à l’abattoir électoral. En toile de fond, c’est aussi une lutte quasi ouverte qui se joue entre Bruno Retailleau et son rival malheureux pour la présidence du parti en mai dernier, le président des députés LR, Laurent Wauquiez. Cette décision est un premier coup dur pour Sébastien Lecornu, dont le second gouvernement pourrait refléter une base politique plus étroite que le précédent.
Scission
Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le parti Les Républicains fait savoir qu’il ne participera au gouvernement Lecornu II. «A ce stade, la confiance et les conditions ne sont pas réunies», explique la formation de droite, qui jouait un rôle central dans les précédents gouvernements d’Emmanuel Macron. LR, en revanche, promet d’être «responsable» et envisage un «soutien texte par texte» au prochain gouvernement.
Une «ligne de responsabilité»... mais aucune garantie sur la participation au gouvernement. A l’issue d’un bureau politique tenu ce samedi matin, Horizons, le parti politique d’Edouard Philippe, s’est déclaré «dans l’attente de ce que va proposer le Premier ministre pour le pays». Inquiets de «l’ampleur des concessions exigées par la gauche» et du «risque d’affaissement de l’autorité de l’Etat», ses membres souhaitent rester dans une «logique de dialogue et d’échanges avec les groupes du socle commun comme ceux des oppositions». Ce qui n’engage pas à grand-chose, et surtout ne dit rien du niveau de soutien que le parti réserve au gouvernement Lecornu II. Partenaire du «socle commun» ayant soutenu les précédents gouvernements, Edouard Philippe s’est montré particulièrement sévère ces derniers jours vis-à-vis de l’exécutif, allant jusqu’à souhaiter la démission du chef de l’Etat.
La porte n’est pas fermée. Ce samedi, le Premier ministre a été interrogé au sujet de la réforme des retraites, sujet central ces derniers jours et qui pourrait déterminer l’espérance de vie du futur gouvernement. «Je vous l’ai dit, je crois que tous les débats sont possibles dès lors qu’ils sont dans un cadre réel et réaliste, y compris sur les questions budgétaires», a affirmé Sébastien Lecornu. Alors que le PS réclame la suspension de la réforme de 2023, le Normand a rappelé que dans le Parisien, il avait dit que «la réforme Borne n’était pas achevée». «Personne ne l’a relevé. J’avais déjà dit des choses», a-t-il conclu.
On se moque de nous. Une semaine de rebondissements politiques pour retourner au point de départ : Sébastien Lecornu à Matignon doit composer un nouveau gouvernement pour faire adopter des textes budgétaires avant le 31 décembre. Le Premier ministre le plus bref de la Ve République, dont la première équipe n’a pas tenu vingt-quatre heures, qui se considérait déjà comme «le plus faible» depuis 1958 et dont les alliés (LR, Horizons…) décrochent les uns après les autres. Même avec une prétendue «carte blanche» offerte par le chef de l’Etat, la situation politique est encore pire. Cette mauvaise pièce de théâtre que l’Elysée met en scène depuis une semaine alimente le dégoût d’une grande partie des Français pour la politique et ne peut que favoriser Marine Le Pen. Notre billet.
Face à la presse ce samedi, le Premier ministre a demandé aux partis de permettre au futur gouvernement qu’il puisse «être libre» et a affirmé qu’il fallait «un gouvernement avec des sensibilités partisanes mais qui ne soit pas prisonnier des appareils politiques partisans». Si on ne connaît pas encore la composition de cette équipe, la non-participation de Bruno Retailleau est actée. Sébastien Lecornu y a réagi en assurant «respecter» la décision du président de LR et en soulignant qu’il n’en dirait «jamais de mal».
L’argument des «210 députés» formulé par Emmanuel Macron et ses conseillers pour justifier de ne pas nommer un Premier ministre de gauche à Matignon risque de ne plus tenir très longtemps… Car si LR et Horizons refusent de participer au gouvernement Lecornu II et qu’il reste seulement Renaissance et le Modem à bord du bateau présidentiel, cela signifie que le «socle» du Premier ministre tient − sur le papier − sur 127 députés. Combien sont les socialistes, communistes et écologistes qui revendiquaient leur tour ? 124. Kif-kif.
«Jouant les “moines soldats”, Sébastien Lecornu s’est voulu grave et a martelé devant la presse ce samedi depuis L’Haÿ-les-Roses que le pays est face à un «moment de vérité». «Soit on fait du surplace, soit on avance», a-t-il lancé, tout en affirmant que «les débats iront jusqu’au bout : de la première à la dernière minute» et qu’il ne serait «pas un problème». Toujours solennel, le Normand a encore affirmé : «Je ne suis pas là pour faire la morale. Je suis là pour faire mon devoir». Au sujet de la composition de son futur gouvernement, le Normand a déclaré que «des gens souhaitent gouverner» et «vont être appelés».
Les sénateurs LR sont favorables à «un soutien sans participation» au gouvernement de Sébastien Lecornu, a assuré ce samedi leur patron, Mathieu Darnaud, lors d’un bureau politique du parti. «Nous sommes favorables à un soutien texte par texte», a ajouté le sénateur, estimant que «toutes les conditions n’étaient pas réunies» pour que Les Républicains entrent au sein du prochain exécutif. Cette position, qui n’est pas partagée par de nombreux députés du parti, continuait ce samedi d’être débattue au sein des instances de LR.
Comment va-t-on appeler le futur «socle» sur lequel va pouvoir s’appuyer Sébastien Lecornu pour ne pas rester comme un futur Premier ministre doublement éphémère ? Le «socle étriqué» ? Car s’il va pouvoir compter − et encore − sur son parti Renaissance, et a priori le Modem, il ne devrait pas pouvoir compter sur les LR dans son gouvernement ni le parti d’Edouard Philippe, Horizons, farouchement opposés à toute «suspension» de la réforme des retraites. Or il s’agit de la condition première fixée par les socialistes pour ne pas censurer le futur nouveau gouvernement.
Devant la presse à L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, le Premier ministre a affirmé ce samedi midi que «ce qui est ridicule, c’est le spectacle dans lequel l’ensemble de la vie politique est en train de se tenir ces derniers jours». Sébastien Lecornu a défendu sa renomination critiquée en déplorant ne pas avoir eu «le sentiment qu’il y avait beaucoup de candidats». Le Normand a également assuré qu’il n’avait pas d’agenda ni «d’autre ambition que de se sortir de ce moment qui est pénible pour tout le monde».