Notre analyse des vœux. Lors d’une allocution de treize minutes, le chef de l’Etat a souligné à gros traits les mesures économiques, sociales et écologiques concrètes qu’il met à son bilan. Et rappelé que le pays n’en avait pas fini avec le Covid. La seule surprise ? Les marqueurs de gauche dont il a truffé la partie bilan de son allocution et qui préfigure un candidat Macron qui devrait avoir à cœur de ranimer sa fibre sociale ces prochaines semaines. Notre analyse.
Pas encore candidat, mais un bilan à défendre. Emmanuel Macron n’a, sans grande surprise, pas profité de ses vœux aux Français pour annoncer s’il se représentait ou non en 2022. En revanche, il n’a pas manqué de lister les principales mesures et réformes adoptées durant le quinquennat. «Nous n’avons cessé d’œuvrer pour attirer des entreprises et des investissements, ouvrir des usines, créer des emplois», s’est-il vanté. Et de citer, pêle-mêle, la hausse du nombre des apprentis, la réforme de l’assurance chômage, le contrat d’engagement jeune, le chèque énergie, «l’augmentation des salaires des fonctionnaires les plus modestes», etc. Tout y est passé ou presque, de la rénovation thermique des logements à la fin des emballages plastiques, en passant par la retraite minimale de 1 000 euros pour les agriculteurs ou encore la réforme de la haute fonction publique.
L’occasion pour le chef de l’Etat de se pousser du col : «Rien que ces dernières semaines et dans les prochains mois, des décisions dont on parlait parfois depuis des décennies […] ont été prises et seront prises qui changeront la vie.» Bilan selon Macron : «La France, malgré les épreuves et donc plus forte aujourd’hui qu’il y a deux ans. Tout cela, c’est grâce à vous, grâce à nous tous, grâce à notre esprit de résistance, notre solidarité, notre civisme, notre engagement et notre esprit d’entreprendre.»
La campagne présidentielle ? «Nous aurons cette année des choix majeurs à faire pour notre nation, a assuré Emmanuel Macron. Ces choix nous les ferons en étant fidèles à l’esprit de résistance, l’esprit de tolérance. Pour ma part, quelle que soit ma place et les circonstances, je continuerai à vous servir.» S’il n’a pas encore officialisé sa candidature à un second mandat, Emmanuel Macron vante déjà son action, avec parfois des accents lyriques. «De la France, notre patrie, nul ne saura déraciner mon cœur», a-t-il dit, citant l’historien Marc Bloch, fusillé par les nazis.
Pour l’année à venir, le président demande de continuer «à respecter nos différences», en étant «tout à la fois enracinés dans notre langue, notre culture, notre laïcité» et également «épris […] d’universel.» Et Emmanuel Macron de conclure : «Restons du côté de la vie, c’est là ce que nous nous devons à nous-mêmes. Alors 2022 sera l’année de tous les possibles.»
Ira, ira pas ? S’il n’y a guère de doutes à la candidature d’Emmanuel Macron pour la présidentielle d’avril prochain, le chef de l’Etat ne s’est pas déclaré au cours de ces vœux. Il a néanmoins semé quelques messages.
Fidèle à la tradition, @EmmanuelMacron laisse planer le doute sur sa candidature tout en semant pour le printemps : "Quelle que soit ma place et les circonstance, je continuerai à vous servir". #voeux2022
— Lilian Alemagna (@lilianalemagna) December 31, 2021
L’Europe au cœur des préoccupations. Alors que la France doit prendre la présidence tournante de l’Union européenne à partir de demain, le chef de l’Etat entend faire de 2022 «l’année d’un tournant européen». «Sans l’Europe, nous n’aurions pas de vaccin disponible en nombre», estime Emmanuel Macron, qui entend mettre à son profit cette année européenne pour lancer des chantiers autour de la régulation des géants d’Internet ou développer la solidarité avec l’Afrique. «L’Europe est le seul chemin par lequel la France sera plus forte face aux grands fracas du monde», a ainsi déclaré le président.
Autosatisfecit sur le plan économique. Ce point sur la pandémie effectué, le chef de l’Etat est revenu sur les quatre années de sa présidence. L’occasion de dresser un premier bilan. «Notre pays continue à avancer, a-t-il dit. Jamais le chômage n’a été aussi bas depuis 15 ans. Nous avons formé notre jeunesse […] La France, malgré les épreuves, est plus forte aujourd’hui qu’il y a deux ans. Tout ça est possible grâce à vous, notre solidarité, notre civisme». Celui qui n’a pas encore déclaré sa candidature se dit «résolument optimiste pour l’année qui vient». «L’ambition et la solidarité dont nous venons de faire preuve permettent tous les espoirs», a-t-il ajouté.
De l’optimisme malgré tout. «Par rapport à l’année dernière, nous avons pour nous l’arme du vaccin et de vraies raisons d’espérer», a assuré Emmanuel Macron, relevant que plus de 53 millions de Français ont déjà été totalement vaccinés. «Nous sommes dans le peloton de tête mondial», a poursuivi le chef de l’Etat, qui a relancé un appel aux 5 millions de vaccinés : «Faites ce geste simple. Toute la France compte sur vous.» Face aux sceptiques, aux récalcitrants et aux critiques visant la politique sanitaire du gouvernement, le chef de l’Etat souhaite «prendre des mesures proportionnées, sur la base de la science» afin de «tout faire pour éviter de prendre des mesures qui limitent nos libertés». Macron a également adressé un appel à la responsabilité, à «être un citoyen libre est toujours être un citoyen responsable pour soi et pour autrui. Les devoirs valent avant les droits.»
Des vœux à l’heure du Covid. «A nouveau cette dernière soirée de l’année est marquée par l’épidémie et les contraintes renforcées qui pèsent sur notre quotidien», a débuté le chef de l’Etat pour ses vœux aux Français, en ayant une pensée pour les «123 000» morts du Covid-19, ainsi que les pour les armées, les sapeurs pompiers, les auxiliaires de vie ou encore les aides à domicile.
«Les semaines à venir seront difficiles, a reconnu Emmanuel Macron. Le virus circule et circulera de plus en plus. Des mesures ont été prises pour y faire face et je vous demande à toutes et tous d’y veiller. Des secteurs comme la culture, l’événementiel […] vont à nouveau subir les conséquences. Nous les aiderons.»
Les quatre précédents. Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à prononcer les derniers vœux aux Français de ce quinquennat, exercice traditionnel des présidents de la République, petit récapitulatif de ses précédentes interventions le soir de la Saint-Sylvestre, depuis l’euphorie de 2017 jusqu’au Covid-19 en 2020 en passant par les gilets jaunes…
Les vœux des autres candidats. En attendant la carte postale d’Emmanuel Macron, ses adversaires dans la course à l’Elysée l’ont devancé dans la journée, distillant dans leurs messages les lignes de leurs projets respectifs. Revue de ces vœux pour certains très classiques, pour d’autres un peu plus loufoques…
L’exemple de Giscard ou de Sarkozy ? Quatre prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont eu à formuler des vœux avant de se représenter devant les Français quelques mois plus tard. Chacune de leurs interventions pourrait inspirer le Président en exercice. De «la France forte» qui «doit le rester» de Giscard à la mise en garde contre «le danger de rester immobiles» formulée par Sarkozy, retour en archives sur ces vœux si particuliers.
Derniers vœux avant la fin d’un monde. Emmanuel Macron doit s’adresser aux Français à 20 heures, ce vendredi, pour la traditionnelle allocution de vœux. Un exercice qui revêt un caractère particulier à la veille d’une année d’élection présidentielle qui devrait voir l’actuel locataire de l’Elysée se représenter. Sera-t-il question de l’échéance dans son discours ? Le chef de l’Etat devra concilier le costume du «président protecteur» et celui du bientôt candidat à la réélection. Un exercice d’équilibriste entre actualité sanitaire et bilan politique. Notre analyse complète ici.