Menu
Libération
LIVE
terminé
L'essentiel

Migrants, carburants, chaudières à gaz, retrait du Niger : ce qu’il faut retenir de l’interview télévisée d’Emmanuel Macron

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Inflation, écologie, sort des migrants, fin de vie, diplomatie… Dans une actualité chargée, le président de la République est interrogé en direct depuis l’Elysée ce dimanche 24 septembre.
Paris, le 24 septembre 2023. Emmanuel Macron, Président de la République, à la télévision, dimanche soir. (Denis Allard/Libération)
publié le 24 septembre 2023 à 18h32
(mis à jour le 24 septembre 2023 à 21h33)

En résumé

- En direct depuis l’Elysée, Emmanuel Macron a répondu aux questions des journalistes de TF1 et France 2 pendant une trentaine de minutes.

- Les principales annonces : obtenir la vente à prix coûtant des carburants, négociations sur les marges des distributeurs pour les prix alimentaires, les chaudières à gaz ne seront pas interdites, l’ambassadeur de France et les troupes françaises quittent le Niger.

- Dans les petites phrases à retenir : «la France fait sa part» pour l’accueil des migrants et elle «ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Au chapitre environnement, il a lancé : «la France adore la bagnole moi je l’adore».

il y a 597 jours

Ciotti n’y trouve pas non plus son compte. «Ce soir, c’était une intervention pour rien», a estimé Eric Ciotti, sur BFMTV. Selon le patron du parti Les Républicains, dans l’interview d’Emmanuel Macron, «il y a eu très peu de messages […] sur des sujets qui participaient du commentaire d’actualité plutôt que de la gouvernance et du cap à fixer pour un pays».

il y a 597 jours

Les insoumis dans le vif. Les insoumis ne sont guère plus tendres après l’interview présidentielle. L’eurodéputée Manon Aubry dit avoir assisté à une séquence «complètement hors-sol» : «Face à l’explosion des prix, Macron blablate et nous refait de l’incantation. Aucun blocage des prix. Aucun blocage des marges. Le grand gavage des gros industriels peut continuer pendant que les français continueront à tirer la langue.» Quant à Clémence Guetté, elle cible un chef de l’Etat qui «appelle au ‘‘respect’’ et à la ‘‘concorde’’ après la réforme des retraites, les 49.3 et les violences policières sans réaction». De quoi constituer un «bouquet final après 30 minutes de mépris et de déconnexion».

il y a 597 jours

Les verts sévères. «Il aime la bagnole. Il va demander gentiment aux grands patrons d’arrêter de faire des profits. Il ne ferra rien de plus pour aider les migrants qui meurent en mer. Les paroles d’Emmanuel Macron sont creuses. C’est un Président démissionnaire», a cinglé la députée EE-LV Cyrielle Chatelain. De son côté, le député Julien Bayou a déploré «une interview pour ne rien dire, une intervention qui ne sert qu’à tenter de masquer la contre-performance de ses troupes aux sénatoriales et l’incapacité du macronisme à s’ancrer dans les territoires».

il y a 597 jours

La France sortira du charbon d’ici à 2027. Comment ? En convertissant à la biomasse les deux dernières centrales que le gouvernement a rouvertes ! «La première chose, et c’est le combat qu’on doit mener pour le pays et à l’international, on doit sortir du charbon, c’est une énergie fossile et la plus polluante», a-t-il expliqué lors de son interview télévisée sur TF1 et France 2. «D’ici à 2027, que va-t-on faire ? On a encore deux centrales à charbon, Cordemais et Saint-Avold, on va complètement les convertir à la biomasse», a-t-il dit.

il y a 597 jours
il y a 597 jours

Finalement pas question de supprimer les chaudières au gaz. L’interdiction de ces équipements émetteurs de gaz à effet de serre, était évoquée depuis quelques mois par le gouvernement. Après une levée de boucliers du secteur, Emmanuel Macron a confirmé dimanche qu’il n’en était pas question. «On n’interdira pas les chaudières au gaz car on ne peut pas laisser nos compatriotes sans solution. Mais on va développer les pompes à chaleur, intelligent, ça fait des économies d’énergie. On va tripler la production en France des pompes à chaleur», a-t-il expliqué.

il y a 597 jours

L’ambassadeur et les soldats français au Niger rapatriés. Depuis le putsch dans ce pays du Sahel fin juillet, les autorités françaises refusaient de faire revenir l’ambassadeur de Niamey. Emmanuel Macron avait même dit qu’il était «pris en otage» au Niger. Mais dimanche soir, il a acté la fin de sa mission, annonçant sa décision de le «ramener dans les prochaines heures» en France ce qui de facto «mettra fin à nos collaborations militaires avec les autorités du Niger». En outre, les soldats français encore présents dans le pays «vont rentrer de manière ordonnée en France dans les semaines et mois qui viennent, d’ici à la fin de l’année». Fin 2023, il n’y aura plus de présence française officielle au Niger. Le président de la République assure toutefois que la France «continuera d’accompagner le continent africain contre le terrorisme, d’être engagée partout où les Etats africains nous demandent de la coopération». Le chef de l’Etat s’exprimait ce dimanche à l’issue d’une semaine riche, où la France a reçu les visites de Charles III et du pape François, en pleine Coupe du monde rugby, organisée dans le pays un an avant les JO de Paris.

il y a 597 jours

La planification écologique budgétée à 40 milliards d’euros en 2024. A la veille de présenter sa planification écologique, Emmanuel Macron a évoqué l’environnement dans la deuxième partie de l’interview, en vantant «le bon chemin de l’écologie à la française». Celle-ci n’est «ni le déni, ni la cure, mais une écologie de progrès», a-t-il lancé. Il entend «aller deux fois plus vite» sur la trajectoire verte «d’ici à 2030″. Pour la traduire concrètement, la planification écologique bénéficiera d’un budget de «40 milliards d’euros l’année prochaine». Autre promesse : la sortie totale du charbon «d’ici à 2030″. Les deux centrales à charbon restant en France seront «complètement converties à la biomasse d’ici à 2027″, a assuré le Président.

il y a 597 jours

Les aides à la voiture confirmées dans le budget 2024. Si «on sort du quoi qu’il en coûte», martèle le chef de l’Etat, le projet de loi de finances pour 2024 présenté mercredi devrait - si on a bien compris un président confus sur le sujet - contenir la même aide de 100 euros par voiture et par an pour les «travailleurs» les plus modestes («les cinq premiers déciles», précise-t-il, soit 10 millions de personnes). Coût pour les finances publiques : 1 milliard d’euros si tous les concernés en font la demande. Chiffre à comparer avec les 8 milliards d’euros pour la ristourne générale financée en 2022.

il y a 597 jours

Des carburants à prix coûtant ? Sur le prix de l’essence, le chef de l’Etat a défendu des mesures «concrètes, pragmatiques et pas démagos» car la hausse des prix de l’essence va durer. Après la tôle que s’est prise le gouvernement en proposant de ventre les carburants à perte, on note qu’on est passé en une semaine la vente «à prix coûtants». «Personne ne doit profiter de cette crise», a-t-il tonné. Donc, «la Première ministre [Elisabeth Borne] va rassembler les acteurs de la filière et on va leur demander de vendre à prix coûtant et de mettre en place un système de transparence.» En outre, le Président entend continuer «à accompagner» les rouleurs français. L’aide «limitée aux 50 % des travailleurs les plus modestes», visera un «maximum de 100 euros par voiture et par an». «C’est très limité mais beaucoup plus pertinent», a-t-il plaidé.

il y a 597 jours

La vie chère et pas assez de salaire. Passant au sujet de l’inflation, Emmanuel Macron a défendu sa priorité : «créer des emplois et mieux payer» les Français. Selon lui, ces derniers mois la «dynamique salariale a à peu près suivi l’inflation», avant de renvoyer à la conférence sociale sur les bas salaires prévue «début octobre». «On va travailler avec toutes les branches qui ont un salaire minimum sous le smic légal. «Il faut que les employeurs embauchent mieux», a conclu le Président.

il y a 597 jours

Face à la vie chère, Macron annonce un «accord sur la modération des marges» des distributeurs. Mais attention, la France ne bascule pas dans un système de prix administrés. «Aujourd’hui les gens ont du mal. Les prix des matières premières ont augmenté». Face à ce constat, Emmanuel Macron a mis en avant un «texte présenté ce mercredi en Conseil des ministres, qui va permettre de rouvrir les négociations commerciales». Avec une fine ligne de crête : «Il faut préserver le pouvoir d’achat de nos agriculteurs et ne pas casser les prix de l’alimentation». Mais constatant que certains «grands groupes ont fait flamber les prix de certaines de leurs marques», le chef de l’Etat a affirmé vouloir «les remettre autour de la table et acter plus vite la baisse des prix». Pour leur forcer la main, «le gouvernement va mettre en place un accord sur la modération des marges», plutôt qu’un «blocage des prix [qui] ne marche pas».

il y a 597 jours

Sur les régularisations, au Parlement de bosser. «Je ne vais pas faire ici le travail du gouvernement et du Parlement». Le président de la République botte d’abord en touche sur la question des régularisations pour les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, article du projet de loi immigration dont la droite ne veut pas entendre parler. Avant d’ajouter comme pour rassurer les LR : «Il n’y a pas de droit inconditionnel à la régularisation, il n’y en aura jamais.» En rappelant aussi qu’il faut d’abord «accompagner» les allocataires du RSA vers des secteurs comme l’hôtellerie ou le BTP. Il rappelle encore que «le cœur de ce texte est d’accélérer nos procédures» et demande à tout le monde de ne «pas être hypocrite» et appelle à «un compromis». Pas sûr que ça suffise à Eric Ciotti, Bruno Retailleau and co.

il y a 597 jours

La «bataille» de l’immigration. Estimant que «la plupart des migrants de Lampedusa venaient d’Afrique subsaharienne», Emmanuel Macron a assuré que «la première bataille est avec les pays d’origine», avec qui il faut «coopérer». «La deuxième c’est avec les pays de transit». Le Président veut «engager avec la Tunisie une politique responsable», avec pour but un «partenariat respectueux» visant à «démanteler ses passages.» Et le chef de l’Etat de citer l’exemple de la relation - pourtant faite de hauts et de bas - «avec les Britanniques». Reste que sa volonté est de «mieux protéger nos frontières».

il y a 597 jours

«L’Europe doit jouer groupé» sur la question migratoire. Emmanuel Macron a affirmé que la situation sur l’île italienne représente «la réalité du phénomène migratoire : il est européen, le cœur de la réponse n’existe pas en France». Le chef de l’Etat souhaite donc «travailler avec la présidence du conseil italien […]. L’Italie prend sa responsabilité, elle joue son rôle de ce qu’on appelle premier port sur, nous on doit jouer notre rôle européen et aider les Italiens. On doit nous, Européens, avoir une approche cohérente avec les pays d’origine».

il y a 597 jours

«On ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Le Président a ensuite consenti à reprendre le fil de l’interview, pour répondre au sujet de l’accueil de migrants, arrivés par milliers sur l’île italienne de Lampedusa. Admettant que «le pape a raison d’appeler à ce sursaut contre l’indifférence», Emmanuel Macron a souligné que «nous devons être humains, accueillir en particulier ceux qui fuient les conflits». Mais en même temps, «il aussi être rigoureux, on a un modèle social généreux : on ne peut pas accueillir toute la misère du monde», a-t-il estimé.

il y a 597 jours

Emmanuel Macron (s’auto) célèbre la France. Pourtant lancé sur une question concernant les migrants, le chef de l’Etat est aussitôt parti en freestyle. «Je voudrais commencer cet entretien en félicitant les Français parce qu’il y a peu de pays aujourd’hui dans le monde qui peuvent relever des défis concomitants de cette nature : une Coupe du monde de rugby, la réception du roi et de la reine d’Angleterre, ainsi que la venue du pape à Marseille».

il y a 597 jours

le 20 heures commence à 20h03. La ponctualité, c’est la politesse des rois mais pas des présidents ? L’interview présidentielle de rentrée a débuté avec trois petites minutes de retard, les chaînes diffusant de brefs journaux télévisés avant.

il y a 597 jours

Agenda diplomatique chargé. Alors qu’Emmanuel Macron souhaite invoquer les visites de la semaine pour mettre en valeur le statut international de la France, l’actualité internationale est chargée et peu favorable à des annonces positives. La France doit toujours trouver l’issue à l’impasse née du coup d’Etat de juillet au Niger, refusant jusqu’ici de retirer ses troupes et son ambassadeur déclarés personae non gratae par le régime militaire. Et le chef de l’Etat, qui a tenté par le passé de jouer le médiateur sur le conflit au Haut-Karabakh, a été pris de court comme toute la communauté internationale par l’offensive de l’Azerbaïdjan qui a remporté une victoire éclair dans cette région sécessionniste majoritairement peuplée d’Arméniens.