En résumé :
- La gauche entre soulagement et histoire : le Parti socialiste a largement approuvé dans la nuit l’accord électoral négocié avec LFI.
- Les partis composant cette Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) doivent se retrouver samedi à Aubervilliers, pour officialiser leurs investitures communes aux législatives.
- De son côté, la majorité présidentielle s’est rassemblée sous deux nouvelles bannières : «Ensemble» pour les législatives de juin et «Renaissance» pour le reste.
Carole Delga s’enfonce dans la fronde et le «ni-Macron, ni-Mélenchon». La présidente PS de la région Occitanie, opposante résolue à l’accord conclu à gauche sous la houlette de La France insoumise, explique vendredi dans une interview au Parisien vouloir s’affirmer dans l’opposition interne à la direction du Parti socialiste. Carole Delga indique vouloir réunir, «d’ici une quinzaine de jours», «les militants qui refusent la liquidation du Parti socialiste et qui sont en désaccord avec le projet présenté par la direction». Elle compte faire en sorte «qu’il y ait un maximum de députés de gauches qui soient élus» tout en refusant la Nupes à laquelle son parti a adhéré. Puis, une fois l’été passé, la dissidente souhaite organiser «des États généraux de la gauche républicaine, européenne et écologiste, ouverts à des militants, des sympathisants, à la société civile, tous ceux qui, à gauche, veulent un projet de société qui ne soit ni celui d’Emmanuel Macron ni celui de Jean-Luc Mélenchon».
Manuel Valls trollé par son adversaire direct. Opposé à l’ex-premier ministre dans la 5e circonscription des Français de l’étranger (Portugal, Espagne, Andorre, Monaco), le député LREM sortant, Stéphane Vojetta, mène un combat contre ce parachutage qu’il n’a pas apprécié. Nouveau tacle, subtile, dans un tweet publié ce soir où il s’affiche avec «un parachutiste barcelonais, un vrai de vrai». Manuel Valls appréciera.
Journée bien remplie à #Barcelone.
— Stéphane Vojetta (@StephaneVojetta) May 6, 2022
Cérémonie de commémoration du #8mai1945, et notamment l’occasion de rencontrer (enfin!) le Lieutenant-Colonel Alain Zielinger en chair et en os après tant d’échanges écrits!
Un parachutiste 🪂 barcelonais, un vrai de vrai! pic.twitter.com/1lAJoiI2EB
En banlieue lyonnaise, deux candidats de gauche face à Taha Bouhafs ? Vénissieux, la 14e circonscription du Rhône, pourrait être le théâtre d’un affrontement bien loin de la doctrine d’apaisement prônée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Face à Taha Bouhafs, investi par la Nupes, se dressait déjà la maire Communiste de la ville Michèle Picard qui ne souhaite pas se ranger derrière l’alliance de gauche. Le journaliste et militant pourrait également affronter Lotfi Ben Khelifa, conseiller municipal PS de Vénissieux, qui explique à Lyon Capitale qu’il pourrait lui aussi entrer en dissidence, n’ayant que peu goûté qu’«Olivier Faure (ait) vendu le PS aux insoumis». Ambiance.
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«On est en train de se préparer à gouverner le pays.» Interrogé sur le plateau de France 2 sur les divergences qui persistent à gauche, Jean-Luc Mélenchon a pour sa part souhaité saluer le travail qui a été fait lors des deux dernières semaines : «Il a fallu régler en 13 jours ce qui était des sources de conflit depuis 10 ans. On est en train de se préparer à gouverner le pays.» Avant de réassurer qu’il se voyait bien à Matignon une fois les législatives passées : «Dans deux mois, promis, je répondrai de mes propres actes comme Premier ministre.»
Jean-Luc Mélenchon n’ira probablement pas aux législatives. Invité au 20 heures de France 2, le chef de La France insoumise a pu parler de la Nupes et de son avenir personnel. Interrogé au sujet de sa candidature aux législatives, Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il ne serait «vraisemblablement pas» candidat. «Ce n’est pas nécessaire. Six Premiers ministres sur 24 dans la Ve République ne l’étaient pas», a-t-il argumenté, expliquant que sa légitimité reposait sur les «7,7 millions de voix» qu’il a reçues lors du Premier tour de la présidentielle.
Justice pour Lamia El Aaraje. Elle faisait partie des grandes perdantes de l’accord avec LFI. Députée de la 15e circonscription de Paris, la socialiste Lamia El Aaraje avait dû s’écarter au profit l’insoumise Danielle Simonnet, qu’elle avait pourtant battue dans les urnes au printemps 2021. Selon Le Parisien, de nouvelles discussions ont été engagées entre le PS et les Insoumis pour lui trouver une autre circonscription, ou faire replacer Danielle Simonnet autre part dans grand jeu de chaises musicales. Pas sûr cependant que cela aboutisse.
A Toulouse, Renaissance investit Pierre Baudis, fils et petit-fils de. Descendant de deux députés et maires, Pierre Baudis est le candidat de la majorité présidentielle dans la première circonscription de Haute-Garonne. Un baptême du feu pour ce novice en politique. Lire notre article.
✌️ Faites le V de la future victoire. Ils se sont passé le mot. Julien Bayou, Manon Aubry, Caroline Fiat, Adrien Quatennens, Marine Tondelier… A quelques minutes d’intervalle, des candidats du Nupes et cadre des partis de l’alliance ont tour à tour tweeté une photo, prise en selfie, en faisant un «V» avec leurs doigts, signe de la victoire qu’ils obtiendront lors des législatives. Pour l’originalité, on repassera.
À demain 😉 #NUPES pic.twitter.com/opms0NEyCY
— Julien Bayou (@julienbayou) May 6, 2022
En Occitanie, un dissident PS retire sa candidature. Mercredi, Philippe Salasc avait été investi par le président socialiste de l’Hérault pour les législatives. Ce dernier ne se souciait guère des tractations avec les insoumis, ne souhaitant pas d’alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Deux jours plus tard, Philippe Salasc annonce finalement retirer sa candidature «avec tristesse» pour ne pas faire d’ombre à la Nupes, comme il l’a raconté à France Bleu : «Je ne veux pas rajouter de la confusion.» Un frondeur de moins.
Sans Libé, l’union de la gauche n’aurait pas eu lieu. Bon d’accord, on exagère peut-être un peu. Mais il y a une part de vraie : Libération a joué, sans le vouloir, un rôle dans la création de la Nupes. Si rapprochement il y a eu entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, c’est notamment grâce à l’interview que le premier secrétaire du Parti socialiste avait donnée à notre journal après le premier tour de la présidentielle. Il tendait la main au patron de La France insoumise, appelant à un rapprochement, ce qui lui a visiblement plu, comme le rapporte l’Express. Ce premier pas aurait incité Jean-Luc Mélenchon a accepté de rencontrer Olivier Faure, ce qui a permis aux deux hommes de s’entendre et a ouvert la porte à de plus amples négociations entre leurs partis.
LR galère alors que la candidate investie face à Darmanin se retire. Claudine Hue, la candidate jusqu’alors soutenue par LR pour les législatives a annoncé «soutenir» le ministre de l’Intérieur, investi dans la 10e circonscription du Nord. Fidèle à sa ligne «ni Macron ni Le Pen», le parti de Christian Jacob cherche un nouveau champion pour affronter l’ancien maire de Tourcoing. Le temps presse. Lire notre article.
Un candidat Nupes anti Mariage pour tous en Charente. Il aurait été difficile de le mettre dehors, tant Jérôme Lambert règne depuis près de quatre décennies sur sa circonscription charentaise. Le député PS fait donc partie des 70 socialistes investis par la Nupes pour les législatives de juin. Problème : le petit-neveu de François Mitterrand n’est pas très ouvert sur les questions de droit de femmes et des LGBT. Comme le rappelle le magazine Têtu, Jérôme Lambert s’était démarqué pour avoir soutenu la Manif pour tous en 2012 et s’être donc opposé à l’ouverture du mariage pour les gays et lesbiennes. A l’époque, seuls quatre députés PS, lui compris, avaient voté contre le texte. Rebelote l’année dernière lorsqu’il a voté contre l’élargissement de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules. Son investiture par la Nupes ne plaît donc pas à tout le monde. A commencer par Sandrine Rousseau qui l’a dénoncée sur Twitter : «L’homophobie ne peut s’asseoir sur les bancs de la Nupes.»
Not in my name.
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) May 6, 2022
L'homophobie ne peut s'assoir sur les bancs de la #Nupes https://t.co/RFcYmFCKIq
Fachos devant : pour les législatives, la galaxie complotisto-identitario-raciste derrière Zemmour. Après sa défaite cuisante au premier tour de la présidentielle, Eric Zemmour ne montre aucun signe de démotivation ultradroitière. Bien au contraire, pour les élections du 12 juin, son mouvement présente une série de candidats aux profils sulfureux : identitaire bien identifié, policier raciste, complotiste délirante, nazie quasi assumée… Lire notre article sur les investitures Reconquête.
Après les occupations de l’entre-deux tours, la contestation étudiante de retour ? Ils avaient bloqué la Sorbonne, l’EHESS, l’ENS, quelques lycées, et leurs actions avaient beaucoup fait parler. Après avoir animé l’entre-deux tours, les étudiants les appellent à un rassemblement ce vendredi à 18 heures dans la salle Varlin de la Bourse du Travail à Paris. Leur objectif est de «poursuivre et amplifier le mouvement» et de continuer à «lutter contre les perspectives autoritaires et néolibérales de l’Etat, de sa police et du capitalisme». En espérant que cette fois la contestation ne reste pas cantonnée qu’aux étudiants.
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Législatives : les instituts de sondage tournent à plein régime… loin des médias. Pendant la campagne pour l’élection de la nouvelle Assemblée, les études d’opinion font beaucoup moins parler d’elles que pendant la présidentielle. Les instituts travaillent surtout de manière confidentielle, à destination des partis, dans les circonscriptions données. Lire notre article.
Un lycéen à l’Assemblée ? A mesure que les jours passent, les partis et alliances investissent de plus en plus de candidats pour les législatives de juin. Et certains profils surprennent plus que d’autres. Dans la troisième circonscription du Loir-et-Cher, comme le note La Nouvelle République, la Nupes a investi… un lycéen. Noé Petit, militant EELV de 18 ans, fera campagne pour la gauche tout en passant son bac. S’il est élu, ce qui ne sera pas une mince affaire puisqu’aucun des candidats de la gauche - à l’époque désunie - n’avait atteint les 10 % en 2017, il deviendrait le plus jeune député de l’histoire de l’Assemblée nationale.
Faure soutient Glucksmann qui soutient la Nupes. Sur Twitter, le Premier secrétaire du Parti socialiste a affiché son «soutien total à Raphael Glucksmann», une personne «fidèle à ses combats pour les droits humains, fidèle à la nécessité d’unir les gauches et les écologistes pour assumer les grandes transitions écologiques, sociale et démocratique». L’eurodéputé, qui a par le passé affiché à plusieurs reprises ses divergences avec Jean-Luc Mélenchon, notamment sur les questions internationales, avait soutenu il y a deux jours la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.
Total soutien à @rglucks1 qui a toujours eu le courage de ses opinions. Fidèle à ses combats pour les droits humains, fidèle à la nécessité d’unir les gauches et les écologistes pour assumer les grandes transitions écologique, sociale et démocratique. #NUPSE https://t.co/SsO7vcQTsd
— Olivier Faure (@faureolivier) May 6, 2022
Pour son investiture «sobre», Emmanuel Macron invite 500 personnes. On est loin de la soixantaine de convives des présidents Chirac et Mitterrand lors de leur «réinvestiture». A 11heures ce samedi, Emmanuel Macron fera donc son entrée dans la salle des fêtes, la pièce la plus vaste et prestigieuse du palais sous les yeux d’une ribambelle de dignitaires de la République. Lire notre article.
L’opulence de Sarkozy, le calvaire de Giscard… Ces investitures présidentielles qui ont marqué les esprits. Si les cérémonies d’investiture ne sont pas des plus excitantes lorsqu’un président se succède à lui-même, celles d’une passation de pouvoirs entre deux présidents ont produit quelques séquences devenues historiques. Lire notre article.
LR lance samedi la campagne des législatives. En difficulté après l’élection présidentielle, Les Républicains lancent officiellement samedi à Paris leur campagne pour des législatives à hauts risques alors que certains pourraient être tentés de rallier la macronie. Près de 400 personnes, dont une centaine de candidats aux législatives des 12 et 19 juin, sont attendues au Conseil national qui se tiendra à partir de 14 heures, à huis clos, au siège du parti. les candidats se verront remettre une «charte», qu’ils devront signer d’ici au dépôt officiel des candidatures, affirmant leur indépendance politique. En clair, il s’agit de dissuader toute tentation de ralliement à Emmanuel Macron.