En résumé :
- François Bayrou a surpris lors de sa conférence de presse lundi, en annonçant qu’il allait se soumettre à un vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire. Il abat ainsi une périlleuse carte pour faire adopter son plan d’austérité budgétaire de 44 milliards d’euros.
- L’ensemble des partis d’opposition ont prévenu qu’ils comptent bien faire chuter le gouvernement en ne votant pas la confiance dans deux semaines. Sur le papier, le sort du locataire de Matignon semble scellé.
- Les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer encore l’assurance-chômage, ont décidé d’avancer leur intersyndicale à ce vendredi. La CFDT, qui a annoncé qu’elle ne participera pas aux négociations sur la suppression de deux jours fériés, proposera «une date de mobilisation pour le mois de septembre».
- Mercredi soir, François Bayrou sera invité au JT de 20 heures de TF1.
Alors que le Premier ministre espère garder son poste en agitant les frayeurs budgétaires, il est difficile de croire que les Français s’émeuvent d’un «danger mortel» qui n’inquiète pas même les alliés de la macronie. Retrouvez l’édito de Dov Alfon ici.
Invité au 20 heures de TF1, Jordan Bardella (RN) assure que les élus de son parti voteront contre la confiance au gouvernement. Il demande un «retour aux urnes», «soit par la dissolution, soit par la démission» d’Emmanuel Macron. Le président du RN a par ailleurs indiqué qu’il accepterait d’être Premier ministre dans l’éventualité d’une cohabitation.
Le président du groupe socialiste à l’Assemblée redit son rejet du plan proposé par Bayrou et explique la philosophie qui guide son parti sur le budget, dont les grandes lignes seront détaillées lors des universités d’été du PS ce week-end. Retrouvez son interview ici.
Face à la crise politique qui s’annonce après le 8 septembre, Emmanuel Macron et son camp s’interrogent sur la marche à suivre et tentent de se convaincre que la décision de François Bayrou était la bonne. Retrouvez notre analyse ici.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, va proposer la suppression de 50 niches fiscales. «On va faire une proposition aux parlementaires : supprimer 50 niches fiscales obsolètes ou évaluées comme inefficaces», annonce-t-elle sur BFMTV. D’après le média, il en existe actuellement 474 qui chaque année coûteraient 85 milliards d’euros. Plus tôt dans la journée, François Bayrou a annoncé qu’un «effort spécifique» serait demandé aux plus hauts revenus. Ici, la ministre précise qu’il s’agit de viser « la suroptimisation fiscale », conformément à « l’engagement pris par le Premier ministre avec le PS en février dernier ».
Toujours en pleine opération séduction à l’approche du vote de confiance, le Premier ministre sera sur le plateau du 20 heures de TF1 demain, annonce la chaîne. Il répondra aux questions du présentateur Gilles Bouleau.
Si c’était à refaire, il le referait. Interrogé par le JDNews, Emmanuel Macron dit «assumer [sa] part de responsabilité» dans la dette actuelle, évaluée à 3 345 milliards d’euros. Soit près de 1 000 milliards d’euros de plus qu’il y a huit ans, à sa prise de pouvoir. «Cette part, c’est la protection des Français face à des crises historiques : c’est le salaire versé pendant le Covid, la facture d’électricité gelée pendant l’inflation ou la retraite indexée», estime le président. Avant d’ajouter : «J’assume aussi aujourd’hui qu’après avoir beaucoup dépensé pour protéger, il faut économiser et travailler pour rembourser. Et je trouve singulier que les partis politiques qui pensaient qu’il fallait dépenser plus durant les crises affirment qu’il faut rembourser moins aujourd’hui».
La Bourse de Paris a terminé en net repli mardi, pour la deuxième séance consécutive, après l’annonce lundi par le Premier ministre François Bayrou d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre, déjà frappé par la quasi-certitude d’un échec. L’indice vedette CAC 40 a perdu 1,70% (133,23 points), clôturant à 7 709,81 points. Lundi, après que François Bayrou a annoncé la tenue d’un vote de confiance, le CAC 40 avait déjà fortement reculé de 1,59%.
Le président du Medef, Patrick Martin, a mis en garde mardi «ceux qui jouent la politique du pire», et pourraient faire tomber le Premier ministre François Bayrou lors du vote de confiance du 8 septembre, car «ils auront une pente encore plus raide à remonter par la suite». «François Bayrou a raison d’alerter sur la dangerosité de la situation des finances publiques. En cela, c’est un acte courageux», considère Patrick Martin dans une interview aux Echos, à la veille de la 7e Rencontre des entrepreneurs de France, qui se tient mercredi et jeudi au stade Roland-Garros à Paris.
«La CFDT ne participera pas à cette négociation» sur la suppression de deux jours fériés proposée par le gouvernement, «quelles qu’en soient les modalités», a déclaré mardi sa responsable Marylise Léon. Estimant que «tout est décidé d’avance» dans cette affaire, la cheffe de la centrale a appelé par ailleurs le gouvernement à abandonner son «projet de nouvelle réforme de l’assurance chômage».
«Nous ne sommes, aujourd’hui, sous la menace d’aucune intervention, ni du FMI, ni de la BCE, ni d’aucune organisation internationale», a assuré mardi sur le réseau X le ministre de l’Economie et des Finances Eric Lombard. Ces propos font suite à une certaine fébrilité à la Bourse de Paris, notamment sur les valeurs bancaires, au lendemain de l’annonce par le Premier ministre François Bayrou qu’il se soumettrait à un vote de confiance très risqué à l’Assemblée nationale, le 8 septembre, puis à une déclaration mardi matin du ministre lui-même, qui avait reconnu «ne pas pouvoir dire que le risque» d’une intervention du FMI en France «n’existe pas».
Dans un interview au Figaro, le maire LR de Meaux se montre hostile à l’hypothèse d’une nouvelle dissolution. Selon lui, «si le président de la République décide de dissoudre l’Assemblée nationale, alors Jordan Bardella sera premier ministre et Emmanuel Macron portera une responsabilité historique impardonnable». Dès lors, l’ancien président de l’UMP évoque une autre solution possible, celle d’une démission du président de la République. «Emmanuel Macron doit avoir un geste gaullien et programmer sa démission. S’adresser aux Français et annoncer son départ dans six mois, au lendemain des élections municipales de mars prochain», affirme Jean-François Copé, qui refuse néanmoins de s’associer à une potentielle motion de destitution portée par La France Insoumise, considérant «les LFI (comme) des ennemis de la France».
Annonce de Marylise Léon devant la presse : la CFDT «proposera» vendredi matin, à l’occasion d’une réunion de l’intersyndicale à son siège, «une date de mobilisation pour le mois de septembre». On s’oriente donc vers une journée nationale à l’initiative de plusieurs syndicats dans les prochaines semaines. Sauf surprise, la date du 10 septembre, déjà préemptée par les partis de gauche et par un mouvement qualifié de «nébuleux» par plusieurs organisations de salariés, ne devrait pas être privilégiée. Par notre journaliste Frantz Durupt.
Le Premier ministre François Bayrou a demandé aux oppositions, et singulièrement au Parti socialiste, de «réfléchir» à leur décision sur le vote de confiance du 8 septembre sur la dette, et de renoncer aux «réflexes spontanés» qui les poussent à faire tomber son gouvernement. «Je ne demande à personne de se renier, mais on peut réfléchir. On a le droit de remettre en question les réflexes spontanés qu’on peut avoir», a-t-il déclaré à la presse, en marge de l’événement d’été de la CFDT, alors que l’opposition de gauche et le RN ont fait savoir qu’ils ne voteraient pas la confiance à son gouvernement.
En parallèle de sa venue à la CFDT, François Bayrou continue son offensive dans un entretien à l’Express. Auprès de l’hebdomadaire, le Premier ministre assure ne pas avoir «choisi cette voie du vote de confiance. J’ai seulement conclu qu’il n’y en avait pas d’autres, car je ne voulais pas d’un projet dépecé centimètre carré par centimètre carré». Le Premier ministre en sursis assure par ailleurs vouloir «créer un débat national sur le sujet (de la dette) et mettre chacun devant ses responsabilités», d’ici la date du vote de confiance. «Je me battrai comme un chien», promet-il par ailleurs.
Devant la CFDT et à destination notamment de la gauche, François Bayrou a réaffirmé que les plus hauts revenus et «ceux qui optimisent leur fiscalité» se verraient demander un «effort spécifique» pour le budget 2026, si l’Assemblée lui permet de poursuivre sa tâche.
A l’université d’été de la CFDT, François Bayrou dégaine une proposition pensée comme une arme de séduction massive à destination des acteurs sociaux : «Que nous fassions pleinement et entièrement confiance aux partenaires sociaux en leur confiant la gestion des principaux piliers de notre système, notamment les assurances chômage et vieillesse»... à condition «qu’une règle d’or soit inscrite dans la loi» pour empêcher tout déficit de ces régimes. «Ce changement d’architecture, c’est un changement de monde», dit-il alors que l’on entend, ici ou là dans l’assistance, des «ohlala» traduisant une forme de suspicion. Par notre journaliste Frantz Durupt.
Exclamations dans l’assistance cédétiste devant laquelle s’exprime François Bayrou, quand il déclare, au sujet du vote de confiance prévu le 8 septembre : «Dans les treize jours qui viennent, les Français vont choisir, influencer leurs représentants pour qu’ils choisissent et disent s’il se placent du côté du chaos, ou de la conscience et de la responsabilité». Le Premier ministre explique que «c’est un moment de clarification et c’est un moment de vérité», et qu’il «voit bien tous ceux qui choisissent d’être purement et simplement les artisans du chaos». Par notre journaliste Frantz Durupt.
Invité de LCI, le député d’Eure-et-Loir, Philippe Vigier a balayé l’hypothèse d’une stratégie de François Bayrou : «Je ne peux pas laisser dire qu’il a fait un calcul politique». Celui qui est également vice-président du Modem s’en est pris au Rassemblement national : «Madame Le Pen a mis 35 minutes à réagir et Jordan Bardella 21 minutes. Le scénario pour eux était prêt. Quoi qu’il arrive, ils ne veulent pas bouger, de rien. Ils imaginent 2027, 2027 il n’y a que ça qui les intéresse. La France, ils s’en foutent.»