En résumé :
- Lundi 8 septembre, le Premier ministre, François Bayrou, engagera devant l’Assemblée nationale, la responsabilité de son gouvernement au sujet de l’ampleur de l’effort budgétaire à consentir, qu’il a chiffré à 44 milliards d’euros pour 2026.
- Sauf énorme surprise, François Bayrou devrait être emporté, moins de 9 mois après sa nomination, par la convergence des votes des oppositions quasi unanimes, de gauche et d’extrême droite.
- Ce vote de confiance a lieu sur fond de colère sociale, dès mercredi avec le mouvement «Bloquons tout», suivi d’une mobilisation syndicale le 18 septembre.
Dans son fief du Pas-de-Calais, ce dimanche, la cheffe de file du Rassemblement national a de nouveau appelé à une dissolution. Malgré sa condamnation à une peine d’inéligibilité, elle caresse toujours l’espoir de se présenter. Notre article à lire ici.
En cas de nouvelle dissolution et d’élections législatives anticipées, le RN de Jordan Bardella et ses alliés UDR, le mouvement d’Eric Ciotti, remporteraient 33% des suffrages, un score similaire au premier tour de 2024, d’après cette étude Toluna Harris Interactive pour Challenges. Une alliance PS/PCF/Ecologistes - sans LFI - obtiendrait 19%, le camp présidentiel (Renaissance, MoDem, Horizons) 15%, La France insoumise et Les Républicains chacun 10%. En cas d’alliance entre le PS, le PCF, Les Ecologistes et LFI, comme ce fût le cas l’année dernière sous la bannière du Nouveau front populaire, l’alliance de gauche engrange 26%, contre 27,99% le 30 juin 2024. (Enquête réalisée en ligne du 4 au 5 septembre 2025 auprès d’un échantillon de 2 307 personnes.)
Les tensions entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, ex-rivaux à la tête des LR, ont refait surface lors de la rentrée du parti à Port-Marly (Yvelines). Dimanche, sur LCI, quelques heures avant la prise de parole attendue de Bruno Retailleau, élu en mai à la tête des LR, le député de Haute-Loire ne s’est pas privé d’énumérer ses différends avec la ligne de ce dernier. Sur le vote de confiance d’abord : le patron des députés LR laisse «la liberté de vote» à la cinquantaine d’élus de son groupe, contrairement à Bruno Retailleau, poids lourd du gouvernement, qui demande de soutenir le locataire de Matignon. Sur l’après-Bayrou ensuite. Regrettant que le parti n’ait pas consulté ses adhérents sur cette question comme il l’avait demandé, Laurent Wauquiez a maintenu qu’il ne censurerait pas immédiatement un gouvernement socialiste ou issu du Rassemblement national, des propos qui lui avait valu un recadrage de la part de Bruno Retailleau.
En s’installant rue de Varenne, il s’inscrivait dans les pas d’Henri IV et Mitterrand. Neuf mois plus tard, il s’apprête à être congédié sans panache par la gauche et le RN. Retour sur le parcours d’un Premier ministre atypique qui aura surtout marqué par la très haute idée qu’il a de lui-même. Lire notre article.
«Il est hors de question» que la droite accepte la nomination d’un Premier ministre PS, prévient Bruno Retailleau à la rentrée politique des LR, à Port-Marly dans les Yvelines, posant ses conditions à la participation de LR à un nouveau gouvernement, après la probable chute lundi du Premier ministre François Bayrou. Il prend ainsi ses distances avec le patron des députés Républicains, Laurent Wauquiez, qui ne souhaite pas «une censure automatique». «Vous allez faire tomber des gouvernements qui se présentent sans même savoir ce qu’ils veulent faire ?», s’est-il interrogé sur LCI, assurant que si l’exécutif comportait «des ministres de LFI ou applique le programme du Nouveau Front populaire» il y aurait évidemment censure.
Le Premier ministre François Bayrou a déclaré dimanche que «tous les moyens mobilisables sont mobilisés pour éviter le blocage du pays et les violences» le 10 septembre, jour du mouvement «Bloquons tout». «L’Etat est là pour prendre des précautions en toute circonstance», a-t-il dit lors de l’interview dimanche au média en ligne Brut. Le mouvement «Bloquons tout» est notamment soutenu par la CGT et, côté politiques, par la France insoumise et son leader Jean-Luc Mélenchon.
Le patron de LR Bruno Retailleau proposera un accord de gouvernement au prochain Premier ministre si François Bayrou tombe lundi, assurant que la droite ne veut pas rester au sein de l’exécutif «à n’importe quelle condition». Cet accord, qui pourrait également s’appeler «contrat ou engagement», contiendra deux priorités qui sont le budget et «une partie régalienne», a-t-il déclaré dimanche à la presse en marge de la rentrée politique des Républicains à Port-Marly en région parisienne où il doit prendre la parole en milieu d’après-midi. L’actuel ministre de l’Intérieur appelle la droite à voter la confiance à François Bayrou.
À la veille de la probable chute du gouvernement Bayrou, la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen a réclamé avec insistance, depuis son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Elle se dit prête à «sacrifier tous les mandats de la Terre» pour obtenir «l’alternance» et porter son parti à Matignon. Tant pis si «je ne pourrai peut-être pas me représenter», admet celle qui connaîtra lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés - qui lui vaut depuis fin mars une inéligibilité immédiate qu’elle conteste.
Parti des réseaux sociaux, le mouvement «Bloquons tout» est difficile à cerner, ce qui le rend assez peu lisible dans ses revendications – hostilité au budget Bayrou, pouvoir d’achat, demande d’instauration du RIC, le référendum d’initiative citoyenne, etc. – comme dans ses possibles actions.
Décryptage
À la veille du vote de confiance sollicité par François Bayrou, son ministre des Outre-mer Manuel Valls espère que «la raison l’emportera et que nous éviterons un suicide politique pour nos institutions et pour notre régime». Invité de l’émission politique le Grand Jury sur RTL, l’ancien locataire de Matignon a par ailleurs souligné avoir une «conviction» : tout faire pour «éviter des élections législatives anticipées». Il affirme qu’il «faut trouver un accord (...) avec les socialistes, puisque ce sont les seuls disponibles pour discuter de l’avenir du budget».
Emmanuel Macron «n’a pas tout à fait décidé» et «cherche encore la bonne solution sur le casting comme sur le fond», glisse un visiteur de l’Elysée. Dans l’entourage du président, peu envisagent toutefois qu’il nomme le socialiste Olivier Faure, qui a revendiqué en début de semaine «les places gouvernementales aujourd’hui occupées» par la droite et le centre.
Sur le plateau de Dimanche en politique, sur France 3, le premier secrétaire du PS Olivier Faure confirme qu’il serait prêt à endosser le costume de chef du gouvernement. Il juge que «toutes celles et ceux qui partagent ce contre-plan [au budget] Bayrou» peuvent être appelés et qu’ils doivent dans ce cas répondre positivement. «Pour moi comme pour les autres, ce sera “oui”», affirme Faure. «Est-ce qu’on veut continuer comme avant avec le risque que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Ou est-ce qu’on veut, au contraire, que ça change», a posé le socialiste. Ce dimanche matin, le patron du PS a reçu le soutien de l’ancien Président François Hollande pour Matignon, dans les colonnes de La Tribune Dimanche.
La patronne de la CGT a souligné sur le plateau de France 3 ce dimanche qu’il était «important de se mobiliser le 18, gouvernement ou pas». Selon Sophie Binet, il est impératif de continuer à mettre la pression sur Emmanuel Macron, notamment pour remettre au centre du jeu les «exigences sociales et environnementales». Concernant une éventuelle future équipe ministérielle, le sujet de la CGT «n’est pas le casting», même si un gouvernement de gauche «pourrait être logique». «Ce n’est pas possible que ça soit toujours aux mêmes qu’on fasse les poches», a-t-elle conclu.
Dans une interview au média en ligne Brut ce dimanche, le Premier ministre a fustigé les formations politiques, de LFI au RN, qui se sont alliées pour le faire tomber. François Bayrou a dénoncé dimanche des forces politiques «en guerre civile les unes avec les autres» depuis trois ans à l’Assemblée qui vont s’allier «ensemble pour abattre le gouvernement». «Voilà des formations politiques qui non seulement ne sont d’accord sur rien, mais bien pire que cela, sont en guerre civile ouverte les unes avec les autres […] Et elles se mettent ensemble pour abattre le gouvernement», a-t-il fustigé sur Brut, son dernier rendez-vous médiatique avant le vote de confiance de lundi. «Il y a pire dans la vie que d’être à la tête d’un gouvernement et que ce gouvernement (..) soit renversé», a ajouté le Premier ministre, semblant acter sa chute face aux vetos annoncés de la gauche et de l’extrême droite.
Marine Le Pen assure que les élus RN refuseront le «piteux chantage du vote de confiance», lors de son discours de rentrée ce dimanche dans son fief, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). À la veille du vote sollicité par François Bayrou, la patronne de l’extrême droite a confirmé que le RN ne votera pas la confiance envers le Premier ministre. La cheffe de file des députés RN à l’Assemblée continue de réclamer «avec force une alternance aussi rapide que possible».
Invitée de l’émission Dimanche en politique sur France 3, la Secrétaire générale de la CGT a jugé nécessaire une «très forte mobilisation sociale» le 10 septembre, à l’occasion du mouvement «Bloquons tout». Selon Sophie Binet, «progressivement les revendications ont rejoint les nôtres, à savoir la contestation du budget Bayrou». Elle rappelle par ailleurs que les syndicats convoquent une journée de mobilisation une semaine plus tard : «ce qui rassemble les mobilisations du 10 et du 18, c’est la contestation de ce musée des horreurs du budget Bayrou et la nécessité de mettre la justice au centre». «C’est le moment de partager des richesses […] ça ne fait plaisir à personne de faire grève», tranche la patronne de la CGT à la veille du vote de confiance sollicité par le Premier ministre.
L’ancien président de la République a confirmé ce dimanche 7 septembre dans un entretien à nos confères de La Tribune Dimanche qu’il ne votera pas la confiance à François Bayrou lundi - respectant ainsi la position du Parti Socialiste. «Son plan est déséquilibré et injuste», argue François Hollande quant au budget que s’évertue à défendre le palois depuis des semaines. «Il a tout fait de travers», en refusant de négocier avec les oppositions et les partenaires sociaux, dit encore François Hollande. Et d’évoquer le choix du vote de confiance fait par François Bayrou comme un acte «irresponsable» face au besoin de «stabilité» du pays. Selon l’ancien Président, le premier secrétaire du PS Olivier Faure «a vocation à revendiquer le pouvoir».
Le député LR de la Haute-Loire a réitéré qu’il ne censurerait pas automatiquement un gouvernement PS ou RN, propos qui lui avaient valu un recadrage de la part de Bruno Retailleau. «Vous allez faire tomber des gouvernements qui se présentent sans même savoir ce qu’ils veulent faire ?», s’est-il interrogé, assurant que si l’exécutif comporte «des ministres de LFI ou applique le programme du Nouveau Front populaire», il y aurait évidemment censure. «Un gouvernement d’Olivier Faure avec un programme socialiste […], c’est évidemment non», a-t-il ajouté.
Le patron des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez, a donné dimanche «la liberté de vote» à la cinquantaine de membres de son groupe sur la demande de confiance sollicitée par François Bayrou, en contradiction avec le patron du parti Bruno Retailleau qui les appelle à soutenir le Premier ministre. «Je ne demande jamais à mes députés de voter contre leur conscience», a affirmé Laurent Wauquiez sur LCI, assurant que les élus LR «ne sont pas des godillots».
Avant le vote de confiance du 8 septembre à l’Assemblée nationale, dont le rejet et donc la chute du Premier ministre paraissent inéluctables, les partis planchent sur leurs tactiques respectives pour préparer la suite. Dissolution, destitution, «plan de sortie de crise»… Que défend chaque camp politique. La réponse à lire dans notre article.
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