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Bonne année !

En Guyane, Elisabeth Borne voguera vers 2024 en pirogue, loin de Paris et des rumeurs de remaniement

La Première ministre passera le réveillon auprès des forces armées qui luttent notamment contre l’orpaillage illégal dans le département et démarrera l’année en visitant un point de contrôle fluvial et un village amérindien.
Elisabeth Borne, à Paris, le 23 novembre 2023. (Albert Facelly /Libération)
publié le 31 décembre 2023 à 11h02

Loin des rumeurs de remaniement et de la tourmente politique provoquée par la loi sur l’immigration, Elisabeth Borne s’envole dimanche pour la Guyane où elle passera le réveillon auprès des forces armées qui luttent notamment contre l’orpaillage illégal. La Première ministre y restera aussi le 1er janvier et démarrera l’année 2024 sur une pirogue pour visiter un point de contrôle fluvial et un village amérindien.

Sécurisation du centre spatial

C’est la première fois qu’elle se rend dans ce département de 300 000 habitants du nord-est de l’Amérique du Sud, frontalier du Suriname et du Brésil qui a, comme l’archipel de Mayotte qu’elle a visité à la mi-décembre, voté à 60 % pour Marine Le Pen au second tour de la dernière présidentielle.

C’est depuis la Guyane qu’Elisabeth Borne assistera aux vœux d’Emmanuel Macron du 31 décembre, alors que le chef de l’Etat a promis un «nouveau cap» pour 2024, alimentant les spéculations autour d’un possible remaniement du gouvernement, voire d’un changement de Premier ministre.

La cheffe du gouvernement a expliqué avoir «le sentiment du devoir accompli» après l’adoption de la loi immigration votée par les députés Les Républicains (LR) et ceux du Rassemblement national (RN), qui provoque de vives critiques à gauche et a fracturé la majorité, un quart des députés Renaissance n’ayant pas voté le texte.

Elisabeth Borne s’entretiendra à son arrivée avec la maire de Cayenne, Sandra Trochimara, puis le président de la collectivité territoriale, Gabriel Serville, issus de la gauche, qui voudraient aborder les questions migratoire et statutaire, avant de s’envoler pour la ville de Maripasoula dans la forêt amazonienne (sud-ouest).

Quelque 2 200 militaires et environ un millier de gendarmes sont stationnés en Guyane, engagés notamment dans la lutte contre la pêche illégale et les orpailleurs clandestins ainsi que dans la sécurisation du centre spatial guyanais de Kourou (nord). L’armée française a été endeuillée à deux reprises sur ce territoire cette année lors de missions de lutte contre l’orpaillage illégal.

Trafic de stupéfiants et homicides

La cheffe du gouvernement, qui sera accompagnée de la secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au Service national universel, Prisca Thevenot, visitera d’ailleurs un site souvent touché à Dorlin, où opèrent notamment les forces du 9e régiment d’infanterie de marine. C’est là que le 25 mars un major du GIGN, Arnaud Blanc, 35 ans, a été tué alors qu’il participait avec neuf camarades à une opération contre ces chercheurs d’or clandestins. Début mai, un piroguier membre des Forces armées de Guyane (FAG) est décédé dans un accident de pirogue lors d’une opération nocturne sur le fleuve Oyapock (est).

Lundi, Mme Borne embarquera sur une pirogue pour visiter un poste de contrôle fluvial. Avant de reprendre l’avion pour Paris, elle évoquera la lutte contre le trafic de stupéfiants à l’aéroport de Cayenne. La Guyane est connue pour être une plaque tournante d’approvisionnement de l’Hexagone en drogue, notamment la cocaïne.

Un contrôle systématique des voyageurs à destination de la métropole a été instauré il y a un an, afin d’empêcher les «mules» – ces passagers qui transportent des stupéfiants dans leurs bagages ou en les ingérant – d’acheminer la drogue. Ce qui a permis de diminuer fortement les saisies de stupéfiants à l’arrivée dans l’Hexagone, mais certains contestent en justice une dérive arbitraire.

Ce trafic explique en partie la violence à laquelle est confronté le département, qui détient le triste record du plus grand nombre d’homicides par habitant en France, bien qu’il soit bien doté en forces de sécurité. A ce contexte géographique s’ajoute une grande pauvreté profitable aux réseaux criminels. En Guyane, 53 % de la population vit sous le seuil de pauvreté d’après l’Insee.