Ils oscillent entre «inquiétude» et «agacement». Les soutiens de Christiane Taubira voient la date fatidique du 4 mars approcher dangereusement. C’est le jour où le Conseil constitutionnel n’accepte plus de nouveaux parrainages d’élus. A partir de là, seuls ceux qui ont réuni les 500 précieuses signatures seront officiellement candidats. L’ancienne Garde des sceaux en comptabilise pour l’instant 73. Un chiffre bien en deçà de ses concurrents de gauche. Hidalgo caracole à plus de 1 000 parrainages, Roussel à 492, Jadot à 450 et Mélenchon à 331. De quoi installer le doute sur ses chances d’arriver à 500 dans les deux semaines qui viennent. D’autant que le Parti radical de gauche, qui la soutenait dans son aventure vers l’Elysée, l’a lâchée lundi.
«On a des inquiétudes quand on voit sa candidate avec peu de parrainages», confirme à Libération Soen Boulligny, porte-parole des Jeunes avec Taubira. Le jeune homme corrige aussitôt : «Enfin, on est plus révoltés qu’inquiets.» Anne Hidalgo aurait en effet appelé l’ancien président du PRG Jean-Michel Baylet, au début du mois de février, pour lui demander d’empêcher ses élus de parrainer Taubira. Ce dont ne se cache pas l’entourage de la maire de Paris en privé. «Le fait que nous soyons hors parti et qu’on ait construit un collectif citoyen, ça gêne», avance Soen Boulligny. Il poursuit : «On trouve ça malheureux d’empêcher une candidate soutenue par des centaines de milliers d’électeurs à la Primaire populaire de se présenter à la présidentielle.» Ses soutiens ont prévu de se réunir ce mercredi soir à 19 h 30, devant le Conseil constitutionnel à Paris.
«Ce n’est pas fair-play»
Sabrina Ganeswaran, elle aussi porte-parole des Jeunes avec Taubira, se dit «plutôt contrariée» à l’égard «des appareils politiques». «On n’est pas là pour attaquer directement le Parti socialiste, mais la candidature de Christiane Taubira est légitime. Et ce qu’ils font là, ce n’est pas fair-play», regrette la jeune femme, par ailleurs élue municipale à La Courneuve.
Pour relancer sa chasse aux signatures, Christiane Taubira a écrit une lettre aux maires de France. Dans ce qu’elle appelle un «appel solennel», l’ancienne ministre de François Hollande leur demande de la parrainer, au nom du «débat démocratique». Le risque serait sinon qu’il soit «amputé de la parole d’une femme d’Etat, libre des partis et pleinement engagée pour redonner à la gauche républicaine l’honneur qu’elle a perdu au fil des années». Elle dit aussi : «Comme vous le savez, la collecte des 500 signatures est, plus que jamais, difficile pour de nombreux candidats.»
Mercredi soir, sur le plateau de LCI, Taubira avait directement mis en cause la responsabilité d’Olivier Faure, expliquant «qu’il arrive toujours un moment où le patron du Parti socialiste siffle la fin de la liberté du Parti radical». Ce dont s’est aussitôt défendu Faure sur Twitter : «Le patron du Parti socialiste ne siffle personne. Chacun est libre de ses engagements.» Du côté des soutiens de la championne de la Primaire populaire, «on ne désespère pas». Soen Boulligny anticipe déjà : «On va réussir à les avoir. Le travail va payer.»