Ambiance électrique à Nouméa. Qui des loyalistes ou des indépendantistes aura le dernier mot ? Les uns et les autres s’affrontent sur la date à laquelle doit se tenir le troisième – et dernier – référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. La date du 12 décembre a été fixée par l’Etat français en juin, sans jamais créer de consensus. Désormais, les formations indépendantistes – dont fait partie le Front de libération nationale kanak et socialiste, FLNKS – affirment qu’elles ne «respecteront pas» le résultat du vote si la date du 12 décembre est maintenue.
«Nous, les partisans du oui [à l’indépendance], souhaitons que cette ultime consultation de l’accord de Nouméa se déroule dans un climat serein et apaisé. Ce ne sera pas le cas», ont indiqué ce mardi les responsables du FLNKS, lors d’une conférence de presse. Ils ont également précisé qu’ils n’hésiteraient pas à «pointer devant la communauté internationale les manquements d’un Etat [français] qui ne tient pas parole». Leur décision est «irrévocable», assurent-ils. Les indépendantistes, qui n’ont transmis aucun matériel de propagande et refusent de participer au scrutin, ne formulent «aucun appel à la violence».
En cause, d’après eux : l’épidémie de Covid-19. Bien qu’en net recul, le virus continue d’inquiéter dans l’archipel et est brandi par les indépendantistes comme rendant «impossible» toute «campagne équitable». Ils ne manquent pas non plus de rappeler les propos du Premier ministre Edouard Philippe qui, en octobre 2019, excluait «que la troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022 […] pour bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à la Nouvelle-Calédonie».
Boussole sanitaire
De leur côté, les loyalistes jugent nécessaire d’organiser la consultation le 12 décembre. Ils se veulent plus rassurants sur la situation sanitaire. La leader de Les Républicains calédoniens, Sonia Backès, estime que la crise du Covid «est derrière nous» et qu’on «peut tenir une campagne sans difficulté». Elle s’appuie sur un chiffre : en Nouvelle-Calédonie, plus de 70 % de la population de plus de 12 ans est désormais vaccinée. Les trois principaux partis loyalistes – Les Républicains calédoniens, le Mouvement populaire calédonien et Générations NC – appellent l’Etat à ne pas céder face «aux menaces des indépendantistes» et jurent qu’ils ne resteront pas «sans réagir» si le référendum est repoussé.
C’est maintenant au gouvernement de trancher. Faut-il oui ou non maintenir la date du 12 décembre ? Le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, annonçait la semaine dernière qu’une décision serait prise «dans les dix jours», avec la situation sanitaire comme seule boussole. Lors des deux scrutins organisés précédemment, le «non» à l’indépendance l’avait emporté avec 56,7 % (novembre 2018), puis 53,26 % (octobre 2020) des suffrages.