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Analyse

En Nouvelle-Calédonie, l’impasse institutionnelle ranime le spectre de la guerre civile des années 80

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Trois ans après le dernier référendum d’autodétermination et alors que le Parlement doit entériner une réforme du corps électoral, loyalistes et indépendantistes n’ont jamais été aussi divisés depuis quarante ans. Le tout sur fond de crise économique et de blocages politiques.
Un militant indépendantiste traverse le cortège des manifestants loyalistes durant une journée de mobilisation fortement encadrée par les forces de l'ordre, à Nouméa, le 13 avril 2024. (Theo Rouby /AFP)
par Gilles Caprais
publié le 12 mai 2024 à 7h38
(mis à jour le 12 mai 2024 à 15h20)

Nouméa vit au son des klaxons et des slogans. Depuis le 28 mars, indépendantistes et partisans du maintien dans la République (loyalistes) redoublent de démonstrations de force pour faire pression sur Paris, où les parlementaires prendront des décisions cruciales pour l’avenir de ce territoire du Pacifique Sud. Dans la perspective du vote à l’Assemblée nationale lundi sur le dégel du corps électoral, les indépendantistes ont mis les bouchées doubles avec les «dix jours pour Kanaky», à grand renfort de symboles identitaires.

Le 5 mai, postés devant les gendarmeries du pays, les manifestants de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) ont convoqué le souvenir de leurs martyrs. La date est lourde de sens : trente-six ans plus tôt, dans l’entre-deux tours de la présidentielle, le GIGN prenait d’assaut la grotte d’Ouvéa. Point culminant des «événements» – quatre années de guerre civile – la journée s’était soldée par la mort de 19 preneurs d’otages Kanaks et de deux