Nouvelles échauffourées à droite sur la Côte-d’Azur. Le Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) présidé Renaud Muselier, membre du parti Les Républicains (LR), a décidé de couper les vivres au Comité régional du tourisme (CRT) azuréen, au profit d’un seul comité pour toute la région. Une délibération adoptée en commission, ce vendredi matin. En apparence technique, le sujet a pris une tournure très politique, un mois après les élections de juin. Le président du CRT, le maire LR de Cannes, David Lisnard, fustige une «confusion entre intérêt politicien et intérêt public», qui rappellent de «vieilles pratiques clientélistes».
La question est sensible sur le littoral. Doit-il exister un seul organisme de tourisme pour la Paca – comme partout en France – ou deux, avec le CRT Côte-d’Azur, pour tenir compte des particularités du tourisme massif dans cette zone ? Muselier s’est engagé en faveur de la première option, suivant, selon lui, un contrôle réalisé par la chambre régionale des comptes. Les 730 000 euros de subvention annuels iront désormais au Comité de la région, et seront répartis «de façon homogène», s’est engagé Muselier en commission.
«Episode du “Parrain”»
Un revers pour David Lisnard, qui avait frappé le premier lors des régionales. Le Cannois avait annoncé qu’il «ne s’impliquerait pas» dans la campagne de Muselier. L’accord conclu entre Muselier et La République en marche (LREM) pour contrer la candidature de Thierry Mariani, du rassemblement national (RN), avait été à l’origine d’un véritable séisme à droite. Dont les secousses se font encore ressentir aujourd’hui. «Si c’est une vengeance, c’est de l’immaturité totale», s’indigne le président de l’organisme de tourisme. «On est dans un sous-épisode du Parrain ? C’est pathétique.»
A lire aussi
En commission, Renaud Muselier n’a pas esquivé l’affrontement. «J’ai un contentieux avec un certain nombre de personnalités dans la région c’est exact», a-t-il reconnu. Et de s’insurger d’un manque de loyauté. «Comment se fait-il qu’il y a des endroits où ma liste régionale se retrouve avec 20 points d’écart avec celle des départementales ? Vous croyez que je ne sais pas lire les élections ?» Dans Nice-Matin, l’élu a aussi accusé le maire de Cannes de se servir du CRT «pour financer sa campagne présidentielle».
S’il n’est pas encore officiellement candidat pour 2022, David Lisnard peut d’ores et déjà compter sur ses soutiens. Jeudi soir, près de 90 élus locaux ont signé une lettre ouverte adressée au président de région, dénonçant une décision «choquante». A la fois sur la forme, pointée comme étant «unilatérale et sans concertation», et sur le fond, questionnant «l’existence et la légitimité» du comité de «l’une des principales destinations touristiques mondiales».
Ciotti contre Estrosi
Parmi les signataires, on retrouve le maire d’Antibes chargé d’organiser la primaire LR Jean Leonetti, le président du département Charles-Ange Ginesy, ou encore le député Eric Ciotti. «Vouloir faire disparaître [le CRT Côte d’Azur, ndlr] est une faute économique majeure, utiliser l’argent public pour régler des comptes politiques est une faute morale impardonnable», a dénoncé ce dernier vendredi sur Twitter.
Analyse
Le vice-président de la région Paca et maire de Nice, Christian Estrosi, a répliqué sur le même réseau social ce vendredi. Il se dit «surpris par l’agitation et l’hystérisation» à l’égard de la politique touristique «extrêmement volontaire [menée par la région] et validée à l’unanimité par la majorité venant de ceux qui il y a quelques semaines espéraient voir notre région présidée par le RN». Après le psychodrame de juin en PACA, le baron local avait claqué la porte des Républicains, et choisi d’assumer une certaine proximité avec Emmanuel Macron.
Mêmes acteurs, rôles différents en 2012, alors que la Côte se fracturait déjà autour de la question. La région, alors dirigée par le socialiste Michel Vauzelle, avait pris la décision de réduire sa subvention au CRT azuréen. Et au président de l’organisme d’asséner : «Ceux qui ont combattu l’attaque à l’époque – Estrosi et Muselier – sont aujourd’hui ceux qui la mènent.»