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Enfants d’Amélie Oudéa-Castéra dans le privé : le gouvernement tente de défendre la ministre de l’Education

Le gouvernement Attaldossier
Vendredi, la ministre a justifié sa décision de mettre ses enfants dans un établissement privé réac devant «les paquets d’heures» d’enseignement non remplacées dans le public. Deux ministres ont essayé de lui venir en aide, tant bien que mal.
Amélie Oudéa-Castéra en déplacement avec Gabriel Attal au collège Saint-Exupéry d'Andrésy (Yvelines), le 12 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 janvier 2024 à 10h55

A peine le remaniement effectué, il faut déjà éteindre un incendie. Quelques heures après sa passation de pouvoir avec Gabriel Attal, la ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra, a affronté vendredi sa première polémique, en justifiant sa décision de transférer ses enfants du public au privé par sa «frustration» devant «les paquets d’heures» d’enseignement non remplacées lors des absences de professeurs. Selon la nouvelle porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, le gouvernement aurait pourtant été à la hauteur face à ce problème du non-remplacement des professeurs. «Il y aurait polémique si un membre du gouvernement en responsabilité posait un constat sans proposer de solutions», a-t-elle affirmé sur France 2. Or, si «15 millions d’heures» sont «perdues» chaque année en raison du non-remplacement de certains professeurs, «ce constat nous avons été au-delà de le poser, nous y avons répondu», notamment avec le «doublement des heures remplacées pour les enseignants absents», a développé Thévenot.

Promis par le président Emmanuel Macron lors de sa campagne, le «pacte enseignant» prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions comme des remplacements, des stages lors des vacances ou du soutien scolaire. Gabriel Attal avait affirmé fin septembre qu’un enseignant sur quatre avait signé le pacte. Selon une enquête menée entre le 23 août et le 9 septembre par le SNPDEN-Unsa, majoritaire chez les chefs d’établissements, 53 % des collèges et lycées recensaient moins de 10 % de missions signées. 30 % des établissements en comptaient même zéro. A l’inverse, 15 % des chefs d’établissements sondés affirmaient avoir fait signer plus de la moitié des missions à leur disposition.

«Séparatisme social»

La polémique déclenchée par Amélie Oudéa-Castéra pour son premier déplacement avec ce portefeuille, au côté de Gabriel Attal, va compliquer encore un peu plus les rapports entre la macronie et la communauté enseignante, échaudée par cinq années avec Jean-Michel Blanquer à la tête de l’Education. La ministre chargée de redresser l’Ecole publique a fait le choix de scolariser ses trois enfants dans le privé. Et pas dans n’importe quel établissement : dans le très réac groupe scolaire Stanislas, situé dans le VIe arrondissement de Paris, comme le révèle Mediapart, qui ajoute qu’un rapport concernant cet établissement a été diligenté. Rapport qui serait en possession de la nouvelle ministre de l’Education, même si cette dernière assure qu’il «n’est à l’heure actuelle pas sur [son] bureau».

Une autre membre du gouvernement, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Egalité hommes-femmes, avait pris dès vendredi soir la défense de sa collègue de l’Education. «Ce qu’elle a vécu en tant que mère – et c’est d’abord un sujet intime, de vie familiale, de vie personnelle –, beaucoup de parents l’ont vécu», a souligné Aurore Bergé sur France 5. «Est-ce que quand elle dit ça, elle ne dit pas quelque chose que, malheureusement, beaucoup de Français ont vécu ? Le problème aujourd’hui, c’est que vous avez beaucoup trop de parents qui font un choix par défaut de scolariser les enfants dans le privé parce qu’ils considèrent qu’ils ne trouvent pas, au sein de l’école publique, suffisamment d’éléments qui justifient qu’ils y restent.» Des arguments qui ne convainquent pas l’opposition. «“Mon ambition sera que toutes les écoles publiques aient les mêmes moyens que l’école Stanislas.” C’est la réponse qu’on attend d’un ministre et pas la justification d’un séparatisme social. Incroyable réponse d’Amélie Oudéa-Castéra», a fustigé ce samedi le député communiste Stéphane Peu.