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Ultimatums

Entre le PS et le gouvernement, des menaces à répétition pour de faibles concessions

Les socialistes ont échoué à faire plier le gouvernement sur la taxe Zucman, sans toutefois mettre à exécution leur menace de faire tomber l’équipe de Sébastien Lecornu.

Boris Vallaud, Olivier Faure, Jérôme Guedj et François Hollande lors des débats sur le budget, ce lundi 3 novembre 2025. (Bertrand Guay/AFP)
Publié le 03/11/2025 à 18h52

Discuter ou censurer ? Les socialistes, tiraillés entre un accord ou la sanction du gouvernement Lecornu depuis un mois, peinent à mettre leurs menaces à exécution. Le 29 septembre, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, promettait déjà de faire tomber le gouvernement si le projet de budget de François Bayrou était repris tel quel. Le Premier ministre a jeté l’éponge avant même de mettre un pied à l’Assemblée nationale.

Le 13 octobre, la veille de la déclaration de politique générale d’un Sébastien Lecornu fraîchement reconduit, le Parti socialiste menace à nouveau de censurer la nouvelle équipe gouvernementale. Les roses exigent le renoncement au 49.3 et la suspension de la réforme des retraites. Faure annonce alors que son groupe à l’Assemblée prendra sa décision «après le discours du Premier ministre». La suite est bien connue : Sébastien Lecornu renonce au 49.3 et propose la suspension de la réforme des retraites (qui devra désormais être débattue à l’Assemblée et au Sénat à l’occasion de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale), son gouvernement est sauvé. De quoi faire dire au reste de l’opposition, LFI en tête, que les socialistes négocient le maintien du gouvernement directement avec son chef. Faure ne le nie pas : il échange bien avec le Premier ministre. Cela ne l’empêche pourtant pas, à deux reprises, de poser des ultimatums au locataire de Matignon.

Négociations sur un «budget d’attente»

A l’aube des discussions dans l’hémicycle de la partie «recettes» du projet de loi de finances (PLF) pour 2026, Olivier Faure cherche à remettre la pression sur l’exécutif. Il demande au gouvernement des mesures de justice fiscale, et appelle à «taper sur les ultrariches et les super-héritages». Et promet de renverser le gouvernement s’il n’y a «pas d’évolution» sur ces sujets «d’ici lundi» 27 octobre. Lecornu ne bronche pas, mais ne tombe pas.

La veille de la deadline, le dimanche 26, le chef des roses annonce un nouveau délai, laissant aux macronistes jusqu’à «la fin de la semaine», d’ici au 31 octobre, pour éviter la censure et, selon lui, la dissolution qui en résulterait. Le point d’achoppement ? La taxe Zucman – ou une version modifiée –, dont le rejet serait un «casus belli» pour le PS. Vendredi, l’Assemblée a rejeté cet impôt plancher pour les grandes fortunes… Pourtant, le gouvernement Lecornu II tient toujours, et les ardeurs du patron des socialistes semblent s’adoucir.

Ce lundi 3 novembre sur France Inter, Faure ne brandit plus la censure, préférant menacer de voter contre le budget si les recettes votées ne permettaient pas de compenser les «horreurs» que comportent le PLF et le projet de financement de la Sécurité sociale. Le socialiste assume de négocier un «budget d’attente», repoussant à l’élection présidentielle des choix budgétaires ambitieux.

Après ce double ultimatum non concluant, une «aile pro-censure» du PS et sa base militante ne vont-elles pas s’impatienter ? Lors du vote, le 16 octobre, de la motion de censure déposée par La France insoumise, sept socialistes se sont prononcés en faveur de la chute du gouvernement.