Eric Piolle «a été suspendu à titre conservatoire de son mandat de porte-parole, et n’est plus membre du bureau politique à titre conservatoire», a indiqué la direction du parti mardi 16 septembre, confirmant une information du quotidien l’Opinion. «Les soupçons qui pèsent sur lui et qu’il n’a pas souhaité démentir peuvent avoir des conséquences sur le parti et sa réputation, notamment à l’approche des municipales», argue-t-on d’autre part.
Selon la décision du conseil disciplinaire, validée par le bureau politique et notifiée à celui qui est toujours maire de Grenoble mardi matin, son refus «de démentir – en interne comme en externe -» ce qui lui est reproché «est constitutif, à lui seul, d’une enfreinte à nos valeurs de base (transparence, probité, coopération, etc.) et à nos principes de fonctionnement et est par ailleurs incompatible pour la fonction de porte-parole».
Une enquête a été ouverte début juin 2024 contre le maire écologiste à la suite d’un article du Canard Enchaîné l’accusant d’avoir organisé un tour de passe-passe budgétaire pour verser indûment 16 800 euros à son ancienne première adjointe, aujourd’hui députée LFI, Elisa Martin. Eric Piolle, qui n’a pour l’instant pas été auditionné par la justice, ni mis en examen, accuse un ancien collaborateur de vouloir lui nuire dans cette affaire.
«Une décision politique absurde»
Eric Piolle a été élu en avril dernier par les adhérents du parti porte-parole des Ecologistes, contre la volonté de la secrétaire nationale Marine Tondelier, qui lui préférait un autre candidat. La direction disait s’inquiéter des répercussions de l’enquête judiciaire sur l’image du parti.
Après son élection, le bureau politique avait souhaité s’entretenir avec Eric Piolle sur cette affaire, mais celui-ci a décliné, précise la direction. Le conseil disciplinaire du parti a donc été saisi. Cette autre instance supposée indépendante de la première, a auditionné le maire de Grenoble, mais celui-ci a refusé une nouvelle fois de s’exprimer sur l’affaire, disant se tenir à la disposition de la justice.
«Ils me suspendent pour atteinte aux valeurs du parti, par manque de transparence», a expliqué Eric Piolle à l’AFP, critiquant «une décision politique absurde», et rappelant que les militants l’avaient choisi comme porte-parole «en connaissance de cause». L’élu, qui ne se représente pas aux municipales à Grenoble, va regarder ses moyens de recours, «qui peuvent être juridiques», a-t-il précisé.