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Libération
Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen

Et si on testait l’indexation des petits salaires sur l’inflation ?

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C'est quoi une économie de gauche?dossier
Refuser de lier les salaires à l’augmentation actuelle des prix est un dogme. Mais face à l’urgence sociale, l’indexation fait son chemin au-delà des cercles de gauche, preuve qu’elle n’est pas si aberrante.
Le Président et son gouvernement privilégient les dispositifs censés inciter les employeurs à verser des primes et invitent courtoisement les entreprises à augmenter les salaires. (Jean-Philippe Ksiazek/AP)
publié le 8 novembre 2022 à 10h57

Emmanuel Macron a déjà écarté l’idée d’une indexation des salaires sur l’inflation. Il privilégie les dispositifs censés inciter les employeurs à verser des primes et son gouvernement évoque le principe d’un «dividende salarié» tout en invitant courtoisement les entreprises à augmenter les salaires. Pour le reste, le chef de l’Etat et ses ministres s’en remettent en premier lieu à l’argent public – c’est aisé – en dégainant des boucliers et des chèques, certes utiles, mais peu ciblés vers ceux qui en ont le plus besoin.

Dans un contexte d’inflation galopante, force est de constater que malgré tout cela le compte n’y est pas. La paupérisation des salariés rémunérés, par exemple, jusqu’au salaire médian (en gros jusqu’à 2 000 euros net) devient une urgence sociale. Ce sont eux qui prennent de plein fouet l’envolée des prix des produits alimentaires et celle, certes mieux compensée par l’Etat, du coût de l’énergie. La situation idéale serait un mouvement naturel conduisant les entreprises à augmenter les salaires en ponctionnant sur leurs marges ou, pour celles qui sont cotées, sur les dividendes qu’elles reversent à leurs actionnaires.

Inflation supérieure aux augmentations de salaires

Ce n’est pas le cas, ou pas suffisamment. Si, selon le cabinet Deloitte, 93 % des salariés ont été augmentés en 2022 contre 51 % l’année précédente, la hausse moyenne est d’environ 3 %, soit la plus importante depuis dix ans. Mais cette augmentation reste en dessous de l’inflation actuelle. Seuls les salariés au smic, soit presque un sur ci